SEANCE DU 5 MARS 1975

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Topographie des potentiels 6voqu6s auditifs chez l'enfant 6veill6. A. DE CRI~VOISIER)F. PERONNET, J. GmOD, E. CHALLETet M. REVOL. Laboratoires tie Potentiels dvoquds, I N S E R M , U. 94 et tt@ital neurologique, Lyon,

L'exploitation des potentiels 6voqu6s auditifs (P.E.A.) chez l'enfant est sans aucun doute plus difficile que chez l'adulte, dont la r6ponse vertex classique 6merge tr6s facilement du bruit de fond iors du moyennage. Recherchant les conditions d'enregistrement d o n n a n t le meilleur rapport signalbruit, il nous est apparu que l'enregistrement u n i q u e m e n t au vertex n'est pas toujours suffisant. Pour confirmer c ette impression, nous basant sur les travaux de VAUGHAN et Rrr'rER (1970) et ceux plus r6cents de PERONNET et al. (1974) qui objectivent chez l'adulte une origine corticale de la r6ponse vertex, nous avons entrepris une 6tude topographique coronale des potentiels 6voqu6s auditifs chez l'enfant dont nous r a p p o r t o n s ici les r6sultats concernant l'enfant 6veill6. MATERIEL ET MI~-THODES

Vingt-huit enfants de deux .~ quinze ans d'audition normale ont 6t6 enregistr6s 6veill6s allong6s darts une pi6ce insonoris6e, ce qui repr6sente 25 trac6s expioitables. Des stimuli auditifs sont produits par u n g6n6rateur P.A.R. sous forme de sons purs sinusoidaux d'enveloppe trap6zoidale de dur6e 140 ms, d'intensit6 70 db, et de fr6quence 1000 hz. lls sont envoy6s de faqon al6atoire toutes les 1,5 ~, 2 secondes soit .~ l'oreille gauche soit ",'tl'oreille droite au moyen d'un casque biauriculaire. Chaque s6rie comporte 25 stimulations. Elles peuvent 6tre r6p6t6s avant moyennage. Les potentiels 6voqu6s sont recueillis au moyen de 11 61ectrodes d'argen t coll6es sur le scalp b. la bentonite ~ 6gale distance sur une ligne transversale allant d'une r6gion auriculaire ~ l'autre. Le montage est monopolaire avec comme r6f6rence les deux lobes d'oreille interconnect6s. Les enregistrements sont r6alis6s sur un appareil Alpha 16 ECEM, la constante de temps est de 0,3 seconde, le filtre 35 hz. Le moyennage simultan6 des diff6rentes voles est r6alis6 sur PDP 8L 12 K suivant un programme 6tabli par P~.RRONE'r et al. (1974). Un artifice technique permet d'61iminer les art6facts trop importants, en particulier les art6facts de mouvement et de clignement des yeux : l'amplification de I'E.E.G. est r6gl6e de telle sorte que la plupart des art6facts saturent le convertisseur d'entr6e de l'ordinateur, la r6ponse en cours n'6tant alors pas prise en compte dans la moyenne. RI~SULTATS

1° La r6partition topographique de la r6ponse m o n t r e que chez la plupart des enfants, Ie m a x i m u m d ' a m p l i t u d e n'est pas au vertex, mais plus lat6ral (fig. 1). Ceci ressort de l'6tude compar6e des afnplitudes des segments P1 NI pour chaque enfant sur les diff6rentes voies enregistr6es. Le segment PI N1 a 6t6 choisi car il est, contrairement ~. l'adulte, fr6quemment plus important ou tout au moins mieux individualis6 que le segment N1 P2. 2 ° Cette r6partition varie avec l'~ge : le m a x i m u m temporal de la r6ponse (3 ° et 9 e 61ectrodes) est net avant 8 ans oh nous l'avons trouv6 sur tous les trac6s exploitables (10 fois). D e 8 b. I 0 ans, il est plus discret (4 fois), et dans les autres cas le m a x i m u m est plus proche du v e r t e x (4 ° et 8 ° 61ectrodes). A partir de 10 ans, il est plus souvent pr6s du vertex (5 ° et 7 ° 61ectrodes), l'amplitude du segm e n t N1 P1 d6croissant du vertex aux r6gions temporales (fig. 2). 3 ° D'autres caract6ristiques du P.E.A. 6voluent en fonction de i'~ge~ mais avec des variabilit6s interindividuelles.

Tirds hpart : A. D~ Crtevoxsmg, U. 94 INSERM, 16, avenue Doyen Lepine, F 69500 Bron.

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SOCII~TE D'E.E.G. ET DE NEUROPHYS[OLOGIE CLINIQUE DE LANGUE FRAN(~AISE

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FIo. 1. - - Potentiel 6voqu6 auditif recueilli simultan6ment sur 11 61ectrodes suivant un montage transversal d'une r6gion auriculaire ~t l'autre montrant le m a x i m u m temporal du pie N I .

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Fxo. 2. m R6partition c h e z 8 sujets suivant l'~ge de l'amplitude d u segment P1 N 1 sur Ies 11 61ectrodes pour la stimulation del'oreille droite (traitfin) et de l'oreille gauche (trait ~pais) par un son d e 70 db1000 hz. Le caract6re bifide d e la courbe traduisant un m a x i m u m temporal de l'amplitude du segment PI NI fait place ~t partir de 14 ans b. un aspect en d 6 m e avec m a x i m u m parasagittal. (D :droit ; G : g a u c h e ; t : t e m p o r a l ; v : vertex.)

SI~ANCE D U 5 MARS 1 9 7 5

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la latence dupic N1 d6croit avec l'fige comme le montre le tableau I. Cette latence est d'ailleurs plus courte au vertex que lat6ralement ; -

-

- - la morphologie de la r6ponse se pr6cise progressivement De 2 ~t 8 arts, l'onde N I est pratiquemerit seule ; le segment NI P2 s'accentue progressivement. Chez deux enfants, b. l'~.ge de 10 ans nous avons not6 une r6ponse bifide correspondant sans doute b. la simultan6it6 des deux pics N1 N2, le pic ie plus important n'6tant d'ailleurs pas obligatoirement le m~.me dans les deux r6gions temporales. La pr6dominance, suit d u p i c NI suit du oic N2 au cours d'un m6me enregistrement a d6jh 6t6 signal6e au vertex (BEACLEV et KELLOG, 1970) ; nous n'avons pas not6 d'inversion de polarit6 de la r6ponse au niveau temporal, comme cela a 6t6 d6crit chez l'adulte. TABLEAU 1. ~ Valeurs extrdmes et moyenn e (en millisecondes) des latences dtt pic iV | qttelle que suit l'oreille stimulde

dans les rdgions temporales droite et gauche (T.D. et T.G.) el ah vertex (V.) en fonction de l'~ge. T.D.

V.

T.G.

(I44-255)

(I 22-277)

(I44-253)

178

167

177

(88-133)

(88-144)

134

117

127

(77-180)

(77-131)

(77-180)

2 ~t 7 ans

(66-166) 8 ,5 10 ans

> ~'t 10 arts

108 DISCUSSION - -

97

113

CONCLUSION

La localisation lat6rale du maximum d'amplitude des P.E.A. chez l'enfant ne peut 6tre rattach6e aux conditions techniques d'enregistrement et en particulier ~. l'enregistrementmonopolaire avec r6f6rence aux oreilles interconnect6es, car le m6me r6sultat a 6t6 obtenu avec la r6f6rence nasale utilis6e chez l'adulte par PERONNE'ret al. (I 974). Ce maximum temporal des P.E.A. ~tun moment donn6 de la maturation confirme les travaux ant6rieurs de VAUCr~AN et RI'r'rER (1970) et de PERONNE'r et al. (1974) sur l'origine corticale des P.E.A. On peut se demander si l'absence de maximum vertex n'est pas due ~t une orientation divergente des g6n6rateurs qui se modifie au cours de l'6volution. Bien que des enregistrements topographiques comparables des P.E.A. aient d6j~t 6t6 r6alis6 chez l'enfant, en particulier par RAmN et GRAZXANI(1967), BARNE'r (1971), le maximum lat6ral du P.E.A. n'a 6t6 rapport6 qu'une seule fois par RAmN et GRAZIAN[ (1967) etrattach6 h un mauvais contact d'61ectrodes. Mais en r6alit6, il s'agit g6n6ralement d'enregistrements de sommeil ; or il apparait de fa(;on certaine que la r6ponse pendant le sommeil est tr~s diff6rente, fait d6jb. soulign6 chez l'adulte par W~rrZMAN et al. (1965) ; le pic dominant est alors le pic N2 de latence plus longue (sup6rieure h 3 0 0 ms chez l'enfant). La r6paftition topographique n'est sans doute pas identique, bien que l'on puisse rioter aussi un maximum lat6ral. Quo[ qu'il en suit, ces r6sultats justifient l'enregistrement topographique et non uniquement au vertex des P.E.A. ehez I ' e n f a n t Ceci est important dans le cadre de l'audiom6trie 61ectroenc6phalographique (AEEG) et dolt permettre de diminuer le nombre de r6ponses discordantes et d,am61iorer ainsi la fiabilit6 de la technique dont l'int6rft a 6t6 encore soulign6 par RAPIN (1972). Nous pr6conisons done chez l'enfant des enregistrements avee au moins trois 61ectrodes, une au vertex, et deux plus lat6rales entre T3 C3 et T4 C4 suivant la nomenclature de JASeEa (1958).

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SOCII~TI~D'E.E.G. ET DE NEUROPHYSIOLOGIE CLINIQUE DE LANGUE FRAN(~AISE

L'enregistrement topographique para~t d ' a u t a n t plus important que les enfants test6s en A E E G peuvent avoir des 16sions c6r6brales unilat6rales qui diminuent encore la possibilit6 d ' o b t e n i r une r6ponse vertex. C o m m e chez l'adulte par ailleurs, il doit permettre l'6tude des troubles auditifs d'origine centrale. BIBLIOGRAPHIE 1. BARNET(A. B.). Evoked response audiometry in 241 normal and hearing impaired children under three years. Arch Ohr. Nas Kehik Heill

[Topography of auditory evoked potentials in the alert child].

SEANCE DU 5 MARS 1975 303 Topographie des potentiels 6voqu6s auditifs chez l'enfant 6veill6. A. DE CRI~VOISIER)F. PERONNET, J. GmOD, E. CHALLETet M...
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