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La pratique transfusionnelle dans le service d’hépato-gastroenterologie du centre hospitalier universitaire campus de Lomé (Togo) The transfusion practice in the hepatogastroenterology department of the Campus Teaching Hospital of Lomé (Togo) L.M. Lawson-Ananissoh ∗ , O. Bouglouga , R. El Hadji Yakoubou , A. Bagny , L. Kaaga , D. Redah Service d’hépato-gastro-entérologie, CHU campus de Lomé, BP 61842, Lomé, Togo

Résumé But. – Évaluer la pratique transfusionnelle dans le service d’hépato-gastroentérologie du centre hospitalier universitaire campus Lomé. Méthodologie. – Il s’agit d’une étude rétrospective, descriptive et analytique menée du 1er janvier au 31 décembre 2013 sur des dossiers d’observation de patients hospitalisés dans le service. Étaient inclus les dossiers des patients âgés de plus de 15 ans hospitalisés, ayant bénéficié d’une transfusion sanguine. Résultats. – Pendant la période d’étude, 849 patients ont été hospitalisés ; 136 ont été transfusés, soit un taux transfusionnel de 16,02 %. L’âge moyen des patients était de 48,25 ans avec des extrêmes de 15 et 90 ans. Le groupe sanguin rhésus le plus transfusé était O positif (36,76 %). Le culot globulaire était le produit sanguin le plus utilisé (94,12 %). La transfusion a été réalisée dans 58,82 % des cas en urgence. Les hémorragies digestives étaient les principales indications (55,88 %). L’hémoglobinémie pré-transfusionnelle moyenne était de 6,51 g/dL ± 1,67. L’hémoglobinémie posttransfusionnelle moyenne était de 8,95 g/dL ± 1,75. Les hépatopathies (cirrhose et carcinome hépatocellulaire) étaient le principal diagnostic associé à la transfusion sanguine (44,85 %). La quantité de sang à transfuser n’était pas calculée dans 100 % des cas. Dans 11,03 % des cas, le test de compatibilité n’a pas été fait au laboratoire. Des incidents au cours de la transfusion sanguine ont été notés dans 5 cas. Conclusion. – La transfusion sanguine est fréquente dans le service. Il existe une bonne observance des règles de sécurité transfusionnelle. Sa pratique reste toutefois à améliorer. © 2015 Publi´e par Elsevier Masson SAS. Mots clés : Transfusion sanguine ; Sécurité transfusionnelle ; Indication ; Lomé

Abstract Objective. – To evaluate transfusion practice in the hepatogastroenterology department of the Campus Teaching Hospital of Lomé. Methodology. – This is a respective, descriptive and analytical study conducted from January 1 to December 31, 2013 on cases of in-patients’ observation in the department. The cases of in-patients of more than 15 years old, having benefited from a blood transfusion were included. Findings. – During the study period, 849 patients were admitted; 136 were transfused, or blood transfusion rate of 16.02%. The average age of patients was of 48.25 years with extremes of 15 and 90 years. The most transfused rhesus blood group was O positive (36.76%). Red blood cell was the most frequently used blood product (94.12%). The transfusion was performed in 58.82% of cases as a matter of emergency. Gastrointestinal bleeding were the main indications (55.88%). The average pre-transfusion hemoglobinemia was 6.51 g/dL ± 1.67. The average post-transfusion hemoglobinemia was 8.95 g/dL ± 1.75. Liver disease (cirrhosis and hepatocellular carcinoma) were the main diagnosis associated with blood transfusion (44.85%). The quantity of blood to be transfused was not calculated in 100% of cases. In 11.03% of cases, the compatibility test has not been done in the laboratory. Incidents during blood transfusion were noted in 5 cases.



Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L.M. Lawson-Ananissoh).

http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2014.12.003 1246-7820/© 2015 Publi´e par Elsevier Masson SAS.

Pour citer cet article : Lawson-Ananissoh LM, et al. La pratique transfusionnelle dans le service d’hépato-gastroenterologie du centre hospitalier universitaire campus de Lomé (Togo). Transfusion Clinique et Biologique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2014.12.003

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Conclusion. – Blood transfusion is frequent in the department. There is a good observance of blood transfusion safety regulations. However, its practice remains to be improved. © 2015 Published by Elsevier Masson SAS. Keywords: Blood transfusion; Transfusion safety; Indication; Lomé

1. Introduction La transfusion sanguine est un acte thérapeutique qui consiste à administrer par voie intraveineuse à un sujet, dit receveur, du sang ou des dérivés sanguins prélevés chez un autre sujet appelé donneur. Au cours de ces dernières décennies, la transfusion sanguine a connu un développement important. Comme dans bien d’autres domaines, les pays en développement en général, et l’Afrique plus particulièrement profitent peu des avancées technologiques et organisationnelles de la transfusion sanguine contrairement aux pays développés [1]. En effet, dans ces pays en voie de développement, la transfusion sanguine pose un problème de santé publique en rapport avec la pénurie des produits sanguins et le déficit en matière de sécurité transfusionnelle [2,3]. Au Togo, il a été noté entre 2003 et 2008 une amélioration de la sécurité transfusionnelle mais les besoins en produits sanguins labiles n’étaient couverts qu’à moitié [4]. Très peu de données qualitatives et quantitatives sur les besoins transfusionnels sont disponibles voire inexistantes dans le service d’hépato-gastroentérologie du CHU campus de Lomé où aucun protocole de transfusion sanguine n’est affiché. Nous avons donc initié cette étude afin de déterminer la fréquence de cette pratique dans le service. Il s’agissait spécifiquement de décrire le profil épidémiologique des patients transfusés, déterminer les principales indications, identifier les produits sanguins les plus utilisés, relever les incidents rencontrés puis préciser l’observance des règles de bonne pratique de la transfusion sanguine.

2. Matériels et méthodes Il s’agit d’une étude rétrospective, descriptive et analytique menée sur des dossiers d’observation de patients hospitalisés dans le service d’hépato-gastroentérologie du 1er janvier au 31 décembre 2013. Étaient inclus les dossiers des patients des deux sexes âgés de plus de 15 ans hospitalisés durant la période d’étude et ayant bénéficié d’une transfusion sanguine. Les paramètres étudiés étaient : les caractéristiques épidémiologiques des patients transfusés (l’âge, le sexe, les antécédents, le groupe sanguin rhésus), les paramètres liés à la transfusion sanguine (le contexte clinique et biologique, la quantité, le type de produit, les indications, l’évolution clinique et biologique, le groupe sanguin rhésus transfusé, le test de compatibilité au laboratoire), les diagnostics associés à la transfusion sanguine, l’observance des règles de sécurité et enfin les incidents transfusionnels. La saisie des données a été faite avec EXCEL 2013 ; l’analyse statistique a été faite avec le logiciel STATA version 2012 ; le test de Chi2 a été utilisé pour comparer nos résultats qui étaient significatifs pour une probabilité p < 0,05 ; le coefficient de

corrélation de Spearman (r) a été calculé pour estimer la corrélation entre les variables. 3. Résultats 3.1. Caractéristiques épidémiologiques des patients transfusés Au cours de la période d’étude, 849 patients ont été hospitalisés dans le service ; 136 ont été transfusés par 322 actes transfusionnels, soit un taux transfusionnel de 16,02 % et une incidence d’acte égale à 37,93 %. L’âge moyen des patients était de 48,25 ans ± 16,29 avec des extrêmes de 15 et 90 ans. Il y avait une prédominance masculine avec un sex-ratio de 1,57. Les sept cas de transfusion sanguine retrouvés dans les antécédents des patients étaient réalisés pour une hémorragie digestive (5 cas) et une altération de l’état général (2cas). Le Tableau 1 montre les caractéristiques épidémiologiques des patients transfusés. 3.2. Données liées à la transfusion sanguine Les hémorragies digestives (hématémèse, méléna et rectorragies) étaient les principales indications de la transfusion (55,88 %). Le Tableau 2 résume les différentes données liées à la transfusion sanguine. Le taux d’hémoglobine moyen prétransfusionnel était de 6,51 g/dL ± 1,67 avec des extrêmes de 2,1 g/dL et 10,1 g/dL. Parmi les 125 patients ayant réalisé la numération formule sanguine (NFS) avant la transfusion, 100 patients (80 %) avaient un taux d’hémoglobine < 8 g/dL. Le taux d’hémoglobine moyen post-transfusionnel était de 8,95 g/dL ± 1,75 avec des extrêmes de 4 g/dL et 14 g/dL. Sur les 73 patients ayant réalisé un contrôle post-transfusionnel de l’hémoglobinémie, 31 patients (42,47 %) avaient un taux d’hémoglobine < 9 g/dL après la transfusion. En analyse multivariée, il y avait une variation significative du taux d’hémoglobine pré-transfusionnel en fonction de l’indication (p = 0,0062) ; les taux d’hémoglobine pré-transfusionnels les plus bas étaient retrouvés en cas d’hémorragie digestive (hématémèse, méléna, rectorragie) et en cas d’altération de l’état général. La quantité de culot globulaire transfusé ne variait pas de fac¸on significative en fonction du contexte d’urgence ou non de la transfusion sanguine (p = 0,1138). La quantité de culot globulaire transfusé était significativement corrélée à la variation du taux d’hémoglobine (p = 0,0001) avec un coefficient de corrélation r = 0,4358 (pour obtenir une augmentation du taux d’hémoglobine d’une unité, il faut une augmentation de 43,58 % de la quantité de culot globulaire transfusé). Le taux d’hémoglobine post-transfusionnel n’était pas

Pour citer cet article : Lawson-Ananissoh LM, et al. La pratique transfusionnelle dans le service d’hépato-gastroenterologie du centre hospitalier universitaire campus de Lomé (Togo). Transfusion Clinique et Biologique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2014.12.003

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L.M. Lawson-Ananissoh et al. / Transfusion Clinique et Biologique xxx (2015) xxx–xxx Tableau 1 Les caractéristiques épidémiologiques des patients transfusés.

Âge (ans) < 20 [20–29] [30–39] [40–49] [50–59] [60–69] [70–9] ≥ 80 ans Sexe Masculin Féminin Antécédents Pas d’antécédents Alcool Traitement traditionnel Hépatopathie Rétrovirose sans antirétroviraux HTA Transfusion Drépanocytose Rétrovirose sous antirétroviraux (zidovudine) Groupe sanguin rhésus des malades O positif B positif A positif AB positif O négatif B négatif A négatif AB négatif

3

Tableau 2 Les différents paramètres liés à la transfusion sanguine.

n

%

3 8 34 35 19 21 10 6

2,21 5,88 25 25,74 13,97 15,44 7,35 4,41

83 53

61,03 38,97

43 42 40 14 9 8 7 7 6

31,62 30,88 29,41 10,29 6,62 5,88 5,15 5,15 4,41

44 43 31 9 4 2 2 1

32,35 31,62 22,79 6,62 2,94 1,47 1,47 0,74

HTA : hypertension artérielle.

significativement supérieur à 9 g/dL quel que soit le contexte d’urgence (p = 0,7438) ou de non-urgence (p = 0,1152) de la transfusion sanguine. 3.3. Sécurité transfusionnelle La transfusion a été réalisée en iso-groupe et iso-rhésus dans 135 cas (99,26 %), en hétéro-groupe dans un cas (0,74 %), en hétéro et iso-groupe dans 6 cas (4,41 %). La quantité de sang à transfuser n’était pas calculée dans 100 % des cas, ni le rythme de la transfusion. Dans 11,03 % des cas, le test de compatibilité n’a pas été fait au laboratoire mais dans 100 % des cas il a été réalisé au lit du malade avant la transfusion sanguine. Des incidents au cours de la transfusion sanguine ont été notés dans 5 cas à type de céphalées (3 cas), d’urticaire (1 cas) et de frissons (1 cas) (Tableau 2). 4. Discussion La transfusion sanguine est un acte thérapeutique qui permet de sauver des vies humaines. Sa pratique n’est pas dénuée de complications surtout dans les pays à faible revenu. Cette étude initiée dans le service d’hépato-gastroentérologie du CHU campus fait une analyse de la pratique transfusionnelle,

n Indications de la transfusion sanguine Hématémèse et méléna Altération de l’état général Rectorragie Insuffisance rénale Ponction évacuatrice Hémolyse Anémie à la biologie Contexte d’urgence de la transfusion sanguine Oui Non Groupe sanguin rhésus transfusé O positif B positif A positif AB positif O négatif B négatif A négatif AB négatif Hémogramme réalisé avant la transfusion sanguine Oui Non Hémogramme contrôlé après la transfusion sanguine Oui Non Produit sanguin transfusé Culot globulaire Plasma frais congelé Culot globulaire + plasma frais congelé Test de compatibilité au laboratoire Oui Non Diagnostic associé à la transfusion sanguine Hépatopathies (cirrhose et carcinome hépatocellulaire) Pathologies ulcéreuses gastroduodénales Cancers digestifs en dehors du carcinome hépatocellulairea Rétrovirose Sans diagnostic Maladie hémorroïdaire Drépanocytose Évolution à l’issu de l’hospitalisation Décès Bonne Décharge Transfert a

%

62 46 14 10 2 1 1

45,59 33,82 10,29 7,35 1,47 0,74 0,74

80 56

58,82 41,18

50 31 31 10 5 2 2 1

36,76 22,79 22,79 7,35 3,68 1,47 1,47 0,74

125 11

91,91 8,09

73 63

53,68 46,32

124 8 4

91,18 5,88 2,94

121 15

88,97 11,03

61 21 17 13 13 7 4

44,85 15,44 12,5 9,56 9,56 5,15 2,94

72 51 10 3

52,94 37,5 7,35 2,21

Cancer gastrique, cancer du pancréas, cancer du côlon, cancer de l’œsophage.

ressort les insuffisances et apporte des pistes de solutions pour améliorer cette pratique dans le service. Le taux de transfusion était de 16,01 % largement supérieur à ceux retrouvés par Kouakou et al. [5] en milieu gynéco-obstétrical à Abidjan (5,7 %) et de Pommerol et al. [6] (6,3 %) au CHU de Bordeaux, ceci traduit un important besoin transfusionnel dans le service où sont hospitalisés les cas d’hémorragies digestives qui constituaient les principales indications de la transfusion sanguine dans notre étude ; Les hémorragies digestives hautes représentent le deuxième motif d’administration de transfusions sanguines toutes indications médicales confondues, correspondant approximativement à 14 % de l’ensemble des transfusions

Pour citer cet article : Lawson-Ananissoh LM, et al. La pratique transfusionnelle dans le service d’hépato-gastroenterologie du centre hospitalier universitaire campus de Lomé (Togo). Transfusion Clinique et Biologique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2014.12.003

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en Grande-Bretagne, juste après les maladies hématologiques [7] ; En France, une étude menée par de Pommerol et al. [6] auprès des patients transfusés au CHU de Bordeaux avait noté que les hémorragies digestives étaient l’une des principales causes d’indication de la transfusion sanguine (48 %). La perte de volume circulatoire à la suite d’un épisode d’hémorragie digestive haute conduit généralement à une réduction de la perfusion tissulaire, augmentant ainsi le risque de dommages des organes vitaux. La restauration de ce volume aide à maintenir une pression artérielle adéquate, réduisant les atteintes éventuelles [7]. La NFS n’a pas été faite dans 8,09 % des cas avant la transfusion. Le contexte d’urgence, le manque de moyens financiers des patients et parfois l’impossibilité de réaliser la NFS en urgence au CHU pourraient expliquer cette situation. Le culot globulaire a été le principal produit sanguin utilisé dans le service en accord avec les séries africaines [3,5] et franc¸aises [6,8] et dans 58,82 % des cas, la transfusion sanguine a été faite en situation d’urgence. Dans l’étude de Gouezec et al. [8] la transfusion sanguine a été faite dans 88 % des cas en situation non urgente. En Afrique, on utilise beaucoup le culot globulaire et la plupart des transfusions sanguines sont réalisées en urgence [9]. L’hémoglobinémie moyenne prétransfusionnelle était de 6,51 g/dL. Gouezec et al. [8] a retrouvé un taux moyen de 7,89 g/dL. Parmi les 125 patients ayant réalisé la numération formule sanguine (NFS) avant la transfusion, 100 patients (80 %) avaient un taux d’hémoglobine < 8 g/dL comme l’ont noté Kouakou et al. [5] en milieu gynécologique avec 80,16 % de patientes ayant été transfusées avec un taux d’hémoglobine < 7 g/dL, Vuille-Lessard et al. [10] en orthopédie avec 75 % des transfusions faites avec une hémoglobinémie pré-transfusionnelle < 8,6 g/dL et Muzame et al. [11] en chirurgie gynéco-obstétricale avec 80 % de transfusion lorsque le taux d’hémoglobine est inférieur à 8 g/dL ; quel que soit le service transfuseur, le seuil transfusionnel est compris entre 7 et 8 g/dL. Le seuil consensuel général est de 8 g/dL et demeure conditionné par la tolérance clinique et la rapidité d’installation de la déglobulisation, ainsi que par les comorbidités du patient [12]. La surveillance post-transfusionnelle doit être systématique, clinique et biologique permettant d’apprécier le résultat réel de la transfusion. Dans notre étude nous avons noté un taux non négligeable (46,32 %) d’absence de contrôle post-transfusionnel du taux d’hémoglobine. Gouezec et al. [8] en France a retrouvé 15 % d’absence de contrôle de l’hémoglobinémie post-transfusionnelle. Le manque de moyens financiers de nos patients explique essentiellement cette situation. La transfusion sanguine dans notre étude ne permettait pas de dépasser le seuil de 9 g/dL quel que soit le contexte d’urgence ou non de la transfusion ; le seul élément significatif qui permettait d’atteindre ce seuil est la quantité de culot globulaire à transfuser ; dans notre étude, cette quantité de culot globulaire à transfuser n’était pas calculée dans 100 % des cas ni le rythme de la transfusion ; ce manque d’estimation de la quantité de culot globulaire à transfuser pourrait donc expliquer que le seuil de 9 g/dL ne soit pas atteint de fac¸on significative après la transfusion. Les transfusions hétéro-groupes peu fréquentes dans notre étude étaient dues le plus souvent à la non-disponibilité de sang des groupes sanguins rhésus demandés. Ce constat a

été également fait par Kouakou et al. [5] ; on n’a pas noté de transfusion en hétéro-rhésus contrairement à Kouakou et al. [5]. Dans notre contexte dominé par le caractère urgent de la transfusion (58,82 %), l’auto-transfusion était difficile à réaliser d’où l’absence de la transfusion autologue dans cette étude ; il est donc nécessaire de promouvoir la transfusion autologue. La promotion du don volontaire de sang et la création d’une mini-banque de sang au sein du CHU peuvent faciliter un accès plus rapide au sang. Tous nos patients n’ont pas eu de test de compatibilité au laboratoire ; toutefois le test de compatibilité a été réalisé dans 100 % des cas au lit du malade contrairement à l’étude de Kouakou et al. [5] où ils n’ont enregistré que 80,43 % de tests de compatibilité réalisés au lit du malade. Ceci traduit la bonne observance des règles de sécurité transfusionnelle par le personnel médical dans le service. Ce contrôle ultime est capable à lui seul d’assurer en toute circonstance, la sécurité transfusionnelle dans le système ABO, quelles que soient les erreurs commises auparavant ; il constitue le dernier verrou de la sécurité transfusionnelle et est obligatoire avant toute transfusion [13]. Le contexte urgent de la transfusion et parfois le manque de moyens financiers sont autant d’éléments qui pourraient expliquer la non-réalisation du test de compatibilité au laboratoire dans certains cas. Aucun accident grave n’a été observé au cours de cette étude. La bonne qualité des produits sanguins peut justifier ce taux dans notre série. Les complications à moyen et long terme n’ont pu être étudiées dans ce travail vu son caractère rétrospectif. Nous n’avons pas retrouvé de registres de transfusion sanguine dans le service. Il serait donc utile de disposer d’un registre de transfusion au sein du service afin d’y recueillir les caractéristiques épidémiologique, clinique, biologique et évolutive des patients, de même que d’éventuels accidents et incidents survenus au cours de la transfusion, ceci permettrait un bon suivi des malades.

5. Conclusion La transfusion sanguine est de pratique courante dans le service d’hépato-gastroentérologie du CHU campus de Lomé liée à la fréquence des hémorragies digestives dans le service. Il existe une bonne observance des règles de sécurité transfusionnelle. L’absence de calcul des quantités de produit sanguin à transfuser, les difficultés financières des patients, la difficulté de réalisation de la NFS en urgence au CHU et la non-disponibilité du sang en urgence sont les principaux obstacles à une transfusion sanguine efficace dans le service. La création d’une mini-banque de sang au sein du CHU, la possibilité de réaliser la NFS à tout moment au CHU, la tenue d’un registre de transfusion sanguine et la promotion de la transfusion autologue sont quelques solutions pouvant améliorer la pratique transfusionnelle dans le service.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Pour citer cet article : Lawson-Ananissoh LM, et al. La pratique transfusionnelle dans le service d’hépato-gastroenterologie du centre hospitalier universitaire campus de Lomé (Togo). Transfusion Clinique et Biologique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2014.12.003

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Pour citer cet article : Lawson-Ananissoh LM, et al. La pratique transfusionnelle dans le service d’hépato-gastroenterologie du centre hospitalier universitaire campus de Lomé (Togo). Transfusion Clinique et Biologique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.tracli.2014.12.003

[The transfusion practice in the hepatogastroenterology department of the Campus Teaching Hospital of Lomé (Togo)].

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