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ANNPLA-1142; No. of Pages 16 Annales de chirurgie plastique esthétique (2015) xxx, xxx—xxx

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Histoire de la paralysie faciale The history of facial paralysis J. Glicenstein 63, boulevard des Invalides, 75007 Paris, France

MOTS CLÉS Paralysie faciale ; Histoire

KEYWORDS Facial paralysis; History

Résumé La paralysie faciale est connue dès l’Antiquité et mentionnée depuis Hippocrate. Au e XVII siècle en 1687, le médecin hollandais Stalpart Van der Wiel, publia une observation détaillée. Mais, c’est Charles Bell qui en fit la description en 1821, précisant le rôle du nerf facial. La chirurgie du nerf facial commença à la fin du XIXe siècle. Trois sortes de techniques furent successivement utilisées : les anastomoses nerveuses (XI-VII Ballance 1895, XII-VII, Korte 1903), les myoplasties (Lexer 1908), les suspensions (Stein 1913). La suture directe du nerf intrapétreux fut réussie en 1927 par Bunnell et les greffes nerveuses expérimentées par Ballance et Duel en 1932. À partir de 1970, grâce aux progrès des techniques microchirurgicales, les premières greffes nerveuses transfaciales furent réalisées (Smith, Scaremella), et le premier transfert musculaire avec anastomose microvasculaire publié par Harii en 1976. Le traitement des paralysies palpébrales a été à l’origine de nombreux essais techniques à partir des années soixante : ressort palpébral (Morel Fatio 1962), fil de silicone (Arion 1972), alourdissement de la paupière par plaque d’or (Illig 1958), aimants (Muhlbauer 1973), greffes nerveuses transfaciales (Anderl 1971). À la fin du XXe siècle, les opérateurs disposaient d’une large gamme de techniques mais des interventions anciennes rénovées restaient valables. # 2015 Publié par Elsevier Masson SAS. Summary Facial paralysis has been a recognized condition since Antiquity, and was mentionned by Hippocratus. In the 17th century, in 1687, the Dutch physician Stalpart Van der Wiel rendered a detailed observation. It was, however, Charles Bell who, in 1821, provided the description that specified the role of the facial nerve. Facial nerve surgery began at the end of the 19th century. Three different techniques were used successively: nerve anastomosis, (XI-VII Balance 1895, XII-VII, Korte 1903), myoplasties (Lexer 1908), and suspensions (Stein 1913). Bunnell successfully accomplished the first direct facial nerve repair in the temporal bone, in 1927, and in 1932 Balance and Duel experimented with nerve grafts. Thanks to progress in microsurgical techniques, the first faciofacial anastomosis was realized in 1970 (Smith, Scaramella), and an account of the first microneurovascular muscle transfer published in 1976 by Harii. Treatment of the eyelid paralysis was at the origin of numerous operations beginning in the 1960s; including palpebral spring (Morel Fatio 1962) silicone sling (Arion 1972), upperlid loading with gold plate (Illig 1968), magnets (Muhlbauer 1973) and transfacial nerve grafts (Anderl 1973).

Adresse e-mail : [email protected]. http://dx.doi.org/10.1016/j.anplas.2015.05.007 0294-1260/# 2015 Publié par Elsevier Masson SAS.

Pour citer cet article : Glicenstein J. Histoire de la paralysie faciale. Ann Chir Plast Esthet (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.anplas.2015.05.007

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J. Glicenstein By the end of the 20th century, surgeons had at their disposal a wide range of valid techniques for facial nerve surgery, including modernized versions of older techniques. # 2015 Published by Elsevier Masson SAS.

Le 12 juillet 1821, le président de la Royal Society (l’Académie des sciences anglaise), l’illustre chimiste Humphry Davy (1778—1829), présente le travail d’un chirurgien anatomiste et physiologique écossais, Charles Bell (1774—1842) (Fig. 1), sur les « nerfs respiratoires », ceux qui permettent la respiration et la parole [1]. Il démontre que les nerfs que l’on trouve à la face ont des fonctions séparées. Lors d’expériences sur l’âne, le chien et le singe, il distingue les actions des cinquième et septième nerfs crâniens. « En coupant le nerf respiratoire de la face d’un singe, les mouvements de ce côté cessent complètement ». Il complète sa démonstration en décrivant la paralysie survenant après un « coup de froid » — « les muscles de la joue. . . semblent avoir disparu. Elle pend comme si elle était morte, sans mouvement ni ride ». Il décrit ainsi ce que les Anglo-Saxons nomment Bell’s palsy, et qui fut appelé en France paralysie rhumatismale, puis paralysie faciale à frigore ou paralysie de Bell. [1,2]. En fait, la paralysie faciale, qui entraîne une déformation si visible, était connue depuis la nuit des temps. On en retrouve la traduction sur des masques populaires d’Afrique ou d’Asie (Fig. 2), sur les monuments d’Amérique précolombienne (Fig. 3) [3] et sur certaines sculptures du Moyen Âge, comme l’« Homme à la paralysie faciale » de Nicolas de Leyde à Strasbourg (Fig. 4). Les historiens de la paralysie faciale ont trouvé de nombreux prédécesseurs de Charles Bell. Pour Sajadi [4], Hippocrate (460—370) note que « les distensions de la face, lorsqu’elles sont isolées, cessent rapidement, spontanément ou avec un traitement, sinon il y a paralysie ». Arétée de Cappadoce (1er siècle avant J.C.) décrit « le spasme

cynique », comme Celse, à la même époque ; « il commence sans fièvre, la bouche est altérée d’un côté », Galien (129— 200) distingue « les spasmes des lèvres, yeux, peau du front, joues et racine de la langue, et les paralysies avec troubles du cerveau ». Paralysie et spasme facial ne sont pas clairement isolés dans les descriptions des médecins de l’Antiquité.

Figure 2

Figure 1

Charles Bell (1774—1842).

Figure 3

Masque d’Indonésie.

Sculpture maya.

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Histoire de la paralysie faciale

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Figure 4 L’homme à la paralysie faciale de Nicolas de Leyde (Strasbourg).

Deux médecins persans ont fait une description plus précise de la paralysie faciale. Dans les écrits de Tabari (?—870), on peut lire « si la face est paralysée, elle est attirée vers le côté sain, en raison de la force des muscles de ce côté ». C’est dans un chapitre du traité « Al Hawi » que Razi (865—925) fait une étude plus précise de la « distorsion faciale ». Il différencie paralysie faciale et spasme, paralysie centrale et périphérique, en insistant sur leur pronostic différent. Les travaux de Razi, bien que repris par Avicenne (Ibn Sena 980—1037) ne semblent pas avoir eu de retentissement sur la médecine occidentale et il faut atteindre le e XVII siècle pour trouver une observation de paralysie faciale. Comme l’on montré Van de Graaf et Nicolai [5], c’est un médecin hollandais Cornelis Stalpart van der Wiel (1620— 1702) qui fit en 1683 la première description de la paralysie de Bell [6] (Fig. 5). Une femme « quatorze jours après ses couches. . . il lui survint tout d’un coup une distorsion de la bouche qui de gauche alla à droite ». Stalpart van der Wiel, lui prescrit des onguents et elle fut guérie en trois semaines. Dans ses commentaires, le médecin décrit bien l’affection qu’il distingue du « spasme cynique », entité mal définie où l’on plaçait toutes les déformations de la face. D’après Van de Graaf et Nicolai, décrivirent la paralysie faciale avant Bell : James Douglas de Londres (1761—1836) en 1704, Nicolaus Anton Freidriech de Würzburg (Bavière) qui écrivit en 1797 une thèse sur « de paralysi musculorum facisi rhumatica », « paralysie faciale rhumatoïde » [5]. Les travaux de Duchenne (de Boulogne) (1806—1875) eurent une importance capitale dans la compréhension de la physiologie des muscles de la face. Grâce à l’électrostimulation, il détermina l’action précise de chacun d’entre eux et leur action coordonnée dans le sourire, la peine, la colère [7] (Fig. 6). Il distingua avec précision les différents

Figure 5 Première description de la paralysie faciale « a frigore » par Stalpart van der Wiel [6].

types de paralysie, préconisant l’électrothérapie pour la paralysie « rhumatismale » (à frigore).

Les débuts de la chirurgie faciale D’après le Zeis Index [8], et le Patterson Index [9] recensant tous les articles et livres de chirurgie plastique depuis l’Antiquité, il faut attendre 1873 pour trouver un article sur le traitement des séquelles de paralysie faciale [10] (Fig. 7). De Graaf et Nicolai [11] ont cependant retrouvé une référence à la paralysie faciale dans les travaux de Johann Friedreich Dieffenbach (1794—1847) et de Bernhard van Langenbeck (1810—1847) qui avaient pratiqué des myotomies du côté sain. Cette technique aurait aussi été utilisée par William Detwold (1808—1874), chirurgien allemand émigré aux États-Unis. C’est à ce dernier que le Patterson index attribue la première référence [10]. Les interventions réparatrices ne purent être réalisées dans de bonnes conditions avant la fin du XIXe siècle après qu’anesthésie, antisepsie et asepsie aient été acceptées et généralisées. Les bases de la chirurgie de la paralysie faciale ont été établies au début du XXe siècle mais il fallut attendre 1970 pour que de nouvelles techniques apparaissent. La paralysie faciale a fait l’objet de deux rapports de la Société française de chirurgie plastique : en 1966, « les paralysies faciales » sous la direction de Daniel Morel Fatio [12] et en 1981 « la reconstruction de la face paralysée » par

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J. Glicenstein

Figure 8

Figure 6

Duchenne de Boulogne (1806—1875).

Figure 7 1er article sur le traitement chirurgical de la paralysie faciale (Detmold) [10].

Michel Stricker, Claude Le Quang et Jean-Pierre Lalardrie [13].

La chirurgie de la paralysie faciale avant 1970 Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les patients porteurs de séquelles de paralysie faciale n’avaient que peu de possibilités pour dissimuler leur disgrâce : emplâtre collé, crochet fixé aux dents du maxillaire, ou un fil en S dont une partie entourait l’oreille et l’autre soulevait la commissure labiale [10]. Ces

Prothèse pour paralysie faciale.

prothèses étaient encore utilisées au milieu du XXe siècle (Fig. 8). Nous ne détaillerons pas l’histoire du traitement des plaies et compressions du nerf facial pour développer celui des séquelles de la paralysie faciale. Rappelons, cependant, que les travaux de Flourens [14], Philipeaux et Vulpian [15], le livre de Letievant [16] ont ouvert la voie aux sutures et aux greffes nerveuses. En 1908, Alt [17] guérit une paralysie faciale apparue après ablation d’un cholestéatome, en libérant le nerf. En 1927, Sterling Bunnell (le père fondateur de la chirurgie de la main) fut le premier à suturer le nerf facial intrapétreux avec succès (Fig. 9) [18]. Sir Charles Ballance (1856—1936) (Fig. 10), le grand neuro-chirurgien anglais fut le pionnier de la chirurgie de la paralysie faciale, à laquelle il consacra quarante ans de sa pratique. En 1930, à l’invitation d’Arthur Duel (1870— 1936), il se rendit aux États-Unis. Tous deux publièrent en 1932, les résultats de leurs expérimentations sur les greffes nerveuses et définirent les règles de la chirurgie du nerf facial intrapétreux [19]. C’est encore Sterling Bunnell qui réussit la première greffe du nerf facial extratemporal [20]. Les publications sur les réparations du nerf facial restèrent rares jusqu’aux années cinquante. En 1958, Dott [21], unit, par une greffe de nerf sural, les portions intra- et extra-crâniennes du facial. À partir de 1960, les sutures et greffes du nerf faciales sont plus souvent réalisées [22,23]. Baker et Conley pratiquèrent 170 greffes entre 1947 et 1978, avec 79 % de bons résultats dans les cas les plus récents [22].

Les anastomoses nerveuses À la fin du XIXe siècle, sutures et greffes semblaient trop aléatoires, et se basant sur de nombreuses expérimentations faites sur l’animal depuis Flourens, la préférence fut donnée aux anastomoses nerveuses. La première anastomose entre le nerf facial et un nerf moteur voisin est souvent attribuée au chirurgien polonais Tomasz Drobnik (1858—1901), qui aurait en 1879, associé

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Histoire de la paralysie faciale

Figure 9

5

Patient de Sterling Bunnell avant et après suture du nerf facial [18].

facial et spinal. Cette affirmation est liée à un article de P. Samicki, publié dans L’état actuel de la chirurgie nerveuse, un traité en 3 volumes édité par le neurochirurgien français Chipault en 1902 [24]. Comme le font remarquer de Graaf et Nicolai [25], Drobnik n’avait que 21 ans en 1879. D’après l’ordre des observations de Samicki (15 sutures de différents nerfs), le cas de Drobnik apparaît en fait en 1899. Avant lui, deux chirurgiens avaient réussi une anastomose spino-faciale : l’Anglais Ballance en 1895 et le Français JeanLouis Faure (1862—1941) en 1898. Les circonstances de ces deux interventions ont été décrites en détail.

Anastomose spino-faciale Charles Ballance, dans un article magistral publié en 1903 [26], explique qu’après avoir noté que la régénération nerveuse pouvait avoir lieu dans le segment distal d’un nerf sectionné, et après s’être assuré que les muscles faciaux étaient stimulables électriquement, il opéra en 1895 un

Figure 10

Sir Charles Ballance (1856—1936).

enfant de 11 ans, six mois après l’installation d’une paralysie faciale gauche après intervention pour otite. Sept ans après l’anastomose latéro-terminale spino-faciale, Ballance revit l’enfant. Des mouvements de la bouche n’étaient possibles que lorsqu’il élevait l’épaule gauche. Ballance opéra ensuite cinq autres patients obtenant une symétrisation des traits au repos, associés à une élévation de l’épaule volontaire ou non. Considérant ses résultats comme insuffisants, il fit dans un septième cas, une anastomose hypoglosso-faciale. Sans connaître les travaux de Ballance, Jean-Louis Faure, pratiqua en 1898, la même intervention, sur les conseils de « son vieil ami F. Furet ». Il anastomosa la branche trapézienne du spinal au segment périphérique du facial [27,28]. Selon Jean-Louis Faure, ce fut un « insuccès ». Mais, ces premières anastomoses suscitèrent l’intérêt des chirurgiens et des physiologistes. Kennedy [29] en 1901, après une expérimentation, utilisa l’anastomose spino-faciale dans un cas de spasme facial avec un résultat authentifié par des photographies (Fig. 11). Manasse [30] démontra cliniquement et

Figure 11 Anastomose spino-faciale (Kennedy L’opérée lève le bras pour fermer l’œil [29].

1901).

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J. Glicenstein sur des coupes histologiques, chez le chien que les axones progressaient dans les anastomoses spino-faciales. Cushing en 1903 [31] traita les séquelles d’une plaie par balle par anastomose spino-faciale et insista sur la nécessité de mobiliser les muscles faciaux. Lecouturier en 1925 [32], examina un patient opéré par cette technique, seize ans plus tôt. L’aspect du visage était satisfaisant au repos mais la fermeture des paupières n’était possible que par l’élévation du bras. En dépit des inconvénients (atrophie du trapèze et du sterno-cléido-mastoïdien), des mouvements parasites associés, l’anastomose spino-faciale est encore citée jusqu’aux années quatre-vingts, quoique réservée aux cas où d’autres techniques ne sont pas possibles [33].

Anastomose hypoglosso-faciale

Figure 12

Werner Körte (1853—1937).

Figure 13

Ballance, peu satisfait des résultats des anastomoses spinofaciales, pratiqua en janvier 1903 une anastomose facialhypoglosse, terminolatérale. Il avait été précédé par Werner Körte de Berlin (1853— 1937) (Fig. 12), qui le 20 décembre 1901, réalisa la première anastomose hypoglosso-faciale, chez une femme de 38 ans, chez laquelle le rocher avait été largement excisé, en raison d’une suppuration importante [34]. Les résultats de l’intervention furent analysés par le neurologue Bernhardt. Körte s’étonna que « les cellules ganglionnaires de l’hypoglosse ou du spinal puissent acquérir la possibilité de faire contracter des muscles innervés par un autre nerf [34] (Fig. 13) ».

Première publication sur l’anastomose hypoglosso-faciale [34].

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Histoire de la paralysie faciale Bien que jugée préférable à l’anastomose avec le spinal, celle avec l’hypoglosse fut vite l’objet de critiques. Les inconvénients notés étaient l’atrophie de l’hémi-langue, les mouvements de la face liés à ceux de la langue, l’absence de mimique liée à l’émotion. L’anastomose hypoglosso-faciale est toujours pratiquée, plus de cent ans après l’intervention de Körte. En 1979, Conley et Baker faisaient état d’une importante série de 137 patients opérés pendant une période de 30 ans [33] et précisaient les indications (résection du temporal, ou de tumeur intra-crânienne, chirurgie mastoïdienne, cancer régional) et les contre-indications (absence de musculature faciale contractile, paralysie segmentaire). Stennert, [35] la même année, compare les résultats obtenus chez 11 patients ayant eu une anastomose hypoglosso-faciale, et 27 ayant bénéficié d’une intervention intratemporale et les trouve à peu près identiques. Il juge que l’hémiparésie de la langue est « négligeable ».

7

Figure 14 1908) [40].

Transfert du sterno-clinido-mastoïdien (Gomoiu

Anastomose phrénico-faciale Elle a été beaucoup plus rarement utilisée, quand le spinal et l’hypoglosse étaient inutilisables. Hardy [36] en 1957 étudie 11 anastomoses phrénico-faciales. Huit des opérés ont un hémi-diaphragme paralysé. Perret [37] note qu’une asymétrie faciale apparaît en cas d’inspiration profonde, de toux, de sifflement mais avec une bonne symétrie au repos.

Anastomose glosso-pharyngienne faciale Étudiée par Ballance et Duel [19], elle a été pratiquée par Watson-Williams [38]. Lors de sa présentation à la Royal Society de Londres en 1927, cette technique fut très critiquée (nerf glosso-pharyngien trop fin, difficile à trouver, facile à confondre. . .).

Autres anastomoses nerveuses Elles sont parfois citées [39], mais font l’objet de très peu d’études. Ce sont celles faisant intervenir le nerf laryngé supérieur, le nerf massétérin ou l’auriculo-temporal, donc aussi des nerfs sensitifs.

Les transferts musculaires ou myoplasties Les résultats des premières anastomoses nerveuses se révélèrent décevants. Faisant une revue générale des cas opérés par cette technique, le chirurgien roumain Gomoiu estime en 1908 [40] que « dans la grande majorité des cas, les résultats thérapeutiques obtenus ont été nuls ». Il décrit alors un procédé, testé sur le cadavre et qui a été utilisé par son chef de service, Ion Jianu : le transfert musculaire d’une partie du sterno-cléido-mastoïdien sur la commissure labiale (Fig. 14) [40]. En mai 1911, Rudolf Eden revendiqua pour son chef de service, Erich Lexer (1867—1937) (Fig. 15) le célèbre chirurgien de Iena, la paternité de la myoplastie, comme traitement des séquelles de paralysie faciale [41]. Lexer, en 1908 avait utilisé deux faisceaux du temporal destinés aux deux paupières, et un fragment du masséter dédoublé pour

Figure 15

Erich Lexer (1867—1937).

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J. Glicenstein de haut grade chez un sujet âgé par exemple). Pour Stricker [13—49], l’action du masséter permet l’excursion latérale de la commissure labiale.

Myoplastie du temporal

Figure 16

Myoplastie de Lexer (1908) [41].

les deux lèvres (Fig. 16). Eden publiait une photographie du résultat au repos sans y adjoindre un cliché préopératoire.

Myoplastie du masséter Dans la première moitié du XXe siècle, plusieurs chirurgiens utilisèrent la myoplastie du masséter pour corriger les effets de la paralysie faciale inférieure : Amza Jianu [40], Morestin [42], qui se contenta de suturer le masséter au buccinateur, Fenwick [43], Hastings [44]. Castro Correia et Zani montrèrent que le tracé de Lexer risquait de léser l’innervation du masséter [45]. Brunner en 1926 fut le premier à proposer l’abord intra-oral [46]. Owens en 1947 [47] notait que les résultats des transferts du masséter étaient parfois assez satisfaisants, mais souvent discutables. Baker et Conley [48] en 1979 définirent les indications de la technique (tumeur maligne de la parotide

Figure 17

Elle fut pratiquée par Lexer, dès 1908 pour la réanimation des paupières [41] (Fig. 16). Katzenstein, en 1916 [50] utilisa le temporal pour l’activation des paupières et de la commissure buccale (Fig. 17). Harold Gillies (1882—1960), le grand plasticien, d’origine néozélandaise, est souvent considéré comme le premier à s’être servi du muscle dans ce but [51]. En fait, il ne fit pas une myoplastie pure mais une transposition-suspension avec un faisceau du muscle désinséré de la fosse temporale, uni à des bandes de fascia lata, ellesmêmes suturées à un anneau péribuccal (Fig. 17). C’est Sheehan [52] qui, en 1935 réalisa une véritable transposition du muscle temporal, qu’il divisa en 4 faisceaux (Fig. 18), un pour le muscle frontal, deux pour les paupières, un pour la commissure buccale. Pour diminuer le gonflement causé par la saillie du muscle sur le zygoma, il creusa un canal dans l’os. Barsky [53] critiqua la myoplastie du temporal, telle qu’elle était pratiquée par Sheehan et Gillies. Il considérait qu’elle présentait un risque d’hématome, d’infection et de création d’un sillon jugal correspondant à l’adhérence sous-cutanée du transplant. La technique de Sheehan-Gillies, plus ou moins modifiée fut assez rarement pratiquée. Baker et Conley, en 1979 [48] utilisent tout le temporal qu’ils divisent en quatre faisceaux, deux palpébraux et deux pour la commissure labiale et conseillent l’utilisation d’un bloc de silicone pour corriger la dépression de la fosse temporale. Ils suppriment parfois le zygoma. Pour Stricker [13] en 1981 le muscle est détaché dans ses deux tiers médians, le zygoma est échancré, le temporal peut aussi passer en arrière de l’arcade après exérèse de la boule graisseuse de Bichat. En 2003, Myckatyn et Mac Kinnon utilisent une technique voisine, prolongeant une bande musculaire par l’aponévrose temporale [54]. En 1950, Grundt sectionne l’apophyse coronoïde pour détacher un fragment du temporal suturé à un petit palmaire fixé sur la commissure buccale [55].

Myoplastie du temporal. a : Katzenstein 1916 [50] ; b : Gillies 1934 [51].

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Figure 19

Myoplastie du temporal par Mc Laughlin [56] (1952).

Autres myoplasties

Figure 18

Myoplasties de Sheehan [52] 1935.

En 1952, Mc Laughlin [56] transfère le premier le muscle dans sa totalité, sans le désinsérer de la fosse temporale, sans retournement, et après section de l’apophyse coronoïde, par voie endobuccale. Il prolonge le tendon musculaire par une bandelette de fascia lata qu’il insère sur une boucle de fascia péribuccale (Fig. 19 et 20). Mc Laughlin estime qu’un soutien statique est suffisant pour front et paupières, mais qu’un soutien dynamique est nécessaire pour la commissure buccale « si le patient n’est ni trop vieux ni trop stupide » ! La technique de Mc Laughlin, bien qu’appréciée par plusieurs auteurs [56—59] semble avoir été peu utilisée. En 1997, Daniel Labbé propose une technique nouvelle de transfert direct du temporal entier, sans relais fascial [60].

Figure 20

Sterno-cléido-mastoïdien Le transfert de ce muscle a été pratiqué par Gomoiu dès 1909 [40] (Fig. 14). Cette technique a été très peu utilisée en raison du gonflement jugal lié au transfert, et de la direction trop horizontale de la traction. Schosttaedt en 1955 cite la transposition complète du muscle [61]. Digastrique En 1909, Ion Jianu de Bucarest transfère le digastrique sur la commissure labiale avec un résultat « moins bon » [40] (« que le transfert du sterno-cléïdo-mastoïdien ») qu’il avait fait précédemment. Cadenat [62], l’utilise sans préciser le résultat en 1936. Stricker [13] et Labbé [63] transposent le ventre antérieur du digastrique pour la paralysie de la lèvre inférieure. Platysma Edgerton se servit en 1975 du platysma pour la réanimation buccale dans le syndrome de Moebius [64]. Baker [18] estime

Patient de Mc Laughlin (1952).

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que cette technique n’est pas utilisable en raison de la finesse du muscle et de la mauvaise direction de la traction. Frontal Sheehan en 1935, puis Adams en 1946 [65] proposèrent de prendre une languette du muscle frontal sain pour réanimer l’hémi-front atteint. Ce procédé ne fut pas utilisé en raison de sa difficulté et de son inefficacité. Le muscle génio-hyoïdien a été utilisé par Schmid [12].

Les suspensions commissurales Comme les premières anastomoses nerveuses, les premiers transferts musculaires donnèrent des résultats décevants. La contraction des muscles peauciers était faible ou trop puissante liée à celle des muscles masticateurs. Plusieurs chirurgiens allemands proposèrent de corriger la déformation de la commissure labiale par une suspension de celle-ci à l’arcade zygomatique. Ils utilisèrent d’abord un fil de bronze. Momburg [66] le fixa par un point transosseux, Busch [67] entoura d’une boucle le zygoma. Mais ces interventions furent des échecs liés à la mauvaise tolérance des fils qui se désintégraient. Kirschner [68] avait montré qu’il était possible d’utiliser le fascia lata, ce que fit le premier Payr pour un ptosis. Stein [69] chez deux patients eut l’idée de relever la commissure à l’aide d’une bandelette de fascia lata entourant l’arcade zygomatique et fixée aux niveaux des lèvres par un bloc de paraffine. Par la suite Busch [67] utilisa une bande de fascia lata attachée au périoste du maxillaire. Mais, c’est Vilray Blair (1876—1955) qui développa en 1926, la technique de correction des déformations de la paralysie faciale par des bandelettes de fascia lata [70]. Il utilisait un instrument spécial qui lui permettait de glisser des bandelettes sous-cutanées dans la paupière inférieure et de la région temporale aux lèvres, au-delà de la ligne médiane (Fig. 21). Les bandelettes étaient serrées en hypercorrection. La technique devint rapidement très populaire. Bien que purement statique, ce fut sans doute le procédé le plus utilisé jusqu’en 1970. De nombreuses modifications furent adoptées (boucle péribuccale, fixation dans le fascia temporal, etc.). En 1941, Schlusser [71] proposa de remplacer le fascia lata par des fils de tantale passés à l’aiguille. Schultz [72] fabriqua un ensemble en titane comprenant une plaque

Figure 21

soutenue par des fils amarrés à l’aponévrose temporale. En 1967, Lalardrie [57] inclut dans le sillon nasogénien un fil d’acier enrobé de dacron sur lequel se fixent les bandelettes de suspension. Certaines techniques associent suspension et myoplastie. Gillies, [51] dans son procédé met en avant l’utilisation du fascia lata qui entoure le faisceau du temporal. Fischer prolonge le masséter par des bandelettes de fascia lata [73], que Owens, en 1947 utilise en boucles autour du masséter [74]. De nombreux matériaux synthétiques ont été utilisés comme moyen de suspension des muscles paralysés (Dacron, Marlex, Teflon, Silicone [75]).

Les interventions complémentaires L’excès cutané apparent du côté atteint, l’hyperactivité du côté sain ont été notés dès les années 1920. Excisions cutanées Joseph [76] excisait des fragments cutanés à différents niveaux (joue, lèvre, sillon nasogénien). Certains chirurgiens font une excision cutanéo-graisseuse du sillon nasogénien [13,57,75], de la peau sus-sourcilière [76,77] un lifting unilatéral, une excision de la lèvre inférieure [78]. Myotomies et myectomies Niklison en 1956 a attiré l’attention sur le caractère « non normal » du côté sain dans la paralysie faciale. Il préconisait des excisions électives sur les muscles hyperactifs [79]. Neurectomies John Bell, le frère aîné de Charles Bell, chirurgien à Rome aurait proposé de sectionner des branches du nerf facial sain, en cas de paralysie faciale [75]. Les injections d’alcool à 808C entraînent une paralysie transitoire [80], elles ne furent guère utilisées. Par contre, les neurectomies ont été préconisées par Marino [81] en 1953, pour la branche mandibulaire, et leur technique affinée par Clodius [82]. Vers la fin des années soixante, l’attitude des chirurgiens vis-à-vis des séquelles de paralysie faciale était variable, et traduisait un certain découragement face aux résultats. Certains restaient fidèles aux myoplasties [13,39,55,56,59], d’autres neurochirurgiens et ORL préféraient l’anastomose hypoglosso-faciale. Des chirurgiens

Suspension commissurale (Blair [70]) 1926.

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Histoire de la paralysie faciale de grande expérience comme John Conley (1912—1999) et son successeur Daniel Baker utilisaient, cas par cas, toutes les techniques [22—48]. Browmley Freeman (1912—1990) essaya de faire une synthèse des différentes méthodes [83]. Mais beaucoup de chirurgiens se contentaient d’équilibrer le visage par une suspension, associée à une résection cutanée nasogénienne, un lifting et des myectomies du côté sain [57]. À partir de 1970, de nouvelles techniques apparurent, qui allaient révolutionner le traitement des séquelles de la paralysie faciale.

La chirurgie de la face paralysée après 1970 Lors du Congrès international de chirurgie plastique de Melbourne en 1971, deux communications abordaient le traitement des séquelles de paralysie faciale, d’une manière entièrement nouvelle. Dans la première, Noël Thompson, un chirurgien anglais inventif mais controversé, proposait de transplanter un muscle dénervé et placé sans anastomose vasculaire sur un muscle du côté sain dans l’espoir d’une neurotisation. Le tendon du muscle transplanté (de préférence le petit palmaire) était glissé par voie souscutanée dans la lèvre supérieure, sur la commissure labiale paralysée. Une seconde intervention, trois mois plus tard, était destinée à relever la commissure par une boucle tendineuse insérée dans le maxillaire. Thompson utilisait la même technique pour la réanimation des paupières [84]. L’opération de Thompson suscita un vif intérêt chez les chirurgiens européens [13]. En fait, aucun sauf Hakelius [85] ne sut reproduire les résultats de son inventeur et l’intervention fut abandonnée [86]. La seconde communication résumait l’expérience de J.W. Smith [87]. Celui-ci avait réalisé 3 greffes de nerf sural, glissées par voie sus-labiale entre les plexus nerveux du côté sain et du côté paralysé (Fig. 22). Ces interventions avaient été rendues possibles par les techniques microchirurgicales de suture fasciculaire mises au point par Millesi en 1967 [88]. Smith indiquait que les résultats des 3 greffes avaient été « bons ». Après lui, Scaramella [89], souvent considéré comme l’initiateur de la méthode, utilisa la branche buccale du nerf facial du côté sain, anastomosé au tronc du nerf paralysé par une greffe de nerf sural placée dans la lèvre inférieure. Anderl [90] préfère procéder en 2 temps, séparés

11 par un intervalle de quatre à six mois pour permettre aux axomes de progresser vers le côté paralysé. Il utilise 3 ou 4 greffons de part et d’autre des lèvres et des paupières. Samii [91], comme Smith, réalise les sutures immédiatement. La greffe transfaciale est un procédé délicat, nécessitant une très bonne connaissance des techniques microchirurgicales. Elle suscita dans les années soixante-dix un grand enthousiasme. Anderl [90] admettait cependant que la qualité du résultat, à propos de 23 patients opérés, n’atteignait pas celle de la réparation du nerf lui-même. Il l’estimait cependant supérieure à celle des interventions palliatives. Gary Boto [13] analysant 16 cas de greffe transfaciale déconseillait l’intervention en raison de l’inconstance des résultats, de la persistance des syncinésies, et d’une réponse émotionnelle « caricaturale ». De nombreuses critiques furent faites aux greffes transfaciales : long délai avant le retour de la fonction, donc atrophie des muscles paralysés, difficultés de repérage des branches terminales du nerf facial, nécessité d’utiliser un grand nombre de filets nerveux du côté sain. Les greffes transfaciales reprirent une nouvelle actualité lors des transferts musculaires avec anastomoses vasculonerveuses.

Greffes musculaires vascularisées Dès 1970, Tamai et Komatsu [92] avaient transplanté avec succès un muscle grand droit (rectus femoris) chez le chien. Harii réussit le 18 septembre 1973 le transfert libre d’un muscle gracilis (droit interne), avec anastomose nerveuse sur un faisceau du nerf temporal profond, et vasculaire sur les vaisseaux temporaux superficiels dans un cas de paralysie faciale [93]. Le muscle était transplanté sur l’aponévrose temporale superficielle et sa portion inférieure divisée et fixée sur l’orbiculaire des lèvres. Cette tentative bien qu’imparfaite (la commissure ne relevait que lors de la mastication) incita Harii et de nombreux chirurgiens à utiliser une greffe musculaire pour réanimer la face paralysée [94]. Le gracilis fut le muscle le plus souvent choisi [93,95—97]. Les autres sont : le pectoralis minor (petit pectoral) [98,99], le serratus [100] (grand dentelé), l’extensor digitorum brevis (pédieux) [96—101], l’abductor hallucis (adducteur du gros orteil) [102], le rectus abdominis (grand droit) [103], le latissimus dorsi (grand dorsal) [104]. Rapidement, la discussion porta sur la réalisation en un temps ou deux, soit avec anastomose directe grâce à un nerf du muscle transplanté très long (rectus femoris [103] ou abductor hallucis longus [102] par exemple), soit après une étape de greffe transfaciale, soit sur un nerf local (masséter). Nous avons choisi d’arrêter cette étude historique vers 1990. À cette date, l’éventail des techniques était très large [86].

Paralysies palpébrales

Figure 22

Greffe nerveuse transfaciale (Smith [87]) 1971.

La littérature médicale du XIXe siècle distingue la lagophtalmie (ou œil de lièvre) considérée comme une rétraction de la paupière supérieure, qui découvre le globe oculaire [105] et l’ectropion, rétraction de la paupière inférieure, en général cicatricielle mais aussi « atone » (c’est-à-dire sénile ou

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J. Glicenstein

Figure 24 Suspension palpébrale par bandelette de fascia lata (Blair [57]) 1926. Figure 23 Myoplastie du temporal avec renforcement par des bandelettes de fascia lata (Sheehan [109]) 1927.

paralytique). Les traités de chirurgie consacrent des chapitres aux bléphéroplasties et aux blépharorraphies (points passés d’une paupière à l’autre pour protéger l’œil). Adams en 1812 [106], le premier pratique une excision en V de la paupière inférieure ; Denonvilliers crée la plastie en Z pour corriger un ectropion [107] en 1854. Ammon décrit la camthopexie [108] en 1842. Von Szymanovski en 1870 et Kuhnt en 1883 sont à l’origine d’une plastie et d’une résection tarsoconjonctivale de la paupière inférieure réunies par la suite et toujours utilisées. À la fin du XIXe siècle, la relative réussite des anastomoses nerveuses fit espérer qu’elles permettaient une correction globale des séquelles de la paralysie faciale. Mais l’anastomose spino-faciale obligeait le patient à lever le bras pour fermer l’œil (Fig. 11). L’anastomose hypoglosso-faciale permettait la fermeture palpébrale, après une longue rééducation et souvent au prix d’une grimace. Les résultats peu satisfaisants et même grotesques des premières anastomoses nerveuses incitèrent les chirurgiens à pratiquer d’autres techniques. La première myoplastie réalisée en 1908 par Lexer [41] comprenant un transfert de 2 bandelettes du temporal sur les paupières paralysées (Fig. 15). Cette technique fut ensuite utilisée par Adams qui allongea les bandelettes par le fascia temporal [65], par Sheehan [109] qui les renforça par des bandelettes de fascia lata (Fig. 23). À partir des années 30, la myoplastie du temporal fut souvent

Figure 25

remplacée par la suspension par une bandelette de fascia lata (Fig. 24) telle que le préconisait Blair [70], ou par la mise en place d’une lamelle de fascia dans chaque paupière [110].

1950—1980 : de nouvelles techniques En 1952, Mc Laughlin [56] définit les buts de la correction palpébrale dans la paralysie faciale : corriger l’épiphora, refermer la fente palpébrale, diminuer la lagophtalmie et prévenir l’irritation cornéenne. Il considère qu’une correction statique est suffisante et il préconise une tarsorraphie latérale avec dilatation de l’orifice lacrymal (Fig. 25). Il résèque le ¼ latéral des 2 paupières à la jonction cutanéo-muqueuse et transfère un fragment de cartilage tarse. Cette technique fut longtemps considérée comme une intervention de référence, puis fut critiquée, car elle ne pouvait être défaite sans séquelles en cas de reprise d’activité de l’orbiculaire [111]. On préféra par la suite un raccourcissement horizontal de la paupière inférieure et une canthoplastie latérale ou médiale. Edgerton [112] utilisa un lambeau dermique dans une canthoplastie latérale, Montandon, [113] compléta cette technique par une désépidermisation du bord latéral des paupières. De nombreuses variétés de tarsorraphies et canthoplasties ont été décrites depuis Ammon et peuvent être retrouvées dans différents ouvrages et articles [13,111,113—116]. Ces interventions étaient destinées à lutter contre l’hypotonie de la paupière inférieure,

Tarsorraphie externe de Mc Laughlin [56] 1952.

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Histoire de la paralysie faciale

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comme la « coquille palpébrale » de Grignon, en méthacrylate de méthyle [117] ou un greffon cartilagineux provenant de la conque [118]. Dans les années soixante, plusieurs chirurgiens insistaient sur la nécessité d’une correction dynamique de la lagophtalmie.

l’action du releveur. La technique devait être très précise et plus d’un tiers des ressorts avaient besoin d’un réglage ultérieur. Malgré la protection des extrémités des branches du ressort par du dacron, les ulcérations n’étaient pas rares. En raison des complications (rupture, déplacement), le procédé ne fut guère utilisé après 1980.

Les interventions dynamiques

Le fil de silicone Arion en 1972 proposa d’utiliser un cordon de silicone attaché au canthus interne et à la paroi orbitaire externe et encerclant la fente palpébrale [122] (Fig. 27). Les premiers résultats furent considérés comme très satisfaisants en particulier par Paul Tessier [123] mais au bout de quelques années on s’aperçut que le fil se détendait ou traversait la peau [124].

En 1969, dans un article sur les paupières paralysées [119], Paul Tessier conseille l’ablation du muscle de Muller, l’allongement du releveur dont le réglage est pour lui délicat, ou une greffe de peau totale ajoutée à la paupière supérieure. Une table ronde du Congrès international de chirurgie plastique en 1975 rend compte de nouvelles interventions [120]. Le ressort palpébral Morel Fatio et Lalardrie [121] restauraient l’action de l’orbiculaire grâce à un fil métallique placé dans la paupière supérieure et formé de 2 bras, le supérieur suturé de l’aponévrose de l’orbiculaire, l’inférieur au bord supérieur du tarse. Les 2 branches étaient unies en W et fixées au rebord latéral de l’orbite (Fig. 26). Par son élasticité, le ressort neutralisait

L’alourdissement de la paupière supérieure Sheehan le premier pensa à contrebalancer l’action du releveur en alourdissant la paupière supérieure [125] en y glissant une lame d’acier inoxydable, puis de titane. Le plomb et la platine furent aussi utilisés mais l’or fut préféré en raison de sa couleur, de sa densité, et de sa bonne tolérance [124]. Illig, [126], Smellie [127] et Jobe [128] développèrent cette technique qui devint très populaire jusqu’à la fin du xxe siècle. Le procédé fut critiqué car les plaques d’or étaient visibles, distendaient la peau qu’elle pouvait éroder et étaient à l’origine d’infection et d’extrusion. Enfin, elles n’étaient pas efficaces lorsque le sujet était couché [129]. La fenestration ou l’enrobement siliconé améliorerait leur fixation. Les aimants Muhlbauer, en 1973, préconisa d’utiliser des aimants, placés dans les deux paupières entre orbiculaire et tarse, à quelques millimètres du bord libre. Ils permettaient la fermeture palpébrale. L’intervention était faite précocement après l’installation de la paralysie faciale [130]. Le clignement était lent et il pouvait exister des mouvements anormaux [129]. Muhlbauer faisait état de deux tiers de bons résultats, mais aussi de 12 % d’extrusion.

Figure 26

Ressort de Morel Fatio et Lalardrie [121].

Figure 27

Fil d’Arion [122] 1972.

La technique de Thompson [84—120] Comme pour la réanimation de la commissure labiale, Thompson utilisait le petit palmaire qui était placé sur le temporal ou l’orbiculaire sain et prolongé par des tendons réinsérés sur les paupières paralysées en traversant les os du nez. Seuls Thompson [84] et Hakelius [85] eurent une expérience positive de l’intervention. Greffe nerveuse transfaciale Elle fut utilisée aussi par la réanimation des paupières. Anderl [90—120] plaçait un greffon de 15 à 17 cm du nerf sural, glissé par voie sous-cutanée et anastomosé aux plexus zygomatiques des deux côtés. Un résultat satisfaisant était obtenu dans 60 à 80 % des cas, mais de moins bonne qualité que pour la commissure labiale. Comme pour la correction de la paralysie faciale inférieure, il existait en 1990 de nombreuses techniques de traitement des paralysies palpébrales. Après la période d’innovations techniques des années 60/70, séduisantes

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14 mais décevantes à long terme, beaucoup retournaient à des techniques plus classiques mais plus simples et plus fiables [131]. Dans un article lucide et amer basé sur sa très grande expérience de la chirurgie de la paralysie faciale, John Conley en 1983 pensait que la restitution des expressions spontanées était un but inatteignable [132]. C’est l’objectif des chirurgiens du XXIe siècle.

Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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Pour citer cet article : Glicenstein J. Histoire de la paralysie faciale. Ann Chir Plast Esthet (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.anplas.2015.05.007

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Pour citer cet article : Glicenstein J. Histoire de la paralysie faciale. Ann Chir Plast Esthet (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.anplas.2015.05.007

[The history of facial paralysis].

Facial paralysis has been a recognized condition since Antiquity, and was mentionned by Hippocratus. In the 17th century, in 1687, the Dutch physician...
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