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Cas clinique

Carcinome à petites cellules de l’ovaire Small cell carcinoma of the ovary M. Bahri a,∗ , R. Lahmar a , H. Ben Salah a , N. Kallel b , M. Ben Amar c , J. Daoud a a

Service de radiothérapie, CHU Habib-Bourguiba, Sfax, Tunisie Carcinologie de libre pratique, Sfax, Tunisie c Service de chirurgie, CHU Habib-Bourguiba, Sfax, Tunisie b

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : Rec¸u le 1er janvier 2014 Rec¸u sous la forme révisée le 27 janvier 2014 Accepté le 31 janvier 2014 Mots clés : Carcinome à petites cellules Ovaire Hypercalcémie

r é s u m é Le carcinome à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant est rare. Nous rapportons le cas d’une patiente âgée de 34 ans, qui consultait pour des douleurs pelviennes. L’imagerie a mis en évidence une volumineuse masse de l’ovaire droit. La patiente a eu une annexectomie droite puis une hystérectomie totale, annexectomie gauche, curage iliaque et lombo-aortique et biopsie du Douglas. L’examen anatomopathologique a conclu à un carcinome à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant stade IA de la classification internationale de gynécologie-obstétrique (Figo) de 2009. La patiente a rec¸u par la suite six cycles de chimiothérapie adjuvante puis une radiothérapie pelvienne. Le carcinome à petites cellules de l’ovaire est une pathologie très rare. Son traitement doit associer une chirurgie optimale, une chimiothérapie et une radiothérapie. Son pronostic reste défavorable malgré un traitement agressif et multimodal. © 2014 Publie´ par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO).

a b s t r a c t Keywords: Small cell carcinoma Ovary Hypercalcemia

Small cell carcinoma of the ovary of the hypercalcemic type is a rare tumor. We report a case in a 34year-old patient, revealed by a pelvic pain. The imaging found a large mass of the right ovary. The patient had right oophorectomy and total hysterectomy, a left oophorectomy, pelvic and a para-aortic lymphadenectomy. She subsequently received 6 cycles of adjuvant chemotherapy followed by pelvic radiation therapy. The hypercalcemic small cell carcinoma of the ovary is a rare disease of poor prognosis. Treatment approaches include surgery, chemotherapy with the addition of radiotherapy. © 2014 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of the Société française de radiothérapie oncologique (SFRO).

1. Introduction

maternelle. La patiente a consulté pour des douleurs et des pesanteurs pelviennes. Une échographie abdominopelvienne a montré une masse tumorale suspecte de l’ovaire droit de 10 cm. L’IRM pelvienne a objectivé une tumeur pelvienne volumineuse polylobée de 10 × 7 cm, à point de départ ovarien droit, en contact intime avec le corps utérin sans l’envahir. Une radiographie de thorax réalisée dans le cadre du bilan d’extension était sans anomalie. La patiente a été opérée en deux temps. Elle a d’abord eu une annexectomie droite. L’examen anatomopathologique de la pièce opératoire a montré la présence de prolifération tumorale faite de cellules disposées en nappe, aménageant par endroits des cavités remplies de sérosités évoquant des structures macrofolliculaires. Ces cellules contiennent des noyaux de grande taille avec des mitoses nombreuses et anormales. À l’étude immunohistochimique, les cellules tumorales exprimaient la vimentine et la cytokératine. Le diagnostic de carcinome à petites cellules de l’ovaire type hypercalcémiant dans sa variante à grandes cellules a été posé. Une reprise chirurgicale a été effectuée par hystérectomie

Le carcinome à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant est une tumeur très rare, touchant essentiellement les femmes jeunes. Il est le plus souvent découvert à un stade avancé et il est de pronostic très péjoratif [1–3]. Nous rapportons le cas d’un carcinome à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant détecté précocement chez une jeune patiente avec une revue de la littérature. 2. Observation Il s’agissait d’une patiente âgée de 34 ans, mère de deux enfants et aux antécédents familiaux de cancer de l’ovaire chez une tante

∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Bahri).

1278-3218/$ – see front matter © 2014 Publie´ par Elsevier Masson SAS pour la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO). http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2014.01.002

Pour citer cet article : Bahri M, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2014.01.002

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totale, annexectomie gauche, curage iliaque et lombo-aortique et biopsie du Douglas. L’examen anatomopathologique a montré que l’utérus et l’annexe controlatéral étaient indemnes de tissu tumoral. Le curage ganglionnaire et la biopsie du Douglas étaient négatifs. La tumeur a été classée de stade IA selon la classification internationale de gynécologie-obstétrique (Figo) de 2009, et la patiente a rec¸u six cycles de chimiothérapie adjuvante type PAVEP (cisplatine, adriamycine, vépéside, cyclophosphamide), puis une radiothérapie pelvienne de 45 Gy. La patiente est en vie et en situation de rémission complète avec neuf mois de recul.

type hypercalcémiant, appuie l’hypothèse de l’origine germinale [8]. Du fait de leur rareté, le traitement de ces tumeurs reste mal codifié. La chirurgie représente le premier volet de ce traitement. Elle permet également un bilan optimal de la maladie. Classiquement, il s’agit d’une chirurgie large associant une salpingo-ovariectomie bilatérale, une hystérectomie, une ommentectomie, un curage ganglionnaire pelvien et lombo-aortique et des prélèvements péritonéaux étagés. [1,3,4]. Une approche plus conservatrice permettant de sauvegarder la fonction reproductrice a été rapportée chez de jeunes patientes atteintes de carcinome à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant de stade IA. La chirurgie consistait en une salpingo-ovariectomie bilatérale suivie de chimioradiothérapie [4,13,14]. Plusieurs protocoles de chimiothérapie ont été employés, à type de CP (cyclophosphamide, cisplatine), CAP (cyclophosphamide, cisplatine et doxorubicine), CHAP (cyclophosphamide, cisplatine, doxorubicine et hexamethymelamine). Les réponses étaient faibles et de courte durée [14–16]. De même, l’association du cisplatine au paclitaxel n’a pas permis d’améliorer les résultats [7,17]. Les meilleurs résultats thérapeutiques étaient obtenus avec les protocoles BVP et BEP (bléomycine, vépéside, cisplatine). L’utilisation d’une polychimiothérapie alternant des cycles de vinblastine, cisplatine, bléomycine avec des cycles de cyclophosphamide, doxorubicine et étoposide ou d’un protocole associant une chimiothérapie d’induction par BEP, suivie de chimiothérapie de consolidation par vincristine, actinomycine D, et cyclophosphamide (VAC) donnent des bons résultats [1,5,18]. Dans une étude publiée en 2007, à propos de 27 patientes atteintes d’un carcinome à petites cellules de l’ovaire et traitées par quatre à six cycles de cisplatine, adriamycine, vépéside et cyclophosphamide, la probabilité de survie globale à un an était de 58 % [19,20]. L’intérêt de la radiothérapie a été rapporté par plusieurs études rétrospectives. Dans une revue de la littérature, il a été noté que toutes les patientes avec de longues survies ont eu une radiothérapie après ou concomitante à la chimiothérapie [1,2,4]. Dans la série de Harrisson et al., sept patientes parmi 17 ont été irradiés, une seule rechute locale a été observée [4]. Dans la série de Young et al., quatre patientes ont rec¸u une radiothérapie et elles avaient une survie plus longue [1]. La radiothérapie était pelvienne, et lombo-aortique dans certains cas. Ce volume était élargi à toute la cavité abdominopelvienne dans d’autres cas [14]. Notre patiente a une chirurgie radicale suivie de chimiothérapie et radiothérapie pelvienne avec une rémission de neuf mois. Malgré un traitement agressif et multidisciplinaire, le pronostic des carcinomes à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant reste défavorable. En effet, la probabilité de survie tous stades confondus, n’est que de 10 %. Dans la série de Young et al., 33 % des patientes atteintes de carcinomes à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant de stade IA ont eu une longue survie, contre 10 % au stade IC et 6,5 % au-delà [1]. Young et al. ont pu également dégager certains facteurs de pronostic favorable, comme le stade IA, l’âge supérieur à 30 ans, la taille tumorale inférieure à 10 cm, une calcémie normale, l’absence ou la rareté des grandes cellules et un traitement optimal associant chirurgie complète, chimiothérapie et radiothérapie [1].

3. Discussion Le carcinome à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant est extrêmement rare. Depuis sa description pour la première fois en 1982 par Dickersin et al., 400 cas ont été rapportés [2,3]. Comme dans notre cas, il touche essentiellement la femme jeune [1,4,5]. Dans la plus large série, rapportée par Young et al., et incluant 150 patientes, la moyenne d’âge était de 23 ans [1]. Moins de 1 % des carcinomes à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant se développent chez les enfants [1,6]. Des formes familiales ont été rapportées [1,7]. McDonald et al. ont publié un cas d’une mère et sa fille (âgées de 23 et 11 ans) atteintes de carcinome à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant [7]. La symptomatologie n’est pas spécifique, elle est similaire aux autres tumeurs de l’ovaire. Elles se révèlent le plus souvent par des masses ou des pesanteurs abdominopelviennes. Environ 66 % des patientes ont une hypercalcémie au moment du diagnostic et 2,5 % d’entre elles ont des signes cliniques d’hypercalcémie [1,8]. Le mécanisme physiopathologique de cette hypercalcémie n’est pas bien élucidé. Elle serait liée à la sécrétion directe par la tumeur de parathormone-related protein (PTH-RP) ou d’autres substances, comme certaines molécules proches des prostaglandines de type E ou de facteur activateur des ostéoclastes [2,9]. Dans plus de 90 % des cas, il s’agit d’une atteinte unilatérale [1]. L’aspect macroscopique est celui d’une volumineuse masse solide ou mixte variant entre 5 et 25 cm (15 cm en moyenne), siège d’hémorragie ou de nécrose [4,6]. Sur le plan anatomopathologique, ces tumeurs sont caractérisées par la présence de petites cellules rondes avec des noyaux hyperchromatique d’activité mitotique rapide. Ces cellules sont séparées par des espaces follicle-like, présents dans 80 % des cas, et contiennent le plus souvent un liquide éosinophile. Un contingent de grandes cellules peut être présent dans certains cas définissant la variante à grandes cellules [1,10]. C’était le cas de notre patiente. En immuno-histochimie, les carcinomes à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant, expriment AE1/3, EMA, CD10, vimentine, cytokératine, calrétinine, WT1, et p53. Leur absence d’expression des CD99, desmine, NB84, ␣-inhibine, et TTF1 permet de les différencier des tumeurs neuroectodermiques, des rhabdomyosarcomes, des métastases des tumeurs pulmonaires à petites cellules et des tumeurs des cordes stromales. Il n’existe pas de marqueur spécifique à cette tumeur [1,11,12]. Cependant, l’origine histologique de ces tumeurs reste un sujet de controverse. Certains auteurs évoquent l’origine épithéliale suite à la découverte d’une synthèse de marqueurs spécifiques à l’épithélium au cours des carcinomes à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant [2]. D’autres auteurs, avancent l’origine germinale devant la diploïdie de l’ADN des cellules des carcinomes à petites cellules de l’ovaire de type hypercalcémiant, spécifique des dysgerminomes du sac vitellin. De plus, la sécrétion de marqueurs de cellules germinales par les carcinomes à petites cellules de l’ovaire de

Pour citer cet article : Bahri M, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2014.01.002

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4. Conclusion Le carcinome à petites cellules de type hypercalcémiant, est très rare. Son traitement doit associer une chirurgie optimale, une chimiothérapie et une radiothérapie. Son pronostic reste défavorable malgré un traitement agressif et multimodal.

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Déclaration d’intérêts

[10] Ferlicot S, Bessoud B, Martin V, Branchereau S, Fabiani B, Fourre C, et al. Large cell variant of small cell carcinoma of the ovary with hypercalcemia. Ann Pathol 1998;18:197–200. [11] McCluggage WG, Oliva E, Connolly LE, McBride HA, Young RH. Animmunohistochemical analysis of ovarian small cell carcinoma of hypercalcemic type. Int J Gynecol Pathol 2004;23:330–6. [12] Aguirre P, Thor AD, Scully RE. Ovarian small cell carcinoma. Histogenetic considerations based on immunohistochemical and other findings. Am J Clin Pathol 1998;92:140–9. [13] Powell JL, McAfee RD, McCoy RC, Shiro BS. Uterine and ovary conservation in advanced small cell carcinoma of the ovary. Obstet Gynecol 1998;91:846–8. [14] Dykgraaf R, De Jong D, Van Veen M, Ewing P, Helmerhorst T, Van Der Burg M. Clinical management of ovarian small cell carcinoma of the hypercalcemic type: a proposal for conservative surgery in an advanced stage of disease. Int J Gynecol Cancer 2009;19:348–53. [15] Benrubi GI, Pitel P, Lammert N. Small cell carcinoma of the ovary with hypercalcemia responsive to sequencing chemotherapy. South Med J 1993;86:247–8. [16] Fignon A, Fetissof F, Calais G, Lemarie E, Colombat P, Lasne-Charpentier D, et al. Small cell carcinoma of the ovary. A clinical and anotomo-pathologic entity. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1993;22:372–8. [17] Wynn D, Everett GD, Boothby RA. Small cell carcinoma of the ovary with hypercalcemia causes severe pancreatitis and altered mental status. Gynecol Oncol 2004;95:716–8. [18] Tewari K, Brewer C, Cappuccini F, Macri C, Rogers LW, Berman ML. Advanced small cellcarcinoma of the ovary in pregnancy: long-term survival after debulking and multiagent chemotherapy. Gynecol Oncol 1997;66:531–4. [19] Woopen H, Sehouli J, Pietzner K, Darb-Esfahani S, Braicu EI, Fotopoulou C. Clinical experience of young patients with small cell ovarian carcinoma of the hypercalcemic type (OSCCHT). Eur J Obst G Rep Biol 2012;165: 313–7. [20] Pautier P, Ribrag V, Duvillard P, Rey A, Elghissassi I, Sillet-Bach I, et al. Results of a prospective dose-intensive regimen in 27 patients with small cell carcinoma of the ovary of the hypercalcemic type. Ann Oncol 2007;18:1985–9.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Young RH, Oliva E, Scully RE. Small cell carcinoma of the ovary, hypercalcemic type. A clinicopathological analysis of 150 cases. Am J Surg Pathol 1994;18:1102–16. [2] Dickersin GR, Kline IW, Scully RE. Small cell carcinoma of the ovary with hypercalcemia: a report of 11 cases. Cancer 1982;49:188–97. [3] Pressey JG. The treatment of small cell carcinoma of the ovary hypercalcemic type. Oncol Rev 2011;5:61–6. [4] Harrison ML, Hoskins P, Du Bois A, Quinn M, Rustin GJ, Ledermann J. Small cell of the ovary, hypercalcemic type—analysis of combined experience and recommendation for management. A GCIG study. Gyn Onco 2006;100:233–8. [5] Senekjian EK, Weiser PA, Talerman A, Herbst AL. Vinblastine, cisplatin, cyclophosphamide, bleomycin, doxorubicin, and etoposide in the treatment of small cell carcinoma of the ovary. Cancer 1989;64:1183–7. [6] Florell RS, Bruggers CS, Matlak M, Young RH, Lowichik A. Ovarian small cell carcinoma of the hypercalcemic type in a 14 month old: the youngest reported case. Med Ped Oncol 1999;32:304–7. [7] McDonald JM, Karabakhtsian RG, Pierce HH, Iocono JA, DeSimone CP, Bayliff SL, et al. Small cell carcinoma of the ovary of hypercalcemic type: a case report. J Ped Surg 2012;47:588–92. [8] Ulbright TM, Roth LM, Stehman FB. Poorly differentiated (small cell) carcinoma of the ovary in young women: evidence supporting a germ cell origin. Hum Pathol 1987;18:175–84. [9] Matias-Guiu X, Prat J, Young RH, Capen CC, Rosol TJ, Delellis RA, et al. Human parathyroid hormone-related protein in ovarian small cell carcinoma. An immunohistochemical study. Cancer 1994;73:1878–81.

Pour citer cet article : Bahri M, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.canrad.2014.01.002

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Small cell carcinoma of the ovary of the hypercalcemic type is a rare tumor. We report a case in a 34-year-old patient, revealed by a pelvic pain. The...
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