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ScienceDirect www.sciencedirect.com Médecine et maladies infectieuses 45 (2015) 101–102

Lettre à la rédaction Infections sexuellement transmissibles chez les femmes victimes de viol à Antananarivo Sexually transmitted infections among raped women in Antananarivo

Mots clés : Abus sexuel ; IST ; Madagascar Keywords: Rape; STDs; Madagascar

Les violences sexuelles affectent des millions de femmes par an dans le monde. Elles posent à l’heure actuelle un problème de santé publique et une véritable urgence médicolégale du fait des complications qu’elles engendrent notamment les infections sexuellement transmissibles (IST). Bien que le viol soit en recrudescence en Afrique, la prise en charge médicale des victimes est souvent difficile [1]. À Madagascar, on ne dispose pas encore de protocoles de prise en charge des victimes de viol et les examens de dépistage d’IST ne sont pas systématiques mais se font à la demande de la concernée ou de sa famille. Il est difficile de quantifier le risque d’avoir une IST après un viol du fait de la rareté des études sur le sujet. À l’unité microbiologie de l’hôpital Joseph-RavoahangyAndrianavalona, Antananarivo, nous avons réalisé une étude rétrospective sur les dossiers des femmes victimes de viol vues au laboratoire du 1er janvier 2008 au 31 décembre 2013. L’étude intéressait toutes les patientes victimes de viol ayant fait l’objet d’une demande d’un examen bactériologique de frottis vaginal et des tests sérologiques de syphilis et VIH. L’objectif était de déterminer l’incidence des IST chez les femmes victimes de viols à Antananarivo. Durant la période d’étude, 77 patientes victimes de viol ont effectué des examens de dépistage d’IST. Les germes sexuellement transmissibles retrouvés étaient : Neisseria gonorrhae (n = 2 ; 2,6 %), Trichomonas vaginalis (n = 10 ; 12,9 %), Gardnerella vaginalis (n = 10 ; 12,9 %), Candida sp. (n = 27 ; 35,1 %) et 3 cas positifs (3,9 %) de syphilis. Par contre, on n’a pas retrouvé de souches de Chlamydia, et toutes les sérologies VIH étaient négatives. Une co-infection était vue dans deux cas sur trois, la majorité (30 %) avec une vaginose bactérienne. Ces résultats ont montré la grande variabilité d’IST retrouvés chez les femmes victimes de viol à Antananarivo malgré le faible nombre d’échantillons et le fait que ces examens de dépistage ne sont pas gratuits limite considérablement le nombre de demande. Concernant les IST retrouvés : les infections à Candida sp. http://dx.doi.org/10.1016/j.medmal.2015.01.001 0399-077X/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

prédominent (35,1 %), mais toutes les candidoses génitales ne sont pas obligatoirement des IST de même pour les vaginoses bactériennes. L’absence ou la faible incidence des autres IST comme la syphilis, les infections à gonocoques, à Trichomonas ou à Chlamydia pourraient être lié à la grande accessibilité aux traitements de ces infections qui sont fournis gratuitement par les programmes nationaux de lutte contre les IST/SIDA [2]. Madagascar est classé parmi les pays de l’Afrique subsaharienne ayant les prévalences du VIH les plus faibles (0,2 à 0,3 %) [2], ceci pourrait expliquer la négativité des sérologies du VIH. En outre, toutes ces infections pouvant être antérieures au viol, il faut aussi tenir compte de la période d’incubation. Ceci implique la réalisation d’examens de contrôle, mais généralement la majorité des victimes d’abus sexuel sont perdues de vue après la première consultation d’urgence. Ces constatations imposent la mise en place d’un protocole national de prise en charge des victimes de viol. Généralement, il est recommandé de faire un examen bactériologique de contrôle dans les 15 jours après l’abus sexuel et après trois mois pour les tests sérologiques (VIH) ; une prophylaxie peut être proposée à la première consultation étant donné le nombre de patientes perdues de vue : constituée de traitement empirique contre les IST récurrentes [3]. Une étude épidémiologique plus élargie devrait être effectuée pour établir un état de la situation des IST chez les victimes de viol à Madagascar, les données de cette étude pourront servir de base au protocole de prise en charge médicale des victimes de viol et déterminera la conduite à adopter selon la prévalence des IST retrouvés.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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Lettre à la rédaction / Médecine et maladies infectieuses 45 (2015) 101–102

Remerciements A. Raherinaivo a eu l’idée originale et a rédigé l’article. A. Andrianarivelo a rédigé le protocole. A. Razafinarivo a aidé à collecter et à saisir les données. D. Rajaona Tahina a fait les analyses sérologiques. A. Rasamindrakotroka a rédigé et approuvé le protocole. Références [1] Faye Dieme ME, Traore AL, Gueye SMK, Moreira PM, Diouf A, Moreau JC. Profil épidémiologique et prise en charge des victimes d’abus sexuel à la clinique gynécologique et obstétricale du CHU de Dakar. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2008;37:358–64. [2] Ministère de la Santé Publique. Plan stratégique national de réponse face aux IST/VIH/SIDA-PSN 2007-2012. République de Madagascar; 2007. http://www.aidsmada.mg/index.php?option=com content&view=article& id=101&Itemid=145 (accédé le 12 août 2014). [3] Center for Disease Control Prevention. Sexually transmitted diseases treatment guidelines, sexual assault and STDs. MMWR 2010 2010, 59 (No RR-12).

A. Raherinaivo ∗ A. Andrianarivelo A. Razafinarivo D. RajaonaTahina Laboratoire de microbiologie et immunologie, faculté de médecine d’Antananarivo, CHU-JRA, BP 4150, Antananarivo, Madagascar A. Rasamindrakotroka Département de biologie médicale, faculté de médecine d’Antananarivo, BP 375, Antananarivo, Madagascar ∗ Auteur

correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Raherinaivo) Rec¸u le 9 d´ecembre 2014 Accepté le 9 janvier 2015 Disponible sur Internet le 7 f´evrier 2015

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