Bull Cancer 2015; 102: 295–296

Éditorial

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Pré-thérapeutique : mais que cela veut-il bien dire ? Jacques-Olivier Bay, pour le Comité de rédaction

Disponible sur internet le : 25 mars 2015

CHU de Clermont-Ferrand, site d'Estaing, service de thérapie cellulaire et d'hématologie clinique adulte, 1, place Lucie-Aubrac, 63003 Clermont-Ferrand cedex 1, France [email protected]

Pre-therapeutic: What could mean this term?

Q

tome 102 > n84 > avril 2015 http://dx.doi.org/10.1016/j.bulcan.2015.03.003 © 2015 Publié par Elsevier Masson SAS pour la Société Française du Cancer.

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ue ce soit en cancérologie ou non, la réalisation d'un traitement optimal reste un objectif prioritaire. Pour autant, il se résume rarement à un seul principe thérapeutique. C'est plutôt l'association de plusieurs stratégies qui conduit au meilleur succès. Il apparaît donc indispensable d'appliquer des décisions thérapeutiques qui soient largement discutées, pondérées et partagées. C'est la raison d'être des réunions de concertation pluridisciplinaire. À ce titre, la cancérologie au sens large possède un particularisme spécifique. Dans l'application des traitements, les définitions divergent. Tout va ainsi dépendre du principe thérapeutique qui sera considéré comme le plus actif. Ainsi, s'il s'agit de la chirurgie dans les cancers du sein, la définition de traitements néoadjuvants est devenue la règle. Dans le cadre des hémopathies malignes, il est guère possible d'imaginer la chirurgie comme étant la stratégie conduisant au meilleur succès. Est-ce à dire qu'il faut la comparer dans le principe à la greffe de cellules souches hématopoïétiques ? Le raccourci est sans doute facile et fallacieux. Car il s'agit d'un principe thérapeutique dont le succès est largement lié à l'obtention au préalable d'un nombre minimal de cellules tumorales. Dans le contexte d'une greffe de cellules souches hématopoïétiques autologues, la dose intensité tente de circonvenir les cellules restantes, au prix tout de même du risque de réinjecter un greffon contaminé. Pour la greffe de cellules souches hématopoïétiques allogéniques se surajoute l'effet allogénique du greffon contre les cellules tumorales et bien sûr une qualité du greffon qualifiable d' « irréprochable ». Mais le traitement pré-greffe, difficilement qualifiable de néoadjuvant, prend toute son importance. Il est par contre totalement dépendant de la faisabilité de la greffe, car si cette dernière reste impossible, il n'est pas toujours utile de rechercher un objectif aussi absolu qu'un taux de cellules tumorales résiduelles minimal. L'article de Jordan Gauthier et al. [1] met bien en perspective cette problématique de ce qui pourrait se définir comme un traitement pré-greffe (ou « néoadjuvant »). Certes les auteurs

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s'intéressent plus spécifiquement aux syndromes myélodysplasiques, mais ce modèle est assez emblématique. Car compte tenu des toxicités potentielles de la greffe, il est aussi nécessaire d'inclure dans la stratégie initiale une réflexion sur tout ce qui pourrait rendre le traitement final plus périlleux. Réduire les risques infectieux et le nombre de transfusion, donner un peu de chimiothérapie mais pas trop. Les auteurs montrent bien combien ces choix sont cornéliens. Il est discuté de la chimiothérapie intensive, à l'absence de traitement en passant par les agents hypométhylants. Les chemins qui mènent à destination semblent donc bien différents, et plus ou moins à risque. Il est difficile d'imaginer que le type de chemin choisi n'influence pas le résultat final, ou devrions-nous dire la « destination » finale. La complexité de ces choix est aussi liée aux difficultés pour

résoudre l'énigme à équations multiples. En effet, dans ce cas précis, la maladie est suffisamment rare pour proposer un nombre réduit de patients à des essais cliniques prospectifs comparatifs de phase 3. Fort heureusement, dans d'autres maladies, la conduite thérapeutique « néoadjuvante » est souvent bien mieux définie. Mais l'article ici présenté reste un parfait témoignage des nombreuses incertitudes persistantes, mais également nouvelles au regard des traitements innovants. Nous vous laissons à votre propre appréciation en vous souhaitant une bonne lecture.

Déclaration d'intérêts : l'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article.

Référence

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[1]

Gauthier J, Damaj G, Yakoub-Agha I. Le traitement pré-greffe chez les patients

atteints d'un syndrome myélodysplasique de haut risque. Bull Cancer 2015;102.

http://dx.doi.org/10.1016/j. bulcan.2015.02.009.

tome 102 > n84 > avril 2015

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