Presse Med. 2015; 44: e41–e50

Grande fréquence des prescriptions médicamenteuses à visée cardiovasculaire potentiellement inappropriées dans la population âgée

Article original

en ligne sur / on line on www.em-consulte.com/revue/lpm www.sciencedirect.com

Élodie Gentes 1, Maurice Hertzog 1, Thomas Vogel 2, Pierre Olivier Lang 3,4,5

Reçu le 29 novembre 2013 Accepté le 27 mai 2014 Disponible sur internet le : 18 décembre 2014

1. Groupe hospitalier du centre Alsace, département de gériatrie, 68000 Colmar, France 2. Hôpitaux universitaires de Strasbourg, hôpital de la Robertsau, pôle de gériatrie, 67000 Strasbourg, France 3. Centre Nescens de médecine préventive, clinique de Genolier, 1272 Genolier, Suisse 4. Cambridge campus, Anglia Ruskin university, health and wellbeing academy, E Road, Cambridge CB1 1PT, Royaume-Uni 5. Health and wellbeing academy. Anglia Ruskin University, Cambridge Campus, E Rd, Cambridge CB1 1PT, Royaume-Uni

Correspondance : Pierre Olivier Lang, Centre Nescens de médecine préventive, clinique de Genolier, route du Muids, 3, 1272 Genolier, Suisse. [email protected]

Résumé

tome 44 > n82 > février 2015 http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.05.027 © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

e41

Objectifs > Les maladies cardiovasculaires sont une des premières causes de morbi-mortalité dans la population âgée. Nous avons évalué l'adéquation des prescriptions (« sur » et « sous » prescription) au regard de l'outil STOPP-START. Méthodes > Un échantillon de 100 patients âgés, hospitalisés soit en service de spécialité cardiovasculaire (médecine ou chirurgie) ou dans les différents secteurs composant la filière gériatrique (hôpital de jour, court ou moyen séjour, EHPAD), a été considéré. Leurs prescriptions médicamenteuses à l'admission ont été analysées. Résultats > Huit cent soixante-quatorze prescriptions médicales ont été étudiées. Pour 65 % des patients, de 5 à 10 médicaments étaient prescrits et pour 28 % plus de 10. Plus de la moitié des patients (54 %) avaient au moins une prescription potentiellement inappropriée (PPI) selon STOPP. Parmi eux, 48 % des prescriptions comportaient 1 PPI, 41 % 2 et 11 % 3 ou plus. L'omission d'au moins une prescription selon START concernait 57 % de l'échantillon. Parmi eux, 46 % avaient une omission, 44 % 2 à 3 omissions et 10 % 4 omissions ou plus. Le système cardiovasculaire était le plus concerné par les PPI. Si 28,1 % des PPI, selon les critères STOPP, concernaient des médicaments cardiovasculaires, l'omission de prescription, selon les critères START, s'élevait à 41,8 %. Il n'a été observé aucune différence significative entre les différents services. Il y avait effet ni de l'âge ni du sexe sur l'incidence des PPI (p > 0,20) ou le fait d'être polymédiqué (p = 0,44). Selon les critères STOPP-A, la prescription des antiagrégants plaquettaires (indication et dose) était identifiée. L'omission de prescription concernait principalement les

Article original

É Gentes, M. Hertzog, T. Vogel, P.O. Lang

antiagrégants plaquettaires et les statines en présence d'une athéromatose, les anticoagulants et antiagrégants en présence d'une fibrillation auriculaire permanente et les inhibiteurs de l'enzyme de conversion après un infarctus du myocarde ou en cas d'insuffisance cardiaque. Conclusion > Les prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées étaient très fréquentes chez les patients âgés atteints de maladies cardiovasculaires. Elles concernaient autant le défaut de prescription de médicaments ayant un bénéfice potentiel important que la prescription de médicaments inadaptés aux pathologies et/ou caractéristiques du patient.

Summary Potentially inappropriate prescribing cardiovascular medications in the aged population: Prospective study in a district hospital centre (France) Objectives > Cardiovascular disease is a leading cause of morbidity and mortality in the elderly population. We evaluated the adequacy of prescribing (miss and under used) with respect to STOPP-START criteria. Methods > A sample of 100 patients hospitalized in cardiovascular specialty divisions (medicine or surgery) or in the different sectors making up the geriatric network (day-care hospital, short or rehabilitation ward, nursing home) has been considered. Drug prescriptions at the admission time were analysed. Results > Eight hundred and seventy-four prescriptions were analysed. In 65% of patients, from 5 to 10 medications were prescribed and in 28% over 10. Fifty-four percent of patients had, at least, one potentially inappropriate prescription (PIP) by STOPP. Among them, 48% of PIP prescriptions contained 1, 41% 2 and 11% 3 or more. The omission of one medication according to START criteria concerned 57% of the sample. Among them, 46% had one omission, 44% 2 to 3 and 10% 4 omissions or over. The cardiovascular system is the one most concerned by the PIP. Whether 28.1% of the PIP by STOPP criteria concerned cardiovascular drugs, the omission of prescription, according to START criteria, was 41.8%. There was no significant difference between the different settings studied. There was no effect of age or sex on the impact of PIP (P > 0.20) or being polymédiqué (P = 0.44). According to the criteria STOPP-A, the prescription of antiplatelet (indication and dose) was highlighted. Prescribing omission also concerned antiplatelet agents but also statins in patients with atherosclerosis as well as antiplatelet and anticoagulant in patients with permanent atrial fibrillation and inhibitor of angiotensin converting enzyme (ACE) after myocardial infarction or with chronic heart failure. Conclusion > Potentially inappropriate prescribing medications were very common in elderly patients with cardiovascular conditions. They concerned as much as underusing of important drugs with potential benefits and prescribing commission of treatment that did not fit with patients' comorbidities and/or characteristics.

L

e42

a prescription médicamenteuse inappropriée a des effets négatifs sur la santé et la qualité de vie, et augmente la consommation des ressources de santé en raison de la survenue d'évènements indésirables [1,2]. Dans la population adulte, les prescriptions sont considérées comme appropriées lorsqu'elles concernent une indication basée sur des preuves scientifiques, impliquant des produits ayant une balance bénéfice/risque favorable et qui sont administrés à la bonne dose, la bonne fréquence et pour une durée appropriée [1]. En ce qui concerne la population âgée, la décision de prescrire est souvent faite de façon plus empirique. Les indications sont souvent adaptées des recommandations des sociétés savantes faites pour des adultes

plus jeunes et ce principalement en raison de la sousreprésentation des patients âgés dits complexes (c'est-à-dire polymorbides et polymédiqués) dans les essais cliniques contrôlés [3]. De plus, les modifications de la pharmacodynamie et de la pharmacocinétique des médicaments [4] et la polymédication en rapport avec l'augmentation de l'incidence des maladies chroniques [5] complexifient la prescription et sont autant de facteurs qui favorisent la survenue d'événements médicamenteux indésirables. Dans la population âgée, une plus grande exigence et rigueur de prescription est recommandée [3]. Parmi les comorbidités dont l'incidence augmente le plus avec l'avancée en âge, les maladies cardiovasculaires occupent une

tome 44 > n82 > février 2015

Ce qui est connu 

Les maladies cardiovasculaires sont une des premières causes de morbi-mortalité dans la population âgée.



Les prescriptions en matière de prévention primaire, secondaire et tertiaire dans ce domaine ont été bien codifiées par les sociétés savantes.

Ce qu'apporte l'article 

Les prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées étaient très fréquentes dans cette population (> 50 % des patients inclus) et concernaient autant le défaut de prescription que la prescription de médicaments inadaptés aux pathologies et/ou caractéristiques du patient.



Selon les critères STOPP, la prescription inappropriée d'aspirine (absence de maladie athéromateuse documentée et/ou dose supérieure à 150 mg/j) était la plus fréquente.



Pour les critères START, une tendance à la sous-prescription des inhibiteurs de l'enzyme de conversion dans l'insuffisance cardiaque et en post-infarctus a été identifiée.

du département de gériatrie (hôpital de jour, service de médecine interne, service de soins de suite et de réadaptation [SSR] et établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes [EHPAD]) et deux services de spécialité cardiovasculaire (un service de médecine cardiologique, hors unité des soins intensifs, et le service de chirurgie cardiovasculaire). Les médecins chefs et les cadres de santé des services concernés avaient été informés du projet d'étude par courriel. Le message comportait une information détaillée sur les objectifs et la méthode de l'étude ainsi qu'un formulaire de demande d'autorisation pour avoir accès aux dossiers et informations médicales des patients sélectionnés. Une date de passage dans les unités était planifiée. Comme il ne s'agissait pas d'une étude d'intervention, il n'y a pas eu d'information écrite spécifique aux patients, cependant une information orale a été faite systématiquement. L'analyse des prescriptions, selon les critères STOPPSTART, ne conduisait à aucune modification des prescriptions par le médecin en charge du recueil ou à un contact avec le(s) médecin(s) en charge des patients concernés. Seules les prescriptions actives avant l'hospitalisation étaient analysées à partir du dossier pour les patients hospitalisés ; pour les résidents d'EHPAD et les patients suivis en hôpital de jour, les prescriptions actives le jour de la visite étaient considérées.

Article original

Grande fréquence des prescriptions médicamenteuses à visée cardiovasculaire potentiellement inappropriées dans la population âgée

Population et méthode d'échantillonnage

Méthodes Schéma de l'étude Cette étude prospective, transversale et monocentrique, d'évaluation de la qualité des soins courants, a été réalisée entre le 1er janvier et le 30 avril 2012, dans six services du groupe hospitalier du centre Alsace (GHCA–Colmar, France) : quatre services

tome 44 > n82 > février 2015

Pour un échantillon total souhaité d'au moins 100 patients, la répartition des inclusions selon les différents services considérés a été déterminée par de département d'information médicale (DIM) et cela au prorata du nombre de personnes répondant aux critères d'inclusion qui sont habituellement pris en charge dans ces services (estimation sur les années précédentes). L'objectif principal de recrutement au travers de différents secteurs de soins était d'avoir un échantillon représentatif de la population avec une problématique de santé cardiovasculaire et pas uniquement des patients dits « gériatriques » [12]. Les critères d'inclusion dans l'étude étaient d'être âgé au moins de 75 ans, ou d'avoir entre 65 et 75 ans et être polypathologique ( 2 comorbidités actives). N'ont pas été inclus, les personnes de 65 ans et/ou celles âgées de 65 à 75 ans qui étaient monopathologiques. Les patients en soins palliatifs ou considérés comme étant en fin de vie (espérance de vie < 3 mois) n'étaient pas inclus. Seuls ceux hospitalisés depuis plus de 72 heures étaient considérés, hormis pour l'hôpital de jour où les médicaments prescrits à l'admission du premier passage étaient analysés. Ce délai a été arbitrairement choisi afin de s'assurer que l'ensemble des informations nécessaires (prescriptions à domicile, antécédents et comorbidités) étaient correctement informées dans le dossier, ce qui n'est pas toujours le cas le jour de l'admission. Il n'y avait pas de critère d'exclusion. Après obtention d'une réponse positive, un rendez-vous était programmé sur une journée afin d'inclure les patients et de recueillir les informations utiles à l'étude par un médecin

e43

place prépondérante. Elles affectent près de 80 % des personnes âgées [6] et sont, en France, associées à de nombreuses prescriptions médicamenteuses [7] dans une population fragile, polymorbide et polymédiquée. Dans le cadre d'une démarche « qualité » de soins courants, nous avons évalué la prévalence des prescriptions potentiellement inappropriées (PPI – « sur » et « sous » prescription) avec une attention portée aux médicaments cardiovasculaires, selon les critères STOPP-START [8]. Les 100 patients concernés étaient soit hospitalisés ou résidents dans l'un des quatre services de soins composant l'entière filière gériatrique du groupe hospitalier du centre Alsace, soit hospitalisés dans l'un des deux services de spécialité médicale ou chirurgicale cardiovasculaire du même centre hospitalier. STOPP/START, un outil de détection des prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées, spécifiquement développé [9] et validé pour la population âgée [10,11], a été appliqué aux prescriptions préhospitalières chez les personnes hospitalisées, ou aux prescriptions actives si elles étaient résidentes d'EHPAD ou suivies en hôpital de jour.

Article original

É Gentes, M. Hertzog, T. Vogel, P.O. Lang

indépendant de l'établissement (EG) et ce à partir du dossier médical et infirmier. Les services ont été visités les uns après les autres dans un ordre aléatoire, déterminé selon les dates des visites proposées sur la période d'étude par les responsables médicaux et/ou administratifs. Une visite, un jour donné, permettait d'identifier les patients éligibles ; si le nombre de patients éligibles était supérieur à l'effectif souhaité, alors les personnes finalement incluses étaient arbitrairement sélectionnées selon l'ordre alphabétique.

Outil STOPP-START

e44

En ciblant les médicaments les plus couramment prescrits dans la population gériatrique, les critères STOPP-START ont pour objectifs de détecter les principales interactions médicamenteuses et les effets indésirables en lien direct avec la prescription de ces médicaments (critères STOPP) ; les effets indésirables et les interactions en regard des comorbidités des patients et de la prescription de ces médicaments (critères STOPP) et l'omission de prescriptions des médicaments considérés comme appropriés (critères START). Les 87 critères composant la version initiale, en anglais, de STOPP-START ont été validés par une méthode Delphi réunissant 18 experts gériatres et/ou pharmacologues cliniciens. La plus récente adaptation en français a été réalisée par une méthode dite de « traduction-traduction inverse » par des experts gériatries et/ou pharmacologues cliniciens francophones (belges, canadiens, français et suisses). Les 87 critères sont organisés selon les grands systèmes physiologiques, afin de faciliter l'utilisation de l'outil en apportant une certaine logique à son application. Ces critères, plus qu'une simple liste de médicaments à éviter et/ou à prescrire, expliquent pourquoi il est inapproprié de prescrire un tel médicament ou de ne pas le prescrire. Les critères STOPP-START sont un outil de dépistage et ils n'apportent pas à proprement parler de propositions de prescriptions alternatives, du moins en ce qui concerne les critères STOPP. Cependant, pour la plupart des critères STOPP, une note explicative est associée et permet généralement de guider le prescripteur qui reste libre de sa prescription. Les critères START sont, par contre, un outil d'aide à la prescription puisqu'ils apportent des propositions de prescriptions basées sur les preuves et adaptées à la population âgée [9]. Cet outil, bien que composé de 87 critères, est rapide et facile d'utilisation en pratique quotidienne. Le temps moyen de passation, mesuré au cours des différents travaux de validation, était systématiquement inférieur à 2 minutes. Une formation préalable des utilisateurs est néanmoins préconisée. Il est bien évident qu'à ce temps de passation doit s'ajouter celui nécessaire au recueil de l'ensemble des médicaments prescrits et de leurs indications, ainsi que des antécédents et comorbidités et à l'appréciation de la situation médicale actuelle. Par ailleurs, en raison de leur simplicité, les critères STOPP-START peuvent être appliqués aussi bien par un médecin (hospitalier ou de ville) que par un pharmacien (hospitalier ou d'officine), comme en

témoignent les études cliniques réalisées dans ces deux populations [9–11].

Déroulement de l'enquête et évaluation des prescriptions potentiellement inappropriées Les informations utiles, recueillies par un médecin indépendant (EG), concernaient les données sociodémographiques (âge, sexe), ainsi que l'ensemble des informations médicales nécessaires pour répondre aux 87 critères de la version française de l'outil STOPP-START [8], avec une attention toute particulière pour les critères du système cardiovasculaire (c'est-à-dire les critères A – encadrés 1 et 2). Ont été systématiquement collectés dans les dossiers médicaux, l'ensemble des antécédents médico-chirurgicaux, les comorbidités actives, les données d'examen clinique d'admission pour les personnes hospitalisées en hôpital de jour, en service de court séjour (CS) ou de soins de suite et les données cliniques les plus récentes pour les résidents de l'EHPAD. Les données anthropométriques (poids, taille), d'examen clinique, les enregistrements électrocardiographiques et les résultats biologiques les plus récents qui étaient nécessaires (créatinine plasmatique) ont également été collectés [8]. La fonction rénale (critère STOPP-A1) a été évaluée par le calcul de la clairance de la créatinine selon la formule de Cockcroft et Gault [13] ; une insuffisance rénale modérée (correspondant à une clairance < 60 mL/min). Le niveau d'indépendance à la réalisation des activités de la vie quotidienne (critère START-A5) a été évalué selon l'échelle des ADL (Activities of Daily Living) de Katz [14]. Cinq des six activités de base de la vie quotidienne ont été explorées (toilette, habillage, déplacement, alimentation, utilisation des toilettes) ; l'incontinence n'a pas été prise en compte dans le calcul du score selon les recommandations [15]. Le nombre total de médicaments prescrits le jour de l'enquête a été relevé et la polymédication définie par la prescription de 5 médicaments ou plus [16].

Analyse statistique Une analyse descriptive des caractéristiques des patients et de leurs prescriptions a été réalisée. Les résultats ont été présentés pour les variables quantitatives sous la forme de moyenne  écart-type (ET) et de médiane et d'intervalle interquartile (IIQ) pour le nombre de médicaments prescrits. Pour les variables catégorielles, les effectifs et les pourcentages calculés ont été présentés. Les données descriptives ont été comparées selon le service d'hospitalisation ainsi que les taux de prévalence de prescriptions inappropriées identifiées par les critères STOPP et START, avec une attention particulière pour ceux du système cardiovasculaire. Les tests utilisés ont été choisis selon la nature des variables et la taille des échantillons considérés (tests non paramétriques). Les variables catégorielles ont été comparées avec un test exact de Fisher ; un test de Kruskal-Wallis a été utilisé pour les données quantitatives. Pour l'analyse des corrélations entre les variables quantitatives, un coefficient de corrélation r de Spearman a été calculé. Les analyses ont été effectuées avec le

tome 44 > n82 > février 2015

Les 17 critères STOPP pour le système cardiovasculaire (critères A) Ces prescriptions sont potentiellement inappropriées chez les sujets âgés de 65 ans ou plus. 1. Un traitement prolongé par digoxine à une dose > 125 mg/jour en présence d'une insuffisance rénale (augmentation du risque de toxicité). 2. Un diurétique de l'anse pour le traitement des œdèmes des membres inférieurs associés à l'insuffisance veineuse c'est-à-dire absence de signes cliniques d'insuffisance cardiaque, d'insuffisance hépatique, de syndrome néphrotique (absence d'efficacité démontrée, préférer une contention veineuse). 3. Un diurétique de l'anse en traitement de première intention d'une hypertension essentielle (alternatives plus efficaces et moins délétères disponibles). 4. Un diurétique thiazidique chez un patient atteint de goutte (risque de crise de goutte). 5. Un b-bloquant non cardiosélectif chez un sujet avec une bronchopneumopathie obstructive (BPCO) (risque de bronchospasme). 6. b-bloquant et vérapamil en association (risque augmenté de bloc de conduction). 7. Diltiazem ou vérapamil en présence d'une insuffisance cardiaque de classe NYHA III ou IV (risque de majorer l'insuffisance cardiaque). 8. Un anticalcique sur terrain de constipation chronique (peut majorer la constipation). 9. Aspirine et anti-vitamines K (AVK) en association sans protection digestive par anti-H2 (excepté la cimétidine en raison du risque d'interaction avec les AVK) ou inhibiteurs de la pompe à protons (risque élevé de saignement gastrointestinal). 10. Dipyridamole, en monothérapie, en prévention secondaire des évènements cardiovasculaires (efficacité non démontrée). 11. Aspirine en présence d'une maladie ulcéreuse gastroduodénale et en l'absence d'une protection digestive par anti-H2, ou inhibiteurs de la pompe à protons (risque de saignement gastro-intestinal). 12. Aspirine à une dose > 150 mg/jour (augmentation du risque de saignement sans augmentation démontrée de l'efficacité). 13. Aspirine ou clopidogrel en l'absence d'une athérosclérose documentée par un événement clinique ou par imagerie, notamment au niveau coronaire, cérébrovasculaire ou des artères des membres inférieurs (pas d'indication). 14. Aspirine ou clopidogrel en traitement de vertiges non clairement attribuables à une origine cérébrovasculaire (pas d'indication). 15. Anti-vitamines K pour une durée > 6 mois, en traitement d'un premier épisode non compliqué de thrombose veineuse profonde (pas de bénéfice démontré). 16. Anti-vitamines K, pour une durée > 12 mois, en traitement d'un premier épisode non compliqué d'embolie pulmonaire (pas de bénéfice démontré).

tome 44 > n82 > février 2015

Encadre 1 (Suite) 17. Aspirine, clopidogrel, dipyridamole ou anti-vitamines K en présence d'une coagulopathie associée à un risque hémorragique (haut risque hémorragique). STOPP : Screening Tool of Older People's potentially inappropriate Prescriptions.

Encadre 2 Les 8 critères START pour le système cardiovasculaire (critères A) Ces traitements sont indiqués chez les sujets âgés de 65 ans ou plus en l'absence de contre-indication. 1. Anti-vitamine K (AVK) dans la fibrillation auriculaire permanente. 2. Aspirine en présence d'une fibrillation auriculaire persistante et de contre-indication aux AVK. 3. Aspirine ou clopidogrel en cas d'athérosclérose documentée par un événement clinique ou par imagerie, notamment au niveau coronaire, cérébrovasculaire ou des artères des membres inférieurs chez un sujet en rythme sinusal. 4. Traitement antihypertenseur en présence d'une élévation permanente de la pression artérielle systolique > 160 mmHg. 5. Une statine en présence d'une coronaropathie, d'une atteinte cérébrovasculaire et/ou d'une artériopathie périphérique documentée, chez un sujet indépendant pour la réalisation des activités de base de la vie quotidienne et ayant une espérance de vie > 1 an. 6. Inhibiteur de l'enzyme de conversion (IEC) en présence d'une insuffisance cardiaque. 7. IEC en post-infarctus du myocarde. 8. b-bloquant en présence d'un angor stable. START : Screening Tool to Alert doctors to Right (i.e. appropriate, indicated) Treatments.

logiciel SAS (version 9.3 – SAS System, SAS Institute Inc., Cary, NC). Le seuil de significativité a été fixé à p = 0,05.

Résultats Caractéristiques de la population Les caractéristiques descriptives de l'échantillon analysé sont présentées dans le tableau I. Sur les 100 patients âgés considérés, 60 % étaient des femmes et 70 % avaient 80 ans ou plus. Dans cette population dont un tiers était hospitalisé dans un service de spécialité cardiovasculaire, les comorbidités les plus fréquemment constatées étaient la maladie athéromateuse quel que soit le site (69 %), l'hypertension artérielle (52 %), la fibrillation auriculaire (29 %), le diabète de type 2 (25 %) et les chutes (24 %). La moitié de la population étudiée avait une clairance de la créatinine, estimée par la formule de Cockcroft et Gault, inférieure à 60 mL/min. L'analyse comparative entre les services de soins (tableau I), hormis les différences observées pour l'âge et le sexe, a relevé

e45

Encadre 1

Article original

Grande fréquence des prescriptions médicamenteuses à visée cardiovasculaire potentiellement inappropriées dans la population âgée

Article original

É Gentes, M. Hertzog, T. Vogel, P.O. Lang

TABLEAU I Analyse descriptive et comparative des caractéristiques sociales et des comorbidités des patients, selon le secteur de soins considéré Caractéristiques

Total

n = 100

Services de cardiologie

p

Département de gériatrie

Médecine

Chirurgie

HDJ

CS

SSR

EHPAD

n = 15

n = 15

n = 10

n = 20

n = 20

n = 20

Démographiques 0,0013

Âge 65–74 ans

11,0 (11)

75–80 ans > 80 ans

6,7 (1)

46,6 (7)

10,0 (1)

0,0 (0)

0,0 (0)

10,0 (2)

19,0 (19)

20,0 (3)

26,7 (4)

30,0 (3)

25,0 (5)

25,0 (5)

10,0 (2)

70,0 (70)

73,3 (11)

26,7 (4)

60,0 (6)

75,0 (15)

75,0 (15)

80,0 (16)

Sexe

< 0,0001

Femmes

60,0 (60)

66,7 (10)

33,3 (5)

70,0 (7)

65,0 (13)

70,0 (14)

55,0 (11)

Hommes

40,0 (40)

33,3 (5)

66,7 (10,0)

30,0 (3)

35,0 (7)

30,0 (6)

45,0 (9)

52,0 (52)

80,0 (12)

33,3 (5)

30,0 (3)

60,0 (12)

50,0 (10)

50,0 (10)

0,09

Athérosclérose

69,0 (69)

60,0 (9)

73,3 (11)

80,0 (8)

60,0 (12)

70,0 (14)

75,0 (15)

0,83

Cardiopathie ischémique

22,0 (22)

46,7 (7)

13,2 (2)

20,0 (2)

20,0 (4)

15,0 (3)

20,0 (4)

0,32

Troubles du rythme

30,0 (30)

40,0 (6)

13,3 (2)

0,0 (0)

55,0 (11)

30,0 (6)

25,0 (5)

0,019

Fibrillation auriculaire

29,0 (29)

40,0 (6)

13,3 (2)

0,0 (0)

50,0 (10)

30,0 (6)

25,0 (5)

0,042

2,0 (2)

6,7 (1)

0,0 (0)

0,0 (0)

5,0 (1)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,75

Diabète de type II

25,0 (25)

26,7 (4)

53,3 (8)

40,0 (4)

5,0 (1)

20,0 (4)

20,0 (4)

0,029

BPCO

15,0 (15)

53,3 (8)

13,3 (2)

0,0 (0)

15,0 (3)

10,0 (2)

0,0 (0)

< 0,001

Démence

15,0 (15)

0,0 (0)

0,0 (0)

40,0 (4)

30,0 (6)

5,0 (1)

20,0 (4)

0,0044

Syndrome dépressif

19,0 (19)

20,0 (3)

13,3 (2)

40,0 (4)

10,0 (2)

25,0 (5)

15,0 (5)

0,46

Maladie Parkinson

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

1,00

11,0 (11)

6,7 (1)

0,0 (0)

20,0 (2)

5,0 (1)

15,0 (3)

20,0 (4)

0,32

24,0 (24)

20,0 (3)

0,0 (0)

10,0 (1)

35,0 (7)

60,0 (12)

5,0 (1)

< 0,0001

Comorbidités cardiaques Hypertension artérielle 1

Insuffisance cardiaque (NYHA III–IV) Comorbidités autres

Ostéoporose Chute (> 3 dernier mois) Clairance de la créatinine

2

< 15 mL/min

0,90 2,0 (2)

0,0 (0)

6,7 (1)

0,0 (0)

0,0 (0)

5,0 (1)

0,0 (0)

15–30 mL/min

10,0 (10)

20,0 (3)

0,0 (0)

0,0 (0)

15,0 (3)

5,0 (1)

15,0 (3)

31–60 mL/min

38,0 (38)

33,3 (5)

40,0 (6)

50,0 (5)

35,0 (7)

35,0 (7)

40,0 (8)

61–90 mL/min

40,0 (40)

40,0 (6)

33,3 (5)

50,0 (5)

40,0 (8)

40,0 (8)

40,0 (8)

> 90 mL/min Nombre de comorbidités3

10,0 (10)

6,7 (1)

30,0 (3)

0,0 (0)

10,0 (2)

15,0 (3)

5,0 (1)

3,34  1,53

4,13  1,8

2,60  1,18

3,30  1,64

3,50  1,64

3,45  1,28

3,05  1,43

0,13

e46

Les résultats sont présentés sous la forme n (%). HD : hôpital de jour ; CS : court séjour (service de médecine interne gériatrique) ; SSR : service de soins de suite et de réadaptation ; EHPAD : établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes ; BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive. En gras : différence significative, p < 0,05. 1 Correspondant à une atteinte documentée au niveau coronaire et/ou cérébrovasculaire et/ou une artériopathie périphérique. 2 Estimée selon la formule de Cockcroft-Gault. 3 Selon la présence de comorbidités détaillées en considérant l'ensemble des troubles du rythme et pas uniquement la fibrillation auriculaire et en considérant l'insuffisance rénale chronique à partir d'une clairance de la créatinine  60 mL/min.

tome 44 > n82 > février 2015

que les patients chuteurs étaient principalement hospitalisés en CS gériatrique ou en SSR (p < 0,0001) ; les patients avec une BPCO et/ou un diabète de type II étaient préférentiellement hospitalisés dans les services de spécialité cardiovasculaire (p < 0,001 et p = 0,029, respectivement). En moyenne, le nombre de comorbidités observées était de 3,34  1,53, sans qu'il y

ait de différence significative entre les différents services (p = 0,13).

Analyse des prescriptions Comme le montre le tableau II, 874 prescriptions médicales dont 22,4 % étaient considérées comme potentiellement

Article original

Grande fréquence des prescriptions médicamenteuses à visée cardiovasculaire potentiellement inappropriées dans la population âgée

TABLEAU II Analyse descriptive et comparative des prescriptions médicamenteuses, selon le secteur de soins considéré Caractéristiques

Total

Services de cardiologie

p

Département de gériatrie

Médecine

Chirurgie

HDJ

CS

SSR

EHPAD

n = 100

n = 15

n = 15

n = 10

n = 20

n = 20

n = 20

874

161

119

81

154

168

191

NA

8,74  3,09

10,73  4,44

7,93  1,98

8,10  2,60

7,70  2,61

8,40  3,01

9,55  2,82

0,16

8,0 (11,0–7,0)

9,5 (14,0–7,0)

7,0 (10,0–7,0)

8,0 (10,0–5,0)

7,0 (10,0–7,0)

8,0 (9,5–6,5)

10,0 (11,0–8,0)

0,16

Prescriptions Nombre total Moyenne  écart-type Médiane (IIQ) Polymédication

1

0,69

Non

7,0 (7)

6,7 (1)

0,0 (0)

0,0 (0)

15,0 (3)

10,0 (2)

5,0 (1)

Oui

93,0 (93)

93,3 (14)

100,0 (15)

100,0 (10)

85,0 (17)

90,0 (18)

95,0 (19)

196

29

30

18

38

45

36

NA

Moyenne  écart-type

1,96  1,64

1,93  1,48

2,00  1,51

1,80  1,47

1,90  2,05

2,25  1,52

1,80  1,73

0,87

Médiane (IIQ)

2,0 (1,0–3,0)

2,0 (0,0–3,0)

2,0 (1,0–3,0)

2,0 (1,0–2,0)

1,0 (0,0–3,0)

2,0 (1,0–3,0)

1,0 (0,5–3,0)

0,87

86

8

10

9

22

21

16

NA

Moyenne  écart-type

0,86  0,94

0,53  0,99

0,66  0,82

0,90  0,99

1,10  1,25

1,05  0,76

0,80  0,76

0,35

Médiane (IIQ)

1,0 (0,0–1,5)

0,0 (0,0–1,0)

0,0 (0,0–1,0)

1,0 (0,0–1,0)

1,0 (0,0–2,0)

1,0 (0,5–2,0)

1,0 (1,0–2,0)

0,35

23

2

2

4

5

5

5

NA

Moyenne  écart-type

0,23  0,57

0,20  0,56

0,20  0,56

0,40  0,52

0,25  0,44

0,25  0,44

0,25  0,44

0,75

Médiane (IIQ)

0 (0,0–0,0)

0,0 (0,0–0,0)

0,0 (0,0–0,0)

0,0 (0,0–1,0)

0,0 (0,0–0,5)

0,0 (0,0–0,5)

0,0 (0,0–0,5)

0,75

110

21

20

9

16

24

20

NA

1,1  1,28

1,29  0,70

1,33  1,23

0,90  1,37

0,8  0,95

1,19  0,80

1,65  1,70

0,43

1,0 (0,0–2,0)

1,0 (0,0–3,0)

1,0 (0,0–2,0)

0,0 (0,0–2,0)

0,5 (0,0–1,5)

1,0 (0,0–2,0)

0,0 (0,0–1,0)

0,43

46

9

5

5

11

7

9

NA

Moyenne  écart-type

0,46  0,69

0,60  0,74

0,33  0,62

0,50  0,70

0,55  0,76

0,35  0,49

0,45  0,82

0,84

Médiane (IIQ)

0,0 (0,0–1,0)

0,0 (0,0–1,0)

0,0 (0,0–1,0)

0,0 (1,0–0,0)

0,0 (0,0–1,0)

0,0 (0,0–1,0)

0,0 (0,0–0,5)

0,84

PPI – Total Nombre total

Selon critères STOPP Nombre total

Selon critères STOPP-A

Selon critères START Nombre total Moyenne  écart-type Médiane (IIQ) Selon critères START-A Nombre total

tome 44 > n82 > février 2015

e47

Les résultats sont présentés sous la forme n (%). HDJ : hôpital de jour ; CS : court séjour (service de médecine interne gériatrique) ; SSR : service de soins de suite et de réadaptation ; EHPAD : établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes ; PPI : prescription potentiellement inappropriée ; IIQ : intervalle interquartile (25–75 %) ; NA : non applicable. 1 Définie comme la prise de 5 médicaments ou plu.

Article original

É Gentes, M. Hertzog, T. Vogel, P.O. Lang

inappropriées, selon l'ensemble des critères STOPP/START, ont été relevées chez les 100 patients analysés. Pour près de deux tiers des patients (65 %), de 5 à 10 médicaments étaient prescrits et pour 28 % plus de 10. Seuls 7 % des patients avaient moins de 5 médicaments prescrits simultanément. La prévalence des PPI selon les critères STOPP était de 9,8 % et de 12,6 % selon les critères START (tableau II). Plus d'un patient sur 2 (54 %) avaient au moins 1 PPI selon STOPP. Parmi eux, 48 % des prescriptions comportaient une PPI, 41 % 2 et 11 %, 3 ou plus. L'omission d'au moins une prescription selon START concernait 57 % des patients. Parmi eux, 46 % présentait une omission, 44 % 2 à 3 omissions et 10 %, 4 omissions ou plus. Le système cardiovasculaire était le plus concerné par les PPI. Mais si moins d'un tiers (28,1 %) des PPI, selon les critères STOPP, concernait des médicaments cardiovasculaires, l'omission de prescription, selon les critères START concernait 41,8 % des PPI. La co-prescription de médicaments d'une même classe

pharmaceutique était la situation retrouvée en troisième position (27 %) et concernait exclusivement les benzodiazépines. Il n'a été observé aucun effet ni de l'âge ni du sexe sur l'incidence des PPI (p > 0,20) ou le fait d'être polymédiqué (p = 0,44). Si les coefficients de corrélation calculés entre le nombre de médicaments prescrits et le nombre de PPI selon les critères STOPP, STOPP-A et START-A étaient non significatifs (p > 0,30), celui associé aux critères START était significativement différent de 0 (r = 0,24 ; p = 0,018). Les résultats de l'analyse descriptive concernant les critères STOPP/START dédiés au système cardiovasculaire sont détaillés dans le tableau III. Selon les critères STOPP-A, les prescriptions les plus souvent retrouvées concernaient celles des antiagrégants plaquettaires (A17 : 74 % ; A13 : 50 % ; A12 : 45 %). Parmi celles-ci, était considéré comme inappropriées la prescription d'un antiagrégant en l'absence d'une maladie athéromateuse documentée

TABLEAU III Analyse descriptive des prescriptions potentiellement inappropriées pour le système cardiovasculaire, selon les critères STOPP-A et START-A PPI

Critères STOPP

Prescriptions concernées par le critère

Services de cardiologie

p

Département de gériatrie

Médecine

Chirurgie

HDJ

CS

SSR

EHPAD

1

A1

20,0 (5)

50,0 (1)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

1,00

A2

46,0 (46)

0,0 (0)

0,0 (0)

50,0 (1)

0,0 (0)

0,0 (0)

30,0 (3)

0,018

A3

46,0 (46)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

1,00

A6

49,0 (49)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

1,00

A12

45,0 (45)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

57,1 (4)

10,0 (1)

11,1 (1)

0,019

A13

50,0 (50)

16,7 (1)

10,0 (1)

50,0 (3)

28,6 (2)

25,0 (3)

0,0 (0)

0,22

A15

2,0 (2)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

50,0 (1)

50,0 (1)

0,0 (0)

1,00

A17

74,0 (74)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

1,00

A1–2

29,0 (29)

00,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

1,00

A3

49,0 (49)

16,7 (1)

10,0 (1)

0,0 (0)

14, (1)

10,0 (1)

25,0 (3)

0,93

A4

8,0 (8)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

1,00

A5

43,0 (43)

0,0 (0)

44,4 (4)

80,0 (4)

71,4 (5)

37,5 (3)

50,0 (3)

0,033

A6

6,0 (6)

100,0 (1)

0,0 (0)

0,0 (0)

66,7 (2)

0,0 (0)

50,0 (1)

1,00

A7

20,0 (20)

85,7 (6)

0,0 (0)

50,0 (1)

75,0 (3)

100,0 (3)

66,7 (2)

0,42

A8

5,0 (5)

100,0 (1)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

0,0 (0)

1,00

Critères START

e48

Les résultats sont présentés sous la forme n (%). HDJ : hôpital de jour ; CS :court séjour (service de médecine interne gériatrique) ; SSR : service de soins de suite et de réadaptation ; EHPAD : établissement ; NA : non applicable. 1 Pour les critères STOPP – aucune prescription inappropriée concernant les critères A4, A5, A7, A8, A9, A10, A11, A14 et A16 n'a été trouvé.

tome 44 > n82 > février 2015

Discussion Si la prévention primaire, secondaire et tertiaire des pathologies cardiovasculaires a été bien codifiée par les sociétés savantes (www.who.int/publications/list/cardio-pocket-guide-fr.pdf), les prescriptions potentiellement inappropriées (PPI) étaient très fréquentes (> 50 %) chez les patients âgés de cette étude, au regard de l'outil STOPP-START. Quel que soit le service étudié, le premier domaine concerné par les PPI était le système cardiovasculaire corroborant les données de la littérature [15,17–20]. Ainsi, la prescription des antiagrégants plaquettaires en prévention primaire mais en l'absence d'une athérosclérose documentée ou une dose inappropriée en prévention secondaire étaient les critères STOPP-A les plus souvent retrouvés (critères STOPPA12/A13). Six patients sur 45 traités par aspirine prenaient une dose supérieure à 150 mg/j ; il s'agissait pour la quasi-totalité des patients d'un dosage à 160 mg/j. Toutes les recommandations font état de l'absence de bénéfice à prescrire une dose supérieure à 150 mg/j [21,22], sauf dans les situations cliniques où un effet anti-thrombotique immédiat est recherché (postinfarctus immédiat ou phase aiguë d'un accident vasculaire cérébral ischémique) [23]. Toutefois, l'augmentation du risque hémorragique associé à des doses de 150 à 325 mg/j n'est pas clairement précisée.

tome 44 > n82 > février 2015

L'omission concernait la prescription de statines et d'aspirine en prévention secondaire (START-A5/A3) et celle des IEC en post-infarctus (START-A7). Ce résultat a été observé par d'autres [24,25]. D'une façon intéressante, l'explication la plus souvent avancée à la sous-prescription des IEC était l'altération de la fonction rénale [25]. Cependant, même si le mécanisme reste encore incertain, l'insuffisance rénale apparaîtrait associée à un pronostic plus péjoratif chez les insuffisants cardiaques (mortalité multipliée par deux) [26]. Une des hypothèses serait une prise en charge thérapeutique non optimale [27] ; les prescripteurs peuvent hésiter à initier les IEC/ARA2 en cas d'altération de la fonction rénale. Pourtant, l'étude Consensus [28] affirmait que si 35 % des patients sous énalapril augmentaient leur insuffisance rénale de 30 %, cette dégradation s'améliorait en diminuant les doses d'IEC et que le taux de survie était identique quel que soit le niveau d'altération initiale de la fonction rénale. Il a également été montré que les IEC ou les ARA2 avaient un intérêt dans la prévention de la progression de l'insuffisance rénale. En plus d'être cardioprotectrices, ces molécules peuvent être néphroprotectrices [29,30]. Il a souvent été souligné l'omission de prescription d'une anticoagulation orale dans la fibrillation auriculaire (critères STARTA1/A2) [25,31,32]. Dans notre travail, les anticoagulants oraux étaient prescrits chez les 29 sujets concernés. Dans la plupart des études, les auteurs ont observé un lien significatif entre l'âge et/ou la dépendance et la prescription des anti-vitamines K (AVK). Plus un patient était âgé (surtout au-delà de 90 ans) et moins on lui prescrivait d'anticoagulant [25]. Le risque de chute et la mauvaise observance sont deux autres facteurs de sousprescription habituellement décrits [33]. D'une façon intéressante, dans notre étude, il n'y avait pas de différence significative du nombre de PPI entre les différents secteurs de soins considérés témoignant d'une difficulté partagée par l'ensemble des praticiens en charge de ces patients avant leur hospitalisation. En effet, il aurait pu être pensé que selon le service d'hospitalisation ou la modalité de prise en charge, le profil des patients et des prescriptions puissent être différents. La problématique de la PPI était, dans cette étude, indépendante également du nombre de médicaments déjà prescrits. S'il est vrai que la polymédication en elle-même peut être un frein à la prescription d'une molécule supplémentaire et ce même si l'indication est démontrée [10,11], nos résultats semblent montrer, sous réserve des faibles effectifs considérés et donc d'un risque de manque de puissance statistique, que réduire la polymédication est certes utile [34] mais insuffisante pour améliorer la qualité de la prescription médicamenteuse dans cette population. Déclaration d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article.

e49

(A13) et/ou une dose quotidienne supérieure à 150 mg (A12) chez respectivement 10 et 6 patients. À quatre patients, un diurétique de l'anse était prescrit pour le traitement des œdèmes des membres inférieurs (A2) dont trois étaient résidents en EHPAD. Selon les critères START-A, les prescriptions les plus souvent manquantes concernaient celles des antiagrégants en présence d'une athérosclérose documentée (A3 : 49 %) ; d'une statine en présence d'une coronaropathie, d'une atteinte cérébrovasculaire et/ou d'une artériopathie périphérique documentée chez un sujet indépendant pour la réalisation des activités de base de la vie quotidienne et une espérance de vie de 5 ans ou plus (A5 : 43 %) ; et celle des anticoagulants et antiagrégants en présence d'une fibrillation auriculaire permanente (A1–2 : 29 %). Si la non prescription d'une statine était l'omission de prescription la plus souvent observée (19 patients), 75,0 % des patients concernés ne recevaient pas d'inhibiteur de l'enzyme de conversion (IEC) après avoir eu un infarctus du myocarde (A7) et 66,7 % en cas d'insuffisance cardiaque (A6). Chez sept patients, de l'aspirine ou du clopidogrel n'avait pas été prescrit alors qu'une athérosclérose était documentée (A3). Il n'y avait cependant pas de différence significative de l'incidence des omissions selon le service d'hospitalisation, hormis pour le service de chirurgie où, de façon systématique, une statine était prescrite dans le respect du critère A5 chez les 8 patients concernés (p = 0,033).

Article original

Grande fréquence des prescriptions médicamenteuses à visée cardiovasculaire potentiellement inappropriées dans la population âgée

Article original

É Gentes, M. Hertzog, T. Vogel, P.O. Lang

Références [1]

[2]

[3]

[4]

[5]

[6]

[7]

[8]

[9]

[10]

[11]

[12]

e50

[13]

O'Connor MN, Gallagher P, O'Mahony D. Inappropriate prescribing: criteria, detection and prevention. Drugs Aging 2012;29:437–52. Budnitz DS, Lovegrove MC, Shebab N, Richards CL. Emergency hospitalizations for adverse drug events in older Americans. N Eng J Med 2011;365:2002–12. Topinková E, Baeyens JP, Michel JP, Lang PO. Evidence-based strategies for the optimization of pharmacotherapy in older people. Drugs Aging 2012;29:477–94. Mangoni AA, Jackson SH. Age related changes in pharmacokinetics and pharmacodynamics: basic principles and practical applications. Br J Clin Pharmacol 2004;57:6–14. Pretorius RWGG, Swedlund SK, Miller JR. Reducing the risk of adverse drug events in older adults. Am Fam Physician 2013;87:331–6. Driver JA, Djoussé L, Logroscino G, Gaziano JM, Kurth T. Incidence of cardiovascular disease and cancer in advanced age: prospective cohort study. BMJ 2008;337:a2467. Auvray L, Sermet C. Consommations et prescriptions pharmaceutiques chez les personnes âgées. Gerontol Soc 2002;103:13–27. Lang PO, Hasso Y, Belmin J, Payot I, Baeyens JP, Vogt-Ferrier N, et al. STOPP-START : adaptation en langue française d'un outil de détection de la prescription médicamenteuse inappropriée chez la personne âgée. Can J Public Health 2009;100:426–31. O'Mahony D, Gallagher PF. Inappropriate prescribing in the older population: need for new criteria. Age Ageing 2008;37:138–41. Alfaro Lara ER, Vega Coca MD, Galván Banqueri M, Marín Gil R, Nieto Martín MD, Pérez Guerrero C, et al. Selection of tools for reconciliation, compliance and appropriateness of treatment in patients with multiple chronic conditions. Eur J Intern Med 2012;23:506–12. Lam MP, Cheung BM. The use of STOPP/ START criteria as a screening tool for assessing the appropriateness of medications in the elderly population. Expert Rev Clin Pharmacol 2012;5:187–97. Lang PO, Dramé M, Jolly D, Novella JL, Blanchard F, Michel JP. What do we learn from the SAFEs cohort to fit hospital care models for aged inpatient? Presse Med 2010;39:1132–42. Cockcroft DW, Gault MH. Prediction of creatinin clearance from serum creatinin. Nephron 1976;16:31–41.

[14] Katz S. Assessing self-maintenance. Activities of daily living, mobility and instrumental activities of daily-living. J Am Geriatric Soc 1983;31:721–7. [15] Lang PO, Hasso Y, Drame M, Vogt-Ferrier N, Prudent M, Gold G, et al. Potentially inappropriate prescribing including under-use amongst older patients with cognitive psychiatric co-morbidities. Age Ageing 2010;39: 373–81. [16] Mazzocato C, David S, Benaroyo L, Monod S. Polymédication et personne âgée : ni trop ni trop peu ! Rev Med Suisse 2013;9:1026–31. [17] García-Gollarte F, Baleriola-Júlvez J, FerreroLópez I, Cruz-Jentoft AJ. Inappropriate drug prescription at nursing home admission. J Am Med Dir Assoc 2012;13:83 [e9–15]. [18] Gallagher P, Lang PO, Cherubini A, Topinková E, Cruz-Jentoft A, Montero Errasquín B, et al. Prevalence of potentially inappropriate prescribing in an acutely ill population of older patients admitted to six European hospitals. Eur J Clin Pharmacol 2011;67:1175–88. [19] Hamilton H, Gallagher P, Ryan C, Byrne S, O'Mahony D. Potentially inappropriate medications defined by STOPP criteria and the risk of adverse drug events in older hospitalized patients. Arch Intern Med 2011;171:1013–9. [20] Pyszka LL, Seys Ranola TM, Milhans SM. Identification of inappropriate prescribing in geriatrics at a Veterans Affairs hospital using STOPP/START screening tools. Consult Pharm 2010;25:365–73. [21] Antithrombotic trialists' collaboration. Collaborative meta-analysis of randomised trials of atiplatelet therapy for prevention of death, myocardial infarction, and stroke in high risk patients. BMJ 2002;324:71–86. [22] Pearson TA, Blair SN, Daniels SR, Eckel RH, Fair JM, Fortmann SP, et al. AHA guidelines for primary prevention of cardiovascular disease and stroke: 2002 update. Consensus panel guide to comprehensive risk reduction for adults patients without coronary or other atherosclerotic vascular diseases. Circulation 2002;106:388–91. [23] Patrono C, Bachmann F, Baigent C, Bode C, De Caterina R, Charbonnier B, et al. Expert consensus document on the use of antiplatelet agents. The task force on the use of antiplatelet agents in patients with atherosclerotic cardiovascular disease of the European Society of Cardiology. Eur Heart J 2004;25:166–81.

[24] Dalleur O, Boland B, Spinewine A. Aspirin misuse at home according to START and STOPP in frail older persons. Eur Geriatr Med 2012;3: S22–3. [25] Coupet M, Renvoize D, Rousseau C, Fresil M, Lozachmeur P, Somme D. Adéquation des prescriptions cardiovasculaires aux guides de bonnes pratiques chez les sujets âgés selon les outils « STOPP and START ». Geriatr Psychol Neuropsychiatr Viel 2013;3:237–43. [26] Shlipak MG. Pharmacotherapy for heart failure in patients with renal insufficiency. Ann Intern Med 2003;138:917–24. [27] Ezekowitz J, McAlister FA, Humphries KH, Norris CM, Tonelli M, Ghali WA, et al. The association among renal insufficiency, pharmacotherapy and outcomes in 6,427 patients with heart failure and coronary disease. J Am Coll Cardiol 2004;44:1587–92. [28] The CONSENSUS trial study group. Effects on enalapril on mortality in severe congestive heart failure. N Engl J Med 1987;316:1429–35. [29] Bernadet-Monrozies P, Rostaing L, Kamar N, Durand D. Action des inhibiteurs de l'enzyme de conversion sur l'évolution de l'insuffisance rénale chronique. Presse Med 2002;31:1714– 20. [30] Ahmed A. Use of angiotensin converting enzyme inhibitors in patients with heart failure and renal insufficiency: how concerned should we be by the rise in serum creatinine? J Am Geriatr Soc 2002;50:1297–300. [31] Andro M, Estivin S, Gentric A. Prescriptions médicamenteuses en gériatrie : overuse (surutilisation), misuse (mauvaise utilisation), underuse (sous-utilisation). Analyse qualitative à partir des ordonnances de 200 patients entrant dans un service de court séjour gériatrique. Rev Med Interne 2012;33:122–7. [32] Moubarak G, Ernande L, Godin M, Cazeau S, Vicaut E, Hanon O, et al. Impact of comorbidity on medication use in elderly patients with cardiovascular diseases: the OCTOCARDIO study. Eur J Prev Cardiol 2013;20:524–30. [33] Corvol ALC, Jean C, Lahjibi-Paulet H, SaintJean O, Somme D. Antioagulation versus aspirin for geriatric patients with atrial fibrillation: is there still any doubt? J Am Geriatr Soc 2010;58:398–400. [34] van der Cammen TJ, Rajkumar C, Onder G, Sterke CS, Petrovic M. Drug cessation in complex older adults: time for action. Age Ageing 2014;43:20–5.

tome 44 > n82 > février 2015

[Potentially inappropriate prescribing cardiovascular medications in the aged population: prospective study in a district hospital centre (France)].

Cardiovascular disease is a leading cause of morbidity and mortality in the elderly population. We evaluated the adequacy of prescribing (miss and und...
328KB Sizes 0 Downloads 7 Views