Progrès en urologie (2014) 24, 222—228

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

REVUE DE LA LITTÉRATURE

Troubles du bas appareil urinaire chez des patients atteints de la sclérose en plaques et kinésithérapie pelvi-périnéale : revue systématique Pelvic floor muscles training, electrical stimulation, bladder training and lifestyle interventions to manage lower urinary tract dysfunction in multiple sclerosis: A systematic review L. Gaspard a,∗,b, B. Tombal c, Y. Castille b, R.-J. Opsomer c, C. Detrembleur a a

Institute of NeuroScience, université Catholique de Louvain, Bruxelles, Belgique Service de médecine physique et réadaptation, cliniques universitaires St-Luc, université Catholique de Louvain, 10, avenue Hippocrate, 1200 Bruxelles, Belgique c Service d’urologie, université Catholique de Louvain, cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles, Belgique b

ut 2013 ; accepté le 5 novembre 2013 Rec ¸u le 30 aoˆ Disponible sur Internet le 11 d´ ecembre 2013

MOTS CLÉS Sclérose en plaques ; Troubles du bas appareil urinaire ; Kinésithérapie ; Traitement comportemental ; Exercice du plancher pelvien ; Nerf tibial postérieur ; Entraînement vésical ; ∗

Résumé But. — Notre but était d’objectiver l’efficacité de la kinésithérapie pelvi-périnéale pour la prise en charge des troubles du bas appareil urinaire des patients atteints de sclérose en plaques. Matériel. — La revue de la littérature a été effectuée via PubMed, PEDro, Scopus et Cochrane Library. Les termes utilisés étaient multiple sclerosis, bladder dysfunction, overactive bladder, detrusor hyperreflexia, urge incontinence, urgency, stress incontinence, pelvic floor muscle, biofeedback, PTNS, tibial nerve, bladder training, physical therapy, physiotherapy, conservative treatment et behavioral therapy. Résultats. — Six articles randomisés incluant 289 patients ont été sélectionnés. Quatre présentaient de bonnes qualités méthodologiques. Les paramètres qui étaient toujours significativement améliorés concernaient : le nombre d’épisodes d’incontinence urinaire (diminué de 64 % à 86 % après le traitement par rapport au début du traitement), la qualité de vie (p ≤ 0,001), la sévérité des symptômes irritatifs (diminuée de plus de 50 % après le traitement par rapport

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L. Gaspard).

1166-7087/$ — see front matter © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2013.11.004

Sclérose en plaques et kinésithérapie pelvi-périnéale

Modification des habitudes de vie

KEYWORDS Multiple sclerosis; Lower urinary tract symptoms; Physical therapy; Behavioral treatment; Pelvic floor muscle training; Posterior tibial nerve; Bladder training; Lifestyle interventions

223

au début du traitement) et la nycturie (p = 0,035 à p < 0,001). La limitation d’activité, la restriction de participation, le débit maximum et le volume uriné ainsi que la pollakiurie n’étaient significativement améliorés que dans certaines études. Conclusions. — La kinésithérapie pelvi-périnéale semblait efficace pour la prise en charge des problèmes du bas appareil urinaire des patients atteints modérément de la sclérose en plaques. Cependant, les résultats n’étaient basés que sur six études dont quatre de qualités méthodologiques satisfaisantes. Des recommandations sont difficiles à établir. © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Summary Aim. — To assess the effectiveness of conservative therapeutic approaches in a multiple sclerosis population. Material. — Review was performed in PubMed, PEDro, Scopus and Cochrane Library using combinations of the following keywords: multiple sclerosis; bladder dysfunction; overactive bladder; detrusor hyperreflexia; urge incontinence; urgency; stress incontinence; pelvic floor muscle; biofeedback; PTNS; tibial nerve; bladder training; physical therapy; physiotherapy; conservative treatment and behavioral therapy. Results. — Six randomized articles including 289 patients were selected. Four papers exhibited strong scores for the methodological quality assessment. The parameters always significantly improved concerned: number of incontinence episodes (decreased from 64% to 86% after treatment versus before treatment), quality of life (P ≤ 0.001), severity of irritative symptoms (decreased by more than 50% after treatment versus before treatment), and nocturia (P = 0.035 to P < 0.001). Activities and participation, maximum flow rate, mean voided volume and daytime frequency were not significantly improved in all trials. Conclusions. — The physical therapy techniques could be effective for the treatment of urinary disorders in multiple sclerosis populations with mild disability. However, the analyses are based on six studies within only four showed good methodological quality. No strong conclusions regarding treatment approaches can be drawn from this review. © 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction La sclérose en plaques (SEP) est une maladie neurologique inflammatoire et dégénérative qui engendre fréquemment des dysfonctions urinaires tels que urgenturie, incontinence urinaire, dyssynergie vésico-sphinctérienne ou rétention urinaire [1,2]. L’impact de ces symptômes sur la qualité de vie est important en limitant par exemple les activités sociales ou professionnelles [3]. Les symptômes du bas appareil urinaire concernent la phase de remplissage (pollakiurie diurne, nycturie, urgenturie. . .), la phase mictionnelle (faiblesse du jet, jet hésitant. . .) et/ou la phase post-mictionnelle (sensation de vidange incomplète. . .) [4]. Ces symptômes peuvent être améliorés par un traitement conservateur [5]. Différentes techniques peuvent être utilisées : les exercices du plancher pelvien (EPP), la modification des habitudes de vie, l’entraînement vésical (EV) ainsi que les stimulations électriques (SE). La contraction du plancher pelvien améliore le fonctionnement périnéal [6—10]. La modification de certaines habitudes de vie peut diminuer les symptômes du syndrome d’hyperactivité vésicale. Améliorer la gestion des boissons, arrêter de fumer, diminuer la consommation de caféine et d’alcool, perdre du

poids ainsi que la prise en charge des difficultés de défécation en sont des exemples [11]. L’EV consiste à encourager le patient à augmenter progressivement l’intervalle entre les mictions jusqu’à ce qu’une habitude mictionnelle soit restaurée [12]. Les syndromes d’hyperactivité vésicale sont également pris en charge par des SE de basse fréquence via des sondes endo-vaginales ou endo-anales [13]. Ce type de stimulation permet, par la voie nerveuse pudendale, d’inhiber les contractions détrusoriennes anarchiques. La stimulation du nerf tibial postérieur (SNTP) est une alternative de stimulation nettement moins invasive [14]. Selon l’« International Consultation on Incontinence » (ICI), le grade de recommandation pour l’utilisation des techniques de kinésithérapie pour la prise en charge des incontinences urinaires neurogènes est faible : C pour les techniques comportementales ; D pour la SNTP et C/D pour les stimulations électriques du plancher pelvien [15]. À notre connaissance, aucune revue de littérature n’étudie l’utilité de ces techniques dans une population de patients atteints de la SEP. L’objectif de cette revue est d’analyser l’efficacité des EPP, de la modification des habitudes de vie, de l’EV et des SE pour la prise en charge des troubles du bas appareil urinaire chez des patients atteints de la SEP en tenant compte

224 de la classification internationale du fonctionnement et du handicap telle que définie par l’OMS.

Méthode Une recherche sur PubMed, PEDro, Scopus et Cochrane Library a été réalisée en utilisant les mots clés suivants : multiple sclerosis, bladder dysfunction, overactive bladder, detrusor hyperreflexia, urge incontinence, urgency, stress incontinence, pelvic floor muscle, biofeedback, PTNS, tibial nerve, bladder training, physical therapy, physiotherapy, conservative treatment et behavioral therapy. Après une première recherche, les articles publiés de janvier 1992 à mars 2013 ont été sélectionnés en fonction de leur titre et de leur résumé en utilisant les critères d’inclusion et d’exclusion décrits ci-après. Une analyse critique de la qualité méthodologique des études a permis une sélection finale. Les deux auteurs indépendants (L.G. et C.D.) ont suivi un consensus bien établi pour inclure les études dans la revue. En cas de désaccord, un troisième lecteur a décidé de l’inclusion ou non de l’article. Ci-après sont décrits les critères qui ont été utilisés pour inclure et analyser les études.

L. Gaspard et al. et la participation du patient dans la vie de tous les jours. Les fonctions organiques « désignent les fonctions physiologiques des systèmes organiques (y compris les fonctions psychologiques) ». Les structures anatomiques « désignent les parties anatomiques du corps, telles que les organes, les membres et leurs composantes ». L’activité « désigne l’exécution d’une tâche par une personne ». La participation « désigne l’implication d’une personne dans une situation de la vie réelle ». Les activités et la participation comportent des signes visibles et objectifs. L’évaluation de la qualité de vie, représentant un bien-être subjectif, a été ajoutée à notre classification car fréquemment utilisé pour l’évaluation de l’efficacité d’un traitement de ce type. Les résultats principaux concernaient les activités, la participation ainsi que la continence urinaire (fréquence des fuites urinaire, sévérité de l’incontinence, sévérité subjective de l’incontinence, nombre de protections). Les résultats secondaires incluaient la qualité de vie, les sensations associées aux fonctions urinaires (sévérité des symptômes, fréquence des urgences mictionnelles, premières sensations d’urgence mictionnelle), la fréquence mictionnelle (fréquence mictionnelle, nycturie) ainsi que la dysurie (dysurie, jet hésitant, débit maximum, volume uriné, résidu postmictionnel).

Design des études Les études contrôlées randomisées ont été incluses. Les qualités méthodologiques des études ont été évaluées via l’utilisation du système Physiotherapy Evidence Database (PEDro) (http://www.pedro.org.au). Cette base de données regroupe des essais cliniques contrôlés randomisés (ECR), des revues systématiques ainsi que des recommandations de pratique clinique en physiothérapie. Elle évalue la qualité des ECR et est produite par le Centre for Evidence-Based Physiotherapy de l’institut The George Institute for Global Health.

Patients Les articles étudiant des hommes et des femmes âgés de minimum 18 ans, atteints de SEP avec des troubles du bas appareil urinaire ont été inclus.

Intervention Les études qui utilisent des techniques de kinésithérapie telles que EPP avec ou sans biofeedback (BFB), EV, SNTP ou modification des habitudes de vie ont été retenues.

Comparaison des groupes Les groupes témoins qui comprenaient d’autres techniques de rééducation, un traitement placebo ou pas de traitement.

Résultats La Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) [16] a été utilisée pour analyser les différents articles. Cette classification montre le lien entre les structures anatomiques, les fonctions organiques, les activités

Résultats Design des études Douze articles ont été sélectionnés via les différentes bases de données. Parmi ces articles, six concernaient des études contrôlées randomisées [17—22]. Les caractéristiques méthodologiques de ces études sont présentées dans le Matériel complémentaire, Tableau S1. En se basant sur l’échelle de score de qualité méthodologique « PEDRo » (Matériel complémentaire, Tableau S2), quatre études obtenaient un score « excellent » ou « bon » [19—22]. Cinq études prospectives ont été exclues [23—27]. Leurs qualités méthodologiques sont présentées dans le Matériel complémentaire, Tableau S3. Un article dupliqué a également été exclu [28] (Matériel complémentaire, Fig. S1). Quatre des six études assuraient un suivi qui était en moyenne de 27 semaines. Étant donné le faible nombre d’études analysables, une méta-analyse était impossible.

Patients Deux cents quatre-vingt-neuf patients ont été inclus dans cette revue (223 femmes et 66 hommes), soit 3,4 femmes pour un homme. Étant donné que selon la littérature, les femmes sont 3,2 fois plus atteintes que les hommes, l’échantillon de ce relevé de littérature était représentatif d’une population de patients atteints de SEP [29]. Deux études ne concernaient que des femmes [19,22]. L’âge moyen des sujets était compris entre 35 et 51 ans. Le score EDSS indique le niveau de handicap des patients atteints de SEP. Il s’étend de 0 (pas d’atteinte) à 10 (mort secondaire à la SEP) [30]. Les scores EDSS moyen des sujets étudiés étaient compris entre 3,3 et 5,7, ce qui correspondait à une atteinte modérée. Soixante-cinq pour cent à 70 % des patients se plaignaient d’urgenturie, 19 % de dyssynergie

Sclérose en plaques et kinésithérapie pelvi-périnéale vésico-sphinctérienne ou rétention et 15 % de symptômes mixtes.

Intervention Les EPP étaient utilisés dans toutes les études, avec ou sans BFB. Les EPP étaient associés à des courants de basse fréquence dans trois études [18—20]. Klarskov et al. [17] associaient médicaments et EPP. Un seul essai n’utilisait pas d’approche comportementale [18]. Le nombre de séances de traitement variait de six à 24, à raison d’une à trois fois par semaine. De plus, les patients devaient réaliser des EPP et/ou des SE à domicile. L’intensité, la durée et le nombre de répétition des contractions musculaires n’étaient pas toujours précisés [17,21] et variaient selon les études. L’ES était appliquée à l’aide d’électrodes endo-vaginales ou endo-anales. La SNTP n’était jamais utilisée dans les études sélectionnées.

Comparaison des groupes L’apprentissage vocal des EPP était comparé aux EPP appris à l’aide d’un BFB [17]. Vahtera et al. comparaient l’association de l’ES et des EPP appris avec BFB à une approche sans traitement [18]. McClurg et al. opposaient les EPP avec ou sans BFB, à la combinaison EPP avec BFB et ES [19]. Finalement, l’association EPP avec BFB et ES était comparée à l’association EPP et ES placebo [20].

Résultats Les paramètres évalués différaient fortement d’une étude à l’autre (Tableau 1). Ils n’étaient que rarement spécifiques aux troubles urinaires et souvent n’étaient pas validés dans une population de patients neurologiques. Aucune étude ne s’intéressait aux structures corporelles. En se basant sur la classification de la CIF, le Matériel complémentaire, Tableau S5 rapporte l’efficacité des techniques utilisées pour les fonctions corporelles. Le Matériel complémentaire, Tableau S6 concerne les activités, la participation et la qualité de vie. Seuls trois auteurs évaluaient la qualité de vie. En ce qui concerne les résultats principaux, parmi les quatre études évaluant les activités et la participation, seuls McClurg et al. [20] ne rapportaient pas d’amélioration significative. Khan et al. notaient une amélioration significative chez 59,1 % des patients. Dans leur groupe témoin, 39,3 % des patients se sont détériorés pour aucun dans le groupe des sujets traités [21]. Quant à l’incontinence urinaire, la majorité des mesures étaient améliorées. Le nombre d’épisodes d’incontinence urinaire était diminué de 64 % à 86 % selon les études. Les auteurs rapportaient une amélioration du Pad Test comprise entre 70 % et 94,3 %. Seul Klarskov et al. ne rapportaient pas d’amélioration significative à ce test [17]. 78,3 % des patients de Khan et al. amélioraient significativement leur continence. Pour les résultats secondaires, la qualité de vie était toujours statistiquement améliorée (p ≤ 0,001) [19—21]. Toutes les études rapportaient une amélioration significative des sensations associées aux fonctions urinaires. Les sujets de l’étude de Vahtera et al. [18] déclaraient une amélioration de la sensation de vidange vésicale de l’ordre de 33 %. La sévérité des symptômes était diminuée d’un peu plus de

225 50 %. Les résultats se maintenaient à long terme [18—21]. Deux études sur trois ne rapportaient pas d’amélioration significative de la pollakiurie [19,22]. Quand évaluée, la nycturie était toujours significativement améliorée (p = 0,035 [19] et p < 0,0001 [22]). La miction n’était améliorée que dans trois études [17,18,20]. En 2008, McClurg et al. rapportaient une diminution significative du résidu post-mictionnel de 74 mL à 38 mL lors de l’évaluation post-traitement ainsi que 15 semaines plus tard [20]. Le débit maximum et le volume uriné étaient significativement améliorés dans une seule étude sur quatre [20]. Selon Vahtera et al., les hommes répondaient mieux au traitement que les femmes [18]. En utilisant une électrode de surface, Klarskov et al. [17] ne montraient pas de différence entre l’apprentissage des EPP avec ou sans BFB. Par contre, selon McClurg et al. [19], l’utilisation du BFB avec une sonde vaginale électro-myographique (EMG) permettait une amélioration plus significative que sans BFB de la fréquence des fuites urinaires (p = 0,007), de la sévérité des symptômes irritatifs (p = 0,008), du Pad Test (p = 0,020) et de l’endurance musculaire (p = 0,004). Les résultats obtenus se maintenaient lors de l’évaluation de suivi.

Discussion Au vu de ces six articles, il est montré que les EPP améliorent la continence urinaire ainsi que la sévérité des symptômes irritatifs des patients [17,21,22]. Les résultats non significatifs obtenus par McClurg et al. en 2006 peuvent être expliqués entre autres par un nombre de sujets faible (n = 10) et/ou par un score EDSS moyen élevé [19]. Les auteurs semblent s’accorder sur une prise en charge comportant une à deux séances de kinésithérapie par semaine. Les améliorations obtenues se maintiennent lors de l’évaluation de suivi [18—21]. Vahtera et al. obtiennent de bons résultats en demandant que les patients réalisent des EPP trois à cinq fois par semaine à domicile [18]. Dès lors, il semble peu utile de réaliser les exercices à la maison plus d’une fois par jour. L’utilisation du BFB est essentielle car permet l’amélioration des symptômes liés au syndrome d’hyperactivité vésicale et de la continence urinaire [19]. Il permet également au patient de rester plus actif et mieux intégré dans la société. Seul, Klarskov et al. ne démontrent pas l’utilité du BFB [17]. Cette absence d’effet peut être expliquée entre autre par l’utilisation d’électrodes de surface. Effectivement, ces électrodes sont grandes et non sélectives. De plus, d’autres muscles contribuent à l’activation du signal EMG [31]. La modification des habitudes de vie et l’entraînement vésical sont toujours associés aux EPP [17,19—22]. Il est impossible d’estimer la part d’amélioration permise par ces techniques. Les effets de l’ES disparaissent avec l’arrêt du traitement [18]. La SNTP, nettement moins invasive que les stimulations endo-cavitaires, n’a pas été testée dans les études sélectionnées. L’association de différentes techniques de traitement est plus efficace que chaque technique utilisée isolément [18—20]. En kinésithérapie pelvi-périnéale, la combinaison EPP avec BFB, modification des habitudes de vie, entraînement vésical et SNTP devrait être l’association des techniques la plus efficace. Cependant, à ce jour, aucune

226

L. Gaspard et al.

Tableau 1 Paramètres évalués dans les études contrôlées randomisées analysant l’efficacité de technique de kinésithérapie pour la prise en charge des troubles du bas appareil urinaire chez des patients atteints de la SEP. Auteurs

Paramètres évalués

Klarskov et al., [17]

Débitmétrie Mesure du résidu post-mictionnel par ultrason Cystomanométrie Pad Test de 60 min Calendrier mictionnel Sévérité des symptômes (Échelle Visuelle Analogique)

Vahtera et al., [18]

Questionnaires sur les symptômes subjectifs ou handicap EMG de surface (enregistrement de l’activité musculaire du plancher pelvien) Électrodes intravaginales ou intra-anales

McClurg et al., [19]

Calendrier mictionnel de 3 jours Pad Test de 24 h Débitmétrie Évaluation digitale vaginal des muscles du planchers pelviens (PERFECT scheme) BFB EMG contraction/relaxation King’s Health Questionnaire (KHQ) Incontinence Impact Questionnaire (IIQ) Urinary Distress Inventory (UDI) Multiple Sclerosis Quality of Life (MSQoL-54)

McClurg et al., [20]

Calendrier mictionnel Pad Test de 24 h Débitmétrie Échographie vésicale avec appareil portable Évaluation digitale vaginale des muscles du planchers pelviens (PERFECT scheme) Évaluation avec BFB EMG biofeedback des muscles du planchers pelviens Incontinence Impact Questionnaire (IIQ) Urinary Distress Inventory (UDI) The International Prostate Symptom Score Évaluation de la gêne avec Échelle Visuelle Analogique Multiple Sclerosis Impact Scale 29 The Bartel Index

Khan et al., [21]

Urogenital Distress Inventory (UDI6) The UK Neurological Disability Scale (NDS) The American Urological Association Symptom Index (AUA) Incontinence Impact Questionnaire (IIQ7)

Lucio et al., [22]

Overactive Bladder Questionnaire (OAB-V8) Cystométrie Pad Test de 24 h Calendrier mictionnel de 3 jours Évaluation digitale vaginale des muscles du planchers pelviens (PERFECT scheme)

SEP : sclérose en plaques ; EMG : électro-myographique ; BFB : biofeedback ; min : minute ; h : heure.

étude n’a testé cette conjugaison de techniques dans une population de patients atteints de SEP. La diversité des techniques utilisées rendent la comparaison de ces essais difficiles. Au vu de ces articles, il paraît que les symptômes urinaires tels que la fréquence des épisodes d’urgenturie, la fréquence et la sévérité des incontinences urinaires, la pollakiurie et la nycturie des patients avec une atteinte modérée de la SEP sont améliorés par une prise en charge kinésithérapeutique [17,21,22]. La limitation d’activité et la restriction de participation [19—22] ainsi que la qualité

de vie [20—22] des patients se voient également significativement améliorées. Quant aux paramètres liés à la vidange vésicale tel que le résidu post-mictionnel, ils ne sont que rarement significativement améliorés [19,21]. L’amélioration concerne plus les hommes que les femmes [18]. Les capacités cognitives des patients doivent permettre de comprendre et de s’impliquer dans le traitement. En bref, une prise en charge en kinésithérapie pelvi-périnéale adaptée en fonction des caractéristiques mictionnelles de chaque individu peut être proposée aux patients avec urgenturie. Ce traitement a comme

Sclérose en plaques et kinésithérapie pelvi-périnéale objectif de diminuer l’activité détrusorienne tout en préservant les capacités contractiles de la vessie. Une sélection des patients doit être effectuée. Différents auteurs recommandent que ces patients ne doivent pas avoir de facteur favorisant (infection urinaire, escarre. . .) ni de résidu postmictionnel ou de pathologie du haut appareil urinaire [32—34]. Les qualités méthodologiques des six études incluses étaient rarement suffisantes. Seules trois études incluent plus de 50 sujets. Le choix des paramètres évalués n’est pas toujours pertinent. Ces paramètres ne sont pas toujours adaptés à la population étudiée et/ou ne sont pas validés.

Conclusion L’association des techniques de rééducation de kinésithérapie pelvi-périnéale semble efficace pour la prise en charge des troubles urinaires du bas appareil chez des patients avec une atteinte modérée de la SEP. L’amélioration concerne essentiellement les symptômes liés à l’urgenturie, et ce, plus spécifiquement chez les hommes. Étant donné que ces constatations sont basées sur six études contrôlées et randomisées, dont quatre de qualités méthodologiques satisfaisantes, il est difficile d’établir des recommandations. D’autres études utilisant des questionnaires spécifiques des troubles urinaires et validés dans une population de patients atteints de sclérose en plaques sont nécessaires pour confirmer les résultats obtenus jusqu’à présent.

227

[4]

[5]

[6]

[7]

[8]

[9] [10]

[11] [12]

[13]

Déclaration d’intérêts

[14]

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. [15]

Remerciements L. Gaspard effectue une thèse de Doctorat. Ce travail est soutenu par la « Fondation Claire-Fauconnier », géré par la « Fondation Roi-Baudouin ».

Annexe. Matériels complémentaires Les matériels complémentaires (Tableaux 1, 2, 3, 5 et 6) accompagnant la version en ligne de cet article sont disponibles sur http://www.sciencedirect.com et doi:10.1016/j.purol.2013.11.004.

[16]

[17]

[18]

[19]

Références [1] Onal B, Siva A, Buldu I, Demirkesen O, Cetinel B. Voiding dysfunction due to multiple sclerosis: a large scale retrospective analysis. Int Braz J Urol 2009;35:326—33. [2] Nakipoglu GF, Kaya AZ, Orhan G, Tezen O, Tunc H, Ozgirgin N, et al. Urinary dysfunction in multiple sclerosis. J Clin Neurosci 2009;16:1321—4. [3] Khan F, Pallant JF. Use of International Classification of Functioning, Disability and Health (ICF) to describe patient-reported

[20]

[21]

disability in multiple sclerosis and identification of relevant environmental factors. J Rehabil Med 2007;39:63—70. Haab F, Amarenco G, Coloby P, Grise P, Jacquetin B, Labat JJ, et al. Terminologie des troubles fonctionnels ¸aise de la terdu bas appareil urinaire : adaptation franc minologie de l’International Continence Society. Prog Urol 2004;14:1103—11. Berghmans LC, Hendriks HJ, De Bie RA, van Waalwijk van Doorn ES, Bo K, van Kerrebroeck PE, et al. Conservative treatment of urge urinary incontinence in wom. BJU Int 2000;85:254—63. Burgio KL, Goode PS, Johnson TM, Hammontree L, Ouslander JG, Markland AD, et al. Behavioral versus drug treatment for overactive bladder in men: the Male Overactive Bladder Treatment in Veterans (MOTIVE) Trial. J Am Geriatr Soc 2011;59:2209—16. Aslan E, Komurcu N, Beji NK, Yalcin O. Bladder training and Kegel exercises for women with urinary complaints living in a rest home. Gerontology 2008;54:224—31. Wang AC, Wang YY, Chen MC. Single-blind, randomized trial of pelvic floor muscle training, biofeedback-assisted pelvic floor muscle training, and electrical stimulation in the management of overactive bladder. Urology 2004;63:61—6. Shafik A, Shafik IA. Overactive bladder inhibition in response to pelvic floor muscle exercises. World J Urol 2003;20:374—7. Shafik A. A study of the continence mechanism of the external urethral sphincter with identification of the voluntary urinary inhibition reflex. J Urol 1999;162:1967—71. Hashim H, Al Mousa R. Management of fluid intake in patients with overactive bladder. Curr Urol Rep 2009;10:428—33. Milne JL. Behavioral therapies for overactive bladder: making sense of the evidence. J Wound Ostomy Continence Nurs 2008;35:93—101 [Quiz 2—3]. Godec C, Cass AS, Ayala GF. Bladder inhibition with functional electrical stimulation. Urology 1975;6:663—6. Finazzi-Agro E, Rocchi C, Pachatz C, Petta F, Spera E, Mori F, et al. Percutaneous tibial nerve stimulation produces effects on brain activity: study on the modifications of the long latency somatosensory evoked potentials. Neurourol Urodyn 2009;28:320—4. Wyndaele J, Kovindha A, Madersbacher H, Ruffion A, Schurch B. Committee 10: neurologic urinary and faecal incontinence. In: Abrams P, Cardozo L, Khoury S, Wein A, editors. Incontinence 4th International Consultation on Incontinence. Paris: Éditions 21; 2009. OMS. Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CHI-2). Projet final version complète. Genève, Suisse: OMS; 2000 [Available from: http://dcalin.fr/fichiers/cif.pdf]. Klarskov P, Heely E, Nyholdt I, Rottensten K, Nordenbo A. Biofeedback treatment of bladder dysfunction in multiple sclerosis. A randomized trial. Scand J Urol Nephrol Suppl 1994;157:61—5. Vahtera T, Haaranen M, Viramo-Koskela AL, Ruutiainen J. Pelvic floor rehabilitation is effective in patients with multiple sclerosis. Clin Rehabil 1997;11:211—9. McClurg D, Ashe RG, Marshall K, Lowe-Strong AS. Comparison of pelvic floor muscle training, electromyography biofeedback, and neuromuscular electrical stimulation for bladder dysfunction in people with multiple sclerosis: a randomized pilot study. Neurourol Urodyn 2006;25:337—48. McClurg D, Ashe RG, Lowe-Strong AS. Neuromuscular electrical stimulation and the treatment of lower urinary tract dysfunction in multiple sclerosis — a double blind, placebo controlled, randomised clinical trial. Neurourol Urodyn 2008;27:231—7. Khan F, Pallant JF, Pallant JI, Brand C, Kilpatrick TJ. A randomised controlled trial: outcomes of bladder rehabilitation in persons with multiple sclerosis. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2010;81:1033—8.

228 [22] Lucio AC, Campos RM, Perissinotto MC, Miyaoka R, Damasceno BP, D’Ancona CA. Pelvic floor muscle training in the treatment of lower urinary tract dysfunction in women with multiple sclerosis. Neurourol Urodyn 2010;29: 1410—3. [23] Primus G. Maximal electrical stimulation in neurogenic detrusor hyperactivity: experiences in multiple sclerosis. Eur J Med 1992;1:80—2. [24] De Ridder D, Vermeulen C, Ketelaer P, Van Poppel H, Baert L. Pelvic floor rehabilitation in multiple sclerosis. Acta Neurol Belg 1999;99:61—4. [25] Kabay S, Kabay SC, Yucel M, Ozden H, Yilmaz Z, Aras O, et al. The clinical and urodynamic results of a 3-month percutaneous posterior tibial nerve stimulation treatment in patients with multiple sclerosis-related neurogenic bladder dysfunction. Neurourol Urodyn 2009;28:964—8. [26] de Seze M, Raibaut P, Gallien P, Even-Schneider A, Denys P, Bonniaud V, et al. Transcutaneous posterior tibial nerve stimulation for treatment of the overactive bladder syndrome in multiple sclerosis: results of a multicenter prospective study. Neurourol Urodyn 2011;30:306—11. [27] Gobbi C, Digesu GA, Khullar V, El Neil S, Caccia G, Zecca C. Percutaneous posterior tibial nerve stimulation as an effective treatment of refractory lower urinary tract symptoms in patients with multiple sclerosis: preliminary data from a multicentre, prospective, open label trial. Mult Scler 2011;17:1514—9.

L. Gaspard et al. [28] Lucio AC, Perissinoto MC, Natalin RA, Prudente A, Damasceno BP, D’Ancona CA. A comparative study of pelvic floor muscle training in women with multiple sclerosis: its impact on lower urinary tract symptoms and quality of life. Clinics 2011;66:1563—8 [PubMed PMID: 22179160]. [29] Orton SM, Herrera BM, Yee IM, Valdar W, Ramagopalan SV, Sadovnick AD, et al. Sex-ratio of multiple sclerosis in Canada: a longitudinal study. Lancet Neurol 2006;5:932—6. [30] Kurtzke JF. Rating neurologic impairment in multiple sclerosis: an expanded disability status scale (EDSS). Neurology 1983;33:1444—52. [31] Messelink B, Benson T, Berghmans B, Bo K, Corcos J, Fowler C, et al. Standardization of terminology of pelvic floor muscle function and dysfunction: report from the pelvic floor clinical assessment group of the International Continence Society. Neurourol Urodyn 2005;24:374—80. [32] de Seze M, Ruffion A, Denys P, Joseph PA, Perrouin-Verbe ¸aise. The B, Groupe d’éude neuro-urologique de langue franc neurogenic bladder in multiple sclerosis: review of the literature and proposal of management guidelines. Mult Scler 2007;13:915—28. [33] Fowler CJ, Panicker JN, Drake M, Harris C, Harrison SC, Kirby M, et al. A UK consensus on the management of the bladder in multiple sclerosis. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2009;80:470—7. [34] Stohrer M, Blok B, Castro-Diaz D, Chartier-Kastler E, Del Popolo G, Kramer G, et al. EAU guidelines on neurogenic lower urinary tract dysfunction. Eur Urol 2009;56:81—8.

[Pelvic floor muscles training, electrical stimulation, bladder training and lifestyle interventions to manage lower urinary tract dysfunction in multiple sclerosis: a systematic review].

To assess the effectiveness of conservative therapeutic approaches in a multiple sclerosis population...
632KB Sizes 0 Downloads 3 Views