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ANNPAT-918; No. of Pages 5 Annales de pathologie (2014) xxx, xxx—xxx

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HISTOSÉMINAIRE DE LA SOCIÉTÉ FRANC ¸ AISE DE PATHOLOGIE

Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 6 : fibrome améloblastique Oral and stomatological pathology. Case 6: Ameloblastic fibroma Michel Wassef Hôpital Lariboisière, 75475 Paris cedex 10, France Accepté pour publication le 1er avril 2014

Renseignements cliniques Lésion de l’angle de la mandibule développée au contact de la dent 46 et de la 47 non sortie, la dent 48 étant absente, chez un enfant de 11 ans. Masse bien limitée sur le panoramique dentaire.

Diagnostic Fibrome améloblastique.

Adresse e-mail : [email protected] http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.002 0242-6498/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Wassef M. Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 6 : fibrome améloblastique. Annales de pathologie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.002

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M. Wassef

Figure 1. Fibrome améloblastique. Composante mésenchymateuse. Cellules fusiformes ou pluripolaires régulières sur un fond fibro-myxoïde. Ameloblastic fibroma. Mesenchymal-cell component. Spindle or stellate cells with no atypia in a fibromyxoid stroma.

Figure 3. Fibrome améloblastique. Composante épithéliale. Différenciation améloblastique nette avec structures folliculaires. Ameloblastic fibroma. Epithelial component. Obvious ameloblastic differentiation of epithelial cells with follicles.

Description du cas Il s’agit d’une tumeur comportant une composante mésenchymateuse fibro-myxoïde assez richement cellulaire, rappelant la pulpe dentaire (Fig. 1), et une composante épithéliale faite essentiellement de structures rubanées plus ou moins ramifiées ressemblant à de l’épithélium améloblastique (Fig. 2). Dans une petite zone, ces structures épithéliales forment des éléments folliculaires (Fig. 3 et 4). On observe très focalement, au contact de structures épithéliales, une substance safranophile faisant évoquer de la dentine. Il n’y a pas de mitose en nombre appréciable, pas d’atypie.

Clinique et épidémiologie Le fibrome améloblastique est une tumeur rare. Il se rencontre surtout chez le sujet jeune (âge moyen autour de 15 ans). Il peut cependant survenir presque à tout âge, de quelques semaines à plus de 60 ans [1,2]. Il se présente

Figure 2. Fibrome améloblastique. Composante épithéliale. Travées de cellules cubiques odontogènes. Ameloblastic fibroma. Epithelial component. Strands of cuboidal epithelial cells.

comme une masse déformant la mâchoire ou par une anomalie de l’éruption d’une ou plusieurs dents. Il siège de préférence dans la région molaire mandibulaire. Radiologiquement, c’est une lésion hypodense, bien limitée.

Traitement et évolution Le traitement du fibrome améloblastique est chirurgical et l’énucléation avec curetage complet sont en général suffisants. Les récidives sont possibles et se traitent de la même manière [3,4]. Les formes malignes (fibrosarcome améloblastique) sont exceptionnelles. Elles sont reconnues sur la densité cellulaire plus importante de la composante conjonctive (Fig. 5) associée à des atypies et des mitoses qui peuvent aussi être retrouvées dans la composante épithéliale (Fig. 6) [5].

Figure 4. Fibrome améloblastique. Composante épithéliale plus abondante avec différenciation améloblastique. Ameloblastic fibroma. Epithelial component. The epithelial component is prominent and present ameloblastic differentiation.

Pour citer cet article : Wassef M. Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 6 : fibrome améloblastique. Annales de pathologie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.002

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Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 6 : fibrome améloblastique

Figure 5. Fibrosarcome améloblastique. Composante conjonctive très densément cellulaire avec atypies. Ameloblastic fibrosarcoma. The mesenchymal component is densely cellular with atypia.

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Figure 8. Élaboration de dentine et d’émail dans un fibroodontome améloblastique. L’émail (immature) apparaît comme une substance amphophile entre la dentine safranophile et la composante épithéliale. L’ensemble ressemble à un odontome en formation. Ameloblastic fibro-odontoma. The enamel deposits are situated between the dentine and the epithelial component.

Les variantes histologiques

Figure 6. Fibrosarcome améloblastique. La composante conjonctive est densément cellulaire. Les composantes épithéliale et conjonctive montrent des mitoses. Ameloblastic fibrosarcoma. The mesenchymal component is densely cellular. Both epithelial and mesenchymal components show mitoses.

Figure 7. Élaboration de dentine dans un fibro-dentinome améloblastique. La dentine est située à l’interface entre les composantes mésenchymateuse et épithéliale. Ameloblastic fibrodentinoma. The dentin deposits are situated at the epithelial/mesenchymal interface.

La densité cellulaire du fond mésenchymateux est variable de même que l’abondance de la composante améloblastique. Exceptionnellement, la lésion peut se développer en extra-osseux, au niveau de la gencive (fibrome améloblastique périphérique). Exceptionnellement également, les cellules mésenchymateuses peuvent prendre (comme dans d’autres lésions odontogènes) un aspect de cellules granuleuses [6]. La production de matériel dentaire [dentine (Fig. 7) ou dentine + émail (Fig. 8)] amène à porter les diagnostics, respectivement, de fibro-dentinome améloblastique et de fibro-odontome améloblastique. La présence d’atypies et surtout de mitoses doivent faire discuter le fibrosarcome améloblastique, lésion généralement très agressive et rapidement évolutive (Figs. 5 et 6).

Figure 9. Follicule dentaire hyperplasique sur dent incluse. On reconnaît un mésenchyme rappelant la composante conjonctive du fibrome améloblastique et un lambeau épithélial correspondant au reliquat de l’organe de l’émail de la dent incluse. Hyperplastic dental follicle formed by the follicle mesenchyme associated with reduced ameloblastic epithelium.

Pour citer cet article : Wassef M. Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 6 : fibrome améloblastique. Annales de pathologie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.002

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Figure 10. Fibrome odontogène. Tumeur conjonctive contenant quelques travées épithéliales odontogènes, sans différentiation améloblastique. Odontogenic fibroma. Fibrous tumor containing some residual odontogenic epithelial strands, without ameloblastic differentiation.

Diagnostics différentiels [7] Le follicule dentaire hyperplasique C’est le premier diagnostic différentiel à envisager. Il est constitué de mésenchyme dentaire éventuellement associé à des restes de l’organe de l’émail d’aspect histologique très proche du fibrome améloblastique (Fig. 9). Les données radiologiques sont essentielles : simple clarté radiologique entourant la couronne d’une dent pour le follicule hyperplasique et lésion lytique plus importante déplac ¸ant les dents pour le fibrome améloblastique.

Les autres lésions odontogènes associant composantes mésenchymateuse et épithéliale Le fibrome (Fig. 10) et le myxome odontogène (Fig. 11 et 12). Ils peuvent contenir des travées épithéliales dans un fond mésenchymateux. Le fond mésenchymateux est plus hétérogène que dans le fibrome améloblastique, avec alternance

Figure 12. Myxome odontogène. Perméation des espaces médullaires par la tumeur. Ces aspects expliquent en partie la tendance à la récidive en cas d’exérèse limitée. Odontogenic myxoma. Permeation of the bone medullary spaces by the tumor, probably accounting for some of the recurrences.

de substance myxoïde et de fibres de collagène pour le myxome, un aspect plus fibreux pour le fibrome. La composante épithéliale est d’abondance variable, souvent réduite. Elle est constituée de fines travées de cellules cubiques, parfois en 2 couches, sans différenciation améloblastique : • les lésions odontogènes purement épithéliales ou purement mésenchymateuses : elles seront éliminées sur l’existence d’une double composante ; • les lésions non odontogènes : il s’agit essentiellement de lésions fibreuses.

POINTS IMPORTANTS À RETENIR • Le fibrome améloblastique est constitué de mésenchyme rappelant la pulpe dentaire et d’éléments épithéliaux améloblastiques. • C’est une lésion rare, du sujet jeune, bien limitée et traitée par exérèse complète. • Éliminer un exceptionnel fibrosarcome améloblastique sur l’absence d’atypie et de mitoses en grand nombre.

Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références

Figure 11. Myxome odontogène. La tumeur est plus myxoïde et moins cellulaire que le fibrome améloblastique. Elle peut contenir de rares travées épithéliales odontogènes, sans différenciation améloblastique. Odontogenic myxoma. The tumor is more myxoid and less cellular than ameloblastic fibroma. The rare epithelial strands that may be present do not show ameloblastic differentiation.

[1] Shanmugaratnam K. Odontogenic tumours. In: Sobin LH, editor. Histlogical typing of tumours of the upper respiratory tract and ear. 2e ed. Berlin: Springer; 1991. p. 204. [2] Dallera P, Bertoni F, Marchetti C, Bacchini P, Campobassi A. Ameloblastic fibroma: a follow-up of six cases. Int J Oral Maxillofac Surg 1996;25:199—202. [3] Takeda Y. Ameloblastic fibroma and related lesions: current pathologic concept. Oral Oncol 1999;35:535—40. [4] Pontes HA, Pontes FS, Lameira AG, Salim RA, Carvalho PL, Guimaraes DM, et al. Report of four cases of ameloblastic

Pour citer cet article : Wassef M. Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 6 : fibrome améloblastique. Annales de pathologie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.002

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Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 6 : fibrome améloblastique fibro-odontoma in mandible and discussion of the literature about the treatment. J Craniomaxillofac Surg 2012;40:e59—63. [5] Gilani SM, Raza A, Al-Khafaji BM. Ameloblastic fibrosarcoma: a rare malignant odontogenic tumor. Eur Ann Otorhinolaryngol Head Neck Dis 2014;131:53—6.

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[6] Takeda Y. Granular cell ameloblastic fibroma, ultrastructure and histogenesis. Int J Oral Maxillofac Surg 1986;15:190—5. [7] Kadlub N, Kreindel T, Belle Mbou V, Coudert A, Ansari E, Descroix V, et al. Specificity of paediatric jawbone lesions: tumours and pseudotumours. J Craniomaxillofac Surg 2014;42:125—31.

Pour citer cet article : Wassef M. Pathologie buccale et stomatologique. Cas no 6 : fibrome améloblastique. Annales de pathologie (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.annpat.2014.04.002

[Oral and stomatological pathology. Case 6: ameloblastic fibroma].

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