Journal de Mycologie Médicale (2014) 24, 245—246

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E´DITORIAL/EDITORIAL

Les onychomycoses, quoi de neuf en 2014 ?§ Onychomycosis, what is new in 2014?

Les onychomycoses sont les étiologies les plus fréquentes des onychopathies. Elles soulèvent de véritables problèmes de diagnostic et de thérapeutique, en effet, des causes les plus diverses déterminent des aspects cliniques très proches voire identiques. Or, encore trop de médecins généralistes, parfois aussi des dermatologues, posent le diagnostic de « mycoses » unguéales sur un simple diagnostic clinique et traitent sans authentifier l’infection fongique. De leur côté, il est reproché aux biologistes des laboratoires de biologie médicale leur médiocre contribution au diagnostic, les laboratoires seraient peu performants ! Dans un éditorial très ironique paru en 1997, dans le numéro spécial consacré à la prise en charge des onychomycoses, le Pr Revuz, président de la Société française de dermatologie soulignait en particulier [9], « qu’une minorité de laboratoires en France étaient susceptibles de donner des résultats reproductifs et fiables en matière de diagnostic étiologique d’une onychomycose ». Dans ce même numéro, le groupe de travail initié par la Société française de dermatologie (dermatologues, mycologues, podologues et médecins généralistes), où nous étions ensemble, avec Mmes Nelly Contet-Audonneau (mycologue à Nancy) et Martine Feuilhade de Chauvin (dermato-mycologue à SaintLouis, Paris), présentait un texte consensuel sur les « Recommandations pour la pratique clinique des onychomycoses ». Ce texte a été publié à la fois dans les Annales de Dermatologie-Ve´ne´re ´ologie [1] et dans le Journal de Mycologie Me ´dicale [2]. La place importante du laboratoire dans le diagnostic étiologique des onychomycoses y est nettement affirmée. Le groupe insiste en particulier sur l’obligation d’un prélèvement mycologique systématique, fait avec une tech-

nique rigoureuse, dans un laboratoire qui a l’habitude de ces prélèvements, et avant tout traitement local et a fortiori systémique. Le laboratoire doit fournir les résultats de l’examen direct et de la culture. Qu’en est-il en 2014, sept années après l’éditorial « au vitriol sur les laboratoires » du Pr Revuz [9], concernant l’approche clinique et biologique des onychomycoses ? Les biologistes comme les cliniciens disposent-ils aujourd’hui d’outils à visée diagnostique plus performants ? C’est ce que propose de clarifier et de montrer ce numéro spécial qui va aborder successivement :  la nouvelle classification clinique des onychomycoses (Baran et Hay) [3], les auteurs basent cette nouvelle classification sur les différentes voies que le champignon emprunte pour parasiter l’ongle, cette approche originale, qui se veut pratique, permet de mieux comprendre les lésions cliniques et d’expliquer certains échecs thérapeutiques ; mais surtout, cette classification fait une place au comportement des dermatophytes qui ne se limitent pas à parasiter l’épiderme, les cheveux et les ongles : elle implique également l’existence possible d’une atteinte systémique chez certains sujets, et avant tout ganglionnaire ;  les onychomycoses à moisissures (Chabasse et Pihet) [4]. Il s’agit d’une revue générale sur les étiologies non dermatophytiques ou candidosiques des onychomycoses. Bien qu’étant moins fréquents (2 à 17 % selon les séries), ces champignons filamenteux, souvent opportunistes, posent de réels problèmes à la fois d’identification précise des espèces (selon les critères morphologiques), de traitement, et surtout d’interprétation, car il est souvent

DOIs des articles originaux : http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.007, http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.005, http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.006, http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.008, http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.009, http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.004. § Présentations écrites faisant suite au Symposium sur les onychomycoses (conférences) dans le cadre des journées scientifiques d’hiver de la Société française de mycologie médicale les 29 et 30 novembre 2013 à Paris (CHU Cochin-Port Royal). http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.003 1156-5233/# 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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difficile d’affirmer que la moisissure isolée d’un ongle puisse être un pathogène primaire. On y rattache classiquement les « pseudodermatophytes « dont la kératinophilie est plus marquée ; les méthodes de diagnostic d’une onychomycose (Chabasse et Pihet) [5]. Ce chapitre se propose de passer en revue toutes les méthodes de diagnostic actuelles qu’elles soient cliniques, c’est-à-dire du ressort du praticien (apport du dermatoscope, de la microscopie confocale et de la tomographie par cohérence optique), ou biologiques c’est-à-dire de la responsabilité des laboratoires (dont l’anatomopathologie), incluant l’examen direct, les cultures, et les méthodes d’identification morphologique et moléculaire (PCR) Le lecteur pourra apprécier les avantages et les inconvénients des différentes techniques actuellement utilisées ; un chapitre est consacré à l’intérêt de l’examen direct, et en particulier de la technique histologique simplifiée de coloration P.A.S. de Hotchkiss et MacManus, que les mycologues Montpelliérains (Lachaud, Sasso, Rispail et Bougeois) [7] proposent pour pallier les difficultés du diagnostic anatomopathologique. Cette technique, très contributive au diagnostic, s’avère facile à mettre en œuvre pour les laboratoires de mycologie ou de biologie polyvalente ; le diagnostic moléculaire des onychomycoses (Petinataud, Berger, Contet-Audonneau et Machouard) [8], apporte une avancée significative au diagnostic, tant sur le plan de la rapidité des réponses aux praticiens que sur le diagnostic précis. Les principaux outils de biologie moléculaire ainsi que les kits commerciaux actuellement disponibles permettant une détection rapide du champignon en cause sont présentés dans cette revue bien documentée ; le traitement des onychomycoses (Feuilhade de Chauvin) [6]. Ce chapitre fait le point sur l’approche thérapeutique, qui prend en compte l’aspect clinique et l’importance de la lésion unguéale, des lésions associées (intertrigos) et du champignon en cause. Sont abordés les traitements locaux et par voie générale des onychomycoses à dermatophytes, à Candida, et dues aux moisissures chez qui, pour ces dernières, il est indispensable de confirmer le diagnostic, car peu d’entre elles répondent efficacement aux antifongiques.

Espérons que nos lecteurs trouveront, dans ce numéro, les réponses à leurs interrogations et que la prise en charge

Éditorial/Editorial clinique, biologique et thérapeutique des onychomycoses s’en trouvera améliorée.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références [1] Anonyme. Onychomycoses, modalités de diagnostic et prise en charge. Ann Dermatol Venereol 2007;134:5S7—16S. [2] Anonyme. Onychomycoses, modalités de diagnostic et prise en charge. J Mycol Med 2007;17:241. [3] Baran R, Hay RJ. Nouvelle classification clinique des onychomycoses. J Mycol Med 2014. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed. 2014.10.004. [4] Chabasse D, Pihet M. Les onychomycoses à moisissures. J Mycol Med 2014. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.005. [5] Chabasse D, Pihet M. Méthodes de diagnostic d’une onychomycose. J Mycol Med 2014. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed. 2014.10.006. [6] Feuilhade de Chauvin M. Traitement des onychomycoses. J Mycol Med 2014. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.009. [7] Lachaud L, Sasso M, Rispail P, Bourgeois N. Diagnostic biologique des onychomycoses. Examen direct après coloration P.A.S. simplifiée. J Mycol Med 2014. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed. 2014.10.007. [8] Petinataud D, Berger S, Contet-Audonneau N, Machouart M. Molecular diagnosis of onychomycosis. J Mycol Med 2014. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2014.10.008. [9] Revuz J. Les recommandations pour la pratique clinique « onychomycose », recommandation virtuelle pour un monde imaginaire. Ann Dermatol Venereol 2007;134 [5S3—4].

R. Barana, D. Chabasseb* Nail Disease Center, 42, rue des Serbes, 06400 Cannes, France b Laboratoire de parasitologie mycologie, institut de biologie en sante´, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 09, France a

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Auteur correspondant (R. Baran) E-mail address: [email protected] Disponible sur Internet le 20 novembre 2014

[Onychomycosis, what is new in 2014?].

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