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Revue ge´ne´rale

Place de la vitamine D native en dialyse Native vitamin D in dialysis patients Pierre Delanaye a,*, Antoine Bouquegneau a, Jean-Marie Krzesinski a, E´tienne Cavalier b, Guillaume Jean c, Pablo Urena-Torres d,e, Jean-Claude Souberbielle d a

Service de ne´phrologie-dialyse, CHU Sart-Tilman, universite´ de Lie`ge, 4000 Lie`ge, Belgique Service de chimie clinique, CHU Sart-Tilman, universite´ de Lie`ge, 4000 Lie`ge, Belgique Ne´phrologie et dialyse, Nephrocare Tassin-Charcot, Sainte-Foy-les-Lyon, France d Laboratoire d’explorations fonctionnelles, Inserm U845, hoˆpital Necker-Enfants malades, Paris, France e Service de ne´phrologie et dialyse, clinique du Landy, Saint-Ouen, France b c

I N F O A R T I C L E

R E´ S U M E´

Historique de l’article : Rec¸u le 15 septembre 2014 Accepte´ le 14 octobre 2014 Disponible sur Internet le xxx

La maladie re´nale chronique est une pathologie fre´quente et tre`s souvent responsable d’anomalies du me´tabolisme phosphocalcique et osseux. Ces anomalies sont responsables d’une morbi-mortalite´ importante chez les patients. La vitamine D native, pour devenir active, passe par une hydroxylation initialement he´patique et secondairement re´nale. Les activite´s de la vitamine D sont ple´thoriques, d’une part sur le me´tabolisme phosphocalcique, et d’autre part aux niveaux cardiovasculaire, neurologique, immunitaire et meˆme cance´rologique. La maladie re´nale chronique terminale est associe´e a` une diminution de l’action de la vitamine D et ce, par l’interme´diaire de plusieurs me´canismes, notamment la majoration du phosphore plasmatique, la se´cre´tion de FGF-23 et la diminution de l’activite´ 1a-hydroxylase. La pre´valence du de´ficit en 25 hydroxy-vitamine D en cas de maladie re´nale chronique terminale de´pend des valeurs limites choisies pour de´finir cette de´ficience. Actuellement, il apparaıˆt important de substituer le de´ficit a` partir d’une concentration en 25 hydroxy-vitamine D infe´rieure a` 30 ng/mL. Le monitoring et le dosage de la 1,25 hydroxy-vitamine D ne sont pas recommande´s a` l’heure actuelle. Le but d’un traitement par vitamine D en situation de maladie re´nale chronique terminale est de substituer le de´ficit observe´ et de pre´venir ou de traiter l’hyperparathyroı¨die. L’inte´reˆt d’utiliser la vitamine D native en premie`re intention semble de plus en plus e´tabli. Cet article de revue tend a` re´sumer l’ensemble du me´tabolisme, de la physiologie ainsi que du traitement par vitamine D native, en cas de maladie re´nale chronique terminale. ß 2014 Association Socie´te´ de ne´phrologie. Publie´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Mots cle´s : Chole´calcife´rol Ergocalcife´rol He´modialyse

A B S T R A C T

Keywords: Cholecalciferol Ergocalciferol Dialysis

Chronic kidney disease is frequent and usually responsible of mineral and bone disorder. These abnormalities lead to increased morbidity and mortality. To become active, native vitamin D needs a first hydroxylation in the liver, and a second one in the kidney. Next to its action on bone metabolism, vitamin D also possesses pleiotropic actions on cardiovascular, immune and neurological systems as well as antineoplastic activities. End-stage renal disease (ESRD) is also associated with a decrease in vitamin D activity by mechanisms including the increase of plasma phosphate concentration, secretion of FGF23 and decrease in 1a-hydroxylase activity. The prevalence of 25 hydroxy-vitamin D deficiency depends on the chosen cut-off value to define this lack. Currently it is well established that a patient has to be substituted when 25 hydroxy-vitamin D level is under 30 ng/mL. The use and monitoring of 1.25 hydroxy-vitamin D is still not recommended in routine practice. The goals of vitamin D treatment in case of ESRD are to substitute the deficiency and to prevent or treat hyperparathyroidism. Interest of native vitamin D in first intention is now well demonstrated. This review article describes the vitamin D metabolism and physiology and also the treatment for vitamin D deficiency in ESRD population. ß 2014 Association Socie´te´ de ne´phrologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (P. Delanaye). http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2014.10.004 1769-7255/ß 2014 Association Socie´te´ de ne´phrologie. Publie´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Pour citer cet article : Delanaye P, et al. Place de la vitamine D native en dialyse. Ne´phrol ther (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.nephro.2014.10.004

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1. Introduction Le patient avec une maladie re´nale chronique (MRC), et plus particulie`rement le patient arrivant aux stades avance´s de la MRC, voire ne´cessitant un traitement de supple´ance par dialyse, est sujet a` de nombreuses complications, notamment me´taboliques. Parmi ces complications, les anomalies du me´tabolisme mine´ral et osseux sont importantes et accompagne´es d’une morbi-mortalite´ non ne´gligeable. Dans cet article de revue, nous reverrons le roˆle et la physiopathologie de la vitamine D en situation de dialyse. Des e´tudes anciennes avaient recommande´ l’usage de la vitamine D native chez ces patients. Au gre´ de l’ame´lioration des connaissances, cet usage est ensuite tombe´ quelque peu en de´sue´tude, notamment au profit de la vitamine D active, pour reprendre, finalement, une place importante dans notre arsenal the´rapeutique au cours de ces dernie`res anne´es. 2. Rappels et justificatifs physiologiques 2.1. Physiologie classique et roˆle du rein Dans la physiologie classique, le rein joue un roˆle central dans la description du sche´ma d’action de la vitamine D (Fig. 1) [1]. En effet, la vitamine D, provenant des apports nutritionnels ou synthe´tise´e au niveau de la peau, doit be´ne´ficier d’une double hydroxylation pour eˆtre pleinement active :  la premie`re hydroxylation, en position 25, s’effectue dans le foie [2]. La 25-OH vitamine D (25VITD) se retrouve dans le plasma, en majorite´ lie´e a` une prote´ine de transport, la Vitamin D binding protein (VDBP) [3] ;  ensuite, la seconde hydroxylation, en position 1, s’effectue sous l’action de la 1a-hydroxylase, principalement au niveau du tube contourne´ proximal re´nal pour former le calcitriol qui sera relargue´ dans la circulation.

D’autres segments du ne´phron, les cellules du tube distal et du canal collecteur, semblent e´galement capables d’hydroxyler la 25VITD en 1,25 vitamine D ([1,25]VITD), mais cette fois probablement pour des effets locaux [4–7]. Le complexe VDBPvitamine D est filtre´ par le glome´rule, puis endocyte´ au niveau tubulaire via la me´galine [4,8–10]. La forme active, ou la plus active, de la vitamine D est classiquement la [1,25]VITD. Cette [1,25]VITD exerce ses diffe´rents effets biologiques et ple´ı¨otropiques avant d’eˆtre catabolise´e, en majorite´, en 1,24,25-vitamine D sous l’action, entre autres, de la 24-hydroxylase re´nale [11]. Les effets biologiques classiques de la forme active, dihydroxyle´e, de la vitamine D sont la stimulation de l’absorption intestinale de calcium et de phosphore, de la re´absorption re´nale du calcium, la re´sorption osseuse, ainsi que l’inhibition de l’expression du ge`ne de la parathormone (PTH), la stimulation de l’expression du ge`ne du Fibroblast growth factor (FGF-23). La PTH stimule la production de [1,25]VITD [12–17]. Un effet propre de l’activation des re´cepteurs a` la vitamine D (VDR) au niveau osseux, avec des effets be´ne´fiques en termes de mine´ralisation est actuellement de´montre´ [16,18–20]. 2.2. Roˆle de la [1,25]VITD et de la 25VITD Cette vision classique de la physiologie de la vitamine D a cependant e´volue´ au cours des dernie`res de´cennies. Tout d’abord, le concept selon lequel, seule la [1,25]VITD est biologiquement active est remis en question [21]. Certes, l’affinite´ de la [1,25]VITD pour le VDR est pre`s de 2400 fois supe´rieure a` celle observe´e pour la 25VITD [22,23]. In vitro, l’activite´ directe de la 25VITD serait 500 fois moindre que celle de la [1,25]VITD [23], mais in vivo, la diffe´rence ne pourrait plus eˆtre que d’un facteur 100 (par exemple, lorsque l’on e´tudie sa capacite´ a` augmenter la calce´mie) [15,24]. Il faut e´galement garder en me´moire qu’en situation physiologique, la concentration plasmatique de 25VITD est 500 a` 1000 fois plus

UVB solaire 7-Déhydrocholestérol

Pré-vitamine D3

Peau

Chaleur Vitamine D3

Alimentation : - Huiles - Poissons

Vitamine D Hydroxylation hépatique par la 25 hydroxylase hépatique

Majoration du calcium plasmatique P

-

+

-

FGF23 Klotho

+

PTH

+

25OH Vitamine D Hydroxylation rénale par la 1α-hydroxylase rénale

1,25OH Vitamine D

+

Hydroxylation par la 25 hydroxylase

Acide calcitroique Fig. 1. Re´sume´ du me´tabolisme de la vitamine D (effet positif en vert ; effet ne´gatif en rouge).

Pour citer cet article : Delanaye P, et al. Place de la vitamine D native en dialyse. Ne´phrol ther (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.nephro.2014.10.004

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e´leve´e que celle de la [1,25]VITD [22,25]. Plusieurs donne´es fondamentales et cliniques confirment un roˆle direct de la 25VITD, que ce soit via l’activation du VDR ou par un autre me´canisme [25– 27]. Dans le cadre de la MRC, il paraıˆt important de souligner qu’une action directe de la 25VITD, inde´pendante d’une 1ahydroxylation locale, a e´te´ de´montre´e expe´rimentalement au niveau des cellules parathyroı¨diennes [25]. 2.3. Le roˆle du rein remis en cause Le second concept remis en cause concerne le roˆle du rein, pre´sente´ comme unique organe ou` la 1a-hydroxylation peut avoir lieu. En effet, cette enzyme est retrouve´e dans de nombreux tissus sains [28,29], comme l’os [30] ou les cellules parathyroı¨diennes [31]. Ces donne´es fondamentales sont corrobore´es par des donne´es cliniques. Ainsi, meˆme en cas de MRC avance´e (y compris les patients ane´phriques), des e´tudes mene´es avec des mesures plus sensibles que celles utilise´es auparavant ont retrouve´ une concentration plasmatique, certes faible, mais pas nulle de [1,25]VITD [32,33]. De plus, une corre´lation faible mais significative est retrouve´e entre les concentrations de 25VITD et de [1,25]VITD chez le patient avec MRC [34–39]. Le meilleur argument pour la pre´sence d’une 1a-hydroxylation extra-re´nale est cependant la constatation, retrouve´e par de nombreux auteurs, de l’augmentation des concentrations en [1,25]VITD apre`s administration de 25VITD ou de vitamine D native aux patients avec une MRC avance´e et chez les patients dialyse´s sans fonction re´nale re´siduelle [35,39–44]. Toutes ces donne´es sugge`rent donc la pre´sence et une action de la 1a-hydroxylase en dehors du rein. Le VDR e´tant, lui aussi, pre´sent dans de nombreuses cellules de l’organisme, la plupart des auteurs s’accordent sur un mode d’action de type paracrine et/ou autocrine de la vitamine D [11,22,25,45]. 2.4. Des nouveaute´s physiologiques Parmi les nouveaute´s physiologiques concernant la vitamine D, signalons la de´couverte d’un nouvel acteur, qui est, par ailleurs, aussi important dans le contexte de la MRC : le FGF-23 [46]. La description de´taille´e des de´terminants et de l’activite´ physiologiques de ce FGF-23 de´passe le cadre de cet article. Rappelons simplement que cette hormone a une action phosphaturiante qui est augmente´e pre´cocement en cas de MRC [47]. Plusieurs auteurs de´montrent que la vitamine D stimule fortement la se´cre´tion du FGF-23 [48,49]. Le FGF-23 exerce, quant a` lui, un re´trocontroˆle ne´gatif sur l’activite´ de la [1,25]VITD en diminuant la production de [1,25]VITD via un effet inhibiteur de la 1a-hydroxylase, tout en activant son catabolisme via une activation de la 24-hydroxylase [49,50]. L’augmentation du FGF-23 pourrait jouer un roˆle important dans la diminution pre´coce des concentrations de [1,25]VITD, observe´e dans le cadre de la MRC [46]. 3. Liens entre vitamine D et anomalies du me´tabolisme phosphocalcique dans la MRC La MRC s’accompagne toujours d’une diminution de l’action de la vitamine D. Avec la diminution de la masse ne´phronique, l’activite´ de la 1a-hydroxylation est diminue´e, meˆme si elle n’est pas annihile´e. De plus, la re´tention de phosphore [51] et la se´cre´tion de FGF-23 ont aussi un effet ne´gatif sur l’activite´ de la 1ahydroxylase [49]. De tre`s nombreuses e´tudes ont bien illustre´ la diminution de la concentration plasmatique de [1,25]VITD en fonction de la diminution du de´bit de filtration glome´rulaire (DFG) [32,33,52–54].

3

Cependant, il est important de rappeler qu’en cas de MRC, le substrat de la [1,25]VITD, a` savoir la 25VITD, est e´galement diminue´ et ce, meˆme si l’association entre diminution du DFG et des concentrations de 25VITD est moins forte que celle observe´e entre DFG et [1,25]VITD [33]. Les causes d’un de´ficit en 25VITD chez le patient avec MRC sont multiples et la MRC, en elle-meˆme, favorise un de´ficit en 25VITD, inde´pendamment des autres facteurs de risque bien connus comme l’aˆge, l’ethnie, l’obe´site´, le diabe`te ou le fait de vivre sous des latitudes moins ensoleille´es [33,38]. Les patients avec une MRC pre´sentent aussi tre`s souvent de nombreuses comorbidite´s et par la`-meˆme, peuvent eˆtre plus susceptibles a` un de´ficit d’ensoleillement, a` une malnutrition, voire a` des troubles de l’absorption intestinale, conditions qui favorisent le de´ficit en 25VITD [22]. Le re´gime peu prote´ine´ qui est classiquement recommande´ en cas de MRC se´ve`re a e´te´ incrimine´ par certains [55]. Des donne´es sugge`rent que les patients avec une MRC avance´e peuvent avoir une capacite´ moindre a` synthe´tiser du chole´calcife´rol par photoproduction au niveau de la peau [11,56]. Des donne´es animales re´centes sugge`rent e´galement que la synthe`se he´patique de 25VITD peut aussi eˆtre alte´re´e en cas de MRC (via un effet de la PTH sur la 25-hydroxylation) [57]. Ce re´sultat doit cependant eˆtre confirme´ chez l’homme. Enfin, si la diminution de production de [1,25]VITD en cas de MRC est connue depuis longtemps, signalons que des donne´es re´centes sugge`rent e´galement une diminution de son catabolisme par la 24hydroxylase [58]. Le de´ficit en 25VITD est aussi retrouve´ et favorise´ dans des situations pathologiques plus spe´cifiques comme les syndromes ne´phrotiques (suite a` la fuite urinaire de la VDBP) [54,59] ou les patients traite´s par dialyse pe´ritone´ale (suite a` la perte de vitamine D et de VDBP dans le liquide de dialysat) [54,60,61]. La diminution de l’activite´ de la vitamine D entraıˆne une diminution de l’absorption intestinale de calcium, ce qui conduit a` une augmentation re´actionnelle de la se´cre´tion de PTH. De nombreuses e´tudes de cohortes de patients avec MRC ont ainsi retrouve´ une association inverse entre les concentrations de vitamine D et celles de PTH [24,33,36,53,62,63]. Cette stimulation de PTH peut e´voluer vers une situation d’hyperparathyroı¨die secondaire, voire tertiaire, avec ses conse´quences ne´fastes pour le squelette (avec l’image radiologique et histologique classique de l’oste´ite fibreuse), mais aussi pour les cellules de la paroi vasculaire (avec un effet potentiel sur le de´veloppement des calcifications vasculaires) [11,33,64–66]. 4. Pre´valence du de´ficit en 25VITD en cas de MRC Sur la base des donne´es de la litte´rature, il apparaıˆt tout a` fait clair que la pre´valence du de´ficit en vitamine D en situation de MRC, et plus encore en cas de MRC terminale, est tre`s e´leve´e. Il est cependant un peu plus difficile de donner des chiffres pre´cis de cette pre´valence. Ceux-ci varient en effet en fonction de nombreux parame`tres comme :  la population e´tudie´e (stade de la MRC) ;  le moment du pre´le`vement (effet saisonnier) ;  le lieu du pre´le`vement (latitude et ensoleillement, pre´sence d’aliments enrichis en vitamine D, coutume vestimentaire) ;  les comorbidite´s ;  l’ethnie ;  l’aˆge. Un parame`tre non ne´gligeable pour expliquer les disparite´s entre les chiffres observe´s est bien entendu le choix du crite`re retenu pour de´finir un de´ficit en vitamine D, en l’occurrence le seuil de 25VITD qu’il faut atteindre pour eˆtre conside´re´ comme « non de´ficient ». Le de´bat a e´te´ intense, en population ge´ne´rale, entre les

Pour citer cet article : Delanaye P, et al. Place de la vitamine D native en dialyse. Ne´phrol ther (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.nephro.2014.10.004

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partisans d’un taux cible de 20 ou de 30 ng/mL [38,64]. Nous ne reviendrons pas sur les arguments des uns et des autres (arguments e´pide´miologiques versus physiologiques). Les donne´es re´centes publie´es par la cohorte NephroTest apportent des arguments physiologiques spe´cifiques a` la MRC. Chez les 929 patients avec MRC et un de´bit de filtration glome´rulaire (DFG) mesure´, les auteurs ont recherche´ la valeur de 25VITD a` partir de laquelle la PTH augmentait de manie`re significative et ils ont observe´ que c’e´tait le cas pour des concentrations en 25VITD entre 8 et 20 ng/mL et ce, apre`s ajustement pour l’aˆge, le DFG mesure´, le calcium ionise´ et l’ethnie. Une cible supe´rieure a` 20 ng/mL apparaıˆt comme un objectif minimal [64]. Dans un autre article sur la meˆme cohorte, ces auteurs ont e´galement de´montre´ que le pourcentage d’hypocalce´mies, de concentrations de PTH et de phosphatases alcalines osseuses hautes e´tait significativement plus bas pour les patients avec une concentration de 25VITD supe´rieure a` 30 ng/mL en comparaison aux patients ayant une concentration infe´rieure a` 30 ou a` 15 ng/mL [33]. D’autres e´tudes interventionnelles, bien que non randomise´es, sugge`rent qu’un traitement par vitamine D native n’est efficace sur la PTH que si des concentrations en 25VITD de plus de 30 ng/mL sont atteintes [67–71]. Toutes ces donne´es renforcent les recommandations internationales de ne´phrologie (Kidney Disease Improving Global Outcome, ou KDIGO), qui sugge`rent de substituer le patient a` partir d’une concentration infe´rieure a` 30 ng/mL [72]. Bien entendu, seule une e´tude randomise´e, analysant diffe´rentes cibles de 25VITD, pourra re´pondre de´finitivement a` la question du choix de la cible requise. Signalons qu’il n’y a, a` ce jour, aucune recommandation claire concernant les valeurs hautes de 25VITD a` ne pas de´passer en cas de MRC, y compris terminale [73]. En population non MRC, peu d’effets secondaires sont de´crits avant une concentration supe´rieure a` 115 a` 200 ng/mL [74–79]. Dans le contexte de la MRC terminale, nous conseillons, (il ne s’agit que d’une suggestion vu l’absence d’e´vidence scientifique par des e´tudes controˆle´es), la prudence a` partir de concentrations supe´rieures a` 40 ou 50 ng/mL, surtout si le patient est traite´ concomitamment par vitamine D active et/ou par des sels calciques. Le traitement par vitamine D native doit probablement eˆtre individualise´ en fonction des concentrations de 25VITD, mais e´galement en fonction de l’e´volution des autres parame`tres du me´tabolisme phosphocalcique que sont le calcium, le phosphore et la PTH. Nous allons maintenant illustrer cette pre´valence du de´ficit en 25VITD par l’analyse des donne´es qui nous semblent les plus pertinentes. Ainsi, l’une des e´tudes e´pide´miologiques les plus inte´ressantes en dialyse est certainement celle publie´e par Wolf et al. car, d’une part, ces auteurs ont conside´re´ les patients incidents en dialyse et, d’autre part, leur e´chantillon est important (825 patients) [80]. Dans cette cohorte, les auteurs de´crivent une concentration en 25VITD infe´rieure a` 30 ng/mL chez 78 % des sujets et une concentration infe´rieure a` 10 ng/mL chez 18 %. Les donne´es publie´es par Bhan et al. sont e´galement inte´ressantes. Les auteurs ont mesure´ la 25VITD chez 908 patients dialyse´s incidents aux E´tats-Unis et retrouvent une pre´valence de concentration en 25VITD infe´rieure a` 30 ng/mL chez 79 % des patients. Dans cette cohorte, quasiment tous les patients qui commencent la dialyse en hiver et qui pre´sentent, en plus, une hypoalbumine´mie auront des concentrations en 25VITD infe´rieures a` 30 et meˆme a` 20 ng/mL [81]. Jean et al., quant a` eux, montrent dans une cohorte franc¸aise de 648 patients he´modialyse´s que 73 % des patients pre´sentent une concentration en 25VITD infe´rieure a` 30 ng/mL alors que seulement 22 % prennent effectivement de la vitamine D native [82].

5. Re´percussions physiopathologiques et the´rapeutiques du de´ficit en 25VITD Sur la base de ces quelques exemples, il est parfaitement clair que le de´ficit en vitamine D est extreˆmement fre´quent au cours de la MRC et qu’il a des re´percussions physiopathologiques et the´rapeutiques majeures. Il paraıˆt donc pleinement justifie´, et il s’agit d’ailleurs d’une recommandation retrouve´e dans les KDIGO, de mesurer la concentration de vitamine D chez le patient atteint de MRC. A` ce stade de la discussion, et avant d’aborder les the´rapeutiques disponibles, il semble important d’aborder le dosage de la vitamine D en cas de MRC. En effet, les recommandations actuelles sont de mesurer les re´serves en vitamine D et c’est le dosage de 25VITD qui est le plus utile dans ce contexte. Notons e´galement qu’a` ce jour, il n’y a pas de valeur cible recommande´e a` atteindre pour la concentration en [1,25]VITD [33,53]. Il n’existe, pour la pratique clinique quotidienne (en dehors des e´tudes cliniques), pas d’arguments pour justifier la mesure de la [1,25]VITD en situation de MRC, et encore moins pour monitoriser un traitement par vitamine D active [62,75]. ˆ t et son impre´cision relative), La difficulte´ du dosage (son cou aussi bien que la courte demi-vie de la [1,25]VITD (8 a` 12 heures) sont les indications fre´quemment avance´es pour expliquer l’inutilite´ de la mesure plasmatique de la forme active [11,83]. A` l’inverse, la concentration de 25VITD, dont la demi-vie plasmatique est de 3 semaines, est un excellent reflet des re´serves en vitamine D. Le « monitoring » d’un e´ventuel traitement par vitamine D native semble e´galement justifie´ pour adapter au mieux le dosage. En cas de traitement par vitamine D active (ou de ses de´rive´s), l’adaptation posologique e´ventuelle ne se fait que sur la base des concentrations en calcium, en phosphore et en PTH. En effet, il est important d’e´viter l’apparition d’une hypercalce´mie et/ou d’une hyperphosphate´mie qui seront de´le´te`res [84]. De meˆme, une surcorrection des concentrations circulantes de PTH, aboutit, a` un risque d’os adynamique [22,85], situation ne´faste au niveau osseux [86], mais e´galement au niveau cardiovasculaire [87]. Dans le cadre du dosage plasmatique de la vitamine D, citons les travaux re´cents de chercheurs qui proposent la mesure de la vitamine D biodisponible (qui correspond a` la vitamine D libre + la vitamine D lie´e a` l’albumine) comme un meilleur reflet des re´serves et de l’activite´ biologique de la vitamine D par rapport aux mesures habituelles de [1,25]VITD et surtout de 25VITD [88,89]. Ces re´sultats inte´ressants me´riteraient cependant d’eˆtre confirme´s, notamment avec une mesure « vraie » et pre´cise de la vitamine D libre [90]. 6. Traitement par vitamine D en situation de MRC Le but d’un traitement par vitamine D en situation de MRC terminale est bien entendu de substituer le de´ficit observe´, et de pre´venir ou de traiter l’hyperparathyroı¨die et ses conse´quences ne´fastes, notamment pour l’os. En l’absence d’insuffisance he´patique, seul cas ou` la prescription de vitamine monohydroxyle´e en position 25 se justifie, deux grands types de traitements peuvent eˆtre envisage´s :  les vitamines D natives, ou nutritionnelles, parmi lesquelles le chole´calcife´rol ou l’ergocalcife´rol ;  les vitamines D actives (soit la [1,25]VITD, soit la vitamine D 1a-hydroxyle´e [1] vitamine, soit les nouveaux de´rive´s). Notre but est ici d’insister sur les effets de la vitamine D native. Les KDIGO recommandent actuellement de substituer en vitamine D native tous les patients avec MRC, y compris les patients dialyse´s, qui pre´sentent une concentration en 25VITD infe´rieure a` 30 ng/mL. Le niveau de preuve reste cependant peu e´leve´. Le Tableau 1 reprend les re´sultats des principales e´tudes

Pour citer cet article : Delanaye P, et al. Place de la vitamine D native en dialyse. Ne´phrol ther (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.nephro.2014.10.004

Dialyse pe´ritone´ale Buccianti et al., 1990 [91]

He´modialyse Cohen et al., 2005 [124]

Nombre de patients

31

104

ˆ ge A moyen (anne´e)

Valeur initiale de vitamine D

Valeur initiale de PTH

Traitement prescrit

NC

14  2 ng/mL

478  79 pg/mL

Calcife´diol 4000 U/j (100 mg/j)

52,9  11,7

Divise´ en trois groupes 0–15 ng/mL 15–30 ng/mL > 30 ng/mL

En fonction de la vitamine D (non significatif) 490  494 pg/mL 670  627 pg/mL 489  436 pg/mL

47  13

23 patients : < 15 ng/mL

45–697 pg/mL

Quand vitamine D < 15 ng/mL Ergocalcife´rol 50 000 U par semaine, pendant 4 semaines

2,3 mois

25(OH) vitamine D de 7 a` 30 ng/mL 1,25(OH) vitamine D de 20 a` 26 pg/mL (non significatif) Calcium plasmatique, phosphate, et PTH identiques

Dure´e de l’e´tude

Re´sultats principaux

25(OH) vitamine D 14  2 a` 43  18 ng/mL Calce´mie 8,5 a` 9,7 mg/dL 1,25(OH) vitamine D 23  9 a` 29  8 pg/mL PTH 478  79 a` 292  68 pg/mL Phosphate´mie stable Lien entre le taux de vitamine D (sous 20 ng/mL) et les parame`tres de turn over osseux

Dialyse pe´ritone´ale Shah et al., 2005 [125]

29

He´modialyse Saab et al., 2007 [126]

119

59 (25–90)

16,9  8,5 ng/mL

304,29  299,76 pg/ mL

Ergocalcife´rol 50 000 U par mois

6 mois

25(OH) vitamine D de 17  9 a` 54  16 ng/mL Calcium plasmatique, phosphate et PTH identiques

He´modialyse Blair et al., 2008 [127]

171

61,9  16,3

18  9 ng/mL

NC

Ergocalcife´rol 50 000 U par semaine

6 mois

25(OH) vitamine D de 18  9 a` 42  25 ng/mL Calcium plasmatique diminue Phosphate et PTH identiques

NC

12  4 ng/mL

594  585 pg/mL

Ergocalcife´rol 41 440 U par semaine

4 semaines

25(OH) vitamine D de 12  4 a` 17  5 ng/mL Calcium plasmatique, phosphate et PTH identiques

Dialyse pe´ritone´ale Bouchard et al., 2008 [128]

27

He´modialyse Jean et al., 2008 [129]

149

67  15

12  9 ng/mL

235  186 pg/mL

Calcife´diol: 400 U/J si 25(OH) vitamine D entre 20 et 30 ng/mL 400 a` 800 U/J si 25(OH) vitamine D entre 10 et 20 ng/mL 800 a` 1200 U/J si 25(OH) vitamine D < 10

6 mois

25(OH) vitamine D de 12  9 a` 50  19 ng/mL PTH 235  186 pg/mL a` 189  146 pg/mL Calcium plasmatique, phosphate identiques

He´modialyse Jean et al., 2009 [71]

107

66,4  15

13  5 ng/mL

295 (190–450) pg/ mL

Chole´calcife´rol 100 000 IU/mois

15 mois

25(OH) vitamine D de 13  5 ng/mL a` 42  11 ng/mL PTH 295 (180  435 a` 190) (110  273) pg/mL Phosphatases alcalines 21  9 a` 17  7 mg/L Calcium plasmatique, phosphate identiques

NC

7  4 ng/mL

217  217 pg/mL

Chole´calcife´rol 20 000 U/semaine

9 mois

25(OH) vitamine D de 7  4 a` 32  11 ng/mL Calce´mie 2,28  0,17 a` 2,37  0,19 mmol/L Phosphates et PTH identiques

62,8  14,8

22  12 ng/mL

233 pg/mL

Chole´calcife´rol 50 000 U par semaine si 25(OH)D < 15 ng/mL 10 000 U par semaine si 25(OH)D entre 16 et 30 ng/mL 2700 U 3  /semaine si > 30 ng/mL

1 an

25(OH) vitamine D de 22  12 ng/mL a` 42  12 ng/mL Calce´mie 8,6  0,8 a` 8,4  0,7 mg/dL Phosphates 4,7  1,3 a` 4,5  1,3 mg/dL PTH 233 a` 200 pg/mL Diminution CRP et BNP ainsi que des besoins en EPO et en vitamine D active Diminution de la masse du VG

He´modialyse Tokmak et al., 2008 [130]

He´modialyse Matias et al., 2010 [37,131]

64

158

G Model

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E´tudes observationnelles et interventionnelles non randomise´es, anne´e

P. Delanaye et al. / Ne´phrologie & The´rapeutique xxx (2015) xxx–xxx

Pour citer cet article : Delanaye P, et al. Place de la vitamine D native en dialyse. Ne´phrol ther (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.nephro.2014.10.004

Tableau 1 Re´sume´ des e´tudes interventionnelles non randomise´es sur l’effet de la vitamine D native en dialyse.

5

Nombre de patients

ˆ ge A moyen (anne´e)

Valeur initiale de vitamine D

Valeur initiale de PTH

Traitement prescrit

Dure´e de l’e´tude

Re´sultats principaux

He´modialyse Jakopin et al., 2011 [132]

101

63,3  13,5

12  7 ng/mL

307,3  236,9 pg/ mL

Chole´calcife´rol 40 000 U/mois, 3 mois, et si de´ficit encore apre`s 4 mois de suivi, nouveau traitement

2 ans

25(OH) vitamine D de 12  7 ng/mL a` 22  6 ng/mL Calce´mie 2,28  0,14 a` 2,16  0,17 mmol/L Phosphates et PTH identiques

30

59  15

18,1  6,6 ng/mL

165  80 pg/mL

Chole´calcife´rol 12 premie`res semaines 50 000 U/semaine 12 dernie`res semaines 20 000 U/semaine

6 mois

25(OH) vitamine D Apre`s 3 mois 18  7 a` 46  14 ng/mL Apre`s 6 mois stables 40  10 ng/mL Calce´mie Apre`s 6 mois 9  0,6 a` 9,4  0,6 mmol/L Phosphates et PTH identiques Effets positif sur CRP et la masse du VG

He´modialyse Porter et al., 2013 [134]

96

52,5  14,6

14,7  5,5 ng/mL

354 pg/mL

Ergocalcife´rol 50 000 U/semaine pendant 12 semaines, puis 1  /mois pendant 3 mois si la concentration est infe´rieure a` 5 ng/mL 50 000 U/semaine pendant 4 semaines, puis 1  /mois pendant 5 mois si la concentration se situe entre 5 et 15 ng/mL 50 000 U/mois pendant 6 mois si la concentration est situe´e entre 15 et 30 ng/mL

6 mois

25(OH) vitamine D 14,7  5,5 a` 29  10 ng/mL Phosphates (diminuent mais ajout che´lateur calcique) et PTH identique

He´modialyse Daroux et al., 2013 [92]

37

Trois groupes 68,5  14 65,3  14,3 66,4  18,6

Trois groupes 12  5 ng/mL 9  5 ng/mL 11  6 ng/mL

Trois groupes 135  43 pg/mL 240  150 pg/mL 277  197 pg/mL

Au total, 200 000 U/mois de vitamines D native divise´es en fonction des groupes Le premier groupe : ergocalcife´rol a` chaque se´ance de dialyse Le deuxie`me groupe : dose unique mensuelle d’ergocalcife´rol Le troisie`me groupe : dose unique mensuelle de chole´calcife´rol

3 mois

25(OH) vitamine D variable en fonction des groupes 12  5 a` 25  9 ng/mL 9  5 a` 25  9 ng/mL 11  6 a` 40  13 ng/mL Calce´mie (seulement pour le troisie`me groupe) 2,21  0,15 a` 2,31  0,19 mmol/L

He´modialyse Armas et al., 2013 [135]

37

53,6 (45,8– 65,4)

14,2 ng/mL

325 pg/mL

Chole´calcife´rol sur absorption intestinale de calcium (calcium marque´) avant et apre`s avoir e´te´ re´ple´te´ en chole´calcife´rol (2000 U/ semaine pendant 12 a` 13 semaines)

12–13 semaines

25(OH) vitamine D de 14,2 a` 49,3 ng/mL 1,25(OH) vitamine D de 15,1 a` 20,5 pg/mL Pas d’effet sur l’absorption de calcium

He´modialyse Descombes et al., 2014 [136]

26

68  9,8

11  6 ng/mL

252,1  141,6 pg/ mL

Les deux premiers mois Tous les patients rec¸oivent 2000 IU de chole´calcife´rol apre`s chaque dialyse (= 6000 U/semaine) Ensuite, dose adapte´e tous les deux mois (1 a` 6 chole´calcife´rol [2000 IU chaque] par semaine. Dose totale par semaine = 2000– 12 000 IU/semaine)

1 an

25(OH) vitamine D de 11  6 a` 38  8 pg/mL Pas de modification dans les autres parame`tres

NC : non communique´ ; PTH : parathormone ; CRP : prote´ine C re´active ; BNP : Brain natriuretic peptide ; EPO : e´rytropoı¨e´tine ; VG : ventricule gauche.

P. Delanaye et al. / Ne´phrologie & The´rapeutique xxx (2015) xxx–xxx

He´modialyse Bucharles et al., 2012 [133]

G Model

E´tudes observationnelles et interventionnelles non randomise´es, anne´e

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6

Pour citer cet article : Delanaye P, et al. Place de la vitamine D native en dialyse. Ne´phrol ther (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.nephro.2014.10.004

Tableau 1 (Suite )

Nombre de patients

ˆ ge moyen A (anne´e)

Valeur initiale de vitamine D

Valeur initiale de PTH

Traitement prescrit

Dure´e de l’e´tude

Re´sultats principaux

He´modialyse Wasse et al., 2012 [41]

27 (placebo)/ 25 (traite´s)

52  6/49  6

19  6 ng/mL 14,6  5,5 ng/mL

624  930 ng/mL 722  696 pg/mL

Chole´calcife´rol 200 000 U/semaine (pas de traitement par vitamine D native pre´alable)

3 semaines

Seul effet dans le groupe traite´ 25(OH) vitamine D 14,6  5,5 a` 52  18 ng/mL 1,25(OH) vitamine D 15  6 a` 29  17 pg/mL Phosphates, et calcium effet neutre

He´modialyse Armas et al., 2012 [42]

22 (placebo)/ 20 (traite´s)

54,3 (45,1–67,3)/ 57,6 (47,2–64,2)

15,2 ng/mL 13,3 ng/mL

126,4 pg/mL 174,1 pg/mL

Chole´calcife´rol 10 000 U/semaine (traitement par vitamine D native ou active pre´alable)

15 semaines

Seul effet dans le groupe traite´ 25(OH) vitamine D : de 13 a` 24 ng/mL 1,25(OH) vitamine D 9,4 a` 15,5 pg/mL Phosphates, albumine, PTH et calcium effet neutre

He´modialyse Shirazian et al., 2013 [137]

25 (placebo)/ 25 (traite´s)

66,2  13,7/ 66,1  14,7

20  10 ng/mL 15  7 ng/mL

313,1  169,7 pg/mL 287,6  165,5 pg/mL

Ergocalcife´rol 50 000 U/semaine

12 semaines

Seul effet dans le groupe traite´ 25(OH) vitamine D 15  7 a` 39  13 ng/mL 1,25(OH) vitamine D 18,4  9,6 a` 23,3  10,6 pg/mL Pas d’effet sur le prurit Phosphates, PTH et calcium effet neutre

He´modialyse Delanaye et al., 2013 [67]

14 (placebo)/ 16 (traite´s)

73  12/75  9

12  6 ng/mL 12  5 ng/mL

240 (195–410) pg/mL 312 (206–447) pg/mL

Chole´calcife´rol 25 000 U/15 jours

1 an

Seul effet dans le groupe traite´ 25(OH) vitamine D : 12  5 a` 35 ng/mL PTH tendance a` diminuer : 312 a` 175 pg/mL Phosphates et calcium effet neutre Pas de majoration des calcifications vasculaires (Kauppila)

He´modialyse Hewitt et al., 2013 [138]

30 (placebo)/ 30 (traite´s)

67 (54–72)/ 60 (53–71)

16  5 ng/mL 18  5 ng/mL

222  224 pg/mL 335  327 pg/mL

Chole´calcife´rol 50 000 U/semaine pendant 8 semaines, puis 50 000 U/mois pendant 4 mois

6 mois

Seul effet dans le groupe traite´ 25(OH) vitamine D 18  5 a` 35  9 ng/mL Effet positif sur 1,25(OH) vitamine D ainsi que sur les phosphates

He´modialyse Massart et al., 2014 [43]

29 (placebo)/ 26 (traite´s)

66  12/ 62  12,3

18,4  7,9 ng/mL 17,1  6,4 ng/mL

426,9  207,6 pg/mL 414,1  281,9 pg/mL

Chole´calcife´rol : 25 000 U/semaine pendant 13 semaines

39 semaines

Seul effet dans le groupe traite´ 25(OH) vitamine D 17  6 a` 35  12 ng/mL 1,25(OH) vitamine D 23 a` 11 pg/mL Ame´lioration du score de calcification (Kauppila) Pas de fracture dans le groupe traite´ contrairement au groupe placebo (10 fractures chez 9 patients) Pas d’effet sur phosphates, PTH et calcium

PTH : parathormone.

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E´tudes randomise´es, anne´e

P. Delanaye et al. / Ne´phrologie & The´rapeutique xxx (2015) xxx–xxx

Pour citer cet article : Delanaye P, et al. Place de la vitamine D native en dialyse. Ne´phrol ther (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.nephro.2014.10.004

Tableau 2 Re´sume´ des e´tudes interventionnelles randomise´es sur l’effet de la vitamine D native en dialyse.

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8

interventionnelles, mais non controˆle´es et non randomise´es, qui ont e´te´ publie´es. L’ergo- ou le chole´calcife´rol e´taient utilise´s sur des pe´riodes variables et avec des protocoles tre`s diffe´rents. Le plus souvent, les auteurs retrouvent un effet positif du traitement sur les concentrations de 25VITD, meˆme si trop fre´quemment, les protocoles de traitement ne permettent pas aux patients de voir leur concentration de´passer la barre des 30 ng/mL. Un effet be´ne´fique sur la diminution de PTH est retrouve´ dans quelques e´tudes en dialyse [37,71,73,91,92]. Par ailleurs, plusieurs e´tudes randomise´es contre placebo ont e´te´ publie´es dans le contexte de la MRC terminale et sont re´sume´es dans le Tableau 2. Ces e´tudes sont limite´es dans leur interpre´tation par le faible e´chantillon [41– 43,67]. Une seule e´tude a analyse´ les patients sur une pe´riode plus longue d’un an [67]. Le traitement (a` savoir le chole´calcife´rol) se re´ve`le efficace pour augmenter la concentration en 25VITD et ce, sans conse´quence sur la calce´mie et la phosphate´mie [41– 43,67]. L’effet sur la PTH est plus limite´ dans ces e´tudes, meˆme si une tendance semble se de´gager pour ce parame`tre [67], dont la variabilite´ en dialyse, impose probablement des e´tudes sur un plus grand e´chantillon [41]. Une e´tude a e´galement sugge´re´ un effet be´ne´fique en terme de survenue de fractures [43].

Les animaux invalide´s pour klotho ont une e´le´vation des concentrations circulantes de [1,25]VITD, conse´quence de la surexpression de la 1a-hydroxylase et de la diminution de l’expression de la 24-hydroxylase [101]. Ces deux enzymes sont normalement re´gule´es par la vitamine D, mais cette re´gulation est de´faillante chez les animaux invalide´s pour klotho, sugge´rant ainsi que la pre´sence de klotho est indispensable pour le me´tabolisme normal de la vitamine D. Cette perte de re´gulation de la vitamine D serait responsable de l’augmentation de la mortalite´ chez les animaux invalide´s pour klotho ou FGF-23. Un phe´notype normal peut d’ailleurs eˆtre re´tabli chez ces animaux s’ils sont croise´s ge´ne´tiquement avec des animaux de´ficients en 1a-hydroxylase ou en VDR [102,103]. L’administration de vitamine D stimule l’expression et la production de klotho, alors que cette augmentation de klotho a un effet freinateur sur la synthe`se de vitamine D active. Ainsi, une e´tude observationnelle sugge`re qu’un variant ge´ne´tique particulier de klotho (rs577912) pourrait eˆtre associe´ a` une diminution de l’espe´rance de vie chez les patients dialyse´s traite´s par vitamine D active [104]. 7.3. Un effet positif sur l’hypertrophie ventriculaire gauche ?

7. Effets ple´¨ıotropiques de la vitamine D Outre ces effets classiques, des effets ple´ı¨otropiques ont e´te´ sugge´re´s pour la vitamine D [16,38]. En effet, il est ave´re´ que de tre`s nombreuses cellules de l’organisme, mais aussi des cellules pathologiques comme les cellules tumorales, expriment le VDR [11]. L’expression de ce VDR a stimule´ la recherche sur d’hypothe´tiques autres roˆles de la vitamine D. Ainsi, sont de´crits des effets potentiellement inte´ressants en cas de cancer, d’hypertension arte´rielle, de diabe`te, d’infection ou d’inflammation (immunomodulation), de syndrome me´tabolique, d’obe´site´ et de maladies cardiovasculaires, au sens large du terme mais aussi en terme de prote´inurie et de progression de la MRC [16,34,93– 96]. Dans le contexte de la dialyse, l’effet ple´ı¨otropique le plus e´tudie´ est celui pouvant interfe´rer avec la surmortalite´ cardiovasculaire observe´e chez ces patients [97]. L’explication de cette surmortalite´ lie´e a` la MRC est complexe et probablement multifactorielle. Nous de´velopperons trois. 7.1. Anomalies du me´tabolisme phosphocalcique La premie`re raison la plus souvent e´voque´e est justement lie´e aux anomalies du me´tabolisme phosphocalcique. Brie`vement, l’hypothe`se qui pre´vaut aujourd’hui serait un lien physiopathologique entre ces diffe´rentes anomalies et le risque de de´velopper et/ou d’acce´le´rer le de´veloppement des calcifications cardiovasculaires (coronaires, aortiques ou valvulaires), ces calcifications e´tant elles-meˆmes associe´es, dans des e´tudes observationnelles, avec le risque accru de morbi-mortalite´ cardiovasculaire. Dans toute cette construction physiopathologique tre`s complexe, la vitamine D pourrait e´galement jouer un roˆle be´ne´fique direct sur le de´veloppement de calcifications vasculaires, notamment dans certains mode`les expe´rimentaux [34,98]. Cependant, il faut aussi rappeler que la vitamine D peut favoriser le de´veloppement des calcifications vasculaires si elle est utilise´e a` fortes doses, en entraıˆnant une hypercalce´mie et une hyperphosphate´mie, qui semblent eˆtre des facteurs physiopathologiques importants pour le de´veloppement des calcifications vasculaires [34,98–100]. 7.2. Modulation de la prote´ine klotho L’effet positif de la vitamine D sur la survie pourrait e´galement passer par la modulation de la prote´ine klotho. En effet, la vitamine D et klotho se re´gulent re´ciproquement.

L’effet be´ne´fique de la vitamine D sur la morbi-mortalite´ cardiovasculaire est enfin aussi explique´, dans certains mode`les expe´rimentaux, par un effet positif suspecte´ sur l’hypertrophie ventriculaire gauche (HVG), mais la plupart des mode`les e´tudient la vitamine D active (ou des de´rive´s) [105–108]. Ceci dit, les re´sultats re´cents de deux grandes e´tudes randomise´es ont e´choue´ a` de´montrer un effet positif de la vitamine D (en l’occurrence le paricalcitol, un de´rive´ de la vitamine D active) sur cette HVG de patients avec une MRC [109,110]. En dehors des donne´es fondamentales, de tre`s nombreuses donne´es e´pide´miologiques sugge`rent un effet be´ne´fique de la vitamine D sur la mortalite´. Ainsi, une concentration basse en 25VITD est associe´e a` la mortalite´ globale, que ce soit en population MRC ou en population dialyse´e [36,80,111–114]. De meˆme, des donne´es purement observationnelles, et le plus souvent re´trospectives, sugge`rent qu’un traitement par vitamine D active [115–120] ou par de´rive´s de vitamine D active [118,120–122] est associe´ a` une moindre mortalite´. Malheureusement, tre`s peu de donne´es sont disponibles avec la vitamine D native. De plus, ces donne´es, certes encourageantes, doivent eˆtre confirme´es dans des e´tudes prospectives randomise´es ad hoc. En effet, les mode`les statistiques, quelques complique´s qu’ils soient, ne peuvent pas prendre en compte toutes les co-variables, et elles sont potentiellement nombreuses, pouvant interagir entre vitamine D et mortalite´. Ce ne serait pas, par ailleurs, la premie`re fois en ne´phrologie, que des donne´es observationnelles ne sont pas confirme´es dans des essais prospectifs randomise´s. 8. Conclusions Notre connaissance des roˆles de la vitamine D chez le patient avec une MRC et/ou chez le patient dialyse´ n’a cesse´ de croıˆtre au cours du temps et au gre´ de l’e´volution des connaissances. Il semble justifie´ de nos jours, meˆme si le degre´ d’e´vidence (notamment pour les effets ple´ı¨otropiques) reste bas, de supple´menter en vitamine D native les patients qui pre´sentent une concentration plasmatique infe´rieure a` la cible recherche´e. Les ne´phrologues, y compris les ne´phrologues d’outreAtlantique (qui ont toujours e´te´ de grands consommateurs de vitamine D active) semblent rede´couvrir les bienfaits de la vitamine D native. Le pourcentage de patients traite´s par vitamine D native passe en effet de 10 % en 2003 a` 44 % en 2011 chez les

Pour citer cet article : Delanaye P, et al. Place de la vitamine D native en dialyse. Ne´phrol ther (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.nephro.2014.10.004

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3939 sujets d’une grande cohorte de patients avec MRC (mais non dialyse´s) aux E´tats-Unis. Sur la meˆme pe´riode, la prescription en vitamine D active est reste´e stable (2 a` 3 %). De manie`re inte´ressante, on constate que l’ergocalcife´rol e´tait prescrit chez 69 % des patients traite´s en 2003 alors qu’en 2010, 77 % des patients traite´s l’e´taient par du chole´calcife´rol [123]. Sur la base des donne´es de´crites dans cet article, et a` la suite de la me´ta-analyse publie´e par Kandula et al. [68], on peut raisonnablement affirmer qu’en cas de MRC terminale, un traitement par vitamine D native est efficace pour :  augmenter la concentration plasmatique de 25VITD ;  augmenter les concentrations de [1,25]VITD ;  probablement diminuer la PTH, ceci sans effet ne´faste sur la calce´mie ni la phosphate´mie. Les e´pisodes d’hypercalce´mie et d’hyperphosphate´mie apparaissent rares [68]. Comme en population ge´ne´rale, le chole´calcife´rol semble plus efficace que l’ergocalcife´rol [92]. Ces re´sultats doivent cependant eˆtre comple´te´s et renforce´s par des e´tudes randomise´es incluant un plus grand nombre de patients et avec une dure´e de suivi plus longue. Sur base des e´tudes pre´sente´es dans les Tableaux 1 et 2, deux types de prescriptions, a` la fois simples et efficaces, peuvent eˆtre sugge´re´es (a` de´faut d’eˆtre re´ellement recommande´es), a` savoir 25 000 unite´s de chole´calcife´rol par semaine [43,67] ou 100 000 unite´s par mois [71]. La dose peut ensuite eˆtre adapte´e en fonction des concentrations mensuelles sanguines de 25VITD, sachant qu’un plateau ne sera pas atteint, lorsqu’un traitement est initie´, avant trois mois [67]. Enfin, et la question peut se poser, notamment du point de vue pharmaco-e´conomique, nous attendons avec impatience des e´tudes comparant prospectivement et de manie`re randomise´e, les effets de la vitamine D native et de la vitamine active (ou des de´rive´s), en situation de MRC et de MRC terminale, que ce soit avec des crite`res de jugement « phosphocalciques » ou des crite`res de jugement plus durs, base´s sur les e´ventuels effets ple´ı¨otropiques. ˆ ts De´claration d’inte´re Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences [1] Gray R, Boyle I, Deluca HF. Vitamin D metabolism: the role of kidney tissue. Science 1971;172:1232–4. [2] Ponchon G, Deluca HF. The role of the liver in the metabolism of vitamin D. J Clin Invest 1969;48:1273–9. [3] Bikle DD, Gee E, Halloran B, Kowalski MA, Ryzen E, Haddad JG. Assessment of the free fraction of 25-hydroxyvitamin D in serum and its regulation by albumin and the vitamin D-binding protein. J Clin Endocrinol Metab 1986;63:954–9. [4] Nigwekar SU, Bhan I, Thadhani R. Ergocalciferol and cholecalciferol in CKD. Am J Kidney Dis 2012;60:139–56. [5] Hewison M, Zehnder D, Bland R, Stewart PM. 1alpha-Hydroxylase and the action of vitamin D. J Mol Endocrinol 2000;25:141–8. [6] Zehnder D, Bland R, Walker EA, Bradwell AR, Howie AJ, Hewison M, et al. Expression of 25-hydroxyvitamin D3-1alpha-hydroxylase in the human kidney. J Am Soc Nephrol 1999;10:2465–73. [7] Bland R, Zehnder D, Hughes SV, Ronco PM, Stewart PM, Hewison M. Regulation of vitamin D-1alpha-hydroxylase in a human cortical collecting duct cell line. Kidney Int 2001;60:1277–86. [8] Fraser DR, Kodicek E. Unique biosynthesis by kidney of a biological active vitamin D metabolite. Nature 1970;228:764–6. [9] Lawson DE, Fraser DR, Kodicek E, Morris HR, Williams DH. Identification of 1,25-dihydroxycholecalciferol, a new kidney hormone controlling calcium metabolism. Nature 1971;230:228–30. [10] Nykjaer A, Dragun D, Walther D, Vorum H, Jacobsen C, Herz J, et al. An endocytic pathway essential for renal uptake and activation of the steroid 25(OH) vitamin D3. Cell 1999;96:507–15. [11] Holick MF. Vitamin D and the kidney. Kidney Int 1987;32:912–29. [12] Myrtle JF, Norman AW. Vitamin D: A cholecalciferol metabolite highly active in promoting intestinal calcium transport. Science 1971;171:79–82.

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Pour citer cet article : Delanaye P, et al. Place de la vitamine D native en dialyse. Ne´phrol ther (2015), http://dx.doi.org/10.1016/ j.nephro.2014.10.004

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[Native vitamin D in dialysis patients].

Chronic kidney disease is frequent and usually responsible of mineral and bone disorder. These abnormalities lead to increased morbidity and mortality...
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