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L’e´volution des faux ane´vrysmes de la voie d’e´jection du VD est lente, souvent silencieuse et leur expression symptomatologique est due au de´veloppement de leurs conse´quences, avec une propension facile a` la rupture [1,3]. Si la radiographie du thorax permet de suspecter la pre´sence, l’e´chocardiographie permet d’en e´tablir le diagnostic [5]. Les techniques d’imagerie peuvent eˆtre contributives a` l’e´tude des rapports de la poche avec les structures me´diastinales de voisinage et le sternum, information essentielle avant une resternotomie. L’hyperpression re´siduelle du VD, le contexte fortement pe´joratif de la me´diastinite candidosique, la situation du faux ane´vrysme directement accole´ au sternum, sa fissuration, l’urgence de l’intervention et l’impossibilite´ de la canulation fe´morale ont e´te´ autant de facteurs de´terminants de l’issue fatale. Le faux ane´vrysme de la voie d’e´jection du VD est une complication rare mais redoutable de la chirurgie de re´paration des cardiopathies conge´nitales. Il doit eˆtre toujours suspecte´ et recherche´ en cas de ventriculotomie droite, meˆme en l’absence de toute symptomatologie et essentiellement, en pre´sence d’hyperpression ventriculaire droite. Son de´veloppement dans un contexte de me´diastinite candidosique et a fortiori de candide´mie, est d’e´volution pe´jorative malgre´ le choix optimal the´rapeutique. De´claration d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences [1] Mack T, Vachon T, Boswell G. Right ventricular outflow tract pseudoaneurysm: two cases. J Cardiovasc Comput Tomogr 2011;5:336–7. [2] Levine JC, Mayer JE, Keane JF, Spevak PJ, Sanders SP. Anastomotic pseudoaneurysm of the ventricle after homograft placement in children. Ann Thorac Surg 1995;59:60–6. [3] Moruno Tirado A, Santos de Soto J, Gavila´n Camacho JL, Alvarez Madrid A, Gil ˜ orans A. Postsurgical pseudoaneurysm of the right Fournier M, Descalzo Sen ventricular outflow tract. Rev Esp Cardiol 2005;58:313–5. [4] Ono M, Fukushima N, Ohtake S, Matsuda H. Infectious false aneurysm of the right ventricular outflow tract after repair of congenital heart defect treated with Freestyle aortic bioprothesis. Interact Cardiovasc Thorac Surg 2003;2:105–7. [5] Lepelletier D, Perron S, Michaud JL. Me´diastinites apre`s chirurgie cardiaque : incidence, microbiologie et facteurs de risque. Antibiotiques 2005;7: 18–22. [6] Glo¨ckner AN, Cornely OA. Practical considerations on current guidelines for the management of non-neutropenic adult patients with candidaemia. Mycoses 2013;56:11–20.

I. Maaroufia,*, A. Hatim El Ghadbaneb, M. Elouennassc, B. Amahzouned, A. Boulahyad a Service de chirurgie cardiovasculaire B, hoˆpital Ibn Sina, Rabat, Maroc b Unite´ de re´animation, service de chirurgie cardiovasculaire, hoˆpital militaire d’instruction Mohamed V, Rabat, Maroc c Service de bacte´riologie, hoˆpital militaire d’instruction Mohamed V, Rabat, Maroc d Service de chirurgie cardiovasculaire, hoˆpital militaire d’instruction Mohamed V, Rabat, Maroc *Auteur correspondant Adresse e-mail : ilham.maaroufi[email protected] (I. Maaroufi) Disponible sur Internet le 24 mars 2014 http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.02.017

Me´ningite apre`s rachianesthe´sie : pensez a` la bupivacaı¨ne ! Me´ningitis after spinal anesthesia: Think about bupivacaı¨ne! I N F O A R T I C L E

Mots cle´s : Me´ningite Bupivacaı¨ne Rachianesthe´sie Ce´sarienne Keywords: Meningitis Bupivacaı¨ne Spinal anesthesia Caesarean section

Les me´ningites compliquant une anesthe´sie pe´ridurale ou une rachianesthe´sie sont rares. Dans la plupart des cas, il s’agit de me´ningites bacte´riennes, mais des me´ningites chimiques aseptiques sont e´galement rapporte´es, notamment suite a` l’administration de bupivacaı¨ne, un anesthe´sique local tre`s largement utilise´. Nous rapportons un cas de me´ningite aseptique a` la bupivacaı¨ne compliquant une rachianesthe´sie. Une patiente de 31 ans (68 kg, 156 cm) e´tait admise en clinique pour ce´sarienne programme´e a` 38 SA + 2 jours pour bassin e´troit. Dans ses ante´ce´dents on notait une appendicectomie, une fausse couche spontane´e et une grossesse mene´e a` terme 3 ans auparavant. La grossesse e´tait de de´roulement normal. La patiente be´ne´ficiait d’une rachianesthe´sie L4-L5 avec 12,5 mg de bupivacaı¨ne hyperbare associe´e a` 100 mg de morphine. La rachianesthe´sie e´tait re´alise´e selon les re`gles d’asepsie. Un champ ste´rile e´tait utilise´. L’ope´rateur portait un masque, un calot et des gants ste´riles. La de´sinfection cutane´e en trois temps e´tait faite par povidone ionique (Be´tadine1). Une antibioprophylaxie e´tait re´alise´e par 2 g de ce´fazoline. La ce´sarienne e´tait re´alise´e sans proble`me particulier. En postope´ratoire, le traitement antalgique associait parace´tamol, ne´fopam et profe´nid. La patiente sortait de SSPI a` h + 2. Quinze heures apre`s l’intervention, la patiente e´tait trouve´e inconsciente au sol dans sa chambre. Elle e´tait prise en charge par l’anesthe´siste-re´animateur et transfe´re´e en unite´ de soins intensifs de la clinique. La persistance des troubles de la conscience, Glasgow coma scale 6 (Y2V1M3), conduisait a` une intubation et une se´dation par midazolam et sufentanil. Elle e´tait apyre´tique. L’examen clinique ne montrait aucun de´ficit moteur focalise´. La glyce´mie sanguine e´tait normale ainsi que les constantes he´modynamiques et ventilatoires. La patiente e´tait transfe´re´e par Smur en Salle d’accueil des urgences vitales du CHRU. L’IRM ce´re´brale objectivait un hypersignal cortical biparie´tal avec e´galement une atteinte frontale gauche pre´sentant une topographie d’allure jonctionnelle sur la se´quence de diffusion. La se´quence T2 Flair retrouvait un hypersignal diffus au niveau des espaces leptome´ninge´s. Ces le´sions e´taient compatibles avec une me´ningite, une he´morragie me´ninge´e ou un e´tat de mal e´pileptique. Elle e´tait prise en charge dans le service de re´animation me´dicale. A` l’admission, la patiente e´tait RAMSAY 5 sous midazolam 7 mg/h et sufentanil 35 mg/h. La se´dation e´tait arreˆte´e de`s l’admission. L’e´lectroence´phalogramme montrait un trace´ d’ence´phalopathie diffuse aspe´cifique. Une ponction lombaire objectivait un liquide trouble, normotendu. L’examen du LCR montrait 1990 e´le´ments blancs (90 % de PNN), une hyperprote´inorachie a` 4,5 g/L et une hypoglycorachie a` 0,2 mmol/L (glyce´mie a` 0,6 mmol/L). Une antibiothe´rapie associant ce´fotaxime 300 mg/j intraveineux et vancomycine IVSE

Observation actuelle

[1]

[2]

[3]

[4]

[5]

Aˆge (ans)/sexe

31/F

34/F

67/F

16/H

36/H

34/F

24/F

42/F

42/F

Circonstances

Rachianesthe´sie pour ce´sarienne

Rachianesthe´sie pour ce´sarienne

Rachianesthe´sie pour stripping de varices

Rachianesthe´sie pour chirurgie orthope´dique

Rachianesthe´sie pour me´nisectomie

Rachianesthe´sie pour ce´sarienne

Rachianesthe´sie pour ce´sarienne

Rachianesthe´sie pour chirurgie urologique

Rachianesthe´sie pour hyste´rectomie

Posologie (mg)

12,5

10

10

10

14









De´lai d’apparition des symptoˆmes (h)

15

2

24

2

10

2

1

12

13

Symptoˆmes

Coma

Syndrome me´ninge´ Somnolence

Syndrome me´ninge´ et confusionnel

Syndrome me´ninge´ et confusionnel

Syndrome me´ninge´ et confusionnel

Syndrome me´ninge´ et confusionnel

Syndrome me´ninge´ et confusionnel Prurit facial

Syndrome me´ninge´ et confusionnel

Syndrome me´ninge´ et confusionnel

T8 a` l’admission (8C)

37

39,1

39











Examen du LCR E´le´ments blancs (n/mm3) PNN/mm3 (%) Prote´inorachie (mg/dL) Glycorachie (mg/dL) Imagerie ce´re´brale E´volution

1900 80 450 36 IRM anormale Gue´rison en 3 j

3040 90 401 44 IRM normale Gue´rison en 3 j

5000 86 236 78 TDM normal Gue´rison en 10 h

7700 93 360 50 – Gue´rison

5776 100 315 50 – Gue´rison

1306 65 504 23 – Gue´rison en 24 h

2800 70 198 68 – Gue´rison

5800 74 % 258 70 – Gue´rison

8000 90 60 57 TDM normal Gue´rison en 48 h

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Tableau 1 Cas rapporte´s de me´ningites a` la bupivacaı¨ne.

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30 mg/kg e´tait imme´diatement de´bute´e, associe´e a` une corticothe´rapie par de´xame´thasone 10 mg/8 h intraveineux. Le re´veil de la patiente e´tait rapide et agite´, conduisant a` une extubation le jour de l’admission. L’e´volution clinique e´tait marque´e par la persistance d’une obnubilation a` 24 heures et la re´gression comple`te des troubles neurologiques en 48 heures. Les examens bacte´riologiques du LCR (coloration Gram, PCR) e´tant tous ne´gatifs a` 72 heures, conduisant a` l’arreˆt de l’antibiothe´rapie et de la corticothe´rapie. Le diagnostic retenu e´tait celui d’une me´ningite aseptique a` la bupivacaı¨ne. La patiente e´tait transfe´re´e a` la maternite´ de la clinique apre`s 4 jours d’hospitalisation en re´animation. La conscience e´tait normale, la patiente e´tait parfaitement oriente´e et asymptomatique. Le diagnostic de me´ningite aseptique a` la bupivacaı¨ne est le plus probable en raison des e´le´ments suivants :  les anomalies du LCR, caracte´rise´es par une ple´iocytose importante (1900 e´le´ments/mm3) et une prote´inorachie e´leve´e (450 mg/dL) quelques heures apre`s la re´alisation de la rachianesthe´sie concordent avec les rares cas de me´ningite a` la bupivacaı¨ne de´crits dans la litte´rature (Tableau 1) [1–5] ;  la ne´gativite´ de l’ensemble des examens bacte´riologiques du LCR et sanguins. La patiente a rec¸u 1 g de ce´fazoline en prophylaxie en pre´ope´ratoire. La diffusion dans le LCR de cet antibiotique e´tant tre`s mauvaise, cette administration n’a pas faussement ne´gative´ les examens bacte´riologiques du LCR. En outre, les PCR me´ningocoque et pneumocoque dans le LCR se sont aussi re´ve´le´es ne´gatives ;  le de´lai d’apparition des symptoˆmes, relativement bref apre`s la rachianesthe´sie et la ne´gativite´ des examens permettent d’e´carter une me´ningite bacte´rienne, a fortiori nosocomiale ;  l’e´volution rapidement e´tait favorable en moins de 48 heures. Diffe´rents agents ont de´ja` e´te´ incrimine´s dans les me´ningites aseptiques chimiques post-ponction lombaire : produits de contraste lors de mye´lographies, chimiothe´rapies intrathe´cales, de´sinfectants cutane´s, talc des gants, produits anesthe´siques [4]. Des me´ningites aseptiques ont e´galement e´te´ rapporte´es en l’absence de ponction lombaire apre`s prise d’anti-inflammatoires non ste´roı¨diens, d’antibiotiques, d’immunoglobulines IV, d’OKT3 – principalement – mais aussi de carbamaze´pine, de sulfasalazine, de phe´nazopiridine, de zilmenidine, de cytarabine, d’azathioprine, de ranitidine, du vaccin contre l’he´patite B et d’intoxication a` l’acide salicylique [6]. Le tableau clinique de me´ningite a` la bupivacaı¨ne est celui d’une me´ningite bacte´rienne : syndrome me´ninge´ fe´brile, toujours associe´ a` des signes d’ence´phalopathie : syndrome confusionnel ou troubles de la vigilance, ple´iocytose importante a` pre´dominance de polynucle´aires neutrophiles, hyperprote´inorachie importante avec ou sans hypoglycorachie. Notre cas est le seul rapportant une imagerie ce´re´brale anormale. Le de´lai se´parant le geste de l’apparition des symptoˆmes varie de 1 h a` 24 h. La gue´rison est toujours totale, sans se´quelle, survenant dans un de´lai variant de 10 h a` 3 jours. Les anesthe´siques locaux, dont la bupivacaı¨ne, auraient des proprie´te´s bacte´riostatiques in vitro [7,8]. Leur influence sur la modification du LCR au cours d’une me´ningite infectieuse n’est pas e´tablie. A` noter d’autres cas rapporte´s de me´ningites aseptiques post-anesthe´sie pe´ridurale ou rachianesthe´sie re´alise´es avec des mole´cules proches de la bupivacaı¨ne : te´tracaı¨ne, dibucaı¨ne [9,10]. Les tableaux clinico-biologiques de´crits sont similaires a` ceux de´crits pour la bupivacaı¨ne. Le me´canisme de survenue de me´ningite a` la bupivacaı¨ne est inconnu. Il pourrait eˆtre re´actionnel par toxicite´ directe de l’anesthe´sique ou immunoallergique. Devant un tableau de me´ningite post-rachianesthe´sie, le diagnostic de me´ningite a` la bupivacaı¨ne reste un diagnostic d’e´limination et la prise en charge devra toujours comprendre une

analyse du LCR et la mise en place d’une antibiothe´rapie probabiliste pre´coce. La connaissance de cette entite´ e´tiologique parait toutefois importante afin d’e´viter une nouvelle exposition a` la bupivacaı¨ne et une antibiothe´rapie prolonge´e inutile. ˆ ts De´claration d’inte´re Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences [1] Tateno F, Sakakibara R, Kishi M, Ogawa E. Bupivacaine-induced chemical meningitis. J Neurol 2010;257:1327–9. [2] Lambotte O, Bafounta J, Bouvet E. Un cas de me´ningite aseptique a` la bupivacaı¨ne. Med Mal Infect 1997;27:314–6. [3] Besocke AG, Santamarina R, Romano LM, Femminini RA. [Bupivacaine induced aseptic meningitis]. Neurologia 2007;22:551–2. [4] Francois B, Duval X, Le Moing V, Bruneel F, Leport C, Vilde JL. Me´ningite a` la bupivacaı¨ne. Rev Med Interne 1999;20:719–20. [5] Santos MC, de Albuquerque BC, Monte RL, Filho GG, Alecrim M. Outbreak of chemical meningitis following spinal anesthesia caused by chemically related bupivacaine. Infect Control Hosp Epidemiol 2009;30:922–4. [6] Moris G, Garcia-Monco JC. The challenge of drug-induced aseptic meningitis. Arch Intern Med 1999;159:1185–94. [7] Rosenberg PH, Renkonen OV. Antimicrobial activity of bupivacaine and morphine. Anesthesiology 1985;62:178–9. [8] Aydin ON, Eyigor M, Aydin N. Antimicrobial activity of ropivacaine and other local anaesthetics. Eur J Anaesthesiol 2001;18:687–94. [9] Easley RB, George R, Connors D, Tobias JD. Aseptic meningitis after spinal anesthesia in an infant. Anesthesiology 1999;91:305–7. [10] Bert AA, Laasberg LH. Aseptic meningitis following spinal anesthesia – a complication of the past? Anesthesiology 1985;62:674–7.

A. Ducornet, F. Brousous, C. Jacob, P.-Y. Egreteau, J.-M. Tonnelier* Service de re´animation me´dicale, poˆle ARSIBOU, CHRU de la Cavale-Blanche, boulevard Tanguy-Prigent, 29609 Brest cedex, France *Auteur correspondant Adresse e-mail : [email protected] (A. Ducornet) Disponible sur Internet le 26 mars 2014 http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.02.019

Acute kidney injury et cancer Acute kidney injury and cancer

I N F O A R T I C L E

Mots cle´s : Acute kidney injury Cancer He´mopathies malignes Keywords: Acute kidney injury Cancer Haematological malignancies

Le de´veloppement d’un acute kidney injury (AKI) complique fortement la prise en charge des patients atteints de cancer. L’enjeu est marque´ non seulement par la morbidite´ et la mortalite´ propre de l’AKI, mais aussi par son influence sur les traitements

[Meningitis after spinal anesthesia: think about bupivacaine!].

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