E´DITORIAL

Les disparite´s en facturation : tout le monde paie e ratio patients:dermatologue devrait eˆtre de 65 000:1 selon le point de repe`re national e´tabli par le Colle`ge royal des me´decins et chirurgiens.1 L’Alliance canadienne des patients en dermatologie (ACPD) a fixe´ a` 5 semaines la pe´riode d’attente acceptable pour consulter un dermatologue.2 Nous ne respectons malheureusement aucun des deux points de repe`re nationaux pour ce qui est du soin des patients. En ce qui concerne le ratio me´decin:patients, nous ratons l’objectif dans 7 provinces sur 10, comme le signalait l’ACPD en 2012.2 Entretemps, l’Association canadienne de dermatologie signale que les temps d’attente de´passent actuellement 12 semaines.3 Pourquoi ne sommes-nous pas a` la hauteur? La re´ponse simple, c’est qu’il n’y a pas suffisamment de dermatologues au Canada et que leur nombre est d’une faiblesse abysmale dans certaines re´gions du pays. Les causes de cette pe´nurie nationale de spe´cialistes du soin de la peau sont en re´alite´ multiples et complexes. La question de la re´mune´ration est toutefois certainement facile a` pointer du doigt comme grande coupable. En fait, elle est lie´e a` d’autres facteurs qui jouent sur le nombre de me´decins qui de´cident de se spe´cialiser en dermatologie, ainsi que sur celui des professionnels qui restent dans la profession. Le fond du proble`me, c’est l’iniquite´. Il existe des disparite´s importantes au niveau de la re´mune´ration entre les provinces et les territoires, la Colombie-Britannique affichant le taux de re´mune´ration le plus faible au Canada mais un des couˆts de la vie les plus e´leve´s. C’est pourquoi il est particulie`rement difficile de recruter de jeunes dermatologues dans cette province ou de les y garder. Des dermatologues s’en vont travailler sous des cieux plus cle´ments, tandis que d’autres prennent leur mal en patience ou trouvent d’autres sources de revenu en dehors du secteur public (p. ex., en exe´cutant des interventions de dermatologie en dehors du RAMO/MSP). Comparativement a` la moyenne nationale, par exemple, le Nouveau-Brunswick augmente le recrutement et le

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maintien en poste.2 Y a-t-il un lien avec la re´mune´ration? Une comparaison pourrait e´clairer un peu la situation. La moyenne nationale des honoraires pour une consultation comple`te s’e´tablit a` 78,99 $. Il en couˆte 119,60 $ en Nouvelle-E´cosse et 102,95 $ au Nouveau-Brunswick, comparativement a` 59,66 $ en Colombie-Britannique et 69,03 $ en Alberta.2 Quiconque a proclame´ « Allez a` l’Ouest, jeune homme » (ou jeune femme, selon le cas) ne s’adressait certainement pas a` un re´sident en dermatologie. Au contraire, on pourrait plutoˆt conseiller au dermatologiste de se diriger vers l’Est. Ne´anmoins, les temps d’attente au Nouveau-Brunswick sont d’une longueur e´tonnante meˆme si l’effectif de dermatologues y est plus complet. Il convient de toutefois de signaler aussi que meˆme si la plupart des dermatologues de cette province de l’Est sont concentre´s dans trois grandes localite´s, trois quarts des patients vivent en pe´riphe´rie. Il ne faut donc pas s’e´tonner vraiment que cela ait des re´percussions sur le soin des patients en aval. Des patients se plaindront probablement, et en particulier ceux qui attendent un rendez-vous ou qui sont force´s de se rendre dans un grand centre consulter un des trop rares dermatologues qui exercent dans leur province ou territoire. Le proble`me comporte aussi un volet e´ducation. Il ne faut pas oublier qu’il faut 5 ans de formation apre`s la faculte´ de me´decine pour devenir dermatologue. Jusqu’a` re´cemment, le nombre de places de formation au Canada e´tait aussi limite´; lorsque j’ai suivi ma formation, il y en avait quatre au Canada. Beaucoup de dermatologues rec¸oivent des patients a` temps partiel seulement a` cause d’autres engagements. Beaucoup d’e´tudiants en me´decine choisissent la dermatologie comme spe´cialite´ pour les « bonnes raisons » : ils constatent qu’il y a un besoin et ils veulent aider. La re´alite´, c’est toutefois que leur profession doit eˆtre viable pour justifier d’y perse´ve´rer. Les e´tudiants cessent de choisir cette spe´cialite´ tandis que les dermatologues en exercice offrent davantage de services d’interventions cosme´tiques pour joindre les deux bouts, quittent le syste`me public ou de´me´nagent dans une autre province. Un dermatologue de Kamloops se rend a`

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Terre-Neuve en avion 2 semaines par mois pour augmenter son revenu.4 Il gagne maintenant plus comme dermatologue a` temps partiel qu’il le faisait lorsqu’il exerc¸ait a` temps plein en Colombie-Britannique. Il y a un autre proble`me : e´tant donne´ qu’ils ont moyenne 55 ans,5 beaucoup de dermatologues canadiens approchent de la retraite a` un taux qui de´passe de loin la demande accrue de nos services. Selon le rapport de l’ACPD, il faudrait que le nombre d’e´quivalents temps plein de dermatologues augmente de 6,2 % par anne´e pour suivre les de´parts a` la retraite et re´pondre aux exigences futures impose´es a` notre profession.2 Comme le signalait re´cemment le Dr Evert Tuyp, pre´sident de la Section de dermatologie de la C.-B. au cours d’une entrevue qu’il donnait a` un journal, « Le nombre de dermatologues deviendra acceptable seulement si les honoraires augmentent bien au-dessus de la moyenne au Canada et si le nombre de re´sidents double sur-lechamp, mais cela prendra 20 ans. »6 La dermatologie constitue de´ja` une petite communaute´ me´dicale au Canada; nous ne pouvons pas nous permettre qu’elle devienne une profession en voie de disparition. Les effectifs a` la baisse dans notre domaine sont loin d’indiquer un ralentissement de la tendance ou une diminution du besoin de soins en dermatologie : ils refle`tent plutoˆt une pe´nurie de spe´cialistes du soin de la peau ne´cessaires pour traiter les patients maintenant et a` l’avenir.

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Entretemps, les dermatologues devront continuer d’exercer des pressions en faveur du changement afin de re´gler ce qui peut eˆtre conside´re´ seulement comme une politique injuste et mal guide´e qui pe´nalise a` la fois le me´decin et le patient. En fin de compte, tous paient. Jason K. Rivers MD, FRCPC Re´dacteur en chef

References 1. Colle`ge royal des me´decins et chirurgiens du Canada. National specialty physician review. Juillet 1988. 2. Alliance canadienne des patients en dermatologie. La peau en profondeur: carte d’e´valuation sur l’acce`s aux soins et aux traitements dermatologiques au Canada 2012. Disponible a` : http://www.cana dianskin.ca. 3. Kunimoto B. Praticiens moins nombreux, pe´riodes d’attente plus longues en C.-B. Association canadienne de dermatologie eBulletin septembre 2013. Disponible a`: http://www.dermatology.ca/wp-content/ uploads/2013/09/Editorial-BC-Wait-Times-Article-SEPT-2013-FR.pdf. 4. Fayerman P. British Columbia suffers shortage of dermatologists. Vancouver Sun 20 novembre 2013. Disponible a`: http://www. vancouversun.com/story_print.html?id59192024&sponsor5true. 5. Chow EY, Searles GE. The amazing vanishing Canadian dermatologist: results from the 2006 Canadian Dermatology Association Member Survey. J Cutan Med Surg 2010;14:71–9. 6. Tuyp E. Only fair rates will keep doctors in BC. Nanaimo Daily News 18 janvier 2014. Disponible a`: http://www.nanaimodailynews.com/ only-fair-rates-of-pay-will-keep-doctors-in-b-c-1.793883.

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