Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 43 (2015) 163–165

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Quoi de neuf en gyne´cologie-obste´trique ?

ADN fœtal libre dans le sang maternel Fetal DNA in maternal plasma and serum A. Letourneau a,b, J.-M. Costa c, A. Benachi a,*,b a

Service de gyne´cologie-obste´trique et me´decine de la reproduction, hoˆpital Antoine-Be´cle`re, 157, rue de la Porte-de-Trivaux, 92141 Clamart, France Universite´ Paris Sud, 92140 Clamart, France c Laboratoire Cerba, rue de l’E´querre, 95130 Saint-Ouen-l’Aumoˆne, France b

I N F O A R T I C L E

Historique de l’article : Rec¸u le 3 novembre 2014 Accepte´ le 18 de´cembre 2014 Disponible sur Internet le 15 janvier 2015 Mots cle´s : ADN fœtal Sang maternel De´pistage pre´natal non invasif Trisomie 21 Keywords: Fetal DNA Maternal plasma and serum Noninvasive prenatal testing Down’s syndrome

1. Ge´ne´ralite´s sur le DPNI Depuis la de´couverte de la pre´sence d’ADN fœtal libre circulant dans le sang maternel au cours de la grossesse par Lo et al. [1] en 1997, de nombreux travaux ont e´te´ mene´s dans le but d’e´tudier des caracte´ristiques ge´ne´tiques fœtales sur la simple re´alisation d’un pre´le`vement sanguin maternel. Les premie`res applications ont e´te´ la de´termination du sexe fœtal [2] pour les maladies lie´es a` l’X et la de´termination du rhe´sus D fœtal [3] pour la pre´vention de l’allo-immunisation fœto-maternelle. De nombreuses e´quipes ont ensuite travaille´ sur la recherche d’anomalies chromosomiques fœtales sur le sang maternel, en utilisant diffe´rentes me´thodes de se´quenc¸age de l’ADN fœtal puisqu’environ 5–10 % de l’ADN libre circulant dans le sang maternel serait d’origine fœtale et plus pre´cise´ment placentaire.

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Benachi). http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2014.12.016 1297-9589/ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Le de´pistage pre´natal non invasif (DPNI) des aneuploı¨dies est aujourd’hui re´alise´ par la technique de se´quenc¸age ge´nomique paralle`le massif avec une tre`s grande sensibilite´ et spe´cificite´. En France, ce test est disponible depuis novembre 2013, en l’absence d’anomalie fœtale visible a` l’e´chographie, pour les patientes dont le fœtus pre´sente un risque accru de trisomie 21 a` l’issue du de´pistage du 1er ou du 2e trimestre, pour les patientes de plus de 38 ans n’ayant pu be´ne´ficier d’aucun de´pistage de la trisomie 21, en cas d’ante´ce´dent de fœtus porteur d’une trisomie 13, 18 ou 21 ou encore lorsque l’un des parents est porteur d’une translocation e´quilibre´e impliquant un chromosome 13, 18 ou 21. Meˆme si ce diagnostic peut eˆtre fait de`s 10 SA, il est donc actuellement propose´ a` ces patientes a` l’issue de l’e´chographie du 1er trimestre. En cas de positivite´, un pre´le`vement invasif de confirmation est re´alise´ avant qu’une de´cision soit prise par le couple. Une e´tude franc¸aise (SEHDA) re´alise´e sur 907 patientes a permis la validation de la technique sur la population franc¸aise. Ce DPNI n’est, pour l’instant, pas pris en charge par l’assurance maladie.

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2. Performances du DPNI en population ge´ne´rale : du de´pistage au diagnostic ? A` l’heure actuelle, en France, le DPNI n’est donc propose´ qu’aux patientes pre´sentant un risque accru de trisomie 21 fœtale a` l’issue du de´pistage : il s’agit de ce fait d’une population ou` la pre´valence de la trisomie 21 est plus e´leve´e que dans la population ge´ne´rale. La question des performances du DPNI en population ge´ne´rale se pose maintenant. L’e´quipe de Bianchi et al. [4] a ainsi compare´ les performances du DPNI par rapport aux marqueurs se´riques (avec ou sans mesure de la clarte´ nucale) pour le de´pistage des aneuploı¨dies ; 1914 patientes de plus de 18 ans pre´sentant une grossesse singleton ont e´te´ incluses dans l’e´tude. Toutes ont be´ne´ficie´ d’un de´pistage des aneuploı¨dies par les marqueurs se´riques maternels du 1er trimestre (PAPP-A et BhCG libre) ou du 2e trimestre (AFP, hCG, E2 et inhibine A), couple´s ou non a` la mesure de la clarte´ nucale fœtale au 1er trimestre. Un pre´le`vement sanguin maternel e´tait re´alise´ pour la recherche d’aneuploı¨die sur l’ADN fœtal circulant. L’issue de chaque grossesse e´tait de´termine´e soit par l’examen ne´onatal par un pe´diatre, soit par le re´sultat du caryotype en cas de pre´le`vement invasif ante´natal ou de fausse couche spontane´e. Cette e´tude retrouve un taux de faux positifs pour le diagnostic des trisomies 21 et 18 infe´rieur avec le DPNI qu’avec le de´pistage par les marqueurs se´riques (0,3 % vs 3,6 % pour la trisomie 21 avec p < 0,001 et 0,2 % vs 0,6 % pour la trisomie 18 avec p = 0,03). Par ailleurs, la valeur pre´dictive positive du DPNI e´tait supe´rieure a` celle du de´pistage par les marqueurs se´riques, a` savoir 45,5 % (95 % IC [16,7–76,6]) vs 4,2 % (95 % IC [0,9–11,7]) pour la trisomie 21 et 40 % (95 % IC [5,3–85,3]) vs 8,3 % (95 % IC [0,2–38,5]) pour la trisomie 18. Enfin, l’e´quipe de Bianchi a montre´ que la fraction fœtale moyenne (c’est-a`-dire le pourcentage moyen d’ADN fœtal circulant dans le sang maternel) ne diffe´rait pas significativement entre un groupe conside´re´ comme a` risque accru d’aneuploı¨die (aˆge maternel > 35 ans et/ou marqueurs se´riques les plac¸ant dans un groupe a` risque) et un groupe a` « faible risque » (aˆge maternel < 35 ans et marqueurs se´riques les plac¸ant dans un groupe a` faible risque). En combinant les re´sultats pour les trisomies 18 et 21, cette e´tude retrouve un taux de faux positifs de 4,2 % pour le de´pistage par les marqueurs se´riques et de 0,5 % pour le DPNI. De ce fait, il aurait e´te´ observe´ une diminution de 89 % des pre´le`vements invasifs re´alise´s en cas de de´pistage positif par le DPNI. Ces re´sultats corroborent ceux des e´tudes de Fairbrother et al. [5] et Gil et al. [6] publie´es en 2013. Fairbrother et al. [5] ont e´tudie´ les performances du DPNI par rapport au de´pistage par les marqueurs se´riques du 1er trimestre sur 289 patientes pre´sente´es comme « a` bas risque » d’aneuploı¨die. Dans cette cohorte, 4,5 % des patientes e´taient classe´es comme pre´sentant un risque accru de trisomie 21 a` l’issue du de´pistage par les marqueurs se´riques maternels du 1er trimestre, alors qu’aucun DPNI n’est revenu positif. La seule amniocente`se re´alise´e dans ce contexte retrouvait un caryotype normal chez le fœtus. Une limite de cette e´tude e´tait que les issues de grossesse n’e´taient pas toutes connues au moment de la publication de l’article. Gil et al. [6] sur une se´rie de 1005 grossesses singleton ont retrouve´ un taux de faux positif du DPNI de 0,1 %, contre 3,4 % pour le de´pistage par les marqueurs se´riques maternels du 1er trimestre. Le DPNI pourrait-il alors remplacer le de´pistage par les marqueurs se´riques maternels en France, en combinaison avec l’e´chographie du 1er trimestre ? En Belgique, le conseil supe´rieur de la sante´ (CSS) [7] a recommande´ de`s mai 2014 l’introduction du DPNI tant a` titre de

test primaire que secondaire (effectue´ a` la suite et sur la base des re´sultats du test combine´) mais en association dans tous les cas avec l’e´chographie du 1er trimestre, qui permet une datation de la grossesse, le diagnostic de chorionicite´ en cas de grossesse ge´mellaire et le de´pistage de nombreuses autres anomalies. Le DPNI ne pourrait eˆtre propose´ qu’aux patientes dont le fœtus ne pre´sente pas d’anomalie morphologique e´chographiquement de´celable. En test primaire, le DPNI permettrait de de´pister les fœtus porteurs de trisomie 21 non identifie´s par le de´pistage classique. En test secondaire, il entraıˆnerait une diminution drastique du nombre de pre´le`vements invasifs et donc du risque de fausse couche secondaire a` ces pre´le`vements. ˆ t pour la socie´te´ en cas de Une des questions souleve´es est le cou ge´ne´ralisation de ce DPNI a` toutes les femmes enceintes, puisqu’en France le de´pistage par les marqueurs se´riques maternels est pris en charge inte´gralement par l’assurance maladie. Le centre fe´de´ral d’expertise des soins de sante´ (KCE) en ˆ t total pendant la grossesse d’un Belgique [8] montre que le cou diagnostic de trisomie 21 fait par DPNI utilise´ en seconde ligne (donc apre`s un de´pistage classique par les marqueurs se´riques) est moins important que celui diagnostique´ par le de´pistage classique, en conservant les seuils actuels du de´pistage (a` savoir un classement de la patiente dans un groupe a` risque accru de trisomie 21 en cas d’e´valuation du risque d’anomalie chromosomique > 1/250). Une utilisation du DPNI en de´pistage primaire ne pourrait eˆtre envisage´e qu’avec une forte diminution ˆ t de celui-ci, rendue possible par l’augmentation du nombre du cou de pre´le`vements et la formation des laboratoires. Dans tous les cas, meˆme si le DPNI e´tait utilise´ en premie`re intention il resterait, en l’e´tat actuel de la technique utilise´e, un test de de´pistage puisqu’un controˆle du caryotype est ne´cessaire en cas de re´sultat positif.

3. Conclusion A` l’heure actuelle en France le DPNI peut eˆtre propose´ pour les patientes a` risque de trisomie 21 a` l’issue du de´pistage, avec un fœtus ne pre´sentant pas d’anomalie e´chographique visible et notamment une clarte´ nucale < 95e percentile. Il convient de rappeler que ce DPNI permet la recherche des trisomies 13, 18 et 21, mais ne permet pas d’e´tablir un caryotype fœtal. L’enjeu a` l’e´chelle nationale dans les anne´es a` venir sera de valider son utilisation en test de de´pistage primaire (donc en population a` bas risque) en association avec l’e´chographie du 1er trimestre, avec pour objectif d’ame´liorer encore les performances du de´pistage des aneuploı¨dies au 1er trimestre de la grossesse et de re´duire le taux de fausses couches lie´ a` la re´alisation des gestes invasifs. ˆ ts De´clarations d’inte´re J.-M. Costa est salarie´ du laboratoire CERBA et posse`de des parts de la socie´te´ CERBA. Le laboratoire CERBA est un laboratoire de biologie spe´cialise´e franc¸ais proposant le test non invasif sur le territoire franc¸ais. Re´fe´rences [1] Lo YM, Corbetta N, Chamberlain PF, Rai V, Sargent IL, Redman CW, et al. Presence of fetal DNA in maternal plasma and serum. Lancet 1997;350(9076):485–7. [2] Honda H, Miharu N, Ohashi Y, Samura O, Kinutani M, Hara T, et al. Fetal gender determination in early pregnancy through qualitative and quantitative analysis of fetal DNA in maternal serum. Hum Genet 2002;110(1):75–9. [3] Lo YM, Hjelm NM, Fidler C, Sargent IL, Murphy MF, Chamberlain PF, et al. Prenatal diagnosis of fetal RhD status by molecular analysis of maternal plasma. N Engl J Med 1998;339(24):1734–8.

A. Letourneau et al. / Gyne´cologie Obste´trique & Fertilite´ 43 (2015) 163–165 [4] Bianchi DW, Parker RL, Wentworth J, Madankumar R, Saffer C, Das AF, et al. DNA sequencing versus standard prenatal aneuploidy screening. N Engl J Med 2014;370(9):799–808. [5] Fairbrother G, Johnson S, Musci TJ, Song K. Clinical experience of noninvasive prenatal testing with cell-free DNA for fetal trisomies 21, 18, and 13, in a general screening population. Prenat Diag 2013;(33):580–3. [6] Gil MM, Quezada MS, Bregant B, Ferraro M, Nicolaides KH. Implementation of maternal blood cell-free DNA testing in early screening for aneuploidies. Ultrasound Obstet Gynecol 2013;(42):34–40.

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[7] Conseil Supe´rieur De La Sante´. Publication Du Conseil Supe´rieur De La Sante´ no 8912, mise en œuvre du screening ge´ne´tique pre´natal non invasif de la trisomie 21 (syndrome de Down) dans la pratique des soins de sante´ en Belgique; 2014, Internet: http://www.css-hgr.be. [8] Hulstaert F, Neyt M, Gyselaers W. « Test pre´natal non invasif (NIPT) pour la trisomie 21 – aspects e´conomiques » Synthe`se. Health Technology Assessment (HTA). Bruxelles: Centre Fe´de´ral d’Expertise des Soins de Sante´ (KCE); 2014 [KCE Reports 222Bs].

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