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Granulome à corps étranger : un diagnostic à ne pas oublier Foreign body granuloma: A diagnosis not to be forgotten

Observation

Figure 2 Laparotomy confirmed the presence of a toothpick penetrating through the cecal wall

Disclosure of interest : the authors declare that they have no conflicts of interest concerning this article.

References [1] [2]

[3]

[4] [5]

Niciforovic D, Spasic A, Turkalj I, Vanhoenacker FM. Toothpick perforation of the caecum. JBR-BTR 2014;97:47. Neumann U, Fielitz J, Ehlert HG. Perforation of the cecum by a toothpick – a rare differential acute appendicitis diagnosis. Case report and review of the literature. Chirurgie 2000;71:1405–8. Hauser H, Pfeifer J, Uranüs S, Klimpfinger M. Perforation of the cecum by a toothpick. Case report and review of the literature. Langenbecks Arch Chir 1994;379:229–32 [Review]. Gayer G, Petrovitch I, Jeffrey RB. Foreign objects encountered in the abdominal cavity at CT. Radiographics 2011;31:409–28. Regent D, Balaj C, Jausset F, Oliver A, Sellal-Aubriot C, Croise-Laurent V. Perforations du tube digestif. EMC–Radiologie et imagerie médicale– abdominale–digestive 2012;7(4):1–21 [article 33-705-A-15].

Un homme de 31 ans, sans antécédent pathologique particulier, consultait pour une lésion ulcéro-crouteuse du cuir chevelu, augmentant progressivement de taille. Cette lésion était apparue 3 mois auparavant sur des cicatrices cutanées de zona ophtalmique survenu il y a six mois. L'état général était excellent. À l'examen, il existait une lésion ulcéro-crouteuse siégeant au niveau fronto-pariétal gauche, mesurant 5  4 cm de diamètre, indolore à la palpation (figure 1). Cette lésion était entourée d'alopécie cicatricielle et de cicatrices atrophiques et achromiques de zona. Les aires ganglionnaires étaient libres. Les diagnostics de carcinome épidermoïde (sur cicatrice de zona), mais également d'ulcération neurotrophique et de leishmaniose cutanée, étaient évoqués. Une biopsie de la lésion était faite, et l'examen histologique révélait un épiderme hyperplasique réactionnel, un derme contenant un infiltrat inflammatoire chronique avec des granulomes fait de plasmocyte, d'histiocyte et de cellules géantes macrophagiques de type résorptif contenant dans leur cytoplasme des corps étrangers biréfringents à la lumière polarisée

Brice Robert1, Lionel Rebibo2 1

Amiens North Hospital, department of radiology, 80054 Amiens cedex 01, France 2 Amiens North Hospital, department of metabolic and digestive surgery, 80054 Amiens cedex 01, France

Correspondence : Brice Robert, University of Picardy, Amiens North Hospital, Department of Radiology, place Victor-Pauchet, 80054 Amiens cedex 01, France [email protected] Received 3 July 2014 Accepted 22 September 2014 Available online: 12 December 2014

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http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.09.014 © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Figure 1 Lésion ulcéro-crouteuse sur cicatrices achromiques et atrophiques de zona ophtalmique

tome 44 > n82 > février 2015

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Figure 2 Histologie (HE  20) : infiltrat inflammatoire dermique dense avec granulomes à cellules géantes de type résorptif

Figure 3

Discussion La particularité de cette observation réside dans l'aspect clinique déroutant mimant une néoplasie et dans la survenue du GCE sur cicatrice de zona. Le GCE cutané est une lésion inflammatoire chronique constituée de manière prépondérante par des cellules de la lignée des monocytes et des macrophages. Cette réaction est due à la présence au niveau du derme de particules xénobiotiques inorganiques ou organiques ou de matériel endogène [1]. L'aspect clinique est variable, il peut s'agir de papules, de nodules ou de plaques érythémateuses violines. Les lésions deviennent fréquemment plus dures au cours du temps en raison d'une fibrose [1]. La présentation clinique à type de lésion ulcéro-crouteuse reste exceptionnelle. La survenue du GCE sur cicatrice de zona a été interprétée comme un carcinome cutané, l'aspect ulcéro-crouteux inhabituel dans le GCE renforçait cette hypothèse tumorale. Le délai d'apparition des lésions cutanées varie de 20 jours à plusieurs années, il dépend de la

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Coloration HE en lumière polarisée : mise en évidence de corps étrangers biréfringents sous formes de cristaux dans le cytoplasme des cellules géantes

réponse tissulaire au corps étranger, de la composition et de la quantité du matériel en cause [2]. Histologiquement, le GCE est constitué de macrophages, de cellules épithélioïdes et de cellules géantes plurinucléées qui s'accumulent autour du corps étranger qui forme le centre histopathogénique du granulome [1,2]. L'identification de la nature chimique du corps étranger peut comporter des techniques particulières, comme l'examen en lumière polarisée, les colorations histochimiques par le PAS, ou les colorations argentiques (de Grocott) [3]. Le traitement de choix est l'excision chirurgicale complète du corps étranger mais, en cas de microparticules multiples, comme dans le cas de ce patient, un corticoïde puissant topique ou intralésionnel est fréquemment administré, il a pour but de réduire l'inflammation [4]. L'efficacité du laser colorant pulsé a été également rapportée, il réduit l'angiogenèse au niveau de la lésion [5]. Déclaration d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article.

Références [1]

Piérard E, Flagothier C, Quatresooz P, Piérard-Franchimont C. Granulomes à corps étrangers exogènes et endogènes. EMC Dermatol Cosmet, Paris: Elsevier Masson SAS; 2005 [98-460-A-10].

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(figure 2). Devant cette image histologique, l'interrogatoire a été repris avec le patient qui a avoué l'application quotidienne, pendant deux semaines, de terre sur les lésions évolutives de zona suite au conseil d'un charlatan de la santé. Le diagnostic d'un granulome à corps étranger (GCE) cutané exogène était retenu devant les données histologiques et anamnestiques. Le traitement par dermocorticoïdes classe forte était démarré, associé à 3 séances de laser colorant pulsé. Une régression de la lésion ulcéro-crouteuse avec cicatrisation était obtenue dès le premier mois (figure 3).

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CHU Ibn Rochd, service de dermatologie vénéréologie, 20100 Casablanca, Maroc 2 CHU Ibn Rochd, service d'anatomo-pathologie, 20100 Casablanca, Maroc Correspondance : Laila Daoui, CHU Ibn Rochd, service de dermatologie vénéréologie, 1, quartier des Hôpitaux, 20100 Casablanca, Maroc [email protected] Reçu le 8 août 2014 Accepté le 22 septembre 2014 Disponible sur internet le : 18 décembre 2014 http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.09.013 © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Lymphome intravasculaire à grandes cellules B révélé par un accident vasculaire cérébral ischémique et une ischémie mésentérique Intravascular large B-cell lymphoma revealed by a cerebral infarct and a mesenteric ischemia

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Le lymphome intravasculaire à grandes cellules B (LIGCB) est un lymphome malin non hodgkinien (LMNH) de haut grade, de dissémination ubiquitaire, de pronostic sévère, caractérisé par l'accumulation de grandes cellules lymphomateuses angiotropes dans la lumière des petits vaisseaux (artérioles, capillaires, veinules). Cette prolifération néoplasique se complique d'une obstruction vasculaire entraînant de multiples ischémies. C'est une pathologie rare, environ 300 cas ont été publiés dans la littérature. Le diagnostic est difficile en raison du polymorphisme clinique et de la difficulté d'obtenir une preuve anatomopathologique (50 % des diagnostics sont post-mortem). Le

système nerveux central et la peau sont les organes les plus fréquemment atteints. Les poumons, les reins, les glandes endocrines (hypophyse, surrénales, thyroïde, pancréas, testicules), les muscles et le cœur sont également touchés, mais la particularité de ce lymphome est l'absence d'envahissement de la rate, des ganglions et de la moelle osseuse sauf à des stades ultimes. Notre cas est particulier par la survenue d'une ischémie mésentérique, qui à notre connaissance n'a jamais été décrite, en association avec la symptomatologie neurologique.

Observation Une femme de 69 ans, droitière, était hospitalisée en raison de la survenue brutale d'une aphasie d'expression et de compréhension associée à une parésie isolée du membre supérieur droit à prédominance distale. Elle avait comme antécédents une hernie hiatale, une insuffisance antéhypophysaire compliquant un macro-adénome dont une prise en charge chirurgicale était programmée. Il n'existait pas, en dehors de l'âge, de facteurs de risque cardiovasculaire. À l'examen clinique, la patiente était apyrétique, sans trouble de la vigilance, la pression artérielle était à 150/80 millimètres de mercure, les réflexes ostéo-tendineux vifs bilatéraux et symétriques, les réflexes cutanés plantaires en flexion, elle n'avait pas de souffle cardiaque ou vasculaire. L'examen somatique n'objectivait pas d'autre signe en faveur d'une atteinte systémique, notamment au niveau cutané. L'électrocardiogramme était en rythme sinusal à 60 battements par minute. Le bilan biologique montrait un syndrome inflammatoire avec une vitesse de sédimentation (VS) à 22 mm à la première heure et une protéine C réactive à 11,7 mg/dL, sans autre anomalie biologique. La tomodensitométrie cérébrale sans injection de produit de contraste retrouvait deux lésions spontanément hyperdenses dans la région sylvienne gauche correspondant à un accident vasculaire cérébral ischémique (AVCI) avec transformation hémorragique confirmée par une imagerie par résonance magnétique (IRM) montrant deux lésions hyper-intenses sylviennes gauches en séquence pondérées T1 et T2 avec réaction oedémateuse modérée et prise de contraste après injection de gadolinium (figures 1–3). Une semaine après le début des symptômes, la patiente avait un tableau douloureux abdominal imposant une exploration chirurgicale qui retrouvait une ischémie mésentérique suspendue d'une anse iléale. Une embolie vasculaire était d'abord suspectée, mais l'analyse anatomopathologique de la pièce d'exérèse concluait à des lésions de nécroses ischémiques liées à un LIGCB (figure 4). Une tomodensitométrie thoraco-abdomino-pelvienne, avec et sans injection de produit de contraste, ne retrouvait pas de localisation intra-abdominale. Une corticothérapie à la dose de 1 mg/kg/j était instaurée et une polychimiothérapie discutée mais, compte tenu de l'état général altéré, une prise en charge palliative était décidée avec abstention thérapeutique. La patiente décédait deux mois après les premières manifestations de la maladie.

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