Annales Franc¸aises d’Anesthe´sie et de Re´animation 33 (2014) 600–609

Lettres a` la re´daction Une complication rare de l’asthme aigu grave : le syndrome de Perthes A rare complication of severe acute asthma: Perthes syndrome I N F O A R T I C L E

Mots cle´s : Syndrome de Perthes Asphyxie traumatique Asthme aigu grave Keywords: Perthe’s syndrome Traumatic asphyxia Severe acute asthma

Le syndrome de Perthes se de´finit par l’association d’une he´morragie sous-conjonctivale, une cyanose et des pe´te´chies cervico-faciales. Nous rapportons a` travers ce travail, le cas d’un syndrome de Perthes secondaire a` un asthme aigu grave, qui reste une e´tiologie exceptionnelle. Le traitement est base´ sur les mesures de re´animation pre´coces qui visent la pre´vention contre la survenue des le´sions tissulaires responsables parfois des se´quelles irre´versibles. Un patient de 23 ans, suivi depuis cinq ans pour un asthme bien controˆle´, e´tait admis aux urgences pour une exacerbation se´ve`re d’asthme a` la suite de la prise d’un anti-inflammatoire non ste´roı¨dien (AINS) type Ibuprofe`ne. L’examen clinique trouvait un patient agite´, instable sur le plan he´modynamique, une saturation en oxyge`ne (SaO2) en air ambiant de 80 %, et a` l’auscultation des raˆles sibilants diffus, il e´tait obe`se avec un IMC a` 38,2/m2. Malgre´ sa mise en condition avec l’administration d’un traitement bronchodilatateur en ne´bulisation et une corticothe´rapie syste´mique, son e´tat se de´te´riorait avec l’installation d’un tableau de suffocation et une sensation de mort imminente avec une chute de la SaO2 a` 25 % sous oxyge`ne a` 10 L/min. Une cyanose ge´ne´ralise´e s’installait avec des pe´te´chies cervico-faciales au niveau de la re´gion pe´riorbitaire, la face, le cou et la partie supe´rieure du thorax associe´es a` une he´morragie sous-conjonctivale (Fig. 1). Le patient e´tait intube´ ventile´ puis mis sous b2 mime´tique en intraveineuse, une corticothe´rapie syste´mique a` forte dose, tout en continuant la ne´bulisation avec une bonne e´volution, il e´tait extube´ au bout de 48 heures. Son re´examen trouvait un patient conscient, la SaO2 en air ambiant e´tait de 99 %, avec une bonne transmission des murmures ve´siculaires a` l’auscultation pleuropulmonaire. L’examen ophtalmologique ne notait pas des signes d’he´morragie ou de de´collement re´tiniens. La radiographie du

thorax montrait un thorax distendu avec un e´largissement des espaces intercostales avec la pre´sence d’un pneumothorax minime. Apre`s stabilisation du patient, un interrogatoire minutieux a` la recherche des facteurs aggravants l’asthme re´ve´lait, autres que l’obe´site´, la notion d’un arreˆt brutal de la corticothe´rapie inhale´e, un de´but re´cent de tabagisme et une rhinite d’allure allergique. Un syndrome de Fernand Widal e´tait suspecte´ devant l’association d’une rhinite allergique a` un asthme grave et a` une intole´rance a` l’AINS, il e´tait confirme´ par la re´alisation d’une TDM naso-sinusienne qui objectivait une pansinusite avec une polypose naso-sinusienne. Le patient e´tait mis sous traitement de fond compose´ d’une corticothe´rapie inhale´e associe´e a` une b2 mime´tique longue dure´e d’action, un antileucotrie`ne, un antihistaminique avec corticoı¨des nasales associe´s a` une e´ducation, avec une bonne e´volution sur le plan respiratoire, les le´sions cutane´o-muqueuses disparaissaient spontane´ment au bout de 45 jours. Le syndrome d’asphyxie traumatique est un syndrome rare, de´crit pour la premie`re fois en 1837 par D’Angers Ollivier, il prit le nom de syndrome de Perthes apre`s l’explication physiologique que ce dernier lui a donne´e en 1900 [1]. Les e´tiologies sont domine´es par les accidents de la voie publique (40 %). L’asthme aigu grave est une e´tiologie exceptionnelle [2]. Quelle que soit l’e´tiologie, le me´canisme physiopathologique paraıˆt eˆtre le meˆme, il s’agit d’une augmentation de la pression intrathoracique avec un blocage en inspiration profonde a` glotte ferme´e, ce qui augmente brutalement la pression au niveau de la veine cave supe´rieure, entraıˆnant une stase veineuse avec une rupture des capillaires et des veinules au niveau des territoires sus-jacents. Le diagnostic est clinique, il associe une cyanose cervico-faciale, des pe´te´chies cervico-faciales et une he´morragie sous-conjonctivale bilate´rale. Tous ces signes cutane´o-muqueux e´taient observe´s chez notre patient. L’atteinte

Fig. 1. He´morragies sous-conjonctivales avec des pe´te´chies pe´riorbitaires et faciales.

0750-7658/ß 2014 Publie´ par Elsevier Masson SAS pour la Socie´te´ franc¸aise d’anesthe´sie et de re´animation (Sfar).

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neurologique est quasi constante et conditionne le pronostic, elle est due a` l’anoxie ce´re´brale secondaire a` la chute du de´bit sanguin ce´re´bral et de l’asphyxie engendre´e par la compression thoracique. Elle se traduit par des troubles de conscience, un e´tat de coma profond, une agitation, des atteintes des nerfs craˆniens voir une te´traple´gie [3]. Notre patient pre´sentait un e´tat d’agitation avec trouble de conscience. L’atteinte ophtalmologique est variable, l’examen trouve ge´ne´ralement une mydriase, une diminution du re´flexe photomoteur et la pre´sence au niveau de la re´tine chez 50 % des cas d’une he´morragie, d’un exsudat, d’une hyperhe´mie ou d’un œde`me a` l’examen du fond d’œil [4]. Chez notre patient, l’examen du fond d’œil e´tait normal. Des le´sions thoraciques non spe´cifiques peuvent exister, il peut s’agir d’une contusion pulmonaire, de fractures de coˆtes, d’un he´mo-pneumothorax ou d’une rupture diaphragmatique [5]. Notre patient a pre´sente´ un pneumothorax. Le traitement doit eˆtre introduit rapidement, il repose sur les mesures de re´animation, le traitement symptomatique et le traitement e´tiologique. Le pronostic du syndrome de Perthes est ge´ne´ralement favorable avec une survie de 90 %. Les facteurs de mauvais pronostic sont la compression thoracique supe´rieure a` dix minutes et la pre´sence de le´sions associe´es graves [1–4]. Le syndrome d’asphyxie traumatique secondaire a` un AAG est exceptionnel, sa prise en charge optimale ne´cessite la reconnaissance pre´coce de cette entite´ sur la base de l’analyse des signes physiques spe´cifiques et sur l’identification du me´canisme en cause. Les mesures de re´animation devraient inclure l’administration rapide de l’oxyge`ne avec une ventilation efficace et la re´animation liquidienne et doit se concentrer sur l’inversion de l’hypoxie et de pre´venir la survenue des le´sions tissulaires. ˆ ts De´claration d’inte´re Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article. Re´fe´rences

He´morragie sous-arachnoı¨dienne et pistolet e´lectrique Subarachnoid haemorrhage and electronic gun I N F O A R T I C L E

Mots cle´s : He´morragie sous-arachnoı¨dienne Pistolet e´lectrique Rupture d’ane´vrysme Keywords: Subarachnoid hemorrhage Electrique gun Aneurysm rupture

Un homme aˆge´ de 42 ans e´tait victime d’une rixe sur la voie publique. Il avait subi un choc e´lectrique par pistolet e´lectronique de contact. Il e´tait pris en charge par les secours pour un malaise avec perte de connaissance et perte d’urines. A` l’admission au service des urgences, l’examen neurologique retrouvait un score de Glasgow a` 15, associe´ a` des ce´phale´es en casque et des vomissements. Il n’y avait pas d’hypertension arte´rielle. Le scanner ce´re´bral mettait en e´vidence une he´morragie sousarachnoı¨dienne diffuse par rupture d’un ane´vrysme de l’arte`re ce´re´brale moyenne gauche. Apre`s transfert en milieu neurochirurgical, l’ane´vrysme e´tait embolise´ et l’e´volution e´tait favorable (Fig. 1). La litte´rature concernant les le´sions induites par les pistolets e´lectroniques ne retrouve pas de complications cardiaques ou neurologiques le´tales, en dehors des le´sions induites par une chute ou la prise pre´alable de stupe´fiants [1]. Le concept de delirium post-e´lectrisation se traduit par une hyperexcitation avec agitation [2]. La persistance d’une agitation associe´e a` des signes d’hypertension intracraˆnienne doit conduire a` la re´alisation d’une imagerie ce´re´brale. La rupture d’un ane´vrysme ce´re´bral au cours

[1] Barakat M, Belkhadir ZH, Belkrezia R, Ababou A, Lazreq C, Sbihi A, et al. Syndrome d’asphyxie traumatique ou syndrome de Perthes. A` propos de six cas. Ann Fr Anesth Reanim 2004;23:59–62. [2] El koraichi A, Benafitou R, Tadili J, Rafii M, Al Haddoury M, El Kettani S, et al. Syndrome d’asphyxie traumatique ou syndrome de Perthes : a` propos de deux observations pe´diatriques. Ann Fr Anesth Reanim 2012;31:259–61. [3] Senoglu M, Senoglu N, Oksuz H, Ispir G. Perthes syndrome associated with intramedullary spinal cord hemorrhage in a 4-year-old child: a case report. Cases J 2008;1:17. [4] Esme H, Solak O, Yurumez Y, Ermis S, Yaman M, Fidan F. Perthes syndrome associated with bilateral optic disc edema. Can J Ophthalmol 2006;41:780–2. [5] Jobe´ J, Ghuysen A, Hartstein G, D’orio V. A fatal case of Perthes syndrome. J Emerg Trauma Shock 2013;6:296–7.

K. Chaker*, S. Khairallah, O. Iziki, H. Tahouna, M. Herrag Service de pneumologie, de´partement des maladies respiratoires, CHU Mohammed VI, faculte´ de me´decine et de pharmacie, Oujda, Maroc *Auteur correspondant. Rue 13, no : 49, Hay El Mohammadi, El Aioun 60450 Oujda, Maroc Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (K. Chaker) Disponible sur Internet le 23 octobre 2014 http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.746

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Fig. 1. He´morragie sous-arachnoı¨dienne diffuse.

[A rare complication of severe acute asthma: Perthes syndrome].

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