Pour citer cet article : Fayad N et al., Conciliation médicamenteuse à l’admission des patients à l’hôpital : quelle place pour le dossier pharmaceutique ?, Presse Med (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.11.016. en ligne sur / on line on www.em-consulte.com/revue/lpm www.sciencedirect.com

Conciliation médicamenteuse à l’admission des patients à l’hôpital : quelle place pour le dossier pharmaceutique ? Contribution of pharmaceutical record on medication reconciliation at patients’ admission to the hospital La Conciliation Médicamenteuse (CM) vise à assurer la continuité du traitement médicamenteux aux points de transition du processus de soins. Elle permet à l’admission d’assurer la prise en compte des traitements préexistants et ainsi de prévenir les événements iatrogènes médicamenteux [1,2]. Elle utilise plusieurs sources d’informations : courrier du médecin traitant, entretien avec le patient. . . La littérature a montré que le pharmacien d’officine référent était la source d’informations la plus exhaustive quand la population étudiée lui est fidèle. Dans une étude portant sur 61 patients, 55 % des divergences non intentionnelles ont pu être identifiées grâce aux informations fournies par le pharmacien d’officine référent [1]. Depuis fin 2008, celui-ci peut, via sa Carte de professionnel de santé (CPS) et la carte vitale du patient, créer, alimenter et consulter le Dossier pharmaceutique (DP). Celui-ci permet d’obtenir la liste des médicaments dispensés sur une période de 4 mois dans toutes les pharmacies d’officine raccordées (97,8 % des officines françaises [3]). Les pharmaciens hospitaliers peuvent désormais accéder au DP via internet avec leur carte CPS [4,5]. Son utilisation facile et sécurisée pourrait en faire une source d’informations alternative au pharmacien d’officine et accessible en permanence. Le DP pourrait également permettre de réduire le temps moyen de CM, facteur limitant du déploiement de cette activité en routine [1]. L’objectif de notre étude était d’évaluer l’intérêt du DP pour la CM à l’admission des patients de 65 ans ou plus dans les services de médecine. Nous avons évalué l’exhaustivité des informations fournies par le DP et relevé les temps de CM avec et sans DP sur une période de 2,5 mois. Un interne en pharmacie recueillait les informations disponibles et pratiquait un entretien standardisé avec le patient. Le nom et les coordonnées de son pharmacien

d’officine et sa carte vitale lui étaient demandés en fin d’entretien pour la consultation du DP. Le pharmacien d’officine référent était contacté, avec l’accord du patient, afin d’obtenir l’historique des médicaments dispensés au cours des 3 derniers mois. Cet historique était ensuite comparé aux données contenues dans le DP. Quarante-trois patients (âge moyen : 80 ans) ont été conciliés. Ils prenaient en moyenne 6,7 médicaments par jour (extrêmes : 1–16). Pour 79 % d’entre eux, la CM était effectuée dans les 24 heures suivant l’admission. Quinze patients (35 %) n’avaient plus leur carte vitale à leur arrivée dans les services (restituée à la famille) et ont été exclus de notre évaluation. Les temps moyens de CM sont présentés dans le tableau I. Seize patients (57 %) avaient un DP ouvert. Celui-ci n’était complet que pour 10 d’entre eux (historique de dispensation fourni par le pharmacien d’officine correspondant parfaitement aux données contenues dans le DP). En moyenne, 39 % des dispensations réalisées au cours des 3 derniers mois ne figuraient pas dans le DP. Dans 87 % des cas, ces dispensations concernaient les traitements chroniques des patients. Pour ces patients, l’appel au pharmacien d’officine était donc indispensable pour garantir la fiabilité de la CM. Les apports théoriques du DP pour la CM sont un gain de temps et un recueil d’informations instantané et facilité sur les traitements habituels des patients [6]. Notre étude, bien que réalisée sur un faible effectif de patients et sur une courte durée, montre une exhaustivité partielle des informations contenues dans le DP sans réduction du temps moyen de CM. L’alimentation du DP reste un acte volontaire du pharmacien d’officine, indépendant de la dispensation, et qui nécessite impérativement la carte vitale du patient. Ce dernier point pourrait être un facteur limitant. Le pharmacien d’officine référent du patient reste en l’état actuel la source d’informations la plus exhaustive pour la CM. Le DP pourrait être une source d’informations utilisable pour la CM mais des améliorations devraient être apportées au dispositif : inscription systématique de la date d’ouverture du DP et possibilité d’alimentation a posteriori de la dispensation en cas d’oubli de carte vitale. Ces informations alerteraient l’utilisateur du DP et le contraindraient à poursuivre ses investigations. Une meilleure collaboration entre pharmaciens officinaux et hospitaliers pourrait permettre d’identifier les attentes de chacun vis-à-vis du DP et contribuer à l’amélioration de son exhaustivité. Une expérimentation a été initiée par la direction générale de l’offre de soins pour évaluer l’intérêt du

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Lettre à la rédaction

Presse Med. 2014; //: ///

LPM-2396

Pour citer cet article : Fayad N et al., Conciliation médicamenteuse à l’admission des patients à l’hôpital : quelle place pour le dossier pharmaceutique ?, Presse Med (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.11.016.

Lettre à la rédaction

Tableau I Temps moyens de conciliation médicamenteuse avec ou sans dossier pharmaceutique (DP) Effectif

[2]

28

Nombre de patients ayant un DP ouvert n (%)

16 (57)

[3]

Nombre de patients ayant un DP complet

10

[4]

Temps moyen de conciliation médicamenteuse (minutes)

[5]

Appel au pharmacien d’officine et consultation du DP

48,9  3,6 min : 32 ; max : 77

Appel au pharmacien d’officine sans consultation du DP

41,4  3,5 min : 26 ; max : 67

Consultation du DP sans appel au pharmacien d’officine

44,0  3,48 min : 27 ; max : 71

Temps moyen de consultation du DP (minutes)

7,5  0,8 min : 5 ; max : 10

Temps moyen d’entretien avec le pharmacien d’officine (minutes)

4,9  0,3 min : 3 ; max : 6

[6]

service de me´decine interne pour diminuer les erreurs d’anamne`se me´dicamenteuses. Presse Med 2012;41:77-86. Doerper S, Morice S, Piney D, Dony A, Baum T, Perrin F et al. La conciliation des traitements me´dicamenteux : Logigramme d’une de´marche efficiente pour pre´venir ou intercepter les erreurs me´dicamenteuses a` l’admission du patient hospitalise´. Pharm Hosp Clin 2013;30:1-8. Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens. Cartes régionales–DP en officine; 2013, (http://www.ordre.pharmacien.fr/Le-Dossier-Pharmaceutique/Cartes-regionales-DP-en-officine/Officines-raccordees ; [Accès au site le 19/02/2014]). Ministère des Affaires sociales et de la santé. Décret no 2012-1131 du 5 octobre 2012 relatif à la consultation et à l’alimentation du dossier pharmaceutique par les pharmaciens exerçant dans les pharmacies à usage intérieur. JORF; 2012 ([édition no 0234, 7 octobre 2012]). Ministère des Affaires sociales et de la santé. Décret no 2013-31 du 9 janvier 2013 fixant les conditions de l’expérimentation relative à la consultation du dossier pharmaceutique par les médecins exerçant dans certains établissements de santé. JORF; 2012 [édition no 0009, 11 janvier 2013]. Ministère des Affaires sociales et de la santé. Instruction No DGOS/PF4/ PF2/2013/171 du 25 avril 2013 relative à l’appel d’offres PREPS spécifique pour évaluer la mise en oeuvre de l’expérimentation de la consultation du dossier pharmaceutique par les médecins exerçant dans certains établissements de santé; 2013, (http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/2013/04/cir_36891.pdf ; [Accès au site le 19/02/2014]). Nadia Fayad1, Axel Carde1, René Bihannic1, Nicolas Paleiron2, Ulric Vinsonneau3, Philippe Paule3 1

DP dans les services d’urgences, d’anesthésie/réanimation et de gériatrie de 55 établissements de santé sélectionnés [5]. Cette étude devrait positionner le DP comme un outil déterminant pour prévenir l’iatrogénie médicamenteuse à l’admission des patients. Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Hôpital d’instruction des armées Clermont-Tonnerre, service de pharmacie, CC 41, 29240 Brest cedex 9, France 2 Hôpital d’instruction des armées Clermont-Tonnerre, service de pneumologie, CC 41, 29240 Brest cedex 9, France 3 Hôpital d’instruction des armées Clermont-Tonnerre, service de cardiologie, CC 41, 29240 Brest cedex 9, France Correspondance : Nadia Fayad, Hôpital d’instruction des armées Clermont-Tonnerre, rue du Colonel-Fonferrier, CC 41, 29240 Brest cedex 9, France. [email protected] Reçu le 2 août 2013 Accepté le 18 novembre 2013

Références

2

[1]

Pérennes M, Carde A, Nicolas X, Dolz M, Bihannic R, Grimont P et al. Conciliation me´dicamenteuse : une expe´rience innovante dans un

ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.11.016

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