Article original Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014 ; 12 (1) : 34-42

Étude comparative de trois méthodes d’activités physiques adaptées chez des personnes âgées

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Comparative study of three methods of adapted physical activities Baptiste Orliac1 France Mourey2 1 Activités physiques adaptées et santé UFR Staps Université de Dijon, France 2 Inserm U1093 cognition, action, et plasticité sensorimotrice, Université de Bourgogne, Dijon, France

´ a` part : Tires B. Orliac

Résumé. L’objectif de cette étude est de comparer l’efficacité de l’activité physique adaptée dans trois modalités différentes (exercices de marche, d’équilibre, de renforcement musculaire) chez des patients âgés en phase de rééducation parallèlement à une prise en charge traditionnelle en rééducation. L’étude porte sur 30 patients dont 18 femmes et 12 hommes. L’âge moyen est de 82 ans. En début et en fin d’entraînement les patients ont été testés en utilisant : la vitesse de marche, le Timed up and go test, la Berg balance scale, le 30-second chair stand test, la Mesure de l’indépendance fonctionnelle (MIF). Le groupe Marche montre une amélioration significative à l’ensemble des tests entre le Pré-test et le Post-test à 2 semaines. Les résultats montrent un effet très significatif de la pratique des activités physiques adaptées, indépendamment de l’âge des patients sur la totalité des tests. La stagnation des progressions entre deux et quatre semaines, qui concerne davantage les plus âgés (plus de 85 ans) souligne l’intérêt d’une prise en charge précoce du patient, et la nécessité d’insister sur la prise en charge lors des deux premières semaines pour obtenir davantage de progrès, notamment à travers les parcours de marche. Mots clés : rééducation, activités physiques adaptées, personnes âgées, parcours de marche Abstract. The goal of this study is to compare the efficiency of the adapted physical activity in three different manners (walking and balance exercises and muscles reinforcement) on elderly persons in rehabilitation to a traditional rehabilitation. The study was realized on 30 patients including 18 women and 12 men. The average age is 82 years old. At the beginning and the end of the training, the patients were tested using: gait speed, moving speed (Time up and go test), static and dynamic balance (Berg balance scale), strength of lower limbs (30-second chair-stand test) and functional independence. The group Walking shows a significant improvement on the whole test, between the pre-test and the post-test, two weeks later. The results show an significant effect of the practice of adapted physical activity, independently of the age of the patients, on the whole tests. The stagnation of the progress between two and four weeks, which concerns mainly the oldest (more than 85 years old), underlines the importance of the early care of the patient, and the necessity to emphasize the stresses during the two first weeks of the care to obtain more progress, especially with the walking course. Key words: rehabilitation, physical activity, elderly, walking course

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également de lutter contre la sarcopénie, la diminution de la souplesse, le vieillissement neurologique ou encore la perte de confiance en soi. La littérature montre que non seulement on observe une action sur la qualité de vie des personnes âgées et une préservation de leur indépendance fonctionnelle, mais aussi sur la diminution du risque de chute, de mortalité et de morbidité [5, 6]. Certaines activités sont identifiées comme particulièrement bénéfiques pour les personnes âgées, dont certaines sont recommandées par la Haute autorité de santé (HAS).

Pour citer cet article : Orliac B, Mourey F. Étude comparative de trois méthodes d’activités physiques adaptées chez des personnes âgées. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014; 12(1) :34-42 doi:10.1684/pnv.2014.0459

doi:10.1684/pnv.2014.0459

L

a rééducation représente un versant essentiel de la prise en charge du sujet âgé en soins de suite et de réadaptation. La masso-kinésithérapie et l’ergothérapie peuvent être complétées par des activités physiques adaptées comportant notamment le travail de l’équilibre, de la marche et du renforcement musculaire. Le bénéfice de l’activité physique a été démontré chez la personne âgée. Elle génère une amélioration du contrôle postural [1], des capacités cardio-respiratoires [2], cognitives [3] et musculaires [4]. L’activité physique permet

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Méthodes d’activités physiques adaptées chez des personnes âgées

La première activité pratiquée est la marche. Elle peut se décliner sous forme de parcours qui présentent l’avantage de combiner la marche simple sur terrain plat et des exercices fonctionnels visant la qualité et l’adaptabilité de la marche. Les exercices sont axés sur les changements de direction, la variation de la longueur du pas, l’évitement d’obstacles à différentes hauteurs, le contournement d’obstacles, la précision de la pose des appuis et la stabilisation des appuis sur différentes surfaces. Le travail de l’équilibre est particulièrement recommandé pour les personnes âgées ayant chuté et/ou ayant des troubles de la marche. L’objectif est alors d’améliorer le contrôle du déplacement du centre de gravité. Enfin, le renforcement musculaire transversal aux deux activités précédentes peut faire l’objet d’un entraînement spécifique. Les bandes élastiques offrent une modalité attractive, et permettent de rendre la pratique plus ludique [7]. L’objectif de cette étude est de comparer plusieurs modalités de rééducation chez des patients en soins de suite et de réadaptation.

Méthode Il s’agit d’une étude prospective où la totalité des patients a suivi le réentraînement durant 2 semaines (n = 30), et dont la moitié a participé au réentraînement durant 4 semaines (15 patients).

Participants L’étude porte sur 30 patients dont 18 femmes et 12 hommes. L’âge moyen est de 82 ans (± 6,6 ans). Les patients sont des personnes âgées polypathologiques, dépendantes ou à risque de dépendance. C’est un public fragile, fatigable et qui utilise pour la majorité d’entre eux une aide technique (déambulateur, canne simple, cannes anglaises). De plus, cette population est extrêmement hétérogène, aussi bien en ce qui concerne leur diagnostic principal que leur motif d’hospitalisation.

– absence de troubles majeurs d’équilibre : le patient doit être capable de rester debout immobile, avec ou sans aide technique durant au minimum 30 secondes ; – absence de pathologies sévères associées pouvant entraîner des douleurs chroniques.

Protocole Trois groupes ont été créés : un groupe « renforcement musculaire », un groupe « parcours de marche » et un groupe « équilibre ». Chaque groupe est composé de 10 patients (dont cinq ont effectué les 4 semaines de réentraînement). Les patients intègrent les groupes au fur et à mesure de leur arrivée, en fonction de leurs résultats de fac¸on à ce que la différence intergroupe soit la plus faible possible. Chaque groupe pratiquera 3 h d’activités physiques adaptées par semaine dont 1 h 30 de l’activité principale, 1 h de la 2e activité et 30 min de la 3e activité, par semaine.

Le parcours de marche Il sollicite les changements de direction, la variation de la longueur des pas, l’évitement d’obstacles placés à différentes hauteurs, le contournement d’obstacles, la précision de la pose des appuis et la stabilisation des appuis sur différentes surfaces. La complexité de chaque situation (hauteur, longueur, distance entre les obstacles etc.) est adaptée aux capacités de chaque patient, mais aussi en fonction de l’utilisation d’aides techniques.

L’équilibre Le but principal de l’atelier d’équilibre est de créer des déplacements du centre de gravité à l’intérieur de la base de sustentation, mais aussi à l’extérieur grâce à une aide technique. Ces situations qui permettent un travail sensoriel, proprioceptif mais aussi musculaire peuvent s’effectuer aussi bien en position debout qu’assise. Pour effectuer ce travail, les patients utiliseront le logiciel Wii Fit® [8] ainsi que du petit matériel, tel que des coussins proprioceptifs, des cibles, des ballons de Klein, etc.

Le renforcement musculaire Critères d’inclusion Les critères d’inclusion sont les suivants : – âge compris entre 65 et 95 ans ; – absence de troubles cognitifs sévères décrits comme une valeur du score du Mini mental status examination supérieur à 24/30 ; – absence de troubles locomoteurs invalidants définis par la capacité à réaliser 5 flexions et 5 extensions de jambes à l’aide d’Elasti-Band® ;

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L’objectif principal est de renforcer les principaux groupes musculaires des membres inférieurs comme le quadriceps, les ischio-jambiers, le triceps sural ou encore le moyen fessier. Pour l’effectuer les patients utilisent notamment des Elasti-Band® , des haltères, des bracelets lestés, etc. Les exercices analytiques sont également complétés par des exercices fonctionnels. L’intensité, la charge de travail, le nombre de répétitions et de séries et les temps de pause sont adaptés à chaque patient.

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B. Orliac, F. Mourey

L’organisation des ateliers par séance est fournie dans le tableau 1.

Évaluation

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Les tests pré et post entraînement ont été réalisés au même moment de la journée et l’ordre de passation des tests a toujours été le suivant : la vitesse de marche ; le Timed up and go test ; Le Berg balance scale [9] ; le 30second chair stand test [10] ; la mesure de l’indépendance fonctionnelle (MIF), qui elle a été mesurée par les infirmières conjointement avec les kinésithérapeutes.

Analyse statistique L’analyse statistique a été effectuée sur la totalité des patients (n = 30), répartis en trois groupes de 10 patients : un groupe Marche, un groupe Équilibre et un groupe Renforcement musculaire. Une Anova à 2 facteurs (Groupe X temps) à mesures répétées et un test post-hoc de Scheffé (p < 0,5) ont été utilisés.

Les autres tests Pour chaque test, l’Anova montre que : – il existe un effet significatif de la pratique des activités physiques adaptées, indépendamment des groupes, concernant : le Timed up and go test (F(1,27) = 97,30, p < 0,01), le Berg balance scale (F(1,27) = 258,12, p < 0,01), la MIF (F(1,27) = 302,68, p < 0,01) et le 30-second chair stand (F(1,27) = 160,28, p < 0,01) ; – il n’existe aucun effet Groupe sur la progression des patients concernant : le Timed up and go (F(2,27) = 1,60, p = 0,22), le Berg balance scale (F(2,27) = 2,66, p = 0,08), la MIF (F(2,27) = 2,46, p = 0,10) et le 30-second chair stand (F(2,27) = 2,62, p = 0,09). Les différents post hoc (Scheffé, p < 0,05) précisent que chaque groupe progresse très significativement à chacun des tests mentionnés précédemment. Ainsi, chaque groupe progresse significativement après deux semaines de réentraînement, aux quatre tests concernés, indépendamment de l’activité qu’il pratique principalement.

Résultats individuels Il est important de remarquer qu’au-delà de la progression significative de chaque groupe pour chacun des tests, tous les individus pris séparément ont progressé à l’ensemble des tests après les deux semaines de réentraînement.

Résultats Résultats des patients ayant suivi le réentraînement durant 2 semaines Vitesse de marche L’Anova montre un effet significatif du facteur Groupe sur l’amélioration de la vitesse de marche (F(2,27) = 10,01, p < 0,01). Le test post hoc (Scheffé, p < 0,05) précise que l’amélioration de la vitesse de marche pour les groupes Marche (Pré test M = 0,49 m/s ± 0,19 m/s ; Post 2 semaines M = 0,63 m/s ± 0,24 m/s) (p < 0,01) et Équilibre (Pré test M = 0,44 m/s ± 0,18 m/s ; Post 2 semaines M = 0,49 m/s ± 0,20 m/s) (p < 0,05) est significative, contrairement au groupe Renforcement musculaire (Pré test M = 0,43 m/s ± 0,18 m/s ; Post 2 semaines M = 0,48 m/s ± 0,20 m/s) (p = 0,06) (figure 1).

Résultats des patients ayant suivi le réentraînement durant 4 semaines Le groupe de patients (n = 15) ayant participé au réentraînement pendant 4 semaines est composé de 7 femmes et 8 hommes. L’âge moyen est de 80 ans (± 5,86 ans). Ils sont répartis en trois groupes de 5 patients : un groupe Marche (2 femmes et 3 hommes, M = 78,6 ans ± 3,36 ans), un groupe Équilibre (2 femmes et 3 hommes, M = 79,6 ans ± 8,56 ans) et un groupe Renforcement musculaire (3 femmes et 2 hommes, M = 84 ans ± 3,87 ans).

Tableau 1. Organisation des ateliers par séance. Table 1. Organization of the working group by session. Atelier Groupes Parcours de marche

Équilibre

Renforcement musculaire

Parcours de marche

2 parcours de 5 situations

2 exercices de Wii Balance Board + 1 exercice d’équilibre

2 exercices des membres inférieurs et 1 exercice des membres supérieurs

Équilibre

1 parcours de 5 situations

3 exercices de Wii Balance Board + 2 exercices d’équilibre

2 exercices des membres inférieurs et 1 exercice des membres supérieurs

Renforcement musculaire

1 parcours de 5 situations

2 exercices de Wii Balance Board + 1 exercice d’équilibre

4 exercices des membres inférieurs et 1 exercice des membres supérieurs

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Méthodes d’activités physiques adaptées chez des personnes âgées

1

ns

***

*

Marche

Equilibre

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Vitesse de marche (m/s)

0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 Pré test

Renforcement

Post 2 semaines

Figure 1. Effet de la pratique des activités physiques adaptées sur la vitesse de marche des groupes Marche, Équilibre et Renforcement musculaire, après deux semaines de réentraînement. Moyennes et écarts types. ns = non significatif, * p < 0,05, *** p < 0,01. Figure 1. Effect of the practice of adapted physical activities on the walking speed of Walking, Balance and Muscle strengthening groups, after 2 weeks of rehabilitation. Averages and standard deviations.

L’absence d’effet de groupe On retrouve : 1) un effet très significatif de la pratique des activités physiques adaptées pour l’ensemble des tests, après quatre semaines, et ce quel que soit l’activité pratiquée principalement : vitesse de marche (F(2,24) = 76,60, p < 0,01), timed up and go test (F(2,24) = 58,73, p < 0,01), balance scale (F(2,24) = 106,56, p < 0,01), MIF (F(2,24) = 110,29, p < 0,01) et 30-second chair stand (F(2,24) = 103,01, p < 0,01) ; 2) aucun effet du facteur Groupe sur la progression des patients : vitesse de marche (F(4,24) = 1,05, p = 0,39), timed up and go test (F(4,24) = 0,62, p = 0,65), Berg balance scale (F(4,24) = 0,96, p = 0,44), MIF (F(4,24) = 0,68, p = 0,61) et 30-second chair stand (F(4,24) = 1,62, p = 0,20). Cependant l’utilisation d’un post hoc (Scheffé, p < 0,05) nous permet d’affiner les résultats.

La progression du groupe Marche plus précoce Contrairement aux autres groupes, le groupe Marche connaît une amélioration significative à l’ensemble des tests, entre le Pré test et le Post 2 semaines : vitesse de marche (p < 0,01), timed up and go test (p < 0,05), Berg balance scale (p < 0,01), MIF (p < 0,01), et 30-second chair stand (p < 0,01) (figure 2).

L’amélioration spécifique par groupe Le groupe Équilibre progresse significativement entre 0 et 2 semaines au test d’équilibre (Berg balance scale)

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(p < 0,01) et le groupe Renforcement musculaire s’améliore significativement au test de force musculaire (30-second chair stand) (p < 0,01). De plus, il est important de noter que le groupe Renforcement musculaire continue de s’améliorer significativement entre 2 et 4 semaines au test concerné (p < 0,05).

Le transfert à la fonction Concernant la MIF on remarque que son amélioration est précoce (entre le Pré test et le Post 2 semaines) pour les groupes Marche et Équilibre. Ainsi, le transfert à la fonction s’est effectué pour le groupe Marche entre son amélioration à l’ensemble des tests et l’autonomie fonctionnelle (p < 0,01) et pour le groupe Équilibre entre sa progression au score d’équilibre et l’autonomie fonctionnelle (p < 0,01). En revanche, ce transfert n’a pas eu lieu pour le groupe Renforcement musculaire entre son amélioration de la force des membres inférieurs et l’autonomie fonctionnelle (p = 0,86) (figure 3).

La stagnation des progrès Nous remarquons par l’intermédiaire du post hoc (Scheffé, p < 0,05), qu’il existe une stagnation de la progression entre 2 et 4 semaines pour l’ensemble des groupes, à chaque test, hormis le groupe Renforcement musculaire qui progresse significativement au 30-second chair stand test, durant cette période (tableau 2).

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B. Orliac, F. Mourey

***

*** ns

*** ns

ns

***

ns ns

0,9

Vitesse de marche (m/s)

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0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 Marche Pré test

Equilibre Post 2 semaines

Renforcement Post 4 semaines

Figure 2. Effet de la pratique des activités physiques adaptées sur la vitesse de marche des groupes Marche, Equilibre et Renforcement musculaire, après quatre semaines de réentraînement. Moyennes et écarts types. ns = non significatif, *** p < 0,01. Figure 2. Effect of the practice of adapted physical activities on the walking speed of Walking, Balance and Muscle strengthening groups, after 4 weeks of rehabilitation. Averages and standard deviations.

Résultats en fonction des groupes d’âge, après 2 semaines de réentraînement Les patients (n = 27) sont divisés en deux groupes. Un groupe dont l’âge est compris entre 75 et 85 ans (8 hommes et 4 femmes, (moyenne ± DS) : 79,0 ± 2,6 ans), et un groupe dont l’âge est supérieur à 85 ans (13 femmes et 2 hommes, 88,0 ± 2,9 ans). Le groupe de trois patients dont l’âge est compris entre 65 et 75 ans a été exclu de l’analyse par manque d’effectif. L’Anova montre : – un effet très significatif de la pratique des activités physiques adaptées, indépendamment de l’âge des patients, pour la totalité des tests : vitesse de marche (F(1,25) = 125,36, p < 0,01), Timed up and go test (F(1,25) = 84,60 ; p < 0,01), Berg balance scale (F(1,25) = 273,20 ; p < 0,01), MIF (F(1,25) = 246,05, p < 0,01) et 30-second chair stand (F(1,25) = 129,47 ; p < 0,01) ; – l’absence d’un effet Groupe d’âge pour les tests suivants : vitesse de marche (F(1,25) = 0,19 ; p = 0,67), timed up and go (F(1,25) = 0,93 ; p = 0,34), MIF (F(1,25) = 1,65 ; p = 0,21) et 30-second chair stand (F(1,25) = 0,50 ; p = 0,48) ; – un effet significatif du facteur Groupe d’âge sur le score obtenu au test d’équilibre (F(1,25) = 11,23, p < 0,01). Un

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post hoc (Scheffé, p < 0,05) précise que l’amélioration à ce test pour les groupes 75-85 ans (Pré test : 31,47 ± 7,09 ; Post 2 semaines : 35,33 ± 7,78 ; p < 0,01) et Plus de 85 ans (Pré test : 39,25 ± 8,15 ; Post 2 semaines : 45,08 ± 9,58 ; p < 0,01) est très significative. Cependant, on note une différence entre les résultats obtenus Post 2 semaines par le groupe 75-85 ans avec les résultats Pré test (p < 0,01) et Post 2 semaines (p < 0,05) du groupe Plus de 85 ans, et ce malgré une absence de différence entre les résultats Pré test des deux groupes (p = 0,13) ; – l’existence d’un effet très significatif de la pratique des activités physiques adaptées après quatre semaines, indépendamment de l’âge des patients, et pour l’ensemble des tests : vitesse de marche (F(2,22) = 80,41 ; p < 0,01), timed-up and go (F(2,22) = 64,82 ; p < 0,01), Berg balance scale (F(2,22) = 90,38 ; p < 0,01), MIF (F(2,22) = 100.88 ; p < 0,01) et 30-second chair stand (F(2,22) = 88,31 ; p < 0,01) ; – à la différence du groupe Plus de 85 ans, le groupe 7585 ans connaît une amélioration significative entre le Post 2 semaines et le Post 4 semaines, pour la vitesse de marche, le Timed up and go, le Berg balance scale et le 30-second chair stand test (tableau 3).

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Méthodes d’activités physiques adaptées chez des personnes âgées

***

*** ns

*** ns

***

ns ns

***

Score d'indépendance fonctionnelle

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140 120 100 80 60 40 20 0 Marche Pré test

Equilibre

Renforcement

Post 2 semaines

Post 4 semaines

Figure 3. Effet de la pratique des activités physiques adaptées sur l’indépendance fonctionnelle des groupes Marche, Équilibre et Renforcement musculaire, après quatre semaines de réentraînement. Moyennes et écarts types. ns = non significatif, *** p < 0,01. Figure 3. Effect of the practice of adapted physical activities on the functional independence of Walking, Balance and Muscle strengthening groups, after 4 weeks of rehabilitation. Averages and standard deviations. Tableau 2. Valeur de la probabilité (p) pour que l’effet des activités physiques adaptées soit significatif entre 2 et 4 semaines, pour les groupes Marche, Equilibre et Renforcement musculaire, à l’ensemble des tests. Table 2. Value of the probability (p) needed to obtain significant effects of the adapted physical activities, between 2 and 4 weeks, for the Walking, Balance and Muscle strengthening groups, on the whole tests. Tests Groupe

Vitesse de marche

TUG

BBS

30 s

MIF

Marche

p = 0,82

p = 0,76

p = 0,65

p = 0,60

p = 0,30

Équilibre

p = 0,86

p = 0,72

p = 0,33

p = 0,96

p = 0,37

Renforcement

p = 0,24

p = 0,70

p = 0,33

p = 0,03*

p = 0,12

TUG = Timed up and go, BBS = Berg balance scale, 30 s = 30-second chair stand test, MIF = Mesure de l’indépendance fonctionnelle, * p < 0,05, effet significatif.

Tableau 3. Valeur de la probabilité (p) pour que l’effet des activités physiques adaptées soit significatif entre 2 et 4 semaines, pour les groupes 75-85 ans et Plus de 85 ans. Table 3. Value of the probability (p) needed to obtain significant effects of the adapted physical activities between 2 and 4 weeks, for 75-85 years old and more than 85 years old groups. Tests Groupe

Vitesse de marche

TUG

BBS

30 s

75-85 ans

p = 0,04*

p = 0,04*

p = 0,02*

p = 0,03*

Plus de 85 ans

p = 0,41

p = 0,52

p = 0,62

p = 0,21

TUG = Timed up and go, BBS = Berg balance scale, 30 s = 30-second chair stand test, * p < 0,05, effet significatif.

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B. Orliac, F. Mourey

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Discussion Le but de cette étude était de démontrer l’intérêt de pratiquer principalement une activité plutôt qu’une autre pour le réentraînement des personnes âgées polypathologiques, afin d’optimiser la prise en charge en soins de suite et de réadaptation. En ce qui concerne l’impact de l’activité principale au terme de deux semaines de réentraînement, un premier constat s’impose : quel que soit le groupe auquel les patients appartiennent, nous observons une amélioration significative des performances à la majorité des tests. La principale originalité de ces résultats est la précocité des progrès sachant que les principaux programmes, notamment le programme intégré d’équilibre dynamique (Pied) [11] se fonde sur 12 semaines pour obtenir des améliorations significatives. L’état de grande fragilité des patients en début de prise en charge peut expliquer ce phénomène, sachant que les résultats sont inversement proportionnels au niveau de base des capacités [12]. On remarque cependant l’absence de progression significative du groupe Renforcement musculaire au test de la vitesse de marche. Sachant qu’il existe une corrélation entre la force musculaire et la vitesse de marche [13], l’absence de progression pourrait s’expliquer par le fait que les troubles de la marche sont davantage liés à des problèmes d’équilibre, ostéo-articulaires ou cardio-respiratoires plutôt qu’à une insuffisance musculaire. L’intensité d’exercice musculaire faible dans cette population peut également être incriminée. Après quatre semaines de réentraînement, on note une progression spécifique des groupes aux tests correspondant à leur activité principale. On peut attribuer cela à une amélioration des capacités spécifiques du sujet âgé fragile ou alors à un phénomène d’apprentissage car certaines situations présentes dans les tests sont incluses lors du réentraînement. Cette notion de spécificité est d’ailleurs très connue, notamment dans le domaine du renforcement musculaire [14], ainsi l’individu progresse davantage dans sa modalité d’entraînement. D’où l’intérêt de définir dès le bilan d’entrée, l’objectif de rééducation et donc de cibler la prise en charge sur la modalité qu’il faut améliorer en priorité (marche, équilibre ou force musculaire). Malgré cela, nous remarquons que le groupe Marche montre une progression précoce (dès deux semaines), à l’ensemble des tests. La pratique des « parcours de marche » représente un exercice hétéro-modal qui fait intervenir les trois modalités : la marche, l’équilibre mais également la force musculaire. Le résultat le plus important de cette étude auprès des patients entraînés pendant quatre semaines est la pré-

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sence d’un transfert à la fonction pour les groupes Marche et Équilibre, retrouvé dans la MIF. Ainsi l’amélioration à l’ensemble des tests pour le groupe Marche et au test d’équilibre pour le groupe Équilibre, a pu être réutilisable très rapidement (après deux semaines) fonctionnellement. Ces résultats confirment qu’un réentraînement de la marche et de l’équilibre permet d’améliorer les capacités fonctionnelles [15]. Lorsque l’on regarde l’impact de l’âge indépendamment de l’activité principale après deux semaines de réentraînement, le premier constat est qu’il existe une différence dans la progression des groupes concernant la fonction d’équilibration. En effet, le groupe 75-85 ans obtient une progression significativement supérieure au groupe plus de 85 ans. On peut penser que les patients plus jeunes bénéficient d’une réserve fonctionnelle suffisante pour progresser davantage. Toutefois, nous pouvons émettre l’hypothèse que ce déficit pour les plus âgés, est plutôt d’origine neurosensorielle que musculaire, sachant que les résultats au test musculaire sont indépendants de l’âge des patients. Il est également nécessaire de noter que pour les sujets plus fragiles (ceux qui ont bénéficié de quatre semaines de réentraînement), cette différence n’est pas présente. Si on s’intéresse aux modalités d’évolution des progressions pour les patients présents quatre semaines, on note la présence d’une stagnation de la progression pour certains groupes. En effet, quand on regarde les groupes Marche, Équilibre et Renforcement musculaire, on s’aperc¸oit que la totalité des groupes voit leur progression stagner, à une exception près : le groupe Renforcement musculaire continue de progresser au test de force musculaire. L’exception du test musculaire peut s’expliquer par le fait que le gain en force est optimal entre 6 et 12 semaines [16]. Cependant, si l’on croise ces résultats avec les tranches d’âge, on remarque que cette stagnation concerne uniquement les patients les plus âgés (plus de 85 ans). Ce qui laisse penser que cette stagnation ne dépend pas de l’activité pratiquée principalement, mais bien de l’âge des patients. On remarque enfin que la stagnation ne concerne pas la MIF, ce qui implique que même si les patients ne progressent pas à l’ensemble des tests physiques, il existe un effet global sur la fonction. Cette étude comporte des limites. Tout d’abord, le travail en activités physiques adaptées a été effectué en complémentarité d’une prise en charge kinésithérapique ce qui influence les résultats. Peu de différences significatives entre les groupes ont été retrouvées en fonction des tests et ce, malgré des pourcentages de progression pouvant aller du simple au double. Cependant, cela peut être

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Méthodes d’activités physiques adaptées chez des personnes âgées

imputable à un effet dose/réponse individualisé et globalement à une grande hétérogénéité des données. La présence d’un nombre plus important de patients, notamment pour les quatre semaines de réentraînement, aurait alors permis d’enrichir cette étude. Au terme de cette étude, nous pouvons orienter la prise en charge des personnes âgées polypathologiques présentes dans un service de soins de suite et de réadaptation (SSR). La pratique plus fréquente des parcours de marche doit être privilégiée, car elle entraîne des progrès plus importants et plus précoces chez ces patients, aussi bien après deux que quatre semaines de réentraînement. La pratique de ces parcours de marche devra être complétée par des exercices d’équilibre et de renforcement musculaire, à une fréquence moindre. La pratique des activités physiques adaptées doit concerner l’ensemble des patients indépendamment de leur âge. La stagnation des progressions entre deux et quatre semaines, qui concerne davantage les plus âgés (plus de 85 ans), souligne l’intérêt d’une prise en charge précoce du patient, et la nécessité d’insister sur les deux premières semaines de prise en charge pour obtenir davantage de progrès, notamment à travers les parcours de marche. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour préciser les effets à distance de ce type de programme.

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Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 12, n ◦ 1, mars 2014

Points clés • La pratique des activités physiques adaptées comme la marche, l’équilibre et le renforcement musculaire est recommandée pour améliorer les capacités physiques et fonctionnelles des personnes âgées. • Cette étude tend à démontrer que les progrès les plus importants et les plus précoces sont obtenus, en priorité, par la pratique de parcours de marche, complétée, à fréquence moindre, par des exercices d’équilibre et de renforcement musculaire. • L’amélioration des capacités physiques se répercute en termes d’indépendance fonctionnelle, ce qui est en accord avec l’objectif principal de la prise en charge des personnes âgées dans une unité de soins de suite et de réadaptation. • La pratique des activités physiques adaptées permet une progression significative très précoce (dès deux semaines de réentraînement) chez les personnes âgées fragiles. • L’âge des patients ne doit pas être un frein à cette pratique, l’amélioration de l’indépendance fonctionnelle ne connaît en effet aucune stagnation lors du programme, même pour les plus âgés (plus de 85 ans).

Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec cet article.

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[Comparative study of three methods of adapted physical activities].

The goal of this study is to compare the efficiency of the adapted physical activity in three different manners (walking and balance exercises and mus...
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