Revue des Maladies Respiratoires (2014) 31, 801—803
Disponible en ligne sur
ScienceDirect www.sciencedirect.com
ÉDITORIAL
La recherche clinique en pneumologie dans les hôpitaux non universitaires franc ¸ais Clinical research in pneumology in French general hospitals
L’originalité du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG), un des trois piliers de la communauté pneumologique franc ¸aise (avec les collègues universitaires et libéraux), est que ce regroupement n’est ni une véritable société scientifique, ni un syndicat, ni un groupe aux visées communautaristes, dans le bon sens du terme, mais un peu tout cela à la fois, voulant refléter les multiples facettes des importantes activités des pneumologues exerc ¸ant en hôpital non universitaire ou centres hospitaliers dits « généraux ». Depuis la création du CPHG, la recherche clinique a été un axe de travail entretenu par les présidents successifs et leurs conseils d’administration, s’appuyant sur la possibilité de réunir de grandes cohortes de patients, en raison du recrutement naturel des services, de la cohésion et de la répartition géographique de ses membres sur l’ensemble du territoire national, y compris la France d’outremer. Au cours de ces dernières années, les travaux de recherche coordonnés par le CPHG ont porté sur les grands domaines des pathologies respiratoires, on citera, sans être exhaustif : • les pathologies respiratoires au cours du sommeil avec l’étude SASOM [1], un travail sur les orthèses d’avancée mandibulaire OAM-CPHG [2] et l’étude du syndrome des apnées du sommeil chez les sujets âgés (S.AGES) qui démarre tout juste ; • la BPCO avec la cohorte d’exacerbations, EABPCO-CPHG [3—6] ; • la cancérologie avec l’étude phare KBP-2000 [7—10] qui fait référence en matière d’épidémiologie et de modalités de prise en charge des cancers bronchiques dans notre pays, et qui a donné lieu à de multiples publications dans les congrès nationaux et internationaux, les grandes revues pneumologiques franc ¸aises et plusieurs revues anglosaxonnes. Elle s’est prolongée par les études KBP-2010 [11,12] et ESCAP-2011 [13] ; • l’infectiologie avec l’étude REACH [14] ; • et enfin l’épidémiologie des pathologies liées à l’amiante avec une étude qui a exploré la présence de corps asbestosiques dans les poumons de patients opérés de cancers bronchiques [15].
http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2014.10.726 0761-8425 © 2014 Publi´ e par Elsevier Masson SAS pour la SPLF. Open access under CC BY-NC-ND license.
802 Dès le début des années 2000, une étude épidémiologique (SASOM-CPHG) [1] a témoigné de la forte implication des centres hospitaliers généraux dans la prise en charge des syndromes d’apnées au cours du sommeil (SAS). Puis une étude interventionnelle multicentrique (OAM-CPHG) [2] a porté sur les traitements de ces pathologies par orthèses d’avancée mandibulaire ; elle a permis non seulement de montrer la faisabilité, l’intérêt et l’efficacité de cette modalité thérapeutique alternative, mais également de mettre en place des réseaux de soins multidisciplinaires. Aujourd’hui, le CPHG est l’initiateur d’une étude observationnelle sur le syndrome des apnées du sommeil des sujets âgés (S.AGES), qui a pour ambition de constituer une cohorte nationale dont le suivi devrait apporter un éclairage sur les caractéristiques cliniques, les modalités et les possibilités de prise en charge de cette pathologie fréquente chez les sujets âgés, et de mieux connaître ses facteurs de risques évolutifs. Cette étude qui vient de démarrer, repose sur la base de la cohorte des Pays de la Loire (institut de recherche en santé respiratoire des Pays de Loire [IRSR]), étendue pour la circonstance à 35 centres investigateurs répartis sur l’ensemble du territoire national. Elle est soutenue par le groupe de travail Sommeil de la Société de pneumologie de langue franc ¸aise (SPLF) et par la Société franc ¸aise de gériatrie et gérontologie (SFGG). Son protocole sera prochainement publié dans la Revue des Maladies Respiratoires. Il s’agit d’un enjeu important pour une meilleure connaissance de la pathologie, de son évolution et de ses possibilités thérapeutiques chez les sujets âgés en intégrant une évaluation gériatrique standardisée. Afin de mieux connaître le devenir des patients pris en charge dans les centres hospitaliers généraux pour exacerbations aiguës de BPCO, une cohorte de patients a été constituée. Tous les patients hospitalisés pour exacerbation aiguë de BPCO entre octobre 2006 et juin 2007 dans les services de pneumologie de 68 centres hospitaliers généraux franc ¸ais ont été inclus dans la cohorte EABPCO-CPHG, qui a permis ainsi de recueillir et analyser les données de 1824 patients [3—6]. Un article en particulier a permis de décrire les caractéristiques des patients et les comparer selon que la BPCO était connue ou non avant l’exacerbation [3]. Les cancers broncho-pulmonaires ont été une autre thématique de recherche coordonnée par le CPHG, incluant l’étude KBP-2000-CPHG [7—10]. Cette étude avait pour but de mieux connaître les spécificités et les modalités de prise en charge des patients atteints de cancer bronchique primitif au sein des centres hospitaliers généraux en France. Il s’est agi d’une étude épidémiologique descriptive, de type prospective, portant sur tous les nouveaux cas de cancers bronchiques primitifs histologiquement prouvés, diagnostiqués pendant l’année 2000 au sein des hôpitaux généraux. Les données étaient recueillies par questionnaire standardisé avec contrôle de l’exhaustivité. Cent trentesept centres ont inclus 5667 malades, âgés en moyenne de 64,3 ans, dont 16 % de femmes. Un total de 7,2 % des patients étaient non-fumeurs (avec une fréquence de 32,3 % de nonfumeurs chez les femmes) et 40,3 % d’anciens fumeurs. Histologiquement, il existait 16,9 % de cancers à petites cellules, 40 % de cancers épidermoïdes (43,1 % chez les hommes versus 23,4 % chez les femmes, p < 0,0001), 30,1 % d’adénocarcinomes (27,2 % chez les hommes versus 45,3 %
Éditorial chez les femmes, p < 0,0001). Les stades III et IV représentaient 77,1 % des cas de cancers non à petites cellules, et les stades diffus, 66,8 % des cas de cancer à petites cellules, sans différence entre les sexes. Cette étude a montré que les pneumologues des hôpitaux généraux prennent en charge plus du quart des cancers bronchiques attendus annuellement en France. Le nombre de femmes atteintes est élevé avec un pourcentage important de non-fumeuses et d’adénocarcinomes. Dix années après KBP-2000-CPHG, une nouvelle étude prospective observationnelle intitulée KBP-2010-CPHG [11,12] a permis de constituer une base de données exceptionnelle, riche des informations recueillies au moment du diagnostic de cancer bronchique primitif auprès de 7051 patients recrutés dans 104 services de pneumologie de centres hospitaliers généraux répartis sur l’ensemble du territoire franc ¸ais en 2010. Elle a montré qu’en dix ans, les caractéristiques du cancer broncho-pulmonaire primitif ont changé, avec principalement une augmentation de l’âge des patients, de la proportion des femmes, des nonfumeurs, des adénocarcinomes et des tumeurs de stade IV. L’augmentation des adénocarcinomes est indépendante du sexe, de l’âge et du statut tabagique, confirmant l’évolution histologique du cancer broncho-pulmonaire. Il existe également une amélioration de la survie à un an, essentiellement dans les cancers bronchiques non à petites cellules. L’étude ESCAP-2011-CPHG [13] s’inscrit dans la continuité de KBP-2010-CPHG. Des progrès notables ont été réalisés ces dernières années dans le diagnostic (méthodes plus sensibles) et le traitement du cancer broncho-pulmonaire : nouvelles stratégies et nouvelles molécules. Or, si les résultats d’essais cliniques et de méta-analyses montrent les avantages ou l’équivalence de certaines molécules ou de certaines stratégies sur la réponse tumorale ou la survie des patients, ils ne reflètent pas pour autant leur utilisation et leurs résultats en pratique clinique. L’étude ESCAP-2011-CPHG a permis de recueillir des données sur les stratégies thérapeutiques réellement mises en œuvre dans les deux premières années qui suivent le diagnostic chez les patients suivis pour un cancer bronchique primitif dans les services de pneumologie des hôpitaux généraux. Les données sont en cours d’analyse et les premiers résultats vont être publiés au cours de l’année 2014. Enfin, presque 4 ans jour pour jour après KBP-2010-CPHG, le CPHG lance une nouvelle étude sur le cancer du poumon, l’étude EGFR-2013-CPHG. Son objectif principal est de caractériser les patients traités par erlotinib (quelle que soit la ligne de traitement et par ligne de traitement) pour un carcinome bronchique non à petites cellules avec mutation activatrice de l’EGFR. Dans le domaine de l’infectiologie, le CPHG a participé à l’étude REACH [14]. Les données concernant la prise en charge en vie réelle des pneumopathies aiguës communautaires étant peu nombreuses, une enquête observationnelle (NCT01293435) a été mise en place début 2011 dans dix pays européens pour recueillir des données épidémiologiques. Au total 2039 patients ont été analysés. La France y a donc contribué, essentiellement par l’intermédiaire du CPHG. Trente-cinq services hospitaliers sélectionnés de fac ¸on aléatoire ont inclus 366 patients hospitalisés pour pneumopathie aiguë communautaire, permettant ainsi de décrire leurs modalités de prise en charge.
Éditorial Enfin, une recherche dédiée à l’analyse des corps asbestosiques dans les cancers broncho-pulmonaires a été récemment publiée [15]. Cette énumération démontre, si besoin était, la forte implication des pneumologues des hôpitaux non universitaires dans la recherche clinique en France, portant sur les différentes facettes de leur spécialité. La structure fédérative du CPHG permet en effet de constituer de grandes cohortes de patients, ainsi qu’en témoigne les données de la cohorte KBP-2010-CPHG publiées dans ce numéro de la Revue des Maladies Respiratoires.
Références [1] Geraads A, Petit FX, Kiawtkowski F, le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Le syndrome d’apnées du sommeil en pratique clinique : l’étude SASOM du CPHG. Rev Mal Respir 2001;18:49—56. [2] Geraads A, D’Athis P, Lerousseau L, et al. Traitement du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) par orthèse d’avancée mandibulaire sur mesure, en première intention : quels résultats à moyen terme ? Étude prospective du collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG). Rev Pneumol Clin 2010;66:284—92. [3] Piquet J, Chavaillon JM, David P, et al. Caractéristiques et prise en charge des exacerbations aiguës de BPCO hospitalisées. Étude EABPCO-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Rev Mal Respir 2010;27:19—29. [4] Chavaillon JM, Lerousseau L, David P, et al. Mortalité intrahospitalière au cours des exacerbations aiguës de BPCO. Étude EABPCO-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG). Rev Mal Respir 2010;27:709—16. [5] Moncelly L, Maurer C, Roche N, et al. Les exacerbations aiguës de BPCO chez la femme : étude EABPCO-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Rev Pneumol Clin 2010;66:107—19. [6] Piquet J, Chavaillon JM, David P, et al. French College of General Hospital Respiratory Physicians (CPHG). High-risk patients following hospitalisation for an acute exacerbation of COPD. Eur Respir J 2013;42:946—55. [7] Blanchon F, Grivaux M, Collon T, et al. Épidémiologie du cancer bronchique primitif pris en charge dans les centres hospitaliers généraux franc ¸ais. Rev Mal Respir 2002;19:727—34. [8] Grivaux M, Breton JL, Bombaron P, et al. Lung cancer among women in France. Analysis of the 904 French women with lung cancer included in the KBP-2000-CPHG study of the French
803
[9]
[10]
[11]
[12]
[13]
[14]
[15]
College of Hospital-based Pneumologists (CPHG). Lung Cancer 2004;45:279—87. Blanchon F, Grivaux M, Asselain B, et al. 4-year mortality in patients with non-small-cell lung cancer: development and validation of a prognosis index. Lancet Oncol 2006;7:829—36. Grivaux M, Zureik M, Marsal L, et al. Survie à 5 ans des cancers bronchiques primitifs dans les centres hospitaliers. Rev Mal Respir 2009;26:37—44. Locher C, Debieuvre D, Coëtmeur D, et al. Major changes in lung cancer over the last ten years in France: the KBP-CPHG studies. Lung Cancer 2013;81:32—8. Locher C, Debieuvre D, Leveiller G, et al. Le cancer bronchopulmonaire, quels changements en France en 10 ans ? Lett Pneumologue 2013. Debieuvre D, Locher C, Neidhardt AC, et al. Évolution en 10 ans du cancer bronchique non à petites cellules en fonction du sexe. Résultats de l’étude KBP-2010-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Rev Mal Respir 2014. Martin F, Pourriat JL, Stahl JP, et al. Pneumonies communautaires hospitalisées—résultats REACH France. Rev Mal Respir 2013;30:A20. Vincent M, Perrin G, Vuillermoz-Blas S, et al. Analyses des corps asbestosiques et des fibres nues dans le parenchyme pulmonaire de cancers bronchiques opérés. Rev Pneumol Clin 2011;67:298—303.
Président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) F. Martin ∗ Service de pneumologie et unité des pathologies du sommeil, centre hospitalier de Compiègne, 8, avenue Henri-Adnot, 60200 Compiègne, France
Anciens présidents du collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) J. Piquet , J.-P. Orlando , F. Blanchon Maison du poumon, Paris, France
Membre du conseil d’administration du CPHG F.-X. Lebas Service de pneumologie, centre hospitalier, 72000 Le Mans, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Martin)
Rec ¸u le 28 mars 2014 ; accepté le 14 avril 2014 Disponible sur Internet le 5 novembre 2014
Disponible en ligne sur
ScienceDirect www.sciencedirect.com
ÉDITORIAL
La recherche clinique en pneumologie dans les hôpitaux non universitaires franc ¸ais Clinical research in pneumology in French general hospitals
L’originalité du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG), un des trois piliers de la communauté pneumologique franc ¸aise (avec les collègues universitaires et libéraux), est que ce regroupement n’est ni une véritable société scientifique, ni un syndicat, ni un groupe aux visées communautaristes, dans le bon sens du terme, mais un peu tout cela à la fois, voulant refléter les multiples facettes des importantes activités des pneumologues exerc ¸ant en hôpital non universitaire ou centres hospitaliers dits « généraux ». Depuis la création du CPHG, la recherche clinique a été un axe de travail entretenu par les présidents successifs et leurs conseils d’administration, s’appuyant sur la possibilité de réunir de grandes cohortes de patients, en raison du recrutement naturel des services, de la cohésion et de la répartition géographique de ses membres sur l’ensemble du territoire national, y compris la France d’outremer. Au cours de ces dernières années, les travaux de recherche coordonnés par le CPHG ont porté sur les grands domaines des pathologies respiratoires, on citera, sans être exhaustif : • les pathologies respiratoires au cours du sommeil avec l’étude SASOM [1], un travail sur les orthèses d’avancée mandibulaire OAM-CPHG [2] et l’étude du syndrome des apnées du sommeil chez les sujets âgés (S.AGES) qui démarre tout juste ; • la BPCO avec la cohorte d’exacerbations, EABPCO-CPHG [3—6] ; • la cancérologie avec l’étude phare KBP-2000 [7—10] qui fait référence en matière d’épidémiologie et de modalités de prise en charge des cancers bronchiques dans notre pays, et qui a donné lieu à de multiples publications dans les congrès nationaux et internationaux, les grandes revues pneumologiques franc ¸aises et plusieurs revues anglosaxonnes. Elle s’est prolongée par les études KBP-2010 [11,12] et ESCAP-2011 [13] ; • l’infectiologie avec l’étude REACH [14] ; • et enfin l’épidémiologie des pathologies liées à l’amiante avec une étude qui a exploré la présence de corps asbestosiques dans les poumons de patients opérés de cancers bronchiques [15].
http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2014.10.726 0761-8425 © 2014 Publi´ e par Elsevier Masson SAS pour la SPLF. Open access under CC BY-NC-ND license.
802 Dès le début des années 2000, une étude épidémiologique (SASOM-CPHG) [1] a témoigné de la forte implication des centres hospitaliers généraux dans la prise en charge des syndromes d’apnées au cours du sommeil (SAS). Puis une étude interventionnelle multicentrique (OAM-CPHG) [2] a porté sur les traitements de ces pathologies par orthèses d’avancée mandibulaire ; elle a permis non seulement de montrer la faisabilité, l’intérêt et l’efficacité de cette modalité thérapeutique alternative, mais également de mettre en place des réseaux de soins multidisciplinaires. Aujourd’hui, le CPHG est l’initiateur d’une étude observationnelle sur le syndrome des apnées du sommeil des sujets âgés (S.AGES), qui a pour ambition de constituer une cohorte nationale dont le suivi devrait apporter un éclairage sur les caractéristiques cliniques, les modalités et les possibilités de prise en charge de cette pathologie fréquente chez les sujets âgés, et de mieux connaître ses facteurs de risques évolutifs. Cette étude qui vient de démarrer, repose sur la base de la cohorte des Pays de la Loire (institut de recherche en santé respiratoire des Pays de Loire [IRSR]), étendue pour la circonstance à 35 centres investigateurs répartis sur l’ensemble du territoire national. Elle est soutenue par le groupe de travail Sommeil de la Société de pneumologie de langue franc ¸aise (SPLF) et par la Société franc ¸aise de gériatrie et gérontologie (SFGG). Son protocole sera prochainement publié dans la Revue des Maladies Respiratoires. Il s’agit d’un enjeu important pour une meilleure connaissance de la pathologie, de son évolution et de ses possibilités thérapeutiques chez les sujets âgés en intégrant une évaluation gériatrique standardisée. Afin de mieux connaître le devenir des patients pris en charge dans les centres hospitaliers généraux pour exacerbations aiguës de BPCO, une cohorte de patients a été constituée. Tous les patients hospitalisés pour exacerbation aiguë de BPCO entre octobre 2006 et juin 2007 dans les services de pneumologie de 68 centres hospitaliers généraux franc ¸ais ont été inclus dans la cohorte EABPCO-CPHG, qui a permis ainsi de recueillir et analyser les données de 1824 patients [3—6]. Un article en particulier a permis de décrire les caractéristiques des patients et les comparer selon que la BPCO était connue ou non avant l’exacerbation [3]. Les cancers broncho-pulmonaires ont été une autre thématique de recherche coordonnée par le CPHG, incluant l’étude KBP-2000-CPHG [7—10]. Cette étude avait pour but de mieux connaître les spécificités et les modalités de prise en charge des patients atteints de cancer bronchique primitif au sein des centres hospitaliers généraux en France. Il s’est agi d’une étude épidémiologique descriptive, de type prospective, portant sur tous les nouveaux cas de cancers bronchiques primitifs histologiquement prouvés, diagnostiqués pendant l’année 2000 au sein des hôpitaux généraux. Les données étaient recueillies par questionnaire standardisé avec contrôle de l’exhaustivité. Cent trentesept centres ont inclus 5667 malades, âgés en moyenne de 64,3 ans, dont 16 % de femmes. Un total de 7,2 % des patients étaient non-fumeurs (avec une fréquence de 32,3 % de nonfumeurs chez les femmes) et 40,3 % d’anciens fumeurs. Histologiquement, il existait 16,9 % de cancers à petites cellules, 40 % de cancers épidermoïdes (43,1 % chez les hommes versus 23,4 % chez les femmes, p < 0,0001), 30,1 % d’adénocarcinomes (27,2 % chez les hommes versus 45,3 %
Éditorial chez les femmes, p < 0,0001). Les stades III et IV représentaient 77,1 % des cas de cancers non à petites cellules, et les stades diffus, 66,8 % des cas de cancer à petites cellules, sans différence entre les sexes. Cette étude a montré que les pneumologues des hôpitaux généraux prennent en charge plus du quart des cancers bronchiques attendus annuellement en France. Le nombre de femmes atteintes est élevé avec un pourcentage important de non-fumeuses et d’adénocarcinomes. Dix années après KBP-2000-CPHG, une nouvelle étude prospective observationnelle intitulée KBP-2010-CPHG [11,12] a permis de constituer une base de données exceptionnelle, riche des informations recueillies au moment du diagnostic de cancer bronchique primitif auprès de 7051 patients recrutés dans 104 services de pneumologie de centres hospitaliers généraux répartis sur l’ensemble du territoire franc ¸ais en 2010. Elle a montré qu’en dix ans, les caractéristiques du cancer broncho-pulmonaire primitif ont changé, avec principalement une augmentation de l’âge des patients, de la proportion des femmes, des nonfumeurs, des adénocarcinomes et des tumeurs de stade IV. L’augmentation des adénocarcinomes est indépendante du sexe, de l’âge et du statut tabagique, confirmant l’évolution histologique du cancer broncho-pulmonaire. Il existe également une amélioration de la survie à un an, essentiellement dans les cancers bronchiques non à petites cellules. L’étude ESCAP-2011-CPHG [13] s’inscrit dans la continuité de KBP-2010-CPHG. Des progrès notables ont été réalisés ces dernières années dans le diagnostic (méthodes plus sensibles) et le traitement du cancer broncho-pulmonaire : nouvelles stratégies et nouvelles molécules. Or, si les résultats d’essais cliniques et de méta-analyses montrent les avantages ou l’équivalence de certaines molécules ou de certaines stratégies sur la réponse tumorale ou la survie des patients, ils ne reflètent pas pour autant leur utilisation et leurs résultats en pratique clinique. L’étude ESCAP-2011-CPHG a permis de recueillir des données sur les stratégies thérapeutiques réellement mises en œuvre dans les deux premières années qui suivent le diagnostic chez les patients suivis pour un cancer bronchique primitif dans les services de pneumologie des hôpitaux généraux. Les données sont en cours d’analyse et les premiers résultats vont être publiés au cours de l’année 2014. Enfin, presque 4 ans jour pour jour après KBP-2010-CPHG, le CPHG lance une nouvelle étude sur le cancer du poumon, l’étude EGFR-2013-CPHG. Son objectif principal est de caractériser les patients traités par erlotinib (quelle que soit la ligne de traitement et par ligne de traitement) pour un carcinome bronchique non à petites cellules avec mutation activatrice de l’EGFR. Dans le domaine de l’infectiologie, le CPHG a participé à l’étude REACH [14]. Les données concernant la prise en charge en vie réelle des pneumopathies aiguës communautaires étant peu nombreuses, une enquête observationnelle (NCT01293435) a été mise en place début 2011 dans dix pays européens pour recueillir des données épidémiologiques. Au total 2039 patients ont été analysés. La France y a donc contribué, essentiellement par l’intermédiaire du CPHG. Trente-cinq services hospitaliers sélectionnés de fac ¸on aléatoire ont inclus 366 patients hospitalisés pour pneumopathie aiguë communautaire, permettant ainsi de décrire leurs modalités de prise en charge.
Éditorial Enfin, une recherche dédiée à l’analyse des corps asbestosiques dans les cancers broncho-pulmonaires a été récemment publiée [15]. Cette énumération démontre, si besoin était, la forte implication des pneumologues des hôpitaux non universitaires dans la recherche clinique en France, portant sur les différentes facettes de leur spécialité. La structure fédérative du CPHG permet en effet de constituer de grandes cohortes de patients, ainsi qu’en témoigne les données de la cohorte KBP-2010-CPHG publiées dans ce numéro de la Revue des Maladies Respiratoires.
Références [1] Geraads A, Petit FX, Kiawtkowski F, le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Le syndrome d’apnées du sommeil en pratique clinique : l’étude SASOM du CPHG. Rev Mal Respir 2001;18:49—56. [2] Geraads A, D’Athis P, Lerousseau L, et al. Traitement du syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) par orthèse d’avancée mandibulaire sur mesure, en première intention : quels résultats à moyen terme ? Étude prospective du collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG). Rev Pneumol Clin 2010;66:284—92. [3] Piquet J, Chavaillon JM, David P, et al. Caractéristiques et prise en charge des exacerbations aiguës de BPCO hospitalisées. Étude EABPCO-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Rev Mal Respir 2010;27:19—29. [4] Chavaillon JM, Lerousseau L, David P, et al. Mortalité intrahospitalière au cours des exacerbations aiguës de BPCO. Étude EABPCO-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG). Rev Mal Respir 2010;27:709—16. [5] Moncelly L, Maurer C, Roche N, et al. Les exacerbations aiguës de BPCO chez la femme : étude EABPCO-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Rev Pneumol Clin 2010;66:107—19. [6] Piquet J, Chavaillon JM, David P, et al. French College of General Hospital Respiratory Physicians (CPHG). High-risk patients following hospitalisation for an acute exacerbation of COPD. Eur Respir J 2013;42:946—55. [7] Blanchon F, Grivaux M, Collon T, et al. Épidémiologie du cancer bronchique primitif pris en charge dans les centres hospitaliers généraux franc ¸ais. Rev Mal Respir 2002;19:727—34. [8] Grivaux M, Breton JL, Bombaron P, et al. Lung cancer among women in France. Analysis of the 904 French women with lung cancer included in the KBP-2000-CPHG study of the French
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[9]
[10]
[11]
[12]
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[15]
College of Hospital-based Pneumologists (CPHG). Lung Cancer 2004;45:279—87. Blanchon F, Grivaux M, Asselain B, et al. 4-year mortality in patients with non-small-cell lung cancer: development and validation of a prognosis index. Lancet Oncol 2006;7:829—36. Grivaux M, Zureik M, Marsal L, et al. Survie à 5 ans des cancers bronchiques primitifs dans les centres hospitaliers. Rev Mal Respir 2009;26:37—44. Locher C, Debieuvre D, Coëtmeur D, et al. Major changes in lung cancer over the last ten years in France: the KBP-CPHG studies. Lung Cancer 2013;81:32—8. Locher C, Debieuvre D, Leveiller G, et al. Le cancer bronchopulmonaire, quels changements en France en 10 ans ? Lett Pneumologue 2013. Debieuvre D, Locher C, Neidhardt AC, et al. Évolution en 10 ans du cancer bronchique non à petites cellules en fonction du sexe. Résultats de l’étude KBP-2010-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Rev Mal Respir 2014. Martin F, Pourriat JL, Stahl JP, et al. Pneumonies communautaires hospitalisées—résultats REACH France. Rev Mal Respir 2013;30:A20. Vincent M, Perrin G, Vuillermoz-Blas S, et al. Analyses des corps asbestosiques et des fibres nues dans le parenchyme pulmonaire de cancers bronchiques opérés. Rev Pneumol Clin 2011;67:298—303.
Président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) F. Martin ∗ Service de pneumologie et unité des pathologies du sommeil, centre hospitalier de Compiègne, 8, avenue Henri-Adnot, 60200 Compiègne, France
Anciens présidents du collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) J. Piquet , J.-P. Orlando , F. Blanchon Maison du poumon, Paris, France
Membre du conseil d’administration du CPHG F.-X. Lebas Service de pneumologie, centre hospitalier, 72000 Le Mans, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Martin)
Rec ¸u le 28 mars 2014 ; accepté le 14 avril 2014 Disponible sur Internet le 5 novembre 2014
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