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RMR-789; No. of Pages 6

Revue des Maladies Respiratoires (2013) xxx, xxx—xxx

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ARTICLE ORIGINAL

Attitude du pharmacien d’officine dans la dispensation des médicaments de l’asthme Attitude of private pharmacists in the dispensation of asthma drugs G. Badoum a,∗, Y. Toloba b, R. Thiombiano a, G. Ouédraogo a, M. Ouédraogo a a b

Service de pneumologie, CHU Yalgado Ouédraogo, Ouagadougou, Burkina Faso Service de pneumologie, CHU Point G, Bamako, Mali

Rec ¸u le 22 avril 2013 ; accepté le 29 septembre 2013

MOTS CLÉS Asthme ; Pharmaciens ; Médicaments ; Officine



Résumé Introduction. — Malgré les recommandations, l’asthme demeure mal contrôlé dans de nombreux pays. Le personnel d’officine de pharmacie est régulièrement sollicité par des patients asthmatiques pour la délivrance de leurs médicaments. Le but de ce travail était d’évaluer l’attitude du pharmacien d’officine lors de la dispensation des médicaments de l’asthme au Burkina Faso. Méthode. — Étude transversale descriptive, portant sur les attitudes des pharmaciens dans la prise en charge de l’asthme dans la ville de Ouagadougou (novembre 2010 à juin 2011). Un questionnaire anonyme auto-administré a permis de collecter les données. Résultats. — Le taux de participation des pharmaciens à l’étude a été de 82,4 %. Parmi ceux-ci, 70,1 % ont affirmé recevoir des asthmatiques aussi bien pendant les crises qu’en dehors des crises. Lorsque l’asthmatique se présentait à l’officine sans prescription médicale, seuls 9 % des pharmaciens exigeaient une ordonnance. La démonstration de l’utilisation de l’aérosol-doseur à l’asthmatique était assurée par 73,6 % des pharmaciens. Parmi les pharmaciens qui démontraient la technique d’utilisation de l’aérosol, 6,7 % vérifiaient la bonne utilisation de l’aérosol par le patient. Cette démonstration de l’utilisation de l’aérosol-doseur se faisait verbalement dans 68,8 % des cas. Parmi ces pharmaciens, 34,5 % avaient une bonne maîtrise de la technique d’utilisation de l’aérosol.

Auteur correspondant. 01 BP 2247, Ouagadougou 01, Burkina Faso. Adresse e-mail : [email protected] (G. Badoum).

0761-8425/$ — see front matter © 2013 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.09.019

Pour citer cet article : Badoum G, et al. Attitude du pharmacien d’officine dans la dispensation des médicaments de l’asthme. Revue des Maladies Respiratoires (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.09.019

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G. Badoum et al. Conclusion. — Dans notre pays, les techniques de dispensation des médicaments de l’asthme chez les pharmaciens ne sont pas bien maîtrisées. Il serait nécessaire que des formations médicales continues soient dispensées aux pharmaciens d’officine. © 2013 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDS Asthma; Pharmacists; Drugs; Pharmacy

Summary Introduction. — Despite recommendations, asthma remains poorly controlled in many countries. Asthmatic patients see pharmacy staff regularly to obtain medications. The aim of this study was to evaluate the attitude of pharmacists in Burkina Faso about dispensing asthma drugs. Method. — A self-administered anonymous questionnaire was used to collect data in a descriptive cross-sectional study related to pharmacists’ attitudes in the management of asthma in the city of Ouagadougou (November 2010—June 2011). Results. — The rate of participation of pharmacists in the study was 82.4%. Of the pharmacists surveyed, 70.1% reported having received asthma patients both during acute asthma exacerbations and when stable. Only 9% of pharmacists insisted on a prescription when asthma patients came to the pharmacy without one. A total of 73.6% of pharmacists explained and demonstrated how to use the spray to the patients. Among pharmacists who demonstrated how to use devices, only 6.7% actually checked patients’ technique. Inhaler technique demonstration was done verbally in 68.8% of case. Among pharmacists, 34.5% reported a good mastery of inhaler techniques. Conclusion. — The techniques for dispensing asthma drugs are not well established among pharmacists and therefore the provision of continuous medical education to pharmacists is important. © 2013 SPLF. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction L’asthme constitue un véritable problème de santé publique dans le monde. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elle touche 300 millions de personnes dans le monde, soit 5 % de la population mondiale. Malgré les progrès du dépistage et du traitement de cette maladie, on dénombre dans le monde plus de 250 000 décès en relation avec l’asthme [1—3]. Le pharmacien d’officine, professionnel de santé de proximité, peut jouer un rôle essentiel tant dans le diagnostic que dans le traitement de l’asthme [4]. En effet, l’asthme étant une maladie chronique, les patients se rendent plus fréquemment en officine pour la délivrance de leurs médicaments. Très souvent donc, le pharmacien d’officine est le premier interlocuteur auquel un asthmatique décrira les symptômes qu’il ressent [5]. À la différence des autres maladies chroniques, le traitement de l’asthme associe une double difficulté : la non-observance des traitements prescrits (inaccessibilité, abandon, automédication, irrégularité des prises, etc.) et la mauvaise utilisation des médicaments inhalés [6—8]. C’est ainsi qu’en plus du pneumologue qui occupe une place essentielle dans la prise en charge de l’asthme, certains acteurs tels que les médecins généralistes, les pharmaciens, les infirmiers et les kinésithérapeutes sont parfois incontournables dans cette prise en charge [9]. Le rôle du pharmacien concerne notamment l’aide à la compréhension de la maladie et des traitements, la promotion du bon usage et de l’observance des traitements, l’apprentissage des techniques d’inhalation et l’auto-surveillance [10]. Des enquêtes faites sur les connaissances et le comportement des pharmaciens dans l’asthme par Koffi en Côte d’Ivoire, Rebotier en France et Hounkpati au Togo, ont révélé la

nécessité de l’amélioration des connaissances de la prise en charge de l’asthmatique chez les pharmaciens [4,7,11,12]. Aussi, les pharmaciens, loin de se limiter à la délivrance des médicaments, doivent s’engager dans l’éducation des asthmatiques. Cette étude vise à appréhender les attitudes des pharmaciens dans la prise en charge de l’asthme en officine, afin de contribuer à une réduction de la morbidité et de la mortalité de la maladie asthmatique.

Patients et méthodes Il s’agissait d’une étude transversale descriptive portant sur les attitudes des pharmaciens à propos de la prise en charge de l’asthme dans la ville de Ouagadougou de novembre 2010 à juin 2011. Un questionnaire anonyme auto-administré a permis de collecter les données de chaque pharmacien d’officine enquêté. L’étude a pris en compte tout(e) pharmacien (ne) d’officine exerc ¸ant dans une officine privée de la ville de Ouagadougou, présent dans son poste durant la période d’enquête et ayant accepté de répondre au questionnaire. Les données du questionnaire ont été saisies et analysées à l’aide du logiciel Epi info version 3.3.2. Pour la réalisation de l’étude, une autorisation écrite de la présidence régionale de l’Ordre des pharmaciens a été obtenue. Cette autorisation a été remise à tous les responsables des officines pharmaceutiques pour les informer de l’étude. Une rencontre explicative avec chaque pharmacien a été réalisée pour une meilleure compréhension et une bonne collaboration.

Pour citer cet article : Badoum G, et al. Attitude du pharmacien d’officine dans la dispensation des médicaments de l’asthme. Revue des Maladies Respiratoires (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.09.019

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Le pharmacien d’officine face à l’asthme

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Résultats

Tableau 1 Répartition des pharmaciens en fonction des supports didactiques utilisés lors des démonstrations de la prise de l’aérosol-doseur.

Aspects épidémiologiques Durant la période d’étude, nous avons recensé au total 108 pharmaciens d’officine dans la ville de Ouagadougou dont 89 ont répondu au questionnaire (82,4 %). L’âge moyen de notre population d’étude était de 41 ± 11 ans avec des extrêmes de 25 et 67 ans. Presque 66 % (n = 50) des pharmaciens interrogés avaient entre 25 et 44 ans. Le sex-ratio (F/M) était de 0,98.

Statut et expérience professionnelle Parmi les pharmaciens interrogés, 36,8 % (n = 32) étaient des assistants et 61,4 % (n = 51) étaient des titulaires. Six pharmaciens se sont abstenus de préciser leur statut. L’expérience professionnelle des pharmaciens interrogés était de 8 ± 6 ans. La classe d’année d’expérience la plus représentée était celle de 1 à 5 ans avec une proportion de 45,7 % (n = 37). Huit pharmaciens n’ont pas donné leur nombre d’année d’expérience.

Condition de délivrance des médicaments de l’asthme

Supports didactiques

Fréquence (%) Effectif des pharmaciensa utilisant les supports didactiques (n = 64)

Flacon du patient 40 Verbalement 44 Schéma 16 Aérosol de 5 démonstration

62,5 68,8 25 7,8

a

Certains pharmaciens utilisaient plusieurs didactiques au cours dune même démonstration.

supports

Parmi ces derniers, 34,5 % (n = 24) avait une bonne maîtrise de la technique d’utilisation de l’aérosol. Cette démonstration de la prise des aérosols-doseurs se faisait verbalement dans 68,8 % (n = 44). Le Tableau 1 représente la répartition des pharmaciens en fonction des supports didactiques utilisés lors des démonstrations de la prise de l’aérosol-doseur. Concernant la vérification de la maîtrise de la technique d’inhalation par les asthmatiques à l’officine, 6,7 % des pharmaciens vérifiaient toujours cette technique, 13,5 % ne la vérifiaient jamais et 79,8 % la vérifiaient parfois.

Parmi les pharmaciens enquêtés, 70,1 % (n = 61) ont affirmé recevoir des asthmatiques aussi bien pendant les crises qu’en dehors des crises. Les prescriptions médicales chez les patients se répartissaient comme suit : 7,8 % des pharmaciens ont affirmé que les asthmatiques se présentaient toujours avec une prescription médicale. Au total, 88,8 % ont affirmé que certains patients se présentaient parfois avec une prescription médicale et 1,1 % jamais avec de prescription médicale. Lorsque l’asthmatique se présentait à l’officine sans prescription médicale, 9 % (n = 8) des pharmaciens ont affirmé toujours exiger une ordonnance quel que soit l’état clinique du patient. L’exigence d’ordonnance par le pharmacien était plus fréquente lorsqu’il s’agissait d’un corticoïde injectable (71,9 %) que d’un bronchodilatateur (7,9 %).

Parmi les pharmaciens interrogés, 40,5 % (n = 36) ont affirmé proposer un traitement à l’officine en cas de crise d’asthme en l’absence d’une prescription médicale. Dans tous les cas, ces pharmaciens interrogés proposaient au moins un bronchodilatateur inhalé. Le Tableau 2 représente les médicaments administrés à l’officine pendant la crise d’asthme. En dehors du traitement préconisé lors des crises en officine, les pharmaciens conseillaient aux patients de se faire suivre par un médecin dans 100 % des cas.

Attitude dans la dispensation de l’aérosol-doseur pressurisé

Prise en charge des asthmatiques en officine en dehors des crises

La démonstration de la prise de l’aérosol-doseur à l’officine était assurée par 73,6 % (n = 64) des pharmaciens interrogés.

Parmi les pharmaciens interrogés, 74 % (n = 66) ont affirmé que le traitement de fond était nécessaire après une

Tableau 2

Répartition des pharmaciens en fonction des médicaments administrés à l’officine pendant la crise d’asthme.

Médicaments administrés

Bêta-2 agoniste Aérosol-doseur Comprimé à libération prolongée Corticoïde injectable Théophylline a

Prise en charge de la crise d’asthme en officine

Effectif des pharmaciensa proposant le médicament (n = 36)

Fréquence des pharmaciens proposant le médicament (%)

36 3 3 1

100 8,3 8,3 2,7

Certains pharmaciens proposaient plus d’un médicament chez un même patient.

Pour citer cet article : Badoum G, et al. Attitude du pharmacien d’officine dans la dispensation des médicaments de l’asthme. Revue des Maladies Respiratoires (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.09.019

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G. Badoum et al. Tableau 3

Répartition des pharmaciens en fonction des médicaments proposés dans le traitement de fond en officine.

Médicaments administrés

Bêta-2 agoniste Aérosol-doseur Comprimé à libération prolongée

Effectif des pharmaciensa proposant le médicament (n = 66)

Fréquence des pharmaciens proposant le médicament (%)

11 21

16,7 31,8

Corticoïde Aérosol-doseur Forme injectable Forme retard

4 5 8

6

Cromones

2

3

Pas de traitement a

7,6 12

34

51,5

Certains pharmaciens proposaient plus d’un médicament chez un même patient.

support d’aide au questionnaire. Nous ne pouvons affirmer l’absence de toute information visuelle ou autre source externe pouvant influer sur les réponses données. Notre enquête n’a évalué que les intentions de pratiques à l’officine. On ne peut avoir la certitude absolue que ce soit le reflet exact de la pratique des pharmaciens, une enquête auprès des patients permettra de mieux apprécier les habitudes réelles.

Donnés sociodémographiques Le groupe de pharmaciens de l’étude était relativement jeune (moyenne d’âge de 41 ans). La proportion des pharmaciens de moins de 10 ans d’expérience professionnelle était plus grande tant au niveau des assistants que des titulaires. Cette relative jeunesse des pharmaciens pourrait avoir comme conséquence une prise en charge inadéquate des patients asthmatiques se présentant en officine. Figure 1. Répartition des pharmaciens en fonction des conseils prodigués aux asthmatiques hors des crises.

crise d’asthme. Les prescriptions préconisées dans le cadre du traitement de fond par le pharmacien à l’officine en l’absence d’une prescription médicale ont été mentionnées dans le Tableau 3. Parmi les conseils prodigués aux asthmatiques en officine en dehors des crises, l’éviction de tout contact avec un allergène connu était le plus prodigué par les pharmaciens (91 %, n = 81). La Fig. 1 représente la répartition des pharmaciens en fonction des conseils prodigués aux asthmatiques en dehors des crises en officine.

Discussion Limites et contraintes de l’étude Notre étude n’a concerné que les pharmaciens d’officine de la ville de Ouagadougou. Nos résultats ne peuvent donc être généralisés à tous les pharmaciens du Burkina Faso. Chaque pharmacien d’officine répondait a priori sans

Condition de délivrance des médicaments de l’asthme Dans notre étude, 70,1 % des pharmaciens ont affirmé recevoir des asthmatiques aussi bien pendant les crises qu’en dehors des crises. Nos résultats sont inférieurs à ceux de Hounkpati et al. au Togo qui ont noté que la totalité des pharmaciens recevaient des asthmatiques pendant et en dehors de leur crises [12]. Un tel constat pourrait être dû à la faible expérience professionnelle des répondants de notre étude. En effet, 45,7 % des pharmaciens de notre étude avaient une expérience professionnelle de moins de 5 ans. Parmi les asthmatiques, seulement 7,8 % se présentait à l’officine avec toujours une prescription médicale. Les médicaments sont délivrés aux asthmatiques sans exigence d’une ordonnance dans 91 % des cas. Nos résultats sont proches de ceux de Koffi et al. en Côte d’Ivoire, qui ont retrouvé seulement 4,2 % des asthmatiques se présentant en officine avec une prescription médicale et dans 99,1 %, les médicaments sont délivrés sans exigence d’ordonnance lors des crises [11]. Un même constat a été retrouvé dans la série de Hounkpati et al. au Togo qui retrouvait 7,2 % des patients

Pour citer cet article : Badoum G, et al. Attitude du pharmacien d’officine dans la dispensation des médicaments de l’asthme. Revue des Maladies Respiratoires (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.09.019

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Le pharmacien d’officine face à l’asthme se présentant avec une ordonnance médicale ; 85,7 % des pharmaciens dans ces cas délivraient des médicaments sans ordonnance [11]. En Turquie, Didzar et al. retrouvaient que 91 % des pharmaciens délivraient des médicaments sans ordonnances [4]. La délivrance de la plupart des médicaments de l’asthme nécessite la présentation d’une ordonnance médicale. Dans notre étude, comme dans celles de Hounkpati et Koffi, les médicaments sont délivrés aux patients sans prescription médicale surtout en période de crise [11,13]. Cette attitude pourrait s’expliquer par la nécessité d’une thérapeutique urgente. En dehors du cas d’urgence, il s’agit d’une attitude fortement critiquable car le pharmacien a un rôle de conseiller et d’éducation. [13]. En l’absence de prescription médicale, ses conseils doivent rester dans les limites convenables afin d’éviter les ventes illicites de médicaments. La majorité des pharmaciens (71,9 %), en exigeant une ordonnance lorsqu’il s’agissait de délivrer des corticoïdes, applique ce qui est conforme aux normes de dispensation. Cependant pour le reste des pharmaciens (2,9 %) cette exigence n’était pas appliquée. La délivrance des corticoïdes sans ordonnance médicale a pour conséquence la survenue d’effets secondaires qui peuvent être parfois graves et irréversibles.

Attitude lors de la dispensation de l’aérosol-doseur Les techniques de dispensation de l’aérosol-doseur des médicaments de l’asthme sont insuffisamment maîtrisées par les pharmaciens (65,5 %), ce qui ne leur permet donc pas d’expliquer aux patients la bonne utilisation du dispositif. La maîtrise de la technique de prise de l’aérosol par les patients devrait être vérifiée en officine par le pharmacien lors de la délivrance du médicament Un bon enseignement de la technique de prise des aérosols-doseurs aux asthmatiques permet de diminuer la fréquence de la mauvaise utilisation par les patients [14]. La majorité des pharmaciens qui effectuaient la démonstration de la prise de l’aérosoldoseur à l’officine (68,8 %) le faisaient de fac ¸on verbale. Cette démonstration n’est pas efficiente car la démonstration de la prise d’un aérosol-doseur des médicaments de l’asthme doit être gestuelle et non verbale. La mauvaise utilisation de l’aérosol diminue l’efficacité du médicament [15,16]. Dans notre étude, seuls 6,7 % (n = 6) des pharmaciens vérifiaient toujours la maîtrise de la technique d’inhalation chez les asthmatiques en officine. Ce taux est inférieur à ceux de Koffi et al. en Côte d’Ivoire et de Rebotier et al. en France qui ont noté respectivement 18,2 % et 38,3 % des pharmaciens assurant cette vérification auprès des asthmatiques en officine [7,11]. Cette non-vérification de la technique de la maîtrise de l’aérosol par le patient pourrait être dû au fait que les pharmaciens ne connaissaient pas eux même cette technique. Toloba et al. ont retrouvé que 63,7 % des pharmaciens ne connaissaient pas cette technique [17]. Ce faible taux pourrait être lié au fait que, dans notre contexte, la dispensation du médicament est effectuée par un personnel non qualifié. Ces vendeurs d’officine ignorent ou n’appliquent pas la réglementation en matière de délivrance de médicament.

5 La dispensation des médicaments à l’officine implique la délivrance puis les conseils d’usage du médicament. Ce rôle est dévolu à un personnel ayant une formation conséquente. Ce déficit pourrait être pallié à travers des sessions de formation et de recyclage organisées à l’intention du personnel des officines pharmaceutiques.

La prise en charge de l’asthme par les pharmaciens en officine Dans notre étude, 40,5 % (n = 36) des pharmaciens interviennent en urgence pour juguler une crise d’asthme en officine. Ce chiffre se rapproche de ceux de Hounkpati et al. à Lomé et de Koffi et al. à Abidjan qui ont révélé respectivement 51,2 % et 59,8 % de prises en charge de cas de crise d’asthme à l’officine par les pharmaciens [11,12]. En revanche, ces chiffres sont nettement supérieurs à ceux de Casset et al. dans le Bas-Rhin qui ont montré que seulement 10,6 % des pharmaciens prenaient en charge une crise d’asthme [5]. Une telle différence pourrait s’expliquer en partie par le nombre insuffisant de structures sanitaires dans les pays en développement, occasionnant de longues attentes à l’hôpital. De ce fait, les patients auraient recours à des solutions plus rapides telles que l’accès direct à la pharmacie d’officine. Il existerait également une réalité socioculturelle et économique selon laquelle nos populations ont tendance à se présenter directement à l’officine, évitant du coup les frais de consultation. De plus, un bon nombre de patients asthmatiques surestimeraient le niveau du contrôle de leur asthme et, même s’il est insuffisant, estimeraient inutile de se rendre à la consultation du médecin [18]. Devant une crise, tous les pharmaciens administraient un bêta-2 agoniste par voie inhalée puis conseillaient au patient de consulter un médecin. Le même constat a été fait au BasRhin, à Abidjan ainsi qu’à Lomé [5,11,12]. L’administration d’un bêta agoniste inhalé en cas de crise est conforme aux conférences de consensus sur l’asthme. Cependant, devant une crise, le pharmacien se doit de dédramatiser, rassurer le patient et l’orienter vers le médecin.

Prise en charge des asthmatiques en officine en dehors des crises Pour 26 % des pharmaciens de notre étude, le traitement de fond n’est pas nécessaire après une crise d’asthme. Nos résultats sont différents de ceux de Koffi et al. à Abidjan, qui ont noté que seul 1,6 % des officinaux ne voyaient pas la nécessité de ce traitement [11]. Ce constat témoigne de la méconnaissance de la stratégie thérapeutique dans l’asthme. En effet, plus d’un pharmacien sur quatre ignorait même les médicaments essentiels utilisés dans le traitement de fond de l’asthme (25,8 %). Parmi les médicaments proposés en officine dans le traitement de fond, les bêta-2 agonistes à libération prolongée étaient le plus préconisés ainsi que les corticoïdes sous toute leur forme d’administration. Toute proposition ou administration médicamenteuse dénote d’une attitude non conforme aux directives internationales. Mais dans la moitié des cas (51,5 %), les pharmaciens préconisaient de voir

Pour citer cet article : Badoum G, et al. Attitude du pharmacien d’officine dans la dispensation des médicaments de l’asthme. Revue des Maladies Respiratoires (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.09.019

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G. Badoum et al.

le médecin et ne proposait aucun traitement de fond. Le rôle du pharmacien se situe dans la promotion du bon usage du médicament. Il doit expliquer l’intérêt du traitement de fond et de son observance. Des formations sur la place et le rôle de chaque acteur dans la prise en charge de l’asthme devraient être initiées pour palier à ces insuffisances. Dans notre étude, parmi les conseils prodigués aux asthmatiques en officine en dehors des crises, l’éviction de tout contact avec un allergène connu était le conseil le plus prodigué par les pharmaciens (91 %, n = 81). La majorité recommandait également de se faire suivre par un médecin (83 %, n = 74). Le même constat a été fait par Koffi et al. et Hounkpati et al. [11,12]. Cette attitude s’intègre bien dans le rôle d’éducateur qui est dévolu au pharmacien. Ce dernier ne doit pas compter sur le seul message du médecin, il doit expliquer l’intérêt du traitement, de son observance et être attentif face à une ordonnance, l’expliquer même s’il s’agit d’un renouvellement [10]. Le pharmacien peut ainsi contribuer efficacement à l’animation d’un programme de sensibilisation au sein ou en dehors des structures hospitalières [6].

Conclusion Nos résultats confirment les liens étroits entre patients et pharmaciens. Les pharmaciens assurent une prise en charge de l’asthme en officine, cependant, la stratégie thérapeutique reste mal connue. Les asthmatiques se présentent en grand nombre en officine sans prescription médicale et les médicaments sont souvent délivrés sans ordonnance médicale. La délivrance des médicaments de l’asthme sans ordonnance médicale favorise la pratique de l’automédication. Tous ces faits soulignent l’impérieuse nécessité de former et de recycler régulièrement les pharmaciens et de renforcer la collaboration médecins—pharmaciens.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Remerciements Les auteurs remercient l’Ordre des pharmaciens du Burkina Faso pour leur aide à la réalisation de ce travail.

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Pour citer cet article : Badoum G, et al. Attitude du pharmacien d’officine dans la dispensation des médicaments de l’asthme. Revue des Maladies Respiratoires (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.09.019

[Attitude of private pharmacists in the dispensation of asthma drugs].

Despite recommendations, asthma remains poorly controlled in many countries. Asthmatic patients see pharmacy staff regularly to obtain medications. Th...
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