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Éditorial

Les aortites Aortitis D. Saadoun a,∗ , E. Messas b , J. Pouchot c , A. Mekinian d , M. Lambert e , P. Cacoub a , T. Mirault b a Service de médecine interne et d’immunologie clinique, DHU i2B, inflammation, immunopathologie, biothérapie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, université Pierre-et-Marie-Curie, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), Paris 6, 83, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France b Inserm U970 PARCC, Centre national de référence des maladies vasculaires rares, médecine vasculaire, hôpital européen Georges-Pompidou, hôpitaux universitaires Paris Ouest, université Paris Descartes, AP–HP, Sorbonne Paris Cité, 75015 Paris, France c Service de médecine interne, hôpital européen Georges-Pompidou, hôpitaux universitaires Paris Ouest, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), 75015 Paris, France d Service de médecine interne, DHU i2B, inflammation, immunopathologie, biothérapie, hôpital Saint-Antoine, université Pierre-et-Marie-Curie, Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP), Paris 6, 75012 Paris, France e Service de médecine interne, CHRU de Lille, 59000 Lille, France

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : Disponible sur Internet le xxx Mots clés : Aortite Vascularite Biothérapie Imagerie Anévrysme

Keywords: Aortitis Vasculitis Biotherapy Imaging Aneurysm

Une aortite est une inflammation de la paroi aortique souvent paucisymptomatique et dont le diagnostic doit être évoqué devant un épaississement pariétal circonférentiel homogène de plus de 2–3 mm en tomodensitométrie (TDM) ou en imagerie par résonance magnétique (IRM), ou encore une fixation vasculaire intense en tomographie par émission de positon au fluorodéoxyglucose (18 F-FDG-TEP) [1]. Le taux de détection de l’aortite est variable selon la méthode d’imagerie utilisée : environ 40 % des patients avec l’imagerie conventionnelle (TDM et IRM) et environ 60 % en 18 F-FDG-TEP. Aiguë et bruyante, l’aortite infectieuse est essentiellement due aux Staphylococcus sp., Streptococcus sp. et Salmonella sp.

∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D. Saadoun).

D’évolution plus chronique, les aortites tuberculeuses et syphilitiques ont une présentation plus proche des vascularites des vaisseaux de gros calibre, touchant l’aorte. La plus fréquente de ces aortites inflammatoires est celle associée à l’artérite gigantocellulaire (ACG) ou maladie de Horton, et plus rarement la maladie de Takayasu et la maladie de Kawasaki. Enfin, d’autres maladies inflammatoires peuvent présenter une aortite : maladie de Behc¸et, syndrome de Cogan, polychondrite atrophiante, spondyloarthrites, sarcoïdose, polyarthrite rhumatoïde et lupus. La plupart des aortites n’ont pas de cause connue et sont dites idiopathiques ou isolées. La morbi-mortalité des aortites se manifeste à travers le développement d’anévrisme, de dissection aortique, de sténose ou d’occlusion. Ainsi parmi les pathologies aortiques opérées, l’incidence des aortites est de 2 à 4 % [2]. Au plan histologique, la présence de lésions cellulaires granulomateuses avec cellules géantes est le trait le plus commun des

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.12.020 0248-8663/© 2016 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Saadoun D, et al. Les aortites. Rev Med Interne (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.12.020

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aortites inflammatoires, en dehors des maladies de Behc¸et, de la polychondrite atrophiante et du syndrome de Cogan. En effet, dans l’atteinte vasculaire de la maladie de Behc¸et, on retrouve dans la majorité des cas, une perte des fibres musculaires du média et de la limitante élastique interne et un infiltrat inflammatoire le plus souvent lymphocytaire. L’aspect histologique d’une maladie de Takayasu peut chevaucher celui d’une ACG ou d’une sarcoïdose. Cependant, il existe quelques caractéristiques pathologiques utiles pour aider à leur distinction : l’épaisseur de la paroi aortique est généralement plus importante dans la maladie de Takayasu que dans l’ACG ; l’ACG est associée à une inflammation volontiers plus marquée dans l’intima-média, alors que dans la maladie de Takayasu les lésions inflammatoires et ultérieurement les cicatrices fibreuses sont plutôt médio-adventicielles ; enfin, les granulomes sont plus compacts dans la maladie de Takayasu que dans l’ACG [3]. Enfin, l’aortite peut être une des manifestations de la maladie systémique comme la maladie de Behc¸et, la polychondrite atrophiante, les spondyloarthrites, ou plus récemment la maladie associée aux IgG4, caractérisée par un infiltrat de cellules inflammatoires dont des plasmocytes positifs en immunomarquage pour les IgG4 et des atteintes diverses : thyroïdite de Riedel, pancréatite auto-immune, fibrose rétropéritonéale [4]. L’aortite au cours d’une maladie inflammatoire systémique peut conférer un profil et un pronostic particuliers. Ainsi les AGC avec atteinte des gros vaisseaux semblent se distinguer de celles limitées à une atteinte crânienne par une moyenne d’âge plus jeune au diagnostic et une atteinte articulaire de type pseudopolyarthrite rhizomélique deux fois plus fréquente [5]. Par ailleurs, les signes d’atteinte céphalique, les complications ophtalmologiques et la positivité de la biopsie de l’artère temporale sont plus rares que dans la forme classique. Tout ceci se solde par un retard diagnostique beaucoup plus important que dans la forme céphalique. La comparaison de patients avec une MH compliquée d’aortite au diagnostic et de patients avec une MH sans aortite révèle que si la mortalité toute cause n’est pas différente, la mortalité cardiovasculaire est augmentée dans le groupe aortite (dissection aortique, artériopathie, coronaropathie).

Des progrès dans la compréhension des mécanismes impliqués dans la pathogénie des vascularites des gros vaisseaux ont permis l’émergence de nouvelles approches thérapeutiques. Une activation de la réponse immunitaire innée permet le recrutement et l’activation des cellules de la réponse immunitaire cellulaire, notamment des lymphocytes T CD4 se polarisant en lymphocytes Th1 et Th17, lymphocytes T CD8 cytotoxiques et cellules natural killer. L’usage des biothérapies en association aux corticoïdes, qui restent la pierre angulaire du traitement, est en pleine expansion dans le domaine des vascularites des gros vaisseaux. Le tocilizumab (anti-récepteur de l’IL-6) semble un traitement prometteur en cours d’évaluation actuellement. Les anti-TNF␣ représentent une avancée thérapeutique importante dans les maladies de Takayasu et de Behc¸et [6]. D’autres biothérapies sont à l’essai et devraient faire leur apparition dans les prochaines années. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Hartlage GR, Palios J, Barron BJ, Stillman AE, Bossone E, Clements SD, et al. Multimodality imaging of aortitis. JACC Cardiovasc Imaging 2014;7:605–19. [2] Rojo-Leyva F, Ratliff NB, Cosgrove 3rd DM, Hoffman GS. Study of 52 patients with idiopathic aortitis from a cohort of 1,204 surgical cases. Arthritis Rheum 2000;43:901–7. [3] Stone JR, Bruneval P, Angelini A, Bartoloni G, Basso C, Batoroeva L, et al. Consensus statement on surgical pathology of the aorta from the Society for Cardiovascular Pathology and the Association for European Cardiovascular Pathology: I. Inflammatory diseases. Cardiovasc Pathol 2015;24:267–78. [4] Grados A, Ebbo M, Jean E, Bernit E, Harlé JR, Schleinitz N. [IgG4-related disease treatment in 2014: update and literature review]. Rev Med Interne 2015;36:395–404. [5] Czihal M, Zanker S, Rademacher A, Tato F, Kuhlencordt PJ, Schulze-Koops H, et al. Sonographic and clinical pattern of extracranial and cranial giant cell arteritis. Scand J Rheumatol 2012;41:231–6. [6] Mekinian A, Comarmond C, Resche-Rigon M, Mirault T, Kahn JE, Lambert M, et al. Efficacy of biological-targeted treatments in Takayasu arteritis: multicenter, retrospective study of 49 patients. Circulation 2015;132:1693–700.

Pour citer cet article : Saadoun D, et al. Les aortites. Rev Med Interne (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2015.12.020

[Aortitis].

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