Rec¸u le : 27 fe´vrier 2014 Accepte´ le : 29 avril 2014 Disponible en ligne 4 juillet 2014

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Une hyperplasie gingivale inhabituelle An unusual case of gingival hyperplasia M. Hadj Saı¨da,*,b, R. Stroumsaa,b, J.-M. Folettia,c, C. Chossegrosa,b a

Aix-Marseille universite´, 13284 Marseille, France Service de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale, CHU de la Timone, AP–HM, 264, rue Saint-Pierre, 13385 Marseille cedex 5, France c Service de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale, CHU Nord, APHM, chemin des Bourrely, 13915 Marseille cedex 20, France b

me G.D., aˆge´e de 63 ans, nous a consulte´ pour des mobilite´s dentaires associe´es a` une hyperplasie de la gencive, qui saignait au brossage. Elle pre´sentait une hypertension arte´rielle idiopathique diagnostique´e 2 ans auparavant, traite´e par diltiazem (TILDIEMW) a` raison de 9 comprime´s de 60 mg par jour. Elle pre´sentait des douleurs sourdes et continues depuis plusieurs semaines, soulage´es par une autome´dication au parace´tamol et a` l’ibuprofe`ne. L’examen somatique ainsi que l’examen exo-buccal se sont re´ve´le´s sans particularite´s. L’examen endo-buccal a mis en e´vidence une le´sion gingivale e´rythe´mateuse hyperplasique de forme irre´gulie`re et de surface lisse, dont les bords suivaient les contours de la gencive

Figure 1. Vue clinique endo-buccale.

attache´e de toutes les dents maxillaires et de celles du secteur 4. En secteur 3, elle se limitait a` des le´sions e´rythe´mateuses de formes circulaires, de 2 a` 4 mm de diame`tre, en regard des collets des dents 31 a` 33 (fig. 1). On notait e´galement une inflammation gingivale, une suppuration aux collets des dents, une re´cession gingivale et une hygie`ne bucco-dentaire de´ficiente. L’examen confirmait les mobilite´s dentaires de´crites par la patiente et objectivait un saignement au contact. La consistance des le´sions e´tait molle. Un orthopantomogramme a e´te´ re´alise´ (fig. 2) ainsi qu’un bilan biologique, comprenant notamment un ionogramme, dont toutes les valeurs s’ave´raient normales.

Figure 2. Orthopantomogramme montrant une parodontite chronique ge´ne´ralise´e.

* Auteur correspondant. e-mail : [email protected] (M. Hadj Saı¨d).

Quel diagnostic peut eˆtre e´voque´ ?

http://dx.doi.org/10.1016/j.revsto.2014.04.004 Rev Stomatol Chir Maxillofac Chir Orale 2014;115:e39-e40 2213-6533/ß 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

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M. Hadj Saı¨d et al.

Re´ponse Diffe´rentes causes peuvent induire une hyperplasie gingivale. Celle-ci peut eˆtre soit inflammatoire (locale par une irritation chronique, ge´ne´ralise´e par un de´sordre syste´mique), soit fibreuse (ge´ne´tique, me´dicamenteuse). L’hyperplasie d’origine me´dicamenteuse est un effet secondaire connu a` la prise de plusieurs mole´cules, notamment de la phe´nytoı¨ne, la ciclosporine A et la nife´dipine [1], un autre antagoniste calcique. Des facteurs favorisants, tels qu’une hygie`ne bucco-dentaire de´ficiente ou des facteurs d’irritation locaux (restaurations de´bordantes, prothe`ses mal adapte´es) sont e´galement de´crits [1]. Ici, la prise de diltiazem a` fortes doses (au-dela` de l’AMM) a e´voque´ ce surdosage comme potentielle e´tiologie de la le´sion [2]. Le me´canisme d’action des antagonistes calciques sur le tissu conjonctif gingival n’est pas parfaitement e´tabli. Une hypothe`se serait un de´ficit local en folates, limitant la production des prote´ines activatrices de la collage´nase, ce qui alte´rerait le me´tabolisme du collage`ne [3]. Ces remaniements cellulaires e´taient ici associe´s a` un contexte inflammatoire, induit par la plaque bacte´rienne sur un terrain de parodontopathie chronique (fig. 1). La biopsie montrait des remaniements inflammatoires subaigus sans signes de malignite´, similaires a` ceux retrouve´s dans d’autres hyperplasies me´dicamenteuses, ce qui nous a permis d’affirmer le lien avec la prise de diltiazem,

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l’interrogatoire n’ayant re´ve´le´ aucune prise me´dicamenteuse autre qui aurait pu provoquer ces le´sions [3]. Quand le traitement par antagonistes calciques ne peut eˆtre ni diminue´, ni arreˆte´, ni substitue´, et que les mesures prophylactiques ont e´choue´, le traitement de choix est la prise en charge chirurgicale de la le´sion [4] par gingivectomie a` biseau interne ou externe, associe´e ou non a` un traitement parodontal avec un suivi rigoureux, car les re´cidives sont courantes [5]. Ce n’est qu’alors qu’une solution prothe´tique pe´renne pour remplacer les e´dentements peut eˆtre envisage´e de fac¸on claire avec la patiente.

De´claration d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de conflits d’inte´reˆts en relation avec cet article.

Re´fe´rences [1]

[2] [3] [4] [5]

Miranda J, Brunet L, Roset P, Berini L, Farre´ M, Mendieta C. Prevalence and risk of gingival overgrowth in patients treated with diltiazem or verapamil. J Clin Periodontol 2005;32:294–8. Steele RM, Schuna AA, Schreiber RT. Calcium antagonist-induced gingival hyperplasia. Ann Intern Med 1994;120:663–4. Dongari A, McDonnell HT, Langlais RP. Drug-induced gingival overgrowth. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1993;76:543–8. Brunet L, Miranda J, Farre´ M, Berini L, Mendieta C. Gingival enlargement induced by drugs. Drug Saf 1996;15:219–31. Flores-de-Jacoby L, Mengel R. Conventional surgical procedures. Periodontol 2000 1995;9:38–54.

[An unusual case of gingival hyperplasia].

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