G Model

ARTICLE IN PRESS

REVMED-4868; No. of Pages 2

La Revue de médecine interne xxx (2014) xxx–xxx

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Une cause rare de dorsalgie fébrile A rare cause of back pain and fever G. Jelin a,∗ , P. Lasselin-Boyard a , P.-O. Boulet b , V. Goëb a a b

Service de rhumatologie, hôpital Nord, CHU d’Amiens, place Victor-Pauchet, 80054 Amiens cedex 1, France Service de radiologie, hôpital Nord, CHU d’Amiens, place Victor-Pauchet, 80054 Amiens cedex 1, France

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : Disponible sur Internet le xxx Mots clés : Ostéophyte Spondylite Abcès Perforation œsophage Gemella sp. Keywords: Osteophyte Spondylitis Abcess Esophagus perforation Gemella sp.

1. L’histoire

Un scanner thoracique avec injection de produit de contraste était pratiqué (Fig. 1A et B), ainsi qu’une IRM (Fig. 2).

Un homme, âgé de 77 ans était hospitalisé pour dorsalgie fébrile. Il avait présenté 14 jours auparavant une chute brutale secondaire à une syncope causée par une tachycardie jonctionnelle. Il avait alors perdu connaissance dans les escaliers et s’était réveillé dos au sol, sur un plan dur, avec une plaie du scalp occipital. Le scanner cérébral et l’examen neurologique aux urgences quelques heures plus tard étaient normaux. Les dorsalgies étaient alors cotées avec une échelle visuelle analogique (EVA) de la douleur à 2/10. À l’examen clinique d’entrée (14 jours plus tard), il avait une fièvre à 38,5 ◦ C avec des frissons. Il n’existait pas d’argument clinique ou biologique pour expliquer cette dorsalgie. On retrouvait de violentes douleurs dorsales, avec une EVA à 8/10, majorées à la palpation de l’épineuse de T3, ainsi qu’une contracture musculaire paravertébrale sans signe neurologique sous-lésionnel. Une des trois hémocultures était positive à Gemella sp. Les examens biologiques retrouvaient un syndrome inflammatoire (CRP : 126 mg/L).

∗ Auteur corrrespondant. Adresse e-mail : [email protected] (G. Jelin).

2. Le diagnostic Une spondylite infectieuse à Gemella sp., secondaire à une fracture traumatique de la vertèbre T3, ayant entraîné une perforation de la paroi œsophagienne par contact avec l’ostéophyte antérieur. 3. Les commentaires Compte tenu de l’absence de signe neurologique, de la stabilité de la fracture, et de l’atteinte infectieuse, aucun geste chirurgical de décompression médullaire n’avait été retenu. Il n’a pas eu de fibroscopie œsophagienne à la recherche de la perforation en raison du risque d’aggravation lors de l’insufflation. Un scanner thoracique injecté avec opacification par voie haute, réalisé dans un second temps, avait montré la cicatrisation de la brèche œsophagienne et l’absence de trajet fistuleux résiduel entre l’œsophage et l’abcès. Le traitement comportait du repos en décubitus strict au lit, d’une durée de deux semaines après le début de l’antibiothérapie, puis

http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.11.003 0248-8663/© 2014 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Jelin G, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.11.003

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ARTICLE IN PRESS G. Jelin et al. / La Revue de médecine interne xxx (2014) xxx–xxx

Fig. 1. Scanner avec injection de produit de contraste : fracture T3 oblique, d’allure traumatique, volumineux ostéophyte à sa partie antéro-supérieure, collection périœsophagienne mesurant 13 × 9 mm (A) associée à une bulle d’air située entre l’œsophage et le corps vertébral de T3 (B), infiltration des parties molles avec rehaussement péri-rachidien.

bactéries Gemella sont des bactéries commensales du corps humain, cocci Gram positif, anaérobies ou aérobies en fonction de leur sous-type. Gemella haemolysans, aérobie, coexiste dans les voies aériennes supérieures et dans la sphère ORL, alors que Gemella morbillorum, anaérobie, est retrouvée dans les voies digestives [1]. Ce sont également des bactéries pathogènes parfois retrouvées chez les patients immunodéprimés, responsables d’endocardites, de méningites et d’arthrites septiques [2]. Elles peuvent être responsables de spondylodiscite par voie hématogène. Cette bactérie, difficile à mettre en évidence par culture, n’a pas permis de réaliser un antibiogramme, ni un typage adéquat. La mise en cause de l’appareil digestif, particulièrement de l’œsophage, dans les infections ostéoarticulaires, semble liée à des traumatismes antérieurs [3]. Malgré la présence de Gemella sp. sur l’hémoculture et compte tenu du possible aspect polymicrobien de cette spondylite, il a été décidé de cibler l’ensemble des germes pathogènes du tube digestif avec une céphalosporine de 3e génération, une fluoroquinolone et du métronidazole [4]. Le scanner avec opacification par voie haute est préféré à la fibroscopie œsophagienne en raison du risque d’aggravation d’une probable perforation œsophagienne lors de l’insufflation [5]. Déclaration d’intérêts Fig. 2. IRM rachidienne : vertèbre T3 en hyposignal T1, hypersignal T2 fatsat, prenant le gadolinium, collection pré-rachidienne avec infiltration des parties molles, envahissement foraminal gauche de T2 avec un effet de masse débutant sur le cordon médullaire, aspect d’épidurite postérieure étendue de T2 à T5.

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références

d’une remise en orthostatisme progressive avec port d’un corset dorsolombaire. L’antibiothérapie associait trois molécules (ceftriaxone, métronidazole, ofloxacine) pour une durée de 6 semaines. L’évolution était favorable, avec une sédation de la douleur dorsale, une normalisation de la CRP et une reverticalisation à deux semaines, sans complication. Le scanner de contrôle à 6 semaines mettait en évidence une consolidation de la fracture vertébrale T3 sans déplacement. À notre connaissance, nous rapportons ici la première description d’une spondylite infectieuse sur fracture vertébrale causée par un ostéophyte antérieur après perforation œsophagienne. Les

Pour citer cet article : Jelin G, et al. http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.11.003

Une

cause

[1] Stackebrandt E, Wittek B, Seewaldt E, Schleifer KH. Physiological, biochemical and phylogenetic studies on Gemella haemolysans. FEMS Microbiol Lett 1982; 13:361–5. [2] La Scola B, Raoult D. Molecular identification of Gemella species from three patients with endocarditis. J Clin Microbiol 1998;36:866–71. [3] Metcalfe S, Morgan-Hough C. Cervical epidural abscess and vertebral osteomyelitis following non-traumatic oesophageal rupture: a case report and discussion. Eur Spine J 2009;18:224–7. [4] Cotten A, Dubreuil L, Dusquenoy B, Emery E, Kemoun G, Laredo JD, et al. Spondylodiscites infectieuses primitives, et secondaire à un geste intra-discal, sans mise en place de matériel. Med Mal Infect 2007;37:554–72. [5] Mellbring G, Domellöf L, Osterman G. Fiberendoscopic intramural lesion of the oesophagus. Acta Chir Scand 1980;146:527–8.

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